ARISA JEONG ► Jessica Jung

J'étais tranquillement allongé sur le ventre, dans ma chambre, sur mon tapis rose à paillettes, en train de lire mon livre d'images préféré, quand ma mère entra dans ma chambre.
« Arisa, ma chérie, Soo Ah est là. Vas jouer avec elle. »
Je levais les yeux vers elle en faisant une toute petite moue. La vérité, c'est que je ne l'aimais pas du tout cette petite. Elle faisait toujours des caprices, et je devais me plier à ses exigences parce que… Bah parce qu'après elle se mettait à pleurer parce que j'étais méchante et ses parents et les miens venaient me faire la morale.
« Mais maman, je ne l'aime pas. Elle est mal élevée… Je ne peux pas rester ici à lire ? On ne peut pas dire que je suis malade ? » je fis semblant de tousser. « Regarde, je me sens pas bien, je voudrais pas qu'elle attrape mes microbes... »
Ma mère s'assit à coté de moi en souriant et caressa mes cheveux.
« Ecoute mon ange, tu dois allez jouer et t'entendre avec elle d'accord ? Comme ça son papa et ton papa seront aussi amis, et ils pourront bien travailler ensemble. Fait le pour papa. »
En soupirant, je fermais mon livre et me levait. Ma mère me posa un baiser sur le front et m'encouragea.
« Elle t'attend dans le salon, vous pouvez sortir dans le jardin si vous voulez… Juste, ne faite pas trop de raffut d'accord ? Les adultes vont avoir des discussions de grands. »
J’acquiesçais et parti retrouver mon 'amie' avec un sourire forcé.


Je rentrais tranquillement du collège à pied en compagnie de ma petite sœur de 3 ans ma cadette, Rize.
Nous parlions de tout et de rien, principalement de rien, et étions arrivées devant la maison. Comme j'étais la plus responsable de nous deux – logique étant la plus vieille, c'est moi qui avait les clés, et j'ouvris le portail en écoutant ma sœur d'une oreille. Un bruit de frein me fit tourné la tête sur la gauche pour voir que notre voisin – qui était d'ailleurs dans ma classe, était lui aussi en train de rentrer, sauf que lui, il était en vélo. Quand il en descendit, il me fit un petit signe de la main, auquel je répondis en rougissant légèrement… J'avais toujours eu un petit béguin pour lui mais…
« PAPA ! ARISA ELLE TROMPE SON MARI AVEC LE VOISIN ! »
Hurla ma sœur en entrant aussitôt que la porte fut déverrouillée. Je rougis encore plus en entendant ses paroles, et m'excusa profondément devant Yuu – le voisin – en m'inclinant une dizaine de fois. Comme il était gentil, il se contenta de rire en me disant que ce n'était rien.
Après un petit moment de silence gêné, je rentrais chez moi en criant après ma cadette.
« Hé mais Rize je te jure que tu vas m'entendre… Si je t'attrape je sais même pas ce que je te fais... »
Je m'apprêtais à lui courir après quand une main se posa sur mon épaule.
« Pas si vite jeune fille. » Mon père. Génial. Rize m'avait mise dans la panade. « Nous avons à parler tout les deux je pense. »
En silence, je le suivit jusque son bureau, situé au deuxième étage de la maison. Il m'indiqua de prendre une chaise devant lui et s'assit derrière son grand bureau d'homme d'affaire. Je me fis toute petite, sachant déjà ce qui allait arriver.
« Alors comme ça, tu… »
« Non, c'est pas du tout ce que vous croyez… Rize dit n'importe quoi… Je suis juste dans la classe de Yuu, on est rentré en même temps et il m'a sourit, par simple politesse. J'ai retourné le geste par politesse moi aussi et c'est tout. Rize se fait des idées je vous jure. Nous sommes justes amis. »
Je vis mon père froncer les sourcils, et un silence s'installa entre nous.
« Tu comprendras bien que si tu entretiens des relations ambiguës avec d'autres garçons, et que tout ceci remonte aux oreilles des Hwan, ils pourraient demander à rompre tes fiançailles avec leur fils… C'est pourquoi j'aimerais que tu coupes toute relation avec ce… Yuu ? C'est bien ça ? »
« Mais papa… Enfin, je veux dire Père, c'est l'un des seuls amis que j'ai à l'école... »
« J'ai toujours su que vous mettre, ta sœur et toi, dans un établissement mixte poserait problème… Prépare toi Arisa, dès la semaine prochaine vous changez pour partir dans le privé. Comme ça, plus de risque que tu t'entiches de qui que ce soit. »
J'aurais bien répliqué que je ne m'étais entichée de personne, et que changez d'établissement ne changerais rien à la situation. J'aurais voulu lui demander si il était sérieux quand il disait ça. J'avais envie de lui faire comprendre que le seul vrai problème dans cette histoire c'était qu'il avait 'vendu' sa fille en mariage alors que celle ci n'avait à peine que 15 ans… Mais ça n'aurait aboutie à rien. Je me serais juste fait punir. Alors je m'étais contentée d'acquiescer avant de sortir du bureau.



Après une longue journée de cours, je rentrais chez moi après être passé chercher un courrier au secrétariat de mon lycée – j'avais beau avoir vingt ans maintenant, j'y était toujours car je faisais une prépa dans l'espoir d'integrer la grande université américaine d'Harvard.
En entrant à la maison, je croisais ma sœur, Rize, en train de manger un pain au chocolat dans la cuisine.
« C'est tes résultats pour Harvard ? » demanda t'elle la bouche pleine. « T'as ouvert le truc où tu sais pas encore si t'es prise ? »
« J'ai pas encore ouvert, mais on m'as dit à l'administration que tout ceux qui ont passer l'examen cette année ont été pris ! On est trois apparemment ! Mais je connais pas les deux autres… Tu connais papa hein, j'ai pas vraiment le droit de me sociabiliser… »
« Et encore, imagine si c'était avec des mecs que tu devais sociabiliser… Impossible. » Elle rit doucement. « Je suis bien contente de n'être fiancée à personne. »
J'hésite vraiment à lui présenter mon majeur, mais je préfère soupirer et lui voler le bout de viennoiserie qu'elle tient et n'a pas fini pour en faire mon goûter. Elle fait la moue et s'apprête à me frapper gentiment en guise de vengeance quand le paternel fait irruption dans la cuisine. Je lui sourit et lui tends mon enveloppe en souriant.
« Alors ? Bonne nouvelle ? »
« Yep ! Cette année on est trois à avoir passé l'examen et à l'avoir réussi ! C'est un record ! » Je ne sais pas pourquoi, mon père n'a pas l'air ravi. « Un problème ? »
« Je ne sais pas… Je t'ai élevée pour que tu sois meilleure que les autres… Alors pourquoi est-ce que tu n'es pas la seule à avoir réussi ? »
« Euh… Parce que ce n'est pas de ma faute si d'autres personnes sont assez qualifiées pour entrer à Harvard… Il aurait fallu quoi ? Que je trouve un moyen de les empêcher de se présenter à l'examen ? Que je les paie pour qu'ils abandonnent ? »
Oui, en grandissant, j'ai gagné en sarcasme… Juste un poil.
Je disais ça, mais mon père s'attendait sûrement à ce que je fasse un truc du genre… En tout cas c'est sûr que lui l'aurait fait, où aurait voulu que je le fasse… Je comprendrais jamais sa logique… Ce n'est pas parce que je veux quelque chose que je dois être la seule à l'avoir… Je regarde mon père dans les yeux, et il est le premier à détourner le regard. Il vient me prendre dans ses bras – à croire que le fait que je me 'rebelle' de temps en temps l'adoucit.
« Tu as raison ma chérie… Je suis fier de toi… Tu veux l'annoncer à ta mère où je le fais ? »
« Je le fais ! Non mais oh, je vais pas te laisser m'enlever le plaisir de lui dire que… OMG, je suis prise à Harvard ! »
Je ris et m'échappe de la cuisine pour aller trouver ma mère qui devait se trouver quelque part entre le salon où le jardin.