MELINE C.-BUCKLEY ► crystal reed

Les histoires, c'est lourd. Clairement, écrire une autobiographie, je comprends pas le principe. Je comprends même pas les gens qui les lisent. Non mais parce que qui a envie de savoir que quand j'étais gamine, j'aimais piquer les clopes à ma mère ? Personne. Ouais, parce que c'est pas intéressant du tout. Mais du coup, c'est partie. Je suis née un certain quatorze février. Jour de la saint valentin, c'est beau tout ça. Sauf que non, c'est une fête commerciale qui sert à rien visant à faire perdre le fric des pauvres gens dégueulant d'amour. Et très honnêtement, j'ai jamais trouvé que recevoir une rose c'était bien. Puis ça finit par faner, comme l'amour. En fait, ça résume très bien tout ça. Donc, je suis née un an après la naissance des jumelles et Savannah. Mes soeurs. Kyla et Delilah. Des exacts opposés si vous voulez mon avis. La petite fille sage ne vivant que pour la danse, toujours dans les rangs à lécher le c*l des parents, applaudissement pour Kyla. Et puis l'emmerdeuse de première, celle qui a un penchant pour faire n'importe quoi et faire tourner les gens en rond, roulement de tambour. Delilah. Donc ouais, deux opposés. La parfaite et.. La chieuse. Puis y a eu moi. Très honnêtement, je pense que y a eu un problème au niveau des hormones parce que j'étais Delilah, elle était moi. Ils ont pas eu de chance les parents, une fille parfaite pour deux casse couille. Alors ouais, avec Deli, on s'assemblait carrément. Souvent ensemble à faire les pires conneries pendant que Kyla elle.. Elle était elle. A mourir d'ennui en fait. Bref, c'était un peu la vie banale en fait. On état pas malheureuse, pas les plus heureuse du monde non plus. Disons que c'était un juste milieu et moi, j'étais de toute façon bien trop préoccupée par découvrir les vices du monde que par ma famille. Une question de priorité on dira.

Bref, l'adolescence. Tout le monde a déjà entendu parler de la crise des gosses et tout ça. J'sais pas trop comment ça fonctionne mais ouais, à partir d'un certain âge, on devient beaucoup plus chiant. J'étais déjà pas un cadeau, c'est pas allé en s'arrangeant. Et pendant que Kyla elle continuait à jouer à la gamine modèle, Delilah et moi, on foutait la merde. Le truc bien quand on a peu d'écart, c'est qu'on peut tout découvrir plus ou moins en même temps. Alors ouais, c'est ce qu'on a fait. Sortir, boire, toucher à tout, à rien. Jusqu'à ce qu'on prenne chacune notre envol. Et là, c'était le top. Je découvrais la vie toute seule, j'allais pas m'en plaindre en fait. C'était vraiment la classe. Les sorties, les boîtes de nuit, l'alcool qui faisait tourner la tête, les substances qui faisaient plâner. Ouais, j'étais bien à ce moment là. Méline l'intrépide. Je jouais de tout, de rien. J'aimais faire n'importe quoi, ne plus me souvenir de rien le lendemain. Me mettre la tête à l'envers, jouer un rôle à chaque fois, ne plus être moi. J'avais mes vices et j'aimais sombrer dedans. J'avais pas envie qu'on me sauve puisque de mon point de vue, je n'avais pas besoin d'être sauvée. Jeunesse dorée. C'est aussi comme ça que j'ai perdu ma virginité. Sur le toboccan délabré du quartier pas fréquentable entre deux gorgées de vodka. Pas très glorieux mais c'est comme ça. Et puisque les relations en elle même ne riment à rien, la première fois c'est pas si important que ça. J'y accorde pas d'importance et tant mieux, au moins je vis bien avec ça.

Et puis on grandit un peu plus. Des semi-adulte, un truc comme ça. C'est mieux que rien. Les filles, elles ont choisit Harvard. Moi, j'ai préféré de loin New York. La grosse pomme quoi. C'était pour moi la vie de rêve alors ouais, Harvard pouvait aller se coucher bien loin. Et puis j'avais perdu ma grande soeur, j'avais perdu Savannah dans les attentats, j'voulais pas aller là bas. Mais la solitude, ça finit par peser. Y avait des problèmes, je m'éloignais de tout le monde, ma famille ne tenait plus qu'à un fil. C'était peut être un moment de faiblesse mais j'ai changé mes choix. On passe les SATS et direction Boston. C'est là que je me suis réellement rendu compte de tout ce que j'avais pu manquer à vrai dire. Delilah la rebelle était maintenant la sage. Donneuse de leçon, moralisatrice surtout. Et Kyla. Kyla la douce n'était plus qu'un lointain souvenir. Dites bonjour à la nouvelle dévergondée de la famille. Alors tout changeait pour moi aussi. Delilah qui était jusqu'alors la plus proche de ma personne était méconnaissable et j'trouvais le réconfort dont j'avais besoin chez Kyla. Cette soeur dont je n'avais jamais été proche devenait mon double, ma raison. Les soeurs Carmichaos sont là, pour le meilleur comme le pire.