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J'ai intégré les rangs d'Harvard en tant que professeur depuis seulement cinq mois mais ça me paraît déjà être une éternité. Aujourd'hui, j'enfile mon costard de professeur de littérature. La fin de l'année approche et les amphithéâtres se réduisent de jour en jour. J'entre avec mon sac en bandoulière et les voix qui braillaient à droite et à gauche diminuent de volume. Je ne m'y ferais toujours pas. Je m'imagine encore à leur place entrain de bavarder et de refaire le portrait du type qui va leur faire cours, en l'occurrence, moi. Si je devais en permanence me demander ce que mes étudiants racontent sur moi, je disjoncterais en une fraction de seconde. Le temps d'installer mon matériel, je leur demande d'ouvrir le roman que nous sommes entrain d'étudier depuis un moment. J'allume le micro et fais quelques essais " Allô la Terre ? " des voix dispersées répondent et d'autres pouffent de rire. Je m'assois sur le bord du bureau et entame mes réflexions sur le texte. J'ai parfois tendance à m'emporter ou bien à devenir une sorte de professeur de philosophie possédé. Je résume le cours dernier puis embraye sur la suite. Je m'adresse au maximum à eux, sans trop être captivé par mes notes. Oh, tiens, la jolie blonde. Veia, si je ne m'abuse. Elle griffonne, pensive. Elle doit bien avoir plus d'une dizaine d'années que moi mais elle m'intrigue. Je sais que ce que j'ai fais est interdit mais je le devais. J'ai bravé l'anonymat d'une de mes copies et c'était la sienne. Sa plume est particulière, engagée, ténébreuse et douce. " Veia, que pensez-vous de la relation qu'entretient Elena avec cet homme plus vieux qu'elle ? Croyiez-vous que cela soit toujours mal vu de nos jours comme à l'époque où l'auteur l'a écrit ? " merde, je crois que je l'ai réveillé ou bien secouée. Ses prunelles se plantent dans la mienne et semblent paniquées, ou bien je me trompe ?
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