ADELE HOLLOWAY ► Saoirse Ronan

Elle regardait déferler les petites gouttelettes de pluie sur les carreaux de sa fenêtre. Assise sur une chaise, pieds sur le rebord, elle ne comptait plus. Seule le son de cette mélodie un peu rock la possédant, ça et un mauvais souvenir, une douleur stridente en bas du ventre. Et puis, les mains élevées au front de sa vue, elle se souvint du reste. La faible lumière émanant du dehors transperça les écarts de ses doigts frigides. Ses mains qui bien que frigides, furent bien plus sombres qu'elle ne le voulait. Jadis. Son jumeau, l'homme de sa vie, avait beau lui dire d'en oublier les conséquences, il y avait bien des choses cachées dans l'ombre d'Adélie Holloway.
Mains encrées dans une couleur pourpre, sanglantes, elle voyait noir et son coeur bondissait. Cette nuit-là, elle aurait pu faire un arrêt cardiaque mais le poids de ses épaules fut soudainement plus léger. Cette nuit-là, où pluie tombait comme à présent, Adélie Holloway c'était faite criminelle par ses pulsions. Par ce démon qui retrouva le chemin des feux et des Enfers.

Elle décrocha de son champs de vision pour un téléphone sonnant une mélodie de Chopin dans sa chambre. Elle fixait l'engin allumé sur son bureau, à quelques centimètres d'elle. Elle dû tendre son bras enrôlé dans un pullover verdâtre pour choper son appareil. Le numéro lui fut inconnu mais elle fit glisser le bouton vert et porta les hauts-parleurs du téléphone à son oreille. « Allô ? » Fit-elle de sa voix fragile et basse de nature. Adèle avait ce physique de fille fragile, de par ses yeux d’un bleu strident que de sa carrure maigrichonne. Le silence s’interposa entre les combinés. Elle regardait les gouttes ruisseler sur la vitre, se rencontrant entre temps. Elle ouvra la bouche pour répéter mais l’interlocuteur la coupa dans sa lancée. « Tu regretteras ce que t’as fait de tes mains, Adélie Holloway. » La voix fut robotisée, froide et sèche. Adèle en eut des frissons froids et douloureux ; on ne l’appelait plus Adélie depuis longtemps maintenant. Il y avait sa famille qui connaissait ce prénom, sa famille et… son démon longtemps disparu dans les trépas de la mort. Elle eut un moment pour avaler une simple boule de salive. Mains tremblantes, elle luttait pour garder son téléphone contre sa joue parsemée de tâches de rousseurs. « Qui… Qui êtes-vous ?! » Il lui fallut un bafouillage e peur avant de hurler de terreur. Elle sursautait sur sa chaise et obligeait la personne à répondre. Mais ce ne sont que des bips qui suivirent. Elle paniquait en regardant son écran. Quelqu'un savait ! La seule personne lui venant si subitement à l'esprit fut son propre démon. Impossible. Il est mort. Elle en était certaine. Elle l'a fait.

Puis elle ouvre ses yeux, toujours sur sa chaise, la pluie et le tonnerre régnant dans la rue. Un rêve, comme un présage. Puis elle se souvient qu'elle doit retourner au monde réel. Au monde universitaire,  vêtue de blanc en blouse à observer les microbes à la loupe. Welcome à Harvard. Université qui est devenue sienne depuis quelques années déjà. Depuis plus de trois ans.

Intégrer Harvard était pour elle tel un rêve devenu réel. Harvard, Boston, l'Amérique au coeur même. Adieu Toronto. Elle avait fait sa place dans cette faculté. Ceci étant grâce à son cerveau et sa volonté de percer dans son métier prédilection : virologiste.