on est dans la merde (skyler)

on est dans la merde
— skyler

Dans la vie, on a toujours des amis chiants. Il y a toujours cette amie qui vous casse les couilles avec ses idées et ses envies à la con, mais que vous aimez quand même. Cette fille pour moi, c'était Skyler. C'était l'une des filles les plus importantes de ma vie, je l'aimais très fort, je ne voyais pas ma vie sans elle, mais elle avait le don pour me demander des trucs idiots. Et c'est comme cela que je me retrouvais dans ma voiture, sur la route pour aller à une station service pourrie assez loin de Boston, pour qu'elle achète ses cacahuètes préférés. Parce qu'évidemment, c'était les seuls à les faire et évidemment, elle en avait envie maintenant, ce soir. « Je te jure qu'on te prend un stock de ta merde et t'as intérêt de le faire tenir un moment. » disais-je en levant les yeux au ciel. Pour arranger le tout, la nuit était tombé et j'étais plus très sûr du chemin pour le retour. Mais bon, j'étais un mec, j'avais le sens de l'orientation, je finirais bien par retrouver le chemin. Je comptais pas passer la nuit dehors.

on est dans la merde
— skyiel

Tu sais. Ce gras, qui roule sur la langue, petits cristaux de sel qui restent collés sur le palais. Le concentré d’allergie, la mort pour les sensibles de l’arachide. Mes préférés. Celles enrobées d’une petite couche de piment, d’une petite couche de je ne sais pas trop quoi qui donne ce gout si particulier. Je déprime. Le noir d’ma vie, l’noir qui m’embarque. J’veux pas, j’en ai marre de lustrer du sombre avec mes yeux d'cafardeuse. D’me coincer l’cul engraissé dans ce vieux jogging spécial moment d’bad. Mes yeux tracent la route qui défile sur les côtés de fenêtre. Cette musique en fond sonore qui à presque du mal à atteindre mes oreilles. Mon conscient reste ailleurs. Les pensées en escapade. Cette route déjà parcourue, quelques semaines plus tôt. William à mes côtés, la voiture volée. Road trip censée ne jamais se terminer. Je te jure qu'on te prend un stock de ta merde et t'as intérêt de le faire tenir un moment. Sortie d’la nostalgie. Mes yeux se posent sur les contours de son visage. Ses yeux couleur hazel. Sapide, éclairés par les quelques lumières qui bordent la route vide. Vide de monde. Ma tête reposée sur la paume de ma main, nonchalante. Je suis bien la. Comme ça. Avec lui, nous deux. Loin de tout, des autres. Des soucis. C’pourtant rien. Pas grand-chose. Il faut rien, suffit de rien. Pourquoi tu râles, tu veux juste pas être content d’me faire plaisir ? Un p’tit ricanement. L’sarcastique qui pend des lèvres. J’voulais partir c’tout. Quitter mon appart, même pour le temps d’une heure, à peine. Juste m’échapper, changer d’air. J’crois que c’est pas trop loin la, William m’avait dit d’tourner au panneau laa! J’soupire, m’surprendre à dire William. Ca m’déconne, ça m’fait mal. C’est moche.

on est dans la merde
— skyler

J'étais quand même vraiment gentil comme mec. Parce que partir en pleine nuit pour aller dans une station service pour aller chercher des cacahuètes, même pas pour moi-même, ce ne serait pas tout le monde qui le ferait. En tout cas, Skyler avait l'air perdue dans ses pensées en fixant l'extérieur. Et moi, j'espérais arriver très vite à cette station pour rentrer ensuite et me remettre dans mon canapé avec ma petite bière. « Je serais content de t'avoir fait plaisir quand on sera rentré ! » rétorquais-je avec un petit rire. J'étais crevé, j'avais qu'une envie, c'était être chez moi. Mais c'était Skyler, alors j'avais évidemment fait un effort. Je ne pouvais presque rien lui résister à cette fille, ce qui était un peu énervant en fait. Je continuais de rouler, ne répondant pas quand elle me disait qu'elle voulait juste partir. Au moins, là, elle aura fait un tour à l'extérieur de Boston, j'espérais que cela lui aura fait du bien. Je sentis des frissons traversaient tout mon corps quand elle prononçait "William". Je n'aimais pas entendre ce prénom, je n'aimais pas parler de lui. Je tournais là où elle me disait et on était effectivement arrivés. Je me garais, sortant de ma voiture. « Allons vite chercher ses cacahuètes miracles ! » m'exclamais-je en attrapant son bras pour rentrer dans le petit magasin de la station, puis je la laissais aller chercher sa merde.

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— skyiel

Je suis chiante. Il faut le savoir avant d’essayer de rentrer dans une relation plus que de connaissance avec moi même. Il faut savoir que je sais pas faire les choses à moitié. Il faut savoir que j’aime pas quand les choses n’ont pas leur intensité. Cet arrière-gout de frustration. Je suis chiante à trop m’attacher. Trop fort. Tout le temps. L’écorchée vive que j’suis. Celle qui s’donne à rien recevoir. Pour se prendre un couteau. J’en ai pas beaucoup, des relations comme ça. Ces gens, à qui j’peux faire confiance. Ces gens qui savent me le rendre. Peut-être même pas au courant de l’importance que j’porte, pour eux. Inconscient, de ce que je pense, vraiment. Je serais content de t'avoir fait plaisir quand on sera rentré ! Un sourire traverse mes lèvres en essayant de garder contact sur la route. Ailleurs. Ailleurs que son regard qui me donne l’impression d’être la pire. La parano. Le tournant. Celui d’la route. Celui de ma vie. Une nouvelle fois où j’ai laissé William une dernière fois avant d’me barrer. De revenir. Le tournant où il tourne. La supérette qui frôle les mauvais souvenirs, mélangés aux bouts. Je sors, de la voiture. Boite de fer. Les jambes timides d’avancer sur le parking sombre. Glauque. C’t’ambiances sinistre qui m’glace le cœur. Allons vite chercher ses cacahuètes miracles ! J’ai pas envie. D’avancer. De rentrer là-dedans. J’le suis par force. Presque à trainer les pieds derrière lui. Mon poignet embarqué. Tirée, à ne pas résister. Les néons crades. Cette lumière presque jaune cassé. Chaleur étouffante de cet endroit sinistre. Je lui jette un regard presque inquiet. Pourquoi ? Pourquoi cette inquiétude d’avancer ici ? Les images qui se succèdent avec William. C’obsession qui m’empêche de l’oublier, même après tout. C’est rien. Respire. J’avance dans les allées à la recherche des précieux mets. Un regard perdu sur le caissier occupé à regarder son téléphone. Les yeux tombants. Le basset qui cherche sa niche. La main confiante qui s’agrippe au paquet pour le glisser sous ma veste. La bouteille d’alcool, à côté. Comme ci, de rien était. Comme ci, j’avais rien montré. Je ressors en faisant signe à Adriel de sortir. Ne cherche pas à comprendre. Merde. J’arrive à sa hauteur pour ouvrir la bouche. Hééééé vous là ! Une porte qui claque, une voix masculine qui sonne par-derrière. Hé merde ! COURS ! Pire conseil du monde. Meilleure chose à faire. Les grosses chaussures du vigile qui sort d’sa salle qui résonnent derrière nous. Arrêtez vous, voleurs ! C’est qui les voleurs à neuf dollars les cacahuètes, merde.

on est dans la merde
— skyler

J'étais bien content d'enfin arriver à cette station service pour ses putains de cacahuètes. Quand j'y pensais, je me demandais pourquoi j'avais accepté d'aller jusqu'ici. Sûrement car j'adorais cette fille et que j'avais dû mal à lui dire non. Et pourtant, je n'étais pas du genre à accepter tout et n'importe quoi comme mec. Mais avec elle, c'était différent. Puis, si elle était heureuse avec ses merdes, alors je serais heureux moi aussi. Une fois que je serais chez moi, dans mon canapé, avec mon joint et mon alcool. Je la tirais presque de force à l'intérieur étant donné que madame traînait. Je savais pourquoi, cet endroit lui rappeler son ex. Mais ce n'était pas une raison, maintenant qu'on était là, elle allait rentrer et prendre ses cacahuètes. Une fois à l'intérieur, je la lâchais et elle partait de son côté pour récupérer ce dont elle avait besoin. Je regardais ce qu'il se trouvait devant moi, trifouillant un peu les rayons pour voir si quelque chose m'intéressait. Après tout, maintenant que j'étais là, autant acheter quelque chose pour moi aussi, non ? Puis je vois Skyler sortir, mais sans payer. Il y avait plus de cacahuètes ? Elle se sentait bien ? Sauf quand quelques secondes, un mec sort, nous interpellant. Oh putain, okay, elle avait essayé de voler. Sans réfléchir, je courais et on montait dans la voiture que je démarrais en vitesse pour me barrer d'ici. « PUTAIN SKY TU FAIS CHIER ! » hurlais-je en dérapant, allant sur une route le plus rapidement possible, ne sachant même pas si c'était la bonne route. Moi qui devait me tenir à carreau pour rester à Harvard, voler dans un magasin ne faisait pas vraiment partie de mes plans. « Sérieusement, tu as volé quoi ? Des cacahuètes ? Elles valaient 20 euros pour que tu puisses pas les payer ? » demandais-je en soupirant, essayant de me calmer. C'était pas la première fois que je volais dans un magasin, mais c'était la première fois que je le faisais sans réellement le vouloir.