It seems we were married once | olirren

Tu avais laissé Azealia à elle-même le temps d'un instant, étant pris d'une envie incontrôlable, mais surtout urgente d'aller aux toilettes. Si la file d'attente devant les salles s'effaçait plus rapidement pour les hommes que les femmes, il n'en demeure pas moins qu'il fallut tout près d'une dizaine de minutes pour atteindre ta délivrance urinaire et ressortir de là. Azealia ne se trouvait pas là où tu l'avais quittée plusieurs minutes auparavant, et si tu la cherches des yeux, c'est en vain que tu te rends à l'évidence : pour la retrouver, tu vas devoir te mettre à la chercher. L'endroit est bondé de gens, les multiples couleurs des costumes des invités se fondent au décor galactique du thème de la soirée du bal. Ce ne serait pas tâche facile que de la retrouver, alors tu emportes avec toi une distraction qui t'empêchera de mourir d'ennui au travers de tous ces gens que tu as jadis connu avant ton départ, mais à qui tu ne parles plus, ou ces gens que tu ne connais même pas. Comme tu parcoures des yeux l'immense pièce tout en te faufilant entre les nombreux couples et groupes d'amis, c'est là que tu t'arrêtes brusquement en reconnaissant une crinière blonde pas méconnue. Heureux ou pas, c'était tout un hasard que de tomber sur Olive, ton ex-femme qui t'avais tant fait de tords par le passé. Vous vous étiez laissés sur une très mauvaise note et vous étiez retrouvés sur une toute aussi mauvaise note le soir du précédent bal, alors qu'elle s'était permise d'attaquer, telle une furie, ta cavalière du moment, Mecky. De côté, elle ne semble pas t'avoir aperçu. N'empêche, tu demeures planté là, sans rien dire, à attendre qu'elle tourne la tête et te remarque. Pourquoi? Masochiste? Non, tu as réussi à tourner la page sur ce qui s'est passé, bien que tu garderas toujours, toujours une certaine once de rancune.

Partir. Il fallait qu’elle parte. Cette conversation qu’elle avait eue avec Alexander lui avait bien montré qu’elle n’était pas encore prête. Prête à quoi ? A accepter le regard des autres. Olive sentait sur elle les regards gourmands de potins des étudiants qu’elle avait quittés cinq mois plus tôt. Que faisait-elle ici ? Pourquoi avait-elle attendu le soir du bal pour montrer le bout de son nez ? Est-ce qu’elle était revenue parce qu’elle était enceinte ? Les spéculations allaient bon train. Sans compter le trou béant que son frère laissait derrière lui alors qu’il était là l’an passé à sécher les larmes de l’ex-mather. Troy lui manquait, chaque jour un peu plus. La foule autour d’elle se resserrait d’avantage lorsque le doyen pris la parole pour annoncer le début de la remise des Awards. C’est en cherchant une issue que leurs regards se croisèrent. Il était là, debout, ne la quittant pas une seconde des yeux. Son ventre se noua immédiatement. Lui ? Ici ? Olive arracha son regard à celui de Warren et perça la foule jusqu’à la sortie du bâtiment. Six mois qu’elle ne l’avait plus vu – si ce n’est plus – et il était là, à Cambridge. Le monde est si vaste, et pourtant.. La jeune femme poursuivit son chemin, le pas vif, sans regarder derrière elle. Elle voulait retrouver son appartement. Petit mais doux et rassurant.

Ça te semblait plus évident de recommencer à zéro ce qui avait été un véritable chaos à l'époque précédent ton départ avec Marloes. Les relations sociales, ta vie conjugale, tes amitiés, rien n'avait jamais été simple à Harvard. C'est pourquoi à ton retour, tu avais préféré mettre de côté ce qu'il était possible de ton passé, puis gardé l'inévitable, le nécessaire et recommencer là où tu avais échoué. C'est de revoir son visage dans cette vaste foule que tu te figes, te rappelant tout ce que tu as tant cherché à vaincre, ce contre quoi tu t'es battu auparavant, ce qui t'a tant blessé par le passé. Tu as remonté la pente, mais ce ne fut pas simple, loin de là. Si elle n'a pas changé, alors Alexander ne doit pas se trouver bien loin. Enfin, il n'est même pas sûr que ce soit encore Alexander, à ce temps-ci de l'année. Plusieurs mois ont passé, et Olive et l'engagement, ça faisaient trois. Vos regards se rencontrent, mais Olive prend la fuite, pour ton plus grand étonnement. Tant bien que mal, tu essaies de percevoir sa crinière au travers de la foule, alors qu'elle te fuit. Pourquoi la suis-tu? Tu devrais plutôt retourner et trouver Azealia. Mais plutôt, tu pourchasses Olive, pour finalement la rattraper à l'extérieur du bâtiment. Tu l'attrapes par le coude, la retenant de s'éloigner un peu plus. On aurait dit que tu as vu un monstre. Ça va pas? C'est bizarre de la toucher à nouveau, sans avoir envie de lui crever les yeux ou de lui faire éclater ses quatre vérités au grand jour. Mais il semblerait que c'est possible, de lever le drapeau blanc.

Elle n’allait pas assez vite. Ou alors elle se laissait rattraper par l’homme qu’elle connaissait si bien. Si bien qu’elle savait qu’il la suivrait. Et son corps entier s’arrêta et se raidit lorsqu’il posa une main sur elle. Warren était devenu le cadet de ses soucis depuis le décès de son frère alors pourquoi était-ce encore si compliqué de le voir si proche, si réel ? On aurait dit que tu as vu un monstre. Ça va pas? Non ça n’allait pas. Mais Warren n’était au courant de rien. Ni de son départ, ni de son rêve d’être soigneuse qui s’était enfin réalisé, ni du décès de Troy. Ni de son retour, du coup. Je vais bien. répondit-elle avec un semblant de sourire, essayant de relâcher la pression qui s’était accumulé dans sa poitrine. C’est juste que je comptais partir. J’étais juste passée dire bonsoir, je n’ai pas été invitée cette année. Pas plus qu’elle ne l’avait été l’an dernier. Le mensonge avait glissé aisément sur ses lèvres. Elle ne voulait pas montrer la faiblesse qui dormait en elle, jamais.

Malheureusement, tu aurais aimé savoir hésiter à la pourchasser. C'est plus fort que toi, tu la poursuis pour savoir pourquoi elle fuit. Et pourtant, c'est ce qu'elle a toujours fait : fuir. Te fuir, toi. Et tu n'as jamais cessé de la suivre, alors que tu aurais dû arrêter. Les choses se seraient passées autrement. Mais inutile de remuer de vieux souvenirs et de se questionner sur les possibilités, sur les choix, sur les décisions prises. Je vais bien. Et elle s'imagine sérieusement que tu vas la croire? Je l'espère bien. Son langage non-verbal en laisse imaginer plus sur son état qu'elle ne veut t'en dire. Mais tu ne vas pas la forcer, non plus. C’est juste que je comptais partir. J’étais juste passée dire bonsoir, je n’ai pas été invitée cette année. Est-ce que le fait de ne pas être invitée quelque part l'a seulement déjà empêchée de s'inviter elle-même? Je t'aurais bien raccompagnée, mais je suis ici avec quelqu'un, alors.. Je ne peux pas lui poser un lapin. Tu hausses les épaules, en te passant une main brièvement dans les cheveux. Allez, profite de la soirée, tu y as droit autant que tout le monde. Tu ne t'es pas déplacée rien que pour en saluer quelques-uns et repartir, si? Tu hausses un sourcil en posant cette question. Vraiment, qu'est-ce que t'as, Livette?

Je t'aurais bien raccompagnée, mais je suis ici avec quelqu'un, alors.. Je ne peux pas lui poser un lapin.. Si ça ne l’étonnait pas qu’il soit accompagné – Warren avait toujours été un gentleman -, ça la rassurait presque. Olive n’avait pas vraiment imaginé croiser Warren ce soir alors la simple idée qu’il la raccompagne chez elle lui donnait la boule au ventre. Sachant qu’elle ne vivait plus à la mather house et elle n’avait vraiment pas envie de se justifier là-dessus. Te tracasses pas, j’vais appeler un uber. D’ailleurs, ta cavalière doit surement t’attendre. File la rejoindre. dit-elle avec un sourire au coin des lèvres avec un geste des mains pour lui intimer de rebrousser chemin et de retourner à la soirée. Loin d’elle et loin des histoires qui hantaient ses nuits. Allez, profite de la soirée, tu y as droit autant que tout le monde. Tu ne t'es pas déplacée rien que pour en saluer quelques-uns et repartir, si? A vrai dire, elle c’était déplacée pour personne. La curiosité l’avait poussé à sa place et elle regrettait de ne pas avoir eu plus de contrôle sur elle-même. Si. J’avais promis à Swan que je passerais lui dire bonsoir et la voir dans sa tenue de soirée, elle y tenait tellement.. Mais Warren ne semblait pas mordre aux paroles d’Olive, si bien qu’il ajouta d’un haussement de sourcils : Vraiment, qu'est-ce que t'as, Livette? Shark leva les yeux au ciel, étouffant un soupir exaspéré. Pas pour lui. Mais pour elle. Comment pouvait-elle seulement imaginer qu’il croit un instant en ses mensonges ? Il la connaissait mieux qu’elle ne se connaissait. Warren.. pas ce soir. S’te plait. J’vais bien, regarde. dit-elle en se montrant des mains dans sa simple robe en tissu bleu nuit. La jeune femme sortit son téléphone de sa pochette et envoya un message pour commander un uber qui viendrait la chercher ici pour l’emmener à Boston. Elle voulait rentrer.. mais ce qu’elle souhaitait par-dessus tout, c’était tout lui raconter. Mais sa fierté l’en empêchait.

Te tracasses pas, j’vais appeler un uber. D’ailleurs, ta cavalière doit surement t’attendre. File la rejoindre. Certes, elle t'attendait sûrement puisque tu lui avais dit que ça ne te prendrait que quelques minutes pour revenir des salles de toilettes. Azealia a dû se trouver un peu de compagnie en voyant que tu ne revenais pas. Tu ne vas tout de même pas lui poser un lapin, mais tu pourrais au moins la prévenir. Justement, je crois que je vais lui envoyer un sms pour la prévenir que je vais la rejoindre plus tard. Comme ça, tout est réglé! Tu écris rapidement ton texto et l'envoie à la principale intéressée, puis tu ranges ton portable dans ta poche. Si. J’avais promis à Swan que je passerais lui dire bonsoir et la voir dans sa tenue de soirée, elle y tenait tellement.. Tu hausses les épaules en roulant subtilement des yeux. Quand elle n'est pas dans son assiette, Olive a toujours eu tendance à fuir. Quand elle est rattrapée, elle utilise son plan B : les excuses qui n'ont rien de crédible. Maintenant qu'elle t'a vue et que tu es ici, pourquoi ne pas faire une pierre deux coups et rester? Elle est où la Olive fêtarde que je connais? Évidemment, rien qu'à mentionner cela, tu te remémores d'horribles souvenirs que tu chasses vivement de ta tête. Warren.. pas ce soir. S’te plait. J’vais bien, regarde. Et c'est sans attendre qu'elle pitonne quelques trucs sur son téléphone. Tu fronces les sourcils. Écoute, tu vas bien venir t'asseoir avec moi quelques minutes, d'accord? Qu'on puisse discuter. Parce que tu crois qu'elle en a besoin, même si elle prétend le contraire. Tu vois une voiture arriver, et Olive qui s'éloigne en direction de celle-ci. Merde, sérieux? Tu te précipites devant elle pour atteindre la fenêtre passager du uber, et t'adresses au conducteur : Désolé mec, y'a eu un malentendu, on n'aura pas besoin de tes services ce soir! Tiens, pour le déplacement. Tu lui tends un billet d'argent et il repart, alors que tu hausses des épaules en voyant la tête de ton ex-femme. Eheh. Allez, viens. Y'a un coin tranquille plus loin, on va aller s'asseoir et tu vas m'dire ce qui va pas. Tu souris faiblement en lui faisant signe de la tête de t'accompagner, et insiste en voyant qu'elle se fait hésitante.

Justement, je crois que je vais lui envoyer un sms pour la prévenir que je vais la rejoindre plus tard. Comme ça, tout est réglé! Evidemment, elle l’avait oublié ce côté ‘bouge pas, à tout problème y’a une solution’. Et c’est en soupirant qu’elle le regarda envoyer son message à sa cavalière, impuissante ô possible. C’est ridicule.. Tu perds ton temps avec moi là. soupira Olive avant de lui donner une fausse excuse de son passage. Excuse qui, elle en était persuadée, aurait pu passer. Swan et elles étaient bonnes copines après tout. Mais Warren avait toujours su lire le vrai en Olive. On aurait d’ailleurs dû lui remettre une médaille pour ça. Vraiment. Maintenant qu'elle t'a vue et que tu es ici, pourquoi ne pas faire une pierre deux coups et rester? Elle est où la Olive fêtarde que je connais? Le cœur d’Olive loupa un battement. Comment pouvait-elle seulement penser à faire la fête avec les horribles choses qu’elle avait dans la tête ? L’idée ne lui avait jamais effleuré l’esprit depuis ce jour gravé en elle, le 18 avril. L’Olive que tu connais a changé, Cooper. J’ai pas envie de rester, j’ai pas envie de faire la fête. J’ai juste envie d’rentrer, pigé ? Elle voulait partir avant de laisser les souvenirs remonter à la surface, bien qu’ils ne l’ait jamais vraiment quitté. Écoute, tu vas bien venir t'asseoir avec moi quelques minutes, d'accord? Qu'on puisse discuter. Elle secoua la tête et recula d’un pas avant d’entendre le grondement d’un moteur arriver auprès d’eux. Non. dit-elle seulement avant de s’éloigner d’un pas ferme et décidé vers le véhicule noir. Ce qui se passa ensuite la cloua sur place. Warren avait renvoyé gentiment le uber chez lui en lui offrant plus que le prix de la course qu’il devait effectuer. Allez, viens. Y'a un coin tranquille plus loin, on va aller s'asseoir et tu vas m'dire ce qui va pas. Le sourire satisfait sur les lèvres du garçon fit grogner Olive qui laissa tomber son sac dans un élan de rage. Ça fait du bien, surement moins à son iPhone. Tu m’emmerdes Warren. Tu l’sais ? T’as toujours été un emmerdeur de première avec moi, m’faisant perdre le contrôle ! Et tu continues.. tu continues à m’pousser dans mes retranchements, à vouloir m’faire faire des choses qui m’sont pas naturelles. J’ai pas besoin d’parler, j’vais très bien. J’ai pas besoin qu’on aille s’asseoir dans un coin tranquille. J’vais très bien. En fait, j’ai besoin de rien Warren. Parce que tu sais quoi ? Je vais. Très. Bien. Elle criait presque, expulsant tout le mal être qui l’habitait depuis ces dernières semaines. Elle se tourna, cachant ses yeux bouffis par les larmes à son ex-mari, son ex meilleur-amant, son ex-meilleur ami, son ex-tout. Va t’en. lâcha-t-elle en sentant le regard de Warren planté dans son dos comme deux lames aiguisées.

C’est ridicule.. Tu perds ton temps avec moi là. Elle t'exaspère. Refusera-t-elle toujours l'aide et l'attention qu'on lui porte? Que tu lui portes? C'était comme ça avant, alors que t'étais sûrement la personne qui aurait pu lui donner tout et n'importe quoi. Tu aurais aimé cette femme jusqu'à ta mort, prêt à tout et n'importe quoi pour elle, mais elle t'a toujours repoussé. Toujours. «Je sais.» Dis-tu d'une voix tranchante, pour qu'elle cesse de s'obstiner avec toi et qu'elle obtempère, une fois pour toutes. Ça t'énerve de toujours devoir combattre l'impossible. Pourquoi ne se laisse-t-elle pas aimer? Non pas que tu l'aimes d'un amour fou comme auparavant, pas après tous les événements passés, et parce que Marloes est toujours dans ton coeur, même si tu ne lui a pas redonné de nouvelles depuis bien longtemps déjà. Mais d'un amour simple, sans complications, un amour d'amis. L’Olive que tu connais a changé, Cooper. J’ai pas envie de rester, j’ai pas envie de faire la fête. J’ai juste envie d’rentrer, pigé ? Putain, ça t'énerve définitivement. Et si t'étais toujours - ou presque, calme autrefois, même dans ce genre de situations avec Olive, là depuis ton retour c'était toute autre chose. Toi aussi, tu as changé. Tu as envie d'rentrer pour fuir la réalité. Comme tu as TOUJOURS fait. Tu mets l'accent sur le mot toujours en croisant tes bras sur toi, exaspéré. C'est pas pour autant que tu vas cracher le morceau et que tu vas l'abandonner là à son sort. Peu importe ce qu'elle a. Mais tu ne seras pas aussi patient qu'autrefois. Tu m’emmerdes Warren. Tu l’sais ? T’as toujours été un emmerdeur de première avec moi, m’faisant perdre le contrôle ! Et tu continues.. tu continues à m’pousser dans mes retranchements, à vouloir m’faire faire des choses qui m’sont pas naturelles. J’ai pas besoin d’parler, j’vais très bien. J’ai pas besoin qu’on aille s’asseoir dans un coin tranquille. J’vais très bien. En fait, j’ai besoin de rien Warren. Parce que tu sais quoi ? Je vais. Très. Bien. Va t'en. Tu soupires. Elle te tourne le dos. Non, tu ne seras pas encore l'esclave du mauvais caractère de Madame. Si elle t'a dit qu'elle a changé, toi tu ne vois pas en quoi. C'est pour ça que j't'ai aimé comme personne t'aimeras jamais, que j't'ai demandé ta main, que j't'ai construit un bassin pour Jumper, que j't'ai pardonné ton adultère une première fois, que j't'ai aimé quand même, que j'ai attendu que TU sois prête, que j'ai renoncé à des amitiés parce que madame était jalouse, que j'ai dû patienter, que j'ai dû faire des efforts. Je suis un emmerdeur, c'est vrai. C'est toi qui dit que je veux te faire faire des choses qui t'sont pas naturelles? Et toi? M'empêcher d'étaler et de crier mon amour pour une femme que j'aimais comme un dingue, c'était m'empêcher d'être vraiment moi. Si tu vas SI bien, j'te laisse une dernière chance pour m'dire ce qui va pas, parce que j'ai pas envie d'me prendre la tête ce soir alors que je passe une belle soirée, contrairement au bal de l'an passé. J'suis prêt à te tendre l'épaule et l'oreille, tu l'sais bien. Sinon j't'aurais pas rattrapée. Allez, décide-toi et tout de suite, sinon je fais comme tu m'dis et je m'en vais, miss.

Tu as envie d'rentrer pour fuir la réalité. Comme tu as TOUJOURS fait. Warren pesait toujours ses mots avec tact. Mais il savait aussi très bien viser juste, viser là où ça fait mal. Olive était une poule mouillée. Il avait raison, elle passait sa vie à fuir. Fuir les bonnes choses, fuir les mauvaises choses. Il l’avait dit, fuir la réalité. De quelle réalité tu parles ? Celle où tu t’retrouves face à moi lors du bal de fin d’année ? Tu t’trompes, Cooper. S’il savait combien il se trompait. Finalement, le choix de Boston comme point d’ancrage après le décès de son frère était peut-être uniquement dû à Warren. Inconsciemment, elle aurait espéré le retrouver là et retrouver un certain confort auprès de la personne qui lui était le plus cher après son frère. La personne qui se retrouvait désormais en tête de classement. Jay Warren Cooper. Mais maintenant qu’elle se trouvait face à lui, tout ne semblait plus si simple. C'est pour ça que j't'ai aimé comme personne t'aimeras jamais, que j't'ai demandé ta main, que j't'ai construit un bassin pour Jumper, que j't'ai pardonné ton adultère une première fois, que j't'ai aimé quand même, que j'ai attendu que TU sois prête, que j'ai renoncé à des amitiés parce que madame était jalouse, que j'ai dû patienter, que j'ai dû faire des efforts. Je suis un emmerdeur, c'est vrai. C'est toi qui dit que je veux te faire faire des choses qui t'sont pas naturelles? Et toi? M'empêcher d'étaler et de crier mon amour pour une femme que j'aimais comme un dingue, c'était m'empêcher d'être vraiment moi. Si tu vas SI bien, j'te laisse une dernière chance pour m'dire ce qui va pas, parce que j'ai pas envie d'me prendre la tête ce soir alors que je passe une belle soirée, contrairement au bal de l'an passé. J'suis prêt à te tendre l'épaule et l'oreille, tu l'sais bien. Sinon j't'aurais pas rattrapée. Allez, décide-toi et tout de suite, sinon je fais comme tu m'dis et je m'en vais, miss. Les yeux fermés pour refouler les larmes qui menacent de couler, Olive ne perd pas une miette des mots du garçon. Il avait résumé leur histoire en quelques phrases, lui balançant tous les tords qu’elle avait eu. Elle l’avait bridé à cause de sa réticence à l’amour et pourtant, elle aussi l’aimait comme une folle. Elle l’avait brisé en le trompant sous les liens du mariage, elle avait foutu leur histoire en l’air. Cependant, il était toujours là, prêt à l’aider, prêt à l’écouter. Seulement, Olive n’était prête à rien de cela. Elle n’était pas prête à se faire aider par l’homme qu’elle avait brisé, par personne d’autres d’ailleurs. Pourtant, elle se retourna, le cœur lourd comme jamais, les yeux gorgés de larmes et les lèvres tremblantes. T’as raison Warren. J’pourrais jamais te tromper sur mes états d’âmes de toute façon. Alors non, ça va pas. NON, ÇA VA PAS ! Elle avait crié, ramassant le sac qu’elle avait laissé tomber quelques instants plus tard. Troy est mort, Warren. Il est mort… continua-t-elle tandis que son cri s’était transformé en un souffle anéanti. Et elle s’enfuit en courant, laissant couler les larmes qu’elle avait retenu trop longtemps.

END.