(cooper) mascarade

Galaxie. Le thème des Winthrop. Tu n'avais eu aucun mal à te trouver une robe. Qui dit extravagance dit Zuhair Murad. C'est donc vêtue dans une de ces robes que tu arrivais au bal. Pour l'occasion, tu avais bouclé et teint tes cheveux. Ou plutôt, tu t'étais amusée à faire un ombré sur la longueur. Le blond virait argenté aux reflets bleu-gris pour se concorder à ta robe. Et sur le haut de ta tête, une couronne noire, comme la ceinture qui ornait ta taille. Maquillage tout aussi extravagant. Yeux et lèvres pailletées. Tu te serais presque crue dans le film Hunger Games, à jouer une habitante du Capitol. Mais tu aimais bien en réalité. Ce style t'allait comme un gant. D'un autre côté, tous les styles t'allaient. Toi, la belle blonde aux yeux bleu, Dame nature t'avait vraiment gâtées physiquement. Et en plus, tu avais un cerveau! Bref, tu étais parfaite. Comme toujours.

« Franchement, merci de m'avoir attendu. On est censé arriver ensemble, je te rappelle. » Des mots crachés sous un sourire. Tu venais de repérer Cooper, adossé contre sa voiture, dans son costume de pingouin. Sérieusement, il n'avait même pas pu t'attendre une demi-heure! Non, monsieur avait décidé de partir dès qu'il avait fini de se préparer, te laissant seule dans votre appartement. Et tu avais dû arriver toute seule. Une honte. Heureusement, tu n'allais pas rentrer dans la salle toute seule. Mais en attendant, du coup, tu allais devoir jouer la comédie. Encore une fois. Arg, tu ne savais pas ce qui était le pire entre aller toute seule au bal ou être accompagnée de Cooper et devoir jouer la fille folle amoureuse toute la soirée. Bienvenue en enfer, oui...

Le bal de fin d'année... A vrai dire tu n'étais pas vraiment emballé par cet événement. Tu avais déjà eu ton cota de soirées ennuyantes à faire bonne figure habillé en pingouin depuis ton arrivée aux États-Unis. Pourtant tu n'as pas pu y échapper cette fois après avoir eu ta toute nouvelle colocataire sur le dos durant des jours pour que vous vous y rendiez. A présent que vous êtes obligés de jouer au petit couple parfait tu ne peux pas y faire abstraction, la voir s'y rendre au bras d'un autre entraînerait sûrement une réaction en chaîne si bien que ton manager finirait par te mettre des claques au moment où ça arriverait à ses oreilles. Toutefois si t'as pu survivre aux bras de parfaits inconnus pendant plus d'un an quelques heures à jouer la comédie ne devraient sans doute pas te tuer.

C'est adossé à ta voiture devant l'entrée que tu attends la jeune femme. Tu la vois arriver au loin vêtue de sa robe que l'on peut aisément repérer à des kilomètres et qui a sans doute du lui coûter une fortune. Elle est à peine à tes côtés que les hostilités commences, masquées derrière une beau sourire qui se veut naturel. « Désolé j'avais pas la patience d'attendre une heure que tu finisses de te préparer. » Franchement t'as l'impression d'être au bras d'une de ces riches pintades du Capitol dans Hunger Games, pas étonnant qu'elle ait mis des plombes à finir de se préparer quand on voit cet abus flagrant de maquillage. Certains apprécient peut-être, quant à toi tu préfères les filles un peu plus simples. Moins extravagantes quoi. Malheureusement tu n'as pas eu le choix pour le coup. « Et puis c'est beaucoup mieux d'arriver dans la limousine de papa plutôt que dans ma voiture. Avec un accoutrement pareil ça aurait juré tu ne penses pas ? » Tu n'y vas pas de main morte et tu sais parfaitement qu'elle te le rendra bien. Après tout la soirée ne fait que commencer.

Cooper est un mec. Mannequin certes, mais un mec quand même. Il ne comprenait pas à quel point c'était difficile parfois d'être une fille. Surtout une fille de ta catégorie. Une fille connue et reconnue. Un faux pas et les médias en parleraient pendant des semaines. Les haters se feraient une joie de te rabaisser et te critiquer encore plus. Même sans faux pas de toute façon, tu étais critiquée. Tous des jaloux. Alors oui, tu prenait tout ton temps pour paraître parfaite. Il pouvait te traiter de pimbêche, de fille superficielle, mais fallait qu'il comprenne ta réalité. La vie pouvait être injuste, surtout envers les personnes comme toi. Et parfois c'était difficile. Fatiguant. Mais tu le prenais quand même sur toi. T'avais personne pour partager ces messages de haine et de moqueries. Sauf que peut-être à Azalia. Channing aussi te comprenait. Le monde impitoyable de la mode et de la célébrité, où tout était basé sur le physique. T'avais envie qu'il te comprenne, Cooper, mais plutôt mourir que de passer une minute à papoter avec lui comme si vous étiez de bons vieux amis. Ce ne sera jamais le cas, tu le savais.

« Pourtant tu devrais t'y habituer. Crois-moi, tu finiras par prendre plaisir à m'attendre. » Un clin d'oeil. Un sourire sarcastique. Un reluquage aussi. Ton regard passait de haut en bas. « Tu aurais quand même pu faire un effort pour être plus dans le thème non? » Ouais, toi, tu l'avais fait, cet effort. Mais c'était aussi une partie de plaisir. Son commentaire d'ailleurs t'obligea à te serrer les poings. Parfois, tu avais juste envie de lui faire ravaler ce faux sourire. Et le défigurer pour ne pas regarder ce visage tous les jours. T'avais déjà assez de mal à oublier - et à tourner la page surtout - comme ça, t'avais pas besoin d'un souvenir sur pattes qui errait sous tes yeux H24. « Tu as raison. Faudrait que tu changes de voiture d'ailleurs. Tu ne peux pas continuer à rouler à bord de... ça... maintenant que tu es mon homme. »

Tu comprends l’intérêt pour certains ou certaines d'aborder une couche de superficialité permanente comme Brianna, toutefois ce n'a jamais été ton cas et même si tu côtoies le milieu de la mode depuis maintenant plusieurs années ça ne risque pas de changer. Certes tu mets toujours un point d'honneur à montrer une image parfaite mais tu n'en fais pas des caisses pour autant comme le suggère ton costume. La simplicité et l'élégance, deux termes que ta ''petite amie'' a visiblement beaucoup de mal à comprendre. « Sûrement dans une univers parallèle ou peut-être dans une autre vie qui sait. » Tes mots sonnent comme un claquement de fois contrairement à ton sourire qui ne peut pas paraître plus sincère. Feindre le bonheur est sûrement la chose la plus facile que tu aies jamais eu à faire, même avec cette petite prétentieuse à tes côtés. Tu hausses les épaules en entendant sa remarque concernant ta tenue qu'elle ne se prive pas d'observer de haut en bas. De base t'es pas vraiment fan de soirées à thèmes et encore moins un thème qui exige d'être aussi excentrique ce qu'on remarque parfaitement chez ta compagne. « Rassure-toi t'es bien assez dans le thème pour nous deux, on dirait que tu sors tout droit d'un clip de Lady Gaga. » Une fois de plus tes pas radin sur les compliments tout comme la jeune femme qui rebondit élégamment sur tes propres propos prouvant une fois de plus à quel point elle peut se montrer superficielle. « Oh excuse-moi de ne pas pouvoir profiter de l'argent de mes parents pour assouvir le moindre de mes caprices. »

Une fois ces quelques amabilités échangées, tu te décides enfin à lui tendre ton bras pour faire vous avancer jusqu'à la salle de bal et faire votre entrée. Visiblement les Winthrop qui étaient en charge de l'organisation cette année n'ont pas regarder à la dépense pour s'en tenir à leur thème, de quoi faire tourner quelques têtes ou en l’occurrence provoquer deux ou trois crises d'épilepsies chez les plus sensibles. Pourtant t'es loin d'être ronchon, au contraire tu affiches même un petit air satisfait en observant la salle toi qui t'intéresse à l'univers depuis que t'es gamin – bien que ce ne soit pas une raison pour te pavaner comme un paon dans un costume hors de prix et si coloré qu'il en est visible depuis la station spatiale internationale. « Je vais me chercher un verre, tu veux que je te prenne quelque chose ? » Ouais il t'arrive quand même d'être assez sympa avec elle de temps en temps. C'est rare mais ça arrive. Et puis c'est dans ton intérêt comme dans le sien de boire un peu pour rendre cette soirée un minimum agréable.

Depuis le tout premier jour, depuis leur toute première rencontre, Cooper t'avait jugée. Pour lui, tu n'étais rien de plus qu'une fille de riche, prétentieuse et pourrie gâtée. Bien sûr, tu n'avais jamais rien fait pour lui enlever cette image de la tête. Tu ne voyais pas pourquoi tu le ferais. De toute façon, il avait raison. Tu étais une fille prétentieuse et pourrie gâtée. Adorée par ses parents. Tu étais née dans ce monde de privilège, tu n'avais jamais manqué de rien. Mais était-ce de ta faute? Non. Allais-tu changer quelque chose? Non plus. Tu étais habituée à ce monde de superficialité. Tu avais été élevée ainsi. Seulement, tu n'étais pas qu'une fille superficielle. Sauf qu'il n'avait jamais cherché à te connaître vraiment. D'un autre côté, avec ton attitude, ça ne donnait pas envie. Il ne comprenait pas pourquoi tu faisais ça. Dans sa tête, ce n'était rien de plus qu'un caprice de petite fille. Mais c'était tellement plus que ça... Il ne savait pas à quel point c'était difficile pour toi de le regarder. A quel point c'était difficile pour toi de te lever le matin et affronter ce visage. A quel point c'était difficile pour toi de jouer la comédie. Mais tu le faisais. Parce que tu avais été élevée ainsi. À porter un masque en toute circonstance. Ne jamais montrer ta crainte, ta souffrance. Tes peurs. Un monde de mascarade. Et puis, c'était tellement plus facile de se faire détester plutôt que d'être apprécié.

« Je prendrais ça pour un compliment. Lady Gaga est quand même une reine. » Oui, Lady Gaga était unique en son genre. Elle n'avait pas peur d'être différente. De se montrer devant le monde dans son extravagance. Elle n'avait pas peur du regard des autres, et pour ça, elle devait être vénérée. Rare étaient les personnes qui avaient une telle confiance en elles-même. Et toi, habillée ainsi, même pour une soirée à thème... Oui, tu prenais vraiment ces mots pour un compliments. Dommage pour lui qui espérait sûrement te faire sortir de tes gongs. Et voilà qu'il attaquait ton mode de vie. Jalousiiie. « Parce que c'est de ma faute si je suis née privilégiée? Crois-moi, toi aussi tu en aurais profité si tu avais été à ma place. » Après tout, il était impossible de ne pas se laisser tenter par toute cette richesse.

Puis finalement, Cooper décida de se comporter comme le cavalier qu'il était. Il t'offrait son bras, et bien sûr, c'est avec un grand sourire - forcé - que tu posais ta main dessus. Et ensemble, vous rentriez dans la salle. Elle était magnifiquement décorée par les Winthrop pour l'occasion. Ils n'avaient certainement pas lésiné sur les moyens. Et ils avaient raison. Après tout, le bal de fin d'année n'avait lieu qu'une seule fois par an. Et tandis que tu admirais toujours la salle, la voix de Cooper résonna à tes côtés. Encore un peu et tu l'avais oublié celui-là. « Oui, quelque chose de fort s'il-te-plait. » Oui oui, formule de politesse. Après tout, tu avais été bien élevée par tes parents malgré ton sale caractère. Et tu avais vraiment besoin d'une boisson bien alcoolisée si tu voulais passer cette soirée sans encombre. Heureusement, tu tenais assez bien à l'alcool.

Il est vrai que sur certains points Brianna et toi pouviez réellement ressembler à un couple. Un de ces vieux couples dysfonctionnels qui se cachent derrière des faux-semblants pour masquer leurs problèmes en attendant que ces derniers les détruisent. C'est pas ce que t'aurais voulu, c'est triste à dire mais toute cette histoire aurait peut-être pu fonctionner si seulement vous n'étiez pas si différents. Tu as toujours eu cette ambition de faire partie de l'élite, une élite à des années lumières de celle à laquelle la jeune femme appartient. Elle est superficielle, tu es intelligent. Elle est capricieuse et n'a jamais eu besoin de faire le moindre effort pour obtenir ce qu'elle souhaite tandis que tu as dû bosser dur, te saigner aux quatre veines pour tenter d'atteindre ton objectif. Deux univers en total opposition. Vous aviez peut-être des points communs qui pourraient vous rapprocher, pourtant c'est tellement compliqué de les atteindre quand tu vois qu'en à peine plus de deux semaines elle est parvenu à se rendre tellement détestable. Certes tu n'as pas fait l'effort de voir plus loin que l'héritière prétentieuse qu'elle semble être, mais à quoi bon si l'envie n'y est pas.

Ainsi cette soirée n'échappe pas à la règle. A peine vous vous retrouvez que les hostilités commencent à pleuvoir. « T'enflammes pas je comparais uniquement l'excentricité parce niveau personnalité c'est pas tout à fait ça. » L'acceptation de soi sans se soucier du regard des autres c'est bien beau, encore faut-il que le reste suive et sur ce point ta compagne est bien loin de ressembler cette reine qu'elle semble apprécier quand elle s'amuser à martyriser ceux qu'elle ne considère pas être à sa hauteur. Un petit sourire satisfait se dessine au coin de tes lèvres en constatant que ta remarque ne la laisse pas indifférente bien que sa réponse soit tout aussi exaspérante. « Il y a une différence entre profiter de ce qu'on a et s'imaginer être supérieur à tout. C'est un concept qu'on apprend en grandissant et ça s'appelle la maturité. » Elle a raison dans un sens, tu serais peut-être devenu comme elle si tu avais été à sa place. Heureusement ce n'est pas le cas.

Une fois passé l'entrée – à la manière d'une véritable épreuve – tu mets un peu de distance entre vous tout en essayant de jouer ton rôle de cavalier. Enfin c'est surtout un moyen de t'éloigner un peu d'elle tout en allant chercher de quoi t'aider à faire passer ces quelques heures en compagnie de ta très charmante moitié. A ce sujet vous êtes sur la même longueur d'onde, c'est déjà ça. « Tout ce que tu voudras mon amour. », lances-tu sur un ton tellement sarcastique que même le pire des idiots s'en rendrait compte. Tu te diriges alors vers le bar pour prendre deux cocktails aux couleurs suspectes avant de retourner vers Brianna quelques minutes plus tard pour lui tendre le sien. « Tiens. Ils n'avaient que des cocktails étranges donc je suis pas trop sûr de ce qu'il y a dedans. » Ca colle bien au thème, mais tu n'as qu'à regarder ton verre avec appréhension pour regretter un bon whisky.