meera et victor.

  Le défi de son bizuteur était peut-être un peu idiot et intrusif, cette idée frivole et légère lui avait permis de rencontrer du monde sur Harvard, cet établissement qu’il ne connaissait pas et dont il voulait appréhender chaque endroit. Victor n’avait pas encore contacté sa sœur, et il n’avait aucune idée de comment lui annoncer son retour sans se prendre une gifle monstrueuse. Le bal serait une bonne occasion, elle serait en joie, elle aura peut-être bu… Qui sait, peut-être trouverait-elle l’ambiance presque volante qui lui permettrait de l’approcher ?

En attendant, il avait décidé de rejoindre Meera, une jeune femme contacté par SMS suite au défi donné lié à son bizutage à la Winthrop House. Il n’avait aucune idée de comment la reconnaître, ni même comment elle allait le reconnaître, alors pour jouer sur la carte de l’absurde, il avait mis un tee-shirt à l’effigie de la poupée de son enfance : KEN. Il savait que ça allait relativement être drôle mais tant pis si c’était ridicule. Il était un homme sérieux mais aujourd’hui, il avait envie d’être un peu plus reposé. Il avait passé de longs mois à réviser, donc autant se lâcher un peu non ?

Arrivé au parc du rendez-vous, il s’assit sur le rebord d’une fontaine tout en trempant ses doigts et en fermant les yeux pour profiter de la bise fraîche d’un début d’après-midi. Victor sortit son téléphone portable pour pianoter un simple message à son interlocutrice, en espérant qu’elle le reconnaisse en arrivant au parc. Il attendit l’accusé de réception avec sa sonnerie légère et classique et enfila ses lunettes de soleil pour se protéger. Les yeux bleus, ça fatiguait le regard de jour en jour.

   

  Le retour à la vie étudiante était compliqué pour Victor. Plutôt le fait de revenir aux Etats-Unis après un temps de latence hospitalière en Italie. Il y était retourné pour une raison médicale précise, sa tumeur qui était revenu en force, et il avait mit un an à s’en remettre. C’était relativement crispant de savoir que ça pouvait revenir à n’importe quel moment sans savoir quand. Mais bon, il s’y habituait, il avait compris qu’il devait vivre avec un traitement de fond à prendre jusqu’à la fin de ses jours, quoi qu’il arrive. Mais il était heureux de respirer l’air frais d’un pays où il rêvait d’habiter, d’autant plus que ça lui donnait l’opportunité d’apprendre cette superbe langue universelle qu’était l’anglais. Il ne perdait pas de temps pour parler avec des inconnus qu’il croisait dans des pubs pour perfectionner la langue, et son accent italien avait l’air de plaire à beaucoup de femmes. Il n’était pas un charmeur dans l’âme, mais il aimait savoir qu’il plaisait beaucoup, d’autant plus qu’avec son regard bleu turquoise et ses R qu’il roulait par accent accentué.

La brise du vent se reposait sur sa barbe qu’il avait oublié de tailler ce matin. Elle était importante pour lui car elle lui tenait chaud, et il aimait la sensation qu’elle donnait vis-à-vis des autres. Il reçu un appel sur son téléphone portable, et il l’écouta attentivement. Il sourit en la voyant arriver vers lui. « Merci pour le haut, j’dois t’avouer que petit, j’étais bien fan de cette poupée aux allures de prince ! » Il se mit à rire d’un son très rauque. Il n’allait pas lui révéler son plus grand secret dès le début, et puis… il ne voulait pas se ridiculiser, bien qu’il ait déjà commencé à le faire.

Il plongea la main dans son sac de bonbon pour en prendre un et le mâcher tranquillement. Il lui sourit d’un léger mouvement de lèvres. « Ne t’inquiète pas, je ne crains rien en nourriture, ni même autre chose. J’aime tout ! » Il regardait son haut dont elle ne souhaitait pas prendre la photo et fit la moue. Il aimait tellement son haut qu’il était difficile pour lui de s’en séparer. Et elle lui avoua qu’elle avait failli prendre une photo. « C’est une façon cachée de me dire que tu me vois torse nu ? » Il lui tira la langue en souriant. Il passa une main dans ses cheveux en lui montra ses dents dans un sourire colgate. « La prochaine dois, j’essaierais te rattraper, promis. » Il mit la main sur son torse, en guise de promesse pour une prochaine fois.