BRIANNA KOCH ► scarlett leithold

8 décembre 2014
« Jacksooooooon, tu peux venir me chercheeeer s'il-te-plait? » Un soupire accueillit ta question à l'autre bout du combiné. Tu étais un peu - beaucoup - éméchée et ça s'entendait. Il l'avait remarqué, bien sûr. Il le remarquait toujours, même quand tu faisais ton maximum pour le caché. « Bri, je t'avais dis que je viendrais te chercher seulement si tu rentrais avant 1h. Il est déjà 3h30. Laisse-moi dormir » Sa voix était rauque et ennuyée. Tu venais de le réveiller sans aucun doute. Sa réponse te laissa perplexe et une mine boudeuse s'afficha sur ton visage. Malheureusement, il n'était pas là pour le voir. « Mais mais... Y'a aucune soirée qui se termine avant 1h. Alleeeeeez, t'as dis que tu viendraaaais!!! » Oui, tu étais en train de te comporter comme une gamine de 8 ans, mais tu t'en fichais. T'étais bourrée. L'excuse à tout. « Rentres en taxis, t'habites juste à côté. Je te rappelle que j'ai encore un dernier examen demain. Je raccroche. » En taxis? Non non non! Tu ne prendrais pas non pour une réponse. Il avait dit qu'il viendrait te chercher, alors il allait venir. En réalité, si tu l'avais voulu, tu aurais pu rentrer toute seule à pieds, tu n'habitais vraiment pas loin mais... tu étais juste fatiguée et tes talons te faisaient mal. Et puis, il faisait terriblement froid aussi. L'hiver était arrivé, avec elle la neige et une température inférieure à zéro. Surtout la nuit. « Jacksoooon, s'il-te-plait, viens. En plus, y'a ce gars-là qui arrête pas de me coller. Il m'a aussi dit que si je voulais, il pouvait me raccompagner, mais moi, j'ai pas envie. Et puis, si tu viens me chercher, et bien, on dormira enseeeeemble. Alleeeeez. » Un autre soupire, suivi d'un grognement. Tu le savais jaloux. Et tu savais aussi, à ce moment-là, que tu avais gagné. Il viendra te chercher pour te ramener à la maison, et il allait rester. Comme bien souvent. Trop souvent. « C'est bon, j'suis là dans 15 minutes. » C'est vrai, il habitait de l'autre côté de la ville. Bon et bien, il ne restait plus qu'à l'attendre. « Merci mon amour, je t'aaaaaaaime. » « Oui oui, je t'aime aussi. » Ton coeur se réchauffa à ses mots et tu raccrochais, le sourire aux lèvres. 15 minutes, ce n'était pas beaucoup à attendre.

Un verre. Puis un deuxième verre en plus. Tu jetais un coup d'oeil à ton téléphone. Les 15 minutes étaient dépassés depuis longtemps, mais toujours pas de Jackson. Les sourcils froncés, tu lui téléphonais une nouvelle fois. Ça sonnait. Ça sonnait. Mais il ne décrochait pas. Tu réessayais une deuxième fois, puis une troisième fois, une quatrième fois. Au bout de la cinquième fois, tu lâchais un cri de rage. Il n'allait pas venir. T'étais certaine qu'il avait foutu son téléphone en silencieux et qu'il était retourné dormir. Le connard. « J'te déteste Jackson. » Ces mots sortirent tandis que tu lançais un regard noir à ton téléphone, comme si c'était lui qui avait causé ton mécontentement. Finalement, tu rentrais en taxis, boudeuse, épuisée et surtout, totalement ivre.

14 décembre 2014
Tu étais là, assise, le regard fixé sur le coffin à moitié ouvert. Tu n'entendais pas l'officier parler. Ou plutôt, tu n'y faisais pas attention. Ton regard, totalement vide, était juste fixé sur lui. Son beau visage endormi. Son corps allongé. Tu n'arrivais toujours pas à y croire. Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas. La semaine dernière encore, vous étiez en train de parler de vos projets, dans son lit, les yeux plein de rêves, la tête remplie d'ambition. Et là, aujourd'hui, t'étais assise, lui endormi, à jamais. Les larmes ne coulaient plus. Tu n'en avais plus. Tu n'y arrivais plus. Du moins, c'est ce que tu pensais.

« Victoria, je... » Tu n'as même pas eu le temps de terminer ta phrase que tu ressentis une douleur cinglante sur la joue. Elle venait de te gifler. « Comment oses-tu encore t'afficher devant moi?! C'est de ta faute! Si tu n'avais pas été égoïste, il serait encore là! Si tu ne l'avais pas obligé à venir te chercher à ta stupide soirée, il serait encore vivant! C'est de ta faute! » Non. Non, ce n'était pas de ta faute. Tu n'avais pas pu prévoir que... Bien sûr que si, il avait neigé, beaucoup. La route était glissante. Trop glissante. Noël approchait aussi, alors les camions faisaient des allez-retour la nuit pour livrer les marchandises. Oui, tu aurais du le prévoir. Elle avait raison, c'était de ta faute.

Et le soir même, tu pleurais. Tu pleurais encore et encore. Tu pensais ne plus avoir assez de larmes, mais tu t'étais trompée. Lourdement. Tu venais de perdre l'amour de ta vie.

10 février 2015
« Allez Bri, viens avec nous. Tu ne vas quand même pas rester toute la soirée à broyer du noir! Ca va te faire du bien. S'il-te-plait. » Ton regard voyageait d'un de tes amis à l'autre. Ils étaient presque tous là. Voilà maintenant 3 ans que tu faisais partie de cette petite communauté. Tu avais passé le rush week avec brio. Tu avais passé des journées et soirées de folies avec. Tu t'étais véritablement fait une deuxième petite famille chez les Cabot/Eliot. Mais là, tu n'avais vraiment envie de rien. Depuis son décès, tu passais tes journées enfermée. Tu allais parfois en cours, quand tu allais mieux. Le reste du temps, Tu le passais dans ta chambre. Tu avais emménagé dans la confrérie à ton retour de Los Angeles il y a deux semaines. Tu avais laissé ton appartement totalement vide. Tu n'avais pas eu la force d'y retourner. Trop de souvenirs. Tu avais été accueillie les bras ouverts. Certains - pour ne pas dire la plupart - étaient au courant de tout et personne ne te jugeait. Et pour ça, tu les aimais. Un soupire lassé. Tu finis par acquiescer. Un cri de joie suivit ta réponse et un fin sourire s'afficha sur tes lèvres. Tu te laissais finalement entraînée dans la salle de bain par les filles histoire de te pouponner un peu avant la soirée. Tu ne savais pas qui l'organisait. Faut avouer que depuis quelques temps, tu ne portais plus grande attention à ce qui se passait à Harvard. Toi qui, pourtant, était très investie dans la vie estudiantine. Même l'équipe de cheerleading ne t'avait plus vue depuis plusieurs mois. Tu imaginais bien que t'allais te faire virer du squad. Ce n'était pas de ta faute, tu n'en avais juste pas la... Force. Pour rien. Mais ce soir, tu allais faire un effort. Tu allais revenir d'entre les morts. Tu ne pouvais pas continuer à broyer du noir. Deux mois, ce n'était pas beaucoup pour un deuil. Mais tu savais que si tu continuais comme ça, rien n'irait. Et tu savais que Jackson ne te pardonnerait pas de jeter ta vie en l'air pour lui.