Nairah ∞ I'm in trouble now, I hear your footsteps comin' around hauntin' me...

Cette soirée terrible me revenait constamment en tête. Je n’arrivais plus à réfléchir, je n’arrivais plus à me dire qu’il fallait que je m’en sorte. Pour la première fois depuis le début de ma maladie, j’acceptais d’aller jusqu’à la pharmacie pour retirer les antidépresseurs que m’avait prescrits mon médecin. Je faisais un pas vers ce que je ne pouvais plus supporter, la faiblesse. Déjà que ma vie c’était assez le bordel avant le retour des jumeaux mais maintenant, c’était encore pire qu’avant. Je n’osais pas rentrer à l’appartement. Je ne voulais pas croiser le regard si doux de ma sœur. J’avais peur qu’elle me demande ce qu’il se passait et je ne voulais plus parler de tout ça. J’avais été blessée par Baptiste qui me traitait encore comme un truc qu’il pouvait utiliser et jeter une fois devenu inutile, Elena ne comprenait pas pourquoi je lui en voulais et pourquoi je m’étais autant énervée, Dante avait balancé la chose dont j’avais peut-être le plus honte de toute ma vie et que je n’assumerais jamais, ma consommation d’alcool tout d’abord … et d’avoir couché avec le mec de ma meilleure amie ensuite. Elle était belle la vie… soupirant doucement, je marchais sans but, essayant de trouver un endroit où je pourrais me poser et évacuer mes pensées sombres, un endroit où je pourrais faire la paix avec moi-même ? je n’en étais pas capable. Je me fatiguais toute seule. Pourtant il faisait beau et c’était un temps idéal pour sortir se détendre tranquillement. Habillée d’ailleurs d’une tenue pour l’occasion, je flânais avant de me rendre à l’évidence. Il fallait que ce problème se règle sinon je ne m’en sortirais jamais. C’est pourquoi je pris les devants, me rendant chez Elena pour commencer à régler les choses, au moins avec celle que j’avais toujours considérée comme ma sœur. Frappant deux coups légers à sa porte, j’attendais ensuite qu’elle vienne ouvrir, le cœur battant à la folie…

Rester dans cet appartement n'avait rien de bon pour la jeune Archibald. Cet endroit ressemblait une belle cage dorée à laquelle elle prenait plaisir à rester. Était-elle devenue ainsi ? Un oiseau préférant rester dans cet enclos étriqué plutôt que libre de voler où elle le souhaitait ? D'une certaine façon, oui. Dante n'était pas là et cela était préférable pour lui, pour elle, pour eux, ainsi que tout le mobilier présent dans leur appartement. Les souvenirs qu'elle avait d'eux se brouillaient désormais, à chaque fois qu'elle essayait d'y penser. Parce qu'à chaque fois qu'elle voulait y songer.. Elle voyait son premier amour et sa meilleure amie. Ensemble. Et rien que d'y penser un court instant lui donner la nausée. La tête haute, Elena faisait en sorte que ça ne l'atteigne pas d'un point de vue extérieur. C'était si simple de faire semblant, de se voiler la face quand tout le monde veut tenter de faire comme si cela ne s'était jamais passé. Aujourd'hui encore, son bel italien avait fuit la maison avant qu'elle n'est pu faire quoique ce soit. Elle le sentait lui échapper déjà et elle en concluait avec facilité que sa coucherie avec Naïma n'était pas la seule chose qu'il lui cachait. Pour le moment, son agacement, sa haine et son énervement sont encore très bas.. Si elle savait déjà ce qu'elle allait découvrir dans les semaines à venir, elle le retrouverait sur-le-champ pour régler ses comptes. Soit, ce n'était pas encore le cas. En ce jour où la demoiselle ne savait pas quoi faire, après s'être apprêtée pour sortir, lunettes sur le nez, elle avait choisit d'aller faire un rapide tour au Starbucks du coin pour s'acheter son petit déjeuner. Ce serait sa seule sortie dehors pour aujourd'hui. L'université ? Pas aujourd'hui. Une chance sur deux de croiser Dante ou Baptiste, sans façon. Ou pire.. Naïma. Remontant dans son immeuble, quartier d'Italie, son sachet rempli d'achats du café manquait de lui échapper des mains. Celle qu'elle ne souhaitait absolument pas voir se trouvait devant son appartement. Gé-nial. Évidemment, elle aurait aimé pouvoir faire demi tour et finalement, passer la journée dehors afin de l'éviter, mais c'était sans compter sur son sachet qui venait de faire du bruit et le regard de son ancienne meilleure amie qui venait de se poser sur elle. « Dante n'est pas là » fit-elle. Furieusement. Violemment. Sèchement. Tristement. Pourquoi viendrait-elle la voir elle alors qu'elles n'ont plus rien à se dire ? Se rapprochant de sa porte, la brunette n'accordait plus aucun regard à celle qui l'avait tant déçue depuis son retour. La gorge serrée, elle ouvrait son appartement comme si la jeune femme proche d'elle n'existait pas. Pourquoi devrait-elle rester alors qu'elle ne veut plus la voir ? Si seulement c'était aussi simple..

lorsque j'avais décidé d'aller voir Sarah aujourd'hui, j'avais envisagé tous les scénarios possibles et imaginables. Qu'elle me frappe, qu'elle m'insulte, qu'elle me renie, tout. J'avais fait en sorte de me donner du courage et de prendre sur moi pour aller lui parler. Je savais qu'elle m'en voulait, pour Dante et pour tout le reste. Moi, tout ce que je voyais c'est qu'il avait dit ça pour me faire du mal. Jamais je ne pourrais pardonner ça. Qu'il révèle à Baptiste et Sarah que j'avais bu à cause du départ de celui que j'avais aimé plus que tout, m'avait détruite. Je sombrais de plus en plus et voir qu'il se foutait de tout ça me rendait encore plus méfiante. Maintenant, je ne comptais plus faire d'efforts pour recoller les morceaux. Dante était allé trop loin. Il m'avait rajouté un poids sur les épaules et en plus, il avait ruiné mes chances de récupérer Baptiste. J'étais dégoûtée.. Et en plus, Sarah m'en voulait clairement alors que de mon côté, j'étais prête à passer l'éponge sur son départ et son abandon. Aujourd'hui, c'était moi qui faisait le premier pas et j'espérais vraiment arranger un minimum les choses...

Lorsque j'entendis un bruit derrière moi, je me retournais lentement en apercevant mon ancienne meilleure amie, là, en bas. Mon coeur s'affolait tandis que je ne savais pas quoi dire. Elle m'annonçait alors d'un ton froid que Dante n'était pas là et je me sentis mal à l'aise. Comment pouvait-elle croire que je venais voir Dante alors que ma seule préoccupation c'était elle ? Je déglutis difficilement avant de lui avouer « c'est pas lui que je viens voir, c'est toi » d'un ton calme et pourtant légèrement brisé. Je me rendais compte que j'avais peur de la perdre, peur de ne plus pouvoir rire avec elle comme avant, peur qu'elle abandonne la meuf conne et perdue que j'étais. Elle venait ouvrir la porte de son appartement sans même me regarder, me faisant culpabiliser à nouveau. Agrippant son bras doucement, j'ajoutais « sarah, je pense qu'il faut qu'on parle sérieusement » alors que la même peur barrait toujours mon estomac. Je ne voulais pas qu'elle me déteste, je veux pas... S'il te plaît Sarah... Juste aujourd'hui.. Parle moi et laisse moi m'expliquer, s'il te plait...

Revoir Naïma après les confidences de la dernière fois n'enchantait guère la brune. Non pas qu'Elena avait rayé son amie de sa vie, mais.. Cette histoire de coucherie avec Dante était bien compliqué à digérer. C'était quand même son premier amour et sa meilleure amie, merde ! Entre amies, on ne couche pas avec le mec des autres ! Même bourrée ou droguée, elle ne se serait jamais permis de prendre un mec à l'algéroise. La pilule passait vraiment mal et le fait qu'elle soit en face d'elle n'arrangeait pas les choses. Réagir ? Oui, mais comment ? Elle n'était pas du genre à frapper les gens et l'ignorer.. restait la seule solution même si elle détestait faire ça. C'était le seul moyen pour elle de faire, même si son cœur lui opprimait la poitrine en agissant ainsi. Une phrase qui eut l'effet d'une claque. Quoi ? Après tout, n'étais-ce pas le grand brun qu'elle venait voir ? De toute façon, ça lui était égal. Elle voulait juste être seule et manger son petit déjeuner en paix. La belle cadette en avait décidé autrement, bien entendu. Évidemment que la demoiselle savait que c'était elle qu'elle était venue voir, mais.. Elle n'avait pas envie de la voir, pas envie de l'écouter et encore moins envie de craquer face à elle. Elle ne pouvait pas lui pardonner si facilement.. Pas vrai ?

Alors voilà, Elena fait semblant de n'en avoir rien à faire et décide simplement d'ouvrir la porte de son appartement pour y entrer. C'était le plus simple à faire mais.. Comme rien n'est jamais comme elle le souhaite, Naïma venait de s'emparer délicatement de son bras. Ce contact est si doux qu'une violente envie de pleurer tentait de gagner l'aînée des deux femmes. Fixant sa porte, la confusion la gagnait alors qu'elle ne savait plus quoi faire : la laisser planter là et claquer la porte ou bien lui donner une chance de l'écouter ? Se dégageant lentement de son emprise, ses prunelles tombèrent dans celle de cette femme qu'elle aimait tant. Désemparée, elle hésite encore et.. cède. « Entre » dit-elle en lui laissant le champ libre pour aller dans l'appartement. Si Dante arrivait en cours de route, elle le foutrait dehors. Pour le moment, elle voulait savoir ce que son amie avait à dire et.. Elle avait surtout besoin d'elle tout court. Parce que même si elle avait plus ou moins renoué les liens qu'elle avait avec Baptiste, ses autres amis.. Ce n'était pas encore ça. En même temps, quand tu te fais passée pour morte pendant deux ans..