SAGELIO • " SEX, DRUG & ALCOHOL "

Tu marches, errant cette nuit dans les noirceurs d'un parking vide de vie, ta cigarette presque terminée au bord des lèvres, une nuit douce et chaleureuse te couvre ce soir. Tu recraches la fumée légère dans l'air, noircissant encore un peu plus tes poumons et s'estompant petit à petit tout autour de toi. Tu croises le chemin de quelques alcooliques, un peu dans le même cas qu'toi, tu te reconnais en eux, arpentant les rues sombres une bouteille entamée à la main, cherchant en vain une once d'espoir qui ne croisera sans doute jamais leur chemin. Tu as rendez-vous avec Elio, ce mec, dans les toilettes avait détruit toute ta came encore neuve, tu te retrouves à devoir en reprendre, ça ne pouvait pas attendre, encore perturbé par cette rencontre, ce soir, tu ressens l'envie de planer, planer six mètres au-dessus du ciel, naviguant sur les étoiles, attrapant la lune au lasso, aucune envie de fermer les yeux pour te laisser empaler par les mauvaises ombres qui gâchent ta vie depuis bien trop longtemps. Tu cherches brièvement son visage dans l'ombre, difficile à cerner mais, tu le reconnais un peu plus loin, près d'un lampadaire, les mains dans les poches, silencieux. Tu précipites tes pas, il ne t'as pas encore, tu le toises de haut en bas discrètement pendant que tu es encore loin, voilà un mois que tu le côtoie, Sloan n'étant plus là pour te fournir, évitant tout contacte avec lui, tu as trouvé un nouveau fournisseur. Vous vous fréquentez depuis un mois déjà, tu ne sais pratiquement rien de lui, vos conversations restent toujours brèves, il faut dire que tu ne cherches pas plus loin non plus. - Salut ! Tu lances en sa direction quand tu arrives enfin en face de lui. Un sourire de politesse se fige sur tes lèvres. - Merci de t'être libéré, j'ai eu quelques soucis avec c'que tu m'as donné l'autre jours.. Tu soupires vulgairement en faisant la moue, repensant à ce qu'il s'est passé.

Vagabonder sous le ciel étoilé est une habitude tenace. Elio le sait. Chaque soir, à l'heure où l'air s'épaissit, il survole stratégiquement le campus pour livrer de la came aux étudiants. C'est son gagne-pain, mais surtout, son  domaine d'excellence. Il entre et sort de la vie de ces âmes perdues en seulement quelques instants, sans faire le moindre bruit, telle une ombre malsaine. Et, par une nuit d'encre comme celle-ci, il recommence à nouveau. Pas après pas, ses semelles effleurent avec légèreté le béton jusqu'au point de rendez-vous. Le parking est vide, monstrueusement vide. Bercé par le silence et un sentiment de vastitude, son regard navigue de gauche à droite, à la recherche du moindre signe de vie. Il remarque cette fille, au loin. Elle marche dans sa direction réduisant peu à peu la distance entre eux deux. C'est Sage. « Bonsoir. » souffle-il calmement alors qu'elle achève sa route. Un air grave accroché au visage, Elio écoute la complainte de la jeune femme avec un semblant d'intérêt. Merde, ça pue l'embrouille. « Rien de grave, j'espère? » dit-il d'un timbre neutre, presque sans vie. Mensonge. Cette question n'est qu'une formalité, une simple entrée en matière. Au fond, il s'en contrefout pas mal des anecdotes foireuses de camés. Le service après-vente ce n'est vraiment pas son truc. « T'as besoin de quoi ce soir? » lança Elio, farfouillant simultanément dans sa poche de jogging. Il sort une cigarette de son paquet et la coince entre ses lèvres, prêt à dégainer une flamme d'une seconde à l'autre.

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