Sachkana Juste une mise au point.

Bal de fin d'année 2016, peu après le dîner. Le destin, le hasard ou peut-être tout autre chose avait décidé d'amener Sachka et sa cavalière à ma table. Dès que j'avais croisé le regard du petit couple j'avais su que ce dîner serait plus mouvementé que je ne l'aurai souhaité. Mais quel ne fut pas mon étonnement en voyant le petit carton portant le nom de Sharon Gretchko? Depuis quand mon ennemie naturelle portait-elle le nom de mon amant. N'avait-il pas cru bon de m'annoncer son mariage? C'était une plaisanterie, une vaste blague? Non ma déconvenue n'était pas de la jalousie, que je vous rassures ce n'était clairement pas le cas. J'aurai pu, il y a quelques temps peut-être avant le Chili avant le début de cette année peut-être que j'en aurai été incommodée. Sharon et moi étions un peu trop "pareille", d'apparence nous pouvions donner l'impression d'être amies mais, il n'en était rien. Alors oui me retrouver à leur table n'était pas pour mon plus grand bonheur. Et apprendre qu'il s'était marié de cette façon... Je souhaitais surtout que rien ne vienne interférer entre Jarod et moi. Sachka et moi nous étions éclipsé de table pratiquement au même moment. J'avoue j'ai prétexté un besoin naturel pour suivre le jeune brin bien décidée à avoir le fin mot de cette histoire. Il était allé au bar laissant sa "femme" derrière lui et je m'étais en apparence dirigée vers les commodités. Je m'arrêtais alors à son niveau alors qu'il venait de se prendre un verre, je commandais moi-même une vodka alors que son regard se tournait vers moi. Madame Gretchko, aurais-tu perdu la raison? Tu comptais me prévenir un jour ou ce n'était pas prévu au programme? Non parce qu'entendons-nous bien le "rôle" que je tenais à ces cotés depuis je ne sais plus un an ou deux devenait d'un coup bien plus risible à mes yeux. Amante volatile, amant libre mais, tout ceci à mes yeux prenait fin avec Jarod et encore plus important avec ce mariage. L'était-il déjà lorsque nous étions au phare? Telle était la question.

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« Je reviens tout de suite. » avais-je murmuré à l’oreille de ma compagne avant de m’éclipser. Les dîners mondains n’ont jamais été mon fort. Peut-être parce que je n’arrivais à faire semblant d’apprécier une personne quand ce n’était pas le cas, ou à cause des sujets de discussion. C’est vrai, comment font les gens pour trouver un sujet qui pouvait intéresser toute une tablée ? Il y en avait forcément qui devaient s’emmerder dans le lot, non ?! Enfin bref, je m’étais dirigé vers le bar, histoire de pouvoir respirer un peu. « Un  verre de lait, merci. » Le premier qui se fout de ma tête parce que j’ai commandé du lait, je lui fais avaler son dentier. Moi, j’aime le lait. Vu qu’il était hors de question que je me mêle à ceux qui dansaient parce que j’étais un danseur horrible, ou à la remise des prix parce que je m’en fichais complètement, ne restait que le bar, où peut de monde fort heureusement, avait pris place. Sauf que je n’avais pas eu le temps de boire une gorgée que je sentis un parfum familier à mes côtés. « J’croyais qu’tu devais aller au p’tit coin. » soupirai-je blasé et même légèrement agacé de voir qu’elle m’avait suivi jusqu’ici. Je sais pas pourquoi mais ça ne présage rien de bon. « Te…prévenir, t’as dit ? » Non, j’ai dû mal entendre. Haussant un sourcil, je l’observe en reposant tranquillement mon verre sur le comptoir. « J’savais pas que j’d’vais te rendre des comptes, première nouvelle. » grommelai-je, mi indigné, mi amusé. Sanaa et moi, nous n’étions que des amants. Non, pardon, reformulation : nous AVIONS ETE amants. Mais depuis, les choses avaient changé dirait-on, pour elle comme pour moi. « D’toutes façons, qu’est-ce ça peut t’faire ? t’es jalouse ? » murmurai-je pour éviter que tout le monde ne nous entendre, rictus sur les lèvres.  

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Je croyais que tu devais aller au petit coin, mon dieu quelle élégance! Et depuis quand faisait-il attention aux phrases qui ne lui était pas adressée? Ce que je pouvais bien raconter autour de la table, l'intéressait-il au plus haut point. Tu écoutes les conversations maintenant? Il semblait exaspéré mais,après tout n'est-ce pas à cause de ses regards appuyé que sa très chère femme s'est cru bon de venir nous ennuyer avec ses questions? Et en plus il avait fallu qu'il choisisse la fille avec laquelle je m'entendais le moins sur le campus. Pour quelle raison, il n'y a en pas réellement. Sharon et moi on se ressemble coté tempérament. Fait comme si tu n'avais pas entendu ni même comprit, de mieux en mieux, le mariage ne lui réussi décidément pas. Des comptes, tu m'as pas comprise. Non, du respect sans doute à moins que devenir un homme marié t'ai rendu plus con qu'avant? Oui je me permet car j'ai connu monsieur avec un brin plus de jugeote que ce soir et pourtant ce n'est que du lait qu'il boit là. Jalouse moi? Ce serait bien nouveau, nous n'avons jamais partagé qu'un "arrangement" mais du moins je le voyais plus respectueux cet arrangement qu'il ne semble le considérer lui. Au vue de notre "passif" oui j'estime qu'il aurait pu me prévenir qu'il était un homme marié et plus seulement un "chasseur" en quête de nouvelles aventures. Jalouse? De Sharon allons donc, voilà autre chose. Non, j'estime juste qu'au vue de ce qu'on a partagé, c'était une info assez importante à me signifier. Après tout ce n'est pas parce qu'on "jouait" à ce jeu-là que je serais encore prête à le faire à présent que je sais ce qui les unit. Encore heureux que de mon coté j'avais déjà décidé de rompre cet accord, je n'aurai pas aimé qu'il continue en me cachant cette vérité.

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L’élégance et moi, ça faisait deux. Si nous avions appris à nous connaître autrement que par nos corps, Sanaa l’aurait su. Je n’étais pas un homme élégant. Certains ne me considéraient même pas comme un adulte, c’est vous dire. D’ailleurs, je venais à peine d’atteindre la majorité dans ce pays. « J’ai entendu, c’pas pareil. » corrigeai-je de mauvaise foi en avalant une autre gorgée de lait, ma lèvre supérieure enveloppée aussitôt d’une fine couche blanche que j’essuyais aussitôt d’un revers de main. Franchement, je ne voyais vraiment pas en quoi mon histoire avec Sharon pouvait la déranger. Après tout, ce n’était pas comme si nous étions proches tous les deux. Enfin, pas au sens classique du terme. Je l’appréciais c’est vrai mais au point d’être jaloux de ses conquêtes. Même si je dois reconnaître que celui de ce soir me tape particulièrement sur les nerfs, allez savoir pourquoi. « Je t’em***. » répliquai-je d’une voix rauque en russe, tout en lui jetant un regard noir au passage. Les insultes avec moi, ça passait pas. Comment ça plus con qu’avant ? J’ai jamais été con, c’est clair ? Ni avant, ni après. Et pourquoi est-ce qu’elle me parlait de respect alors qu’elle-même était pas foutue de me respecter ? Je lui ai rien demandé moi, après tout ! « Ce qu’on a…Non mais tu t’entends parler ou tu rêves toi ? » ironisai-je en lâchant un rire grave avant que mes yeux ne la confrontent. « Y’a jamais eu qu’du sexe entre nous j’te rappelle ! On est jamais allé plus loin ! J’parie qu’tu connais même pas mon nom de famille ! » Bon si, vu que les cartes de chaque table affichent les noms et prénoms des convives, peut-être que si. Mais elle avait compris là où je voulais en venir. Les yeux plissés, je l’observe pendant de longues secondes avant que mon cerveau ne fasse l’addition de 1+1=2. « Une minute…ah ouais d’accord… » Je venais de comprendre. Pas trop tôt diraient certains. « Ok, je suppose que tu me vois comme le connard de première qui a couché avec une autre femme que celle qu’il a épousée c’est ça ? » résumai-je sans me soucier du fait que le ‘barman’ pouvait nous entendre. « Pour ton information, quand on baisait, j’étais pas encore marié. Ca va là ? Rassurée ? » ronflai-je, en colère. Allez savoir pourquoi le simple fait qu’on pouvait m’accuser d’adultère, surtout à l’égard de Sharon, me mettait dans tous mes états.

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Juste entendu, oui c'est ça, quelle preuve flagrante de mauvaise foi. Je découvre Sachka sous un tout autre jour que je ne lui connaissais pas. Jusqu'alors on ne s'était jamais embrouillés puisqu'il n'y avait pas besoin de palabrer de nos relations extérieures. Là, je devais bien avouer qu'apprendre son mariage était quelque chose de tellement bizarre, lui le loups qui se disait tellement libre, pas prêt à se laisser capturer. Je ne relevais que l'injure dite dans notre langue maternelle. Tiens voilà encore quelque chose de nouveau, je lui retournais grandement la politesse disons un peu plus vulgairement. Va te faire foutre Sachka, prononcé en russe avec un accent à tirer au couteau que je pensais disparus depuis le temps. Ses yeux avaient beau me jeter des flammes, les miens ne scièrent même pas. Des gars comme lui j'en avais déjà eu devant moi, j'avais les reins plus solides qu'il ne le pensait et qu'il m'emmerde ne me faisait ni chaud ni froid. Il avait beau en rire, me défier du regard aucun sourire ne vint épouser mes lèvres et aucun regard noir ne me ferait détourner le regard. Oui tu as bien entendu, tu n'es qu'un gamin Sachka Gretcko. Si je ne te connaissais pas un tant soit peu, je n'aurais jamais fini dans ton lit. Il n'y a que toi qui n'a pas cherché plus loin. Comme si j'allais juste me contenter d'assouvir des besoins sans un minimum chercher à en savoir plus sur le jeune homme. J'étais peut-être bien volage certes mais, pas stupide non plus. Lui de tout évidence ne me connaissais vraiment pas. Je ne te prenais pas pour un connard non du moins pas avant cette conversation. Grand bien me fasse, heureusement car je n'aurai pas signé le même pacte autrement. Mais, peut-être pas marié mais, amoureux? A moins que tu n'aie épousé Sharon sans l'aimer? Franche et directe comme à l'accoutumée. Pour lier sa vie à une autre faut bien quelques sentiments non?

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On croit rêver ! A croire que j’étais le seul à lui avoir jeté des petits regards interrogatifs, surpris, voire assassins tout au long de la soirée. Si elle croit que je l’avais pas vue elle aussi ! Mais de toutes façons, dès qu’il y a un problème entre un mec et une fille, vous pouviez être certain que la faute en revenait au mec, forcément ! Les filles elles, elles sont parfaites et elles ont jamais rien à se reprocher ! Humph. Injustice. Les insultes fusent, mais bizarrement loin de me sentir concerné par la tournure de notre conversation, je trouve presque ça…excitant, voire amusant de la voir se comporter comme une fille jalouse à qui l’on avait arraché son jouet. Un gamin moi ? Mon sourire, déjà à peine perceptible, disparait complètement en entendant l’insulte. Je déteste qu’on me traite de gamin, ou COMME un gamin. Mes yeux lancent des éclairs. Pour un peu qu’on était seuls et je lui aurais fait voir si j’étais encore un gamin ! Mais là, devant le barman et tous ces gens autour, pas moyen de l’étrangler sans que ça se sache. « Quoi ? P*** de m*** Sanaa mais qu’est-ce qu’tu veux à la fin ? J’te comprends même pas ! C’est toi qu’as toujours voulu qu’on couche sans sentiments non ?! Viens pas prétendre le contraire maintenant, m*** ! » Impossible pour moi de ne pas sortir de gros mots quand je suis dans un tel état de crise de nerfs. Fort heureusement, les mots sortent en russe, si bien que seule mon intonation laisse entrevoir la colère dans ma voix, sans qu’un autre – si ce n’est un russe – ne puisse comprendre le sens de mes paroles rapportées. « Tu m’as jamais rien demandé, j'te rappelle. » poursuivis-je avec défiance, mes yeux dans les siens. « Jamais aucune question ou quoi. OK, j’reconnais qu’moi non plus. Mais c’est pas parce qu’j’voulais pas t’connaître. Vu notre ‘accord’ de base, j’pensais juste que ça n’avait pas d’intérêt. » grognais-je pour finir avant de rouler des yeux dans leurs orbites. Moi, un connard ? Et elle, elle était censée être quoi alors ? Une oie blanche ou une garce ? « De quoi j’me mêle ? » Le sujet devient sensible. L’amour, c’est ma grande faiblesse. Je n’en parle jamais, et je ne suis pas certain de mes sentiments, ce pourquoi, Sanaa est clairement en train de me mettre à bout. « Elle était bourrée au dernier degré et j’étais drogué parce qu’on a tous les deux des amis de merde apparemment. On s’est mariés bourré et drogué, ça t’donne l’impression que je l’ai fait par amour ça ? » répliquai-je avec une ironie méprisante. Pris au piège, j’avais préféré détourner la conversation. Omettre sans mentir pour mieux détourner la vérité.

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