Out of the Woods (Jules)

Le bal n'était peut-être pas aussi bien que je l'aurais voulu, je m'étais imaginée mieux. Tout a dégringolé à la minute même où Jules a débarqué à la table, ces regards lancé à ces autres filles sans m'accorder le moindre regard sur moi... Je ne sais pas, je ne devrais pas ressentir de la jalousie ou quelque chose qui s'en approche, mais ça avait été plus fort que moi. Je restais le moins de temps possible à cette table, je me sentais mal à l'aise, à l'écart, pas à ma place. Je pouvais au moins compter sur Alejandro pour me tenir un minimum de compagnie. Je trouvais toujours un prétexte pour m'éclipser de la table, c'était une ambiance trop étouffante pour moi, je me sentais mal, je ne peux pas dire autrement mon état d'esprit ce soir. En fait, je rêvais déjà de rentrer chez moi et de ne plus voir personne. J'avais pris au passage une coupe de champagne avant de me diriger vers le balcon pour prendre un peu l'air. Des escaliers descendaient sur un joli parc où on pouvait y retrouver quelques couples ou même les fumeurs. Pour moi, ce sera la coupe de champagne dans le froid. Au moment où je m'apprêtais à descendre les escaliers lorsque Jules passa devant moi en rejoignant l'extérieur, me coupant donc la route. Je jette un regard rapide derrière lui, il est sûrement suivi par une de ses groupies, mais je ne voyais encore personne. Un soupire, puis sans un mot, je passe à côté de lui pour descendre ces escaliers et rejoindre le parc pour me dégourdir les jambes.

Le bal avait très mal commencé et tout ça à cause de quoi ? D'un plan de table. Ouais, ceux qui s'en étaient chargés étaient soit un peu trop au courant des histoires de chacun ou bien juste vraiment pas doués pour cette tâche. Parce que pour le coup, Jules ne voyait vraiment pas comment ça pouvait être pire. Alors même si Sage avait insisté pour qu'ils participent à ce maudit repas, ça ne voulait pas dire que le mather devait rester attablé toute la soirée, oh que non. Sa cavalière pouvait bien se passer de lui pendant cinq minutes, il en était certain. Et puis même si ça n'était pas le cas, tant pis pour elle. Toutes ces tentions et cette ambiance plus que lourde lui avaient donné envie d'aller faire un tour, histoire de... décompresser ? Ou juste d'être tranquille en fait.  Sans avoir tout le monde autour pour venir le faire chier. Ça n'était qu'un bal, pas besoin d'en faire tout un plat non plus. Enfin soit, une bonne cigarette ne lui ferait pas de mal et c'est pourquoi le mather s'empressa de gagner l'extérieur, constatant au passage que Margaux avait fait de même. Hum, sûrement en train d'attendre son espagnol à deux balles, ça ne serait pas étonnant. Et puis de toute manière, elle ne voulait sûrement pas lui parler. Détournant le regard, il descendit rapidement les escaliers avant de s'arrêter un peu plus loin pour allumer sa cigarette qu'il porta à sa bouche. Voilà qui était déjà mieux, ça changeait de l'intérieur, clairement. Baladant son regard un peu partout, celui-ci s'arrêta finalement sur Margaux, un peu plus loin, qui était toujours seule. Étonnant. Laissant s'échapper la fumée de sa bouche, Jules décida finalement d'aller la voir. Après tout, il trouvait ça ridicule de s'ignorer et de faire comme s'ils étaient de simples inconnus, surtout maintenant qu'ils n'étaient plus à table. "Margaux." dit-il en arrivant à sa hauteur, tournant ainsi la tête dans sa direction. "Tu passes une bonne soirée ?" Question banale, juste pour démarrer la conversation ? Peut-être. Sûrement puisqu'il était à peu près certain de la réponse qu'elle allait lui donner. Et il ne doutait pas non plus qu'elle en profiterait pour lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu. Leur histoire remontait à très longtemps mais Jules la connaissait très bien, plus qu'elle ne l'aurait voulu. Mais comme il l'avait dit, certaines choses ne changent pas.

L'air frais me ferait du bien, je devais quitter cette table, cette atmosphère, je ne m'amuse pas du tout ce soir, c'est même la pire des soirées. Je m'en vais sur le balcon, tandis que je décide de descendre les marches, je tombe face à Jules qui sort à son tour. Je ne lui adresse pas de mots, je descends pour marcher en bas, dans le parc. Ça me changera les idées, la seule chose à laquelle je n'avais pas pensée, c'est le froid, il fait plus froid que je pensais, mais je fais avec en marchant. Jules est descendu lui aussi pour fumer sa cigarette, du coin de l'œil je l'ai aperçu. Je reste de mon côté, je n'ai pas envie de lui parler maintenant, je suis énervée après lui et je ne sais même pas pourquoi! Je ronchonne dans mon coin, mon cavalier a disparu ce qui en revient au fait que je sois seule ce soir. Abandonnée par son cavalier le soir du bal, c'est beau. Je m'en remettrais. Une voix derrière moi, je me tourne vers lui, je sais qu'il s'agit de Jules. Comment se passe ma soirée? J'ai un léger rire, bonne soirée ne sont pas les bons mots à mon humble avis Pas vraiment non Dis-je d'un ton cassant en détournant mon regard pour regarder n'importe où sauf sur lui, il m'énerve. Je n'ai pourtant pas envie de le voir partir tout de suite, je suis illogique Et toi? Fis-je en le regardant par-dessus mon épaule. C'est bizarre, où est passé son fanclub? Je m'attendais à vite le voir accompagné par une de ses filles.

À sa plus grande surprise, Margaux ne l'envoya pas balader. Non, aucune remarque désagréable histoire de lui faire comprendre qu'elle ne voulait pas lui parler ni même le voir. Eh bah, y avait du progrès quand même. Ça n'avait rien de chaleureux puisqu'elle le regardait à peine, mais c'était déjà ça. Comme quoi, la petite excursion au springbreak avait servi à quelque chose. En vérité, Jules était certain qu'elle avait apprécié ce moment même si elle n'était pas prête de l'avouer. Par contre, la cabot ne cachait pas le fait qu'elle passait une mauvaise soirée, ce qui ne l'étonnait pas cette fois. Le plan de table devait y être pour quelque chose, mais aussi son abruti de cavalier que le mather n'avait pas eu l'occasion de rencontrer. À moins qu'elle n'en avait tout simplement pas, mais il en doutait. Margaux était belle et faisait partie des cabot en plus de ça, donc Alejandro ne devait pas être le seul à la vouloir proche de lui. En tout cas, il devait être sacrément con le mec qui lui avait fait ça. À croire qu'elle ne tombait que sur des cons. C'était peut-être étrange mais Jules ne se réjouissait pas de voir Margaux seule pour le bal, il ne s'en fichait pas, non. Ça lui faisait presque de la peine pour elle en fait, si on pouvait dire ça comme ça. En tout cas, ça lui rappelait à quel point il avait été stupide, autrefois - et encore maintenant en fait. "Je ne sais pas... lâcha-t-il dans un premier temps alors qu'elle lui retournait la question. Ça l'intéressait vraiment de le savoir ? Jules n'en était pas sûr mais bon, pour une fois qu'elle lui parlait, il n'allait pas faire son difficile. "Disons que j'ai connu mieux..." Vrai. Totalement vrai. Parce que pour le moment, c'était pas terrible du tout même s'il avait de l'espoir que ça allait s'améliorer au fil de la soirée. Portant sa cigarette à ses lèvres, il regarda au loin avant de reposer son attention sur Margaux. Il laissa la fumée s'échapper avant de reprendre : "Alors, où est ce cher Ale-jandro ?" Avec la parfaite prononciation en espagnol, histoire bien accentuer sur le prénom. Jaloux ? Non, c'est juste qu'il n'aimait pas ce mec. Rien de plus.