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Figé devant la porte de la bibliothèque, je soupire pour la énième fois, dépité. Je n'ai aucune envie de rentrer là-dedans, surtout avec le soleil qui me nargue dehors. Je lance un dernier regard derrière moi, en direction des escaliers qui mènent à la liberté, comme un au revoir déchirant et je me résous enfin à pousser la porte de la bibliothèque. La fraicheur des lieux et le silence présent me glacent le sang. Un long frisson remonte le long de ma colonne vertébrale et j'ai la sale sensation d'être pris au piège. Tout ça à cause du coach qui refuse de me lâcher les baskets, la menace d'une exclusion pour mauvaises notes pesant toujours au-dessus de mes épaules. J'ai beau employer quelques nerds pour me dépanner régulièrement, j'ai conscience que je ne peux pas le faire à chaque fois. Ce serait un risque inutile. Et impossible pour moi de travailler à l'appartement, je n'étais pas foutu de m'y concentrer plus de deux minutes, montre en main.
Je remonte les allées, à la recherche d'un coin isolé, mais à ma grande surprise, il y a du monde. Preuve que je ne mets vraiment pas souvent les pieds ici. Ce serait pourtant pas une mauvaise chose pour moi. Je me trouve un coin de table tranquille et m'y installe, déballant bruyamment mes affaires. Je commence la relecture de mon dernier cours, mais, rapidement, l'ennui me gagne. J'attrape donc à la volée mon stylo bille et tandis que je me remets à lire, je commence à démonter le stylo et jouer avec le petit ressors qui se trouve à l'intérieur. L'instant d'après, le ressors m'échappe, rebondit sur ma table avant de finir sa course par terre. Ah, merde. Que je peste sans penser à baisser le ton de ma voix. Je me lève d'un coup, ma chaise couine contre le sol avant de venir se cogner bruyamment contre l'étagère de bouquins derrière moi. Je n'y prête pas attention, fais le tour de ma table et m'accroupis pour le récupérer. Je profite du fait d'être au sol pour finir à 4 pattes et regagner ma place en passant sous ma table. En me relevant je me cogne contre cette dernière et échappe un petit grognement plaintif avant de me hisser sur ma chaise dans un vacarme énervant. Je ne remarque même pas que la plupart des regards sont tournés vers moi, je suis plongé dans ma bulle. Je remonte mon stylo et me mets à le mâchouiller nerveusement, reprenant ma lecture du départ quasiment, ayant déjà oublié ce que j'avais noté. A peine une minute plus tard, mon téléphone se met à sonner. MERDE ! Que je m'écrie en me mettant à le chercher dans mes poches. Je finis par le trouver et raccroche avant de le mettre en vibreur. PARDON ! Que je beugle à l'intention de tous les fâchés qui me dévisagent. Je leur lance un sourire désolé, conscient que c'était assez impoli. Je tente aussitôt de me concentrer de nouveau sur mon boulot mais je n'y arrive pas, mon esprit ne cesse de vagabonder à droite, à gauche. C'est là que je remarque, quelques tables plus loin, un mec de ma promo. Conscient que je ne peux pas l'appeler d'où je suis et ayant la flemme de me lever, je décide de déchirer une copie-double en deux et de froisser l'une des parties, toujours sans la moindre discrétion. Je me concentre et lance la boulette de papier sur l'intéressé. Celle-ci rebondit sur son dos et finit sa course au sol. Tout heureux d'avoir touché ma cible, je claque une fois dans mes mains et m'exclame : Yes ! Avant d'agiter le bras pour lui faire coucou et lui faire signe de me rejoindre. Pour toute réponse, il me fait signe de faire moins de bruit et se retourne, m'ignorant royalement. Vexé, j'écarquille les yeux et souffle : Ah putain, l'enfoiré. Avant de me mettre à regarder autour de moi pour trouver un peu de soutien auprès des autres étudiants.
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