SERGEI T. IVANOV ► rj king

Il y était une fois l'histoire de la famille Ivanov, l'histoire d'une famille presque comme les autres, une famille venue de la classe ouvrière russe, devenue l'une des plus grandes fortunes de Stalingrad voire même de la Russie. Lui russe pure souche, fils d'un paysan qui avait bataillé nuit et jour pour offrir une vie décente à ses enfants, devenu étudiant en économie et gestion d'entreprise. Elle, finlandaise, qui avait fui sa maison, sa famille, ses amies après avoir compris que la vie n'était pas un long fleuve tranquille, qu'elle avait vu son père battre sa mère, s'étant jurée que jamais elle ne supporterait de revivre dans la même pièce que son paternel. Une rencontre sur un banc de l'université, un sourire, un regard, une alchimie et paf. Oui paf ! Trois ans plus tard, Elenïa se retrouve déjà mère de deux enfants, deux garçons, deux jumeaux le charme de leur père et le sourire de leur mère, les yeux de leur mère et la volonté de leur père, une petite famille bien construite, Vladimir commence à chercher les fonds pour monter son entreprise pendant qu'Elenïa créé des vêtements pour enfants, sa plus grande passion. Puis les mois passent, les années et l'argent commence à couler à flot, les enfants deviennent de plus en plus nombreux, une famille nombreuse, trois enfants, puis quatre, puis sept et enfin huit. L'argent se multiplie comme l'amour qui lie Elenïa et Vlad, un amour unique, un amour intense, une promesse d'éternité.
Voilà d'où je viens ! D'une famille aimante, entre là les uns pour les autres, et à travailler pour gagner l'argent, non pas pour faire de l'humanitaire comme dirait mon père, mais plutôt pour faire du business. Comme une fierté de voir son travail aboutir, la crasse des jours de travail transformé en argents qui coule à flot. Non quatrième enfant de cette grande tribu, je n'ai jamais manqué de rien sauf peut être d'indépendance, d'avoir une chambre pour moi tout seul, pouvoir prendre ma douche sans que mon frère ne vienne me pousser de dessous le jet, c'était presque un dortoir chez nous, les bruits qui s'additionnaient, c'était la vie, les rires qui ne cessaient jamais, les sourires, les preuves d'affection pour nos parents, c'était la vie parfaite. Un petit bonheur simple d'être une famille, d'être les uns avec les autres, comme si nos parents avaient toujours rêvés de nous offrir ce qu'eux n'avaient pas eu la chance d'avoir : une vie simple, où la galère pour manger, jouer et être heureux n'existait pas.

" Tomàs ! Bouge ton boule de mon lit tu veux ! " Je regarde ma meilleure amie se plaindre, mais elle a le sourire qui rayonne, celui qui me donne en envie de venir capter ses lèvres dans un baiser bien trop chaleureux. Oui elle a beau être la reine de coeur qui fait battre le coeur de mon meilleur ami et moi, elle a aussi ce fâcheux plaisir à devenir la dame de pique, qui pique bien plus mon coeur qu'il ne le faudrait. A la place je prends son oreiller que je lui balance à la figure, une bataille commence dans des rires, des chamaillements, on est comme des gosses, des gosses pleins de fougues, de passions et d'insouciance.  " T'es chiant Tommy ... Je ressemble plus à rien et je te signale que je devais te présenter mon mec ce soir ?! " Son mec ? C'est quoi cette histoire ?! Depuis quand ?! Depuis quand un mec me vole ma meilleure amie celle qu'en secret je rêvais en petite amie. Je crois bien que mon regard se baisser, ma tête se durcit et mes épaules se contractent, je reprends l'oreiller pour le mettre sous ma tête, le jeu et finit, les règles qu'elle a voulu changer ne me plaisent plus. Alors qu'elle réagit en une fraction de seconde, m'offrant ses bras qu'elle entoure autour de moi et dépose son baiser au coin de mes lèvres, je m'extirpe et part en claquant la porte.
C'était  ma meilleure amie, celle que j'aimais secrètement, qui m'a brisé en sortant avec un autre homme, la seule pour qui j'étais capable de tout, comme si elle était partie avec un autre en brisant tout en moi... Plus jamais je ne l'ai revu jusqu'à il y a peu, plus de cinq ans après.

"Aide moi Sergeï ! J'peux pas bouger, je t'en supplie ... "  La bombe continue de faire tomber des pierres, les murs s'écroulent autour de nous en des bruits stridents, faisant tout voler sous sa chute. J'ai beau la regarder, essayer de tendre mon bras pour attraper sa main, mais rien. Elle est ensevelie sous les pierres, sans rien pouvoir faire, son souffle est faible, mais la distance qui nous sépare me paraît être infinie, poussant sur mes jambes, dont l'une saigne à grande gorgée, j'ai mal mais j'y vais, j'y rampe, j'essaye, sans succès. "Panique pas Jo' j'arrive ... Parle moi, j'arrive ... Ferme pas les yeux, reste là !" Chaque millimètres semblent me demander des efforts inhumains, son souffle ralentissait encore et encore, les paroles qui sortaient de la bouche de Jo' devenaient un murmure puis un sifflement, baissant de volume de plus en plus alors que je n'étais qu'à mi distance, en vingt minutes. Les cris autour continuaient de frapper l'air, l'euphorie ambiante. C'est en plus de trente minutes que j'avais réussi à réjoindre Jo', pouvant suivre mon chemin du regard par la trace de sang qui s'était dessinée sur le sol, mais peu importe j'y étais, enfin ! Mais trop tard !

Mais à tous les faux héros, tous les mecs biens peuvent correspondre aussi la face sombre, la face noire, comme le cygne blanc et le cygne noir. Un instant homme de mérite, un autre homme de mépris, comme toutes les valeurs que mes parents m'avaient inculqués pouvaient s'effriter en quelques secondes. Car oui, il m'arrive très souvent d'être imbu de ma propre personne, un gosse de riche insupportable. Hyperactif et loin de supporter ne pas avoir ce que je veux, j'ai souvent bien du mal à retenir mes nerfs, sans jamais passer à l'acte, juste la langue qui fourche, les mots qui fusent, un brin méchants ou blessants. Une teigne comme dirait mon frère, un démon derrière une gueule d'ange, à toi de voir, pile ou face ? Noir ou blanc ? Ange ou démon ?!