NAILIA ► tu m'as manquée, tu sais.

Voilà, j’étais encore plus déprimée qu’avant. J’avais revu mon ex certes mais … cela ne m’avait pas mis de baume au cœur. Je le connaissais depuis bien trop longtemps pour savoir qu’il serait entièrement concentré sur moi. j’étais dépitée. Entre le retour de Sarah et les explications plus que directes de son frère, j’avais l’impression de retomber dans une spirale infernale. Si j’avais décidé de participer au voyage à Dubai, c’était d’abord parce que j’y voyais l’occasion de parler ma langue et de retrouver un semblant de mon pays d’origine. Ensuite, c’était parce que j’étais quasiment sûre de ne pas croiser Baptiste ni sa sœur. J’avais besoin de ce temps de réflexion pour passer à autre chose et tirer un trait sur ce qui ne devait plus m’occuper l’esprit. Plus facile à dire qu’à faire, malheureusement. Baptiste avait fait battre à nouveau follement mon cœur et Elena … j’en venais à regretter nos moments de délire avant qu’elle parte pendant tout ce temps. Je lui en voulais autant que j’en voulais à son frère. Comme si je n’avais pas assez de problèmes comme ça. En tous les cas, me voilà fraîchement débarquée à Dubai en compagnie d’Emilia. Je dis en sa compagnie parce que nous nous étions mises d’accord pour occuper la même chambre d’hôtel durant le voyage. Elle me manquait et j’avais besoin de me retrouver un peu seule avec elle. J’avais aussi peur de croiser des têtes que je ne voulais pas voir si bien que j’avais décidé de porter le hijab pour me fondre dans la masse et ce ne fut pas si difficile que cela. Une fois arrivées à l’hôtel, nous nous dépêchions de trouver la chambre afin de voir dans quel luxe nous allions vivre pendant ce voyage. J’étais impatiente. Une fois la porte ouverte, je laissais Emilia rentrer avant moi, levant les yeux un peu partout en m’exclamant « WOW. T’as vu ce délire de malade ? » avant de sourire de toutes mes dents. Si ça, c’était pas une suite, alors moi j’étais la reine Elizabeth. Allant profiter un peu de la vue, je lui disais à nouveau « regarde ! on voit tout d’ici » d’un ton légèrement excité alors que je me rendais compte que nous serions plus que bien ici. Oui, on allait pouvoir se détendre tranquillement et j’allais pouvoir oublier tous les soucis de la fac. Il fallait bien que je profite de ma gentille coloc’ de voyage. Cela faisait tellement longtemps …

C’était incroyable le temps qu’on avait perdu. Il nous avait fallu tout ce temps pour nous décider à partir ensemble pour le voyage organisé par la EH et je ne regrettais pas du tout d’y avoir invité ma confidente. En ce moment, je n’avais envie de voir personne, je sortais très peu et je n’allais presque plus en cours si bien que l’on ne pouvait pas se croiser autant que je le voudrais. Certes, je lui envoyais toujours quelques textos pour me tenir au courant des nouvelles, savoir si elle allait toujours bien mais ce n’était pas pareil lorsque je me retrouvais en face d’elle. Je me sentais vraiment mieux et je pouvais voir de mes propres yeux qu'elle aussi, elle allait bien. Enfin aller bien était un bien grand mot lorsqu'on connaissait l'état actuel de ma vie mais j'avais fait un effort et j'avais eu envie de sortir et de profiter. Le fait que Dubai ressemble à mon pays d'origine me faisait un bien fou. Parler l'arabe me faisait aussi beaucoup de bien. Même si le dialecte était différent, je me retrouvais enfin et je pouvais aussi penser à autre chose qu'à Harvard et mes problèmes. Et à autre chose que ce con de Baptiste aussi. Il me menait vraiment la vie dure celui-là. Pas une seule minute à moi, vraiment. Depuis qu'on était arrivées ici, je savais que ce ne serait que du temps pour elle et moi et ça, c'était ce qu'il y avait de mieux dans ce putain de bled. Je lui avais donc ouvert la porte, la laissant entrer dans la chambre avant que je ne l'entende s'extasier sur la chambre et la vue panoramique. C'est vrai qu'on avait choisi une des meilleures chambres et que j'avais fait jouer mes relations pour qu'on puisse avoir vue sur la mer. C'était parfait. Elle était ravie, me disant que c'était trop beau et je confirmais d'un « t'as raison ! On va être trop bien ici » alors que j'affichais un grand sourire, l'entendant continuer en disant que les voyages de la EH ne rigolaient pas. Je souriais, me disant que tout ça, j'avais l'habitude mais peut-être pas elle. J'étais heureuse de voir qu'elle était aussi ravie d'être là et j'avais l'impression de lui faire un cadeau et ça me rendait vraiment joyeuse. Je retournais alors vers les lits, déposant ma valise au bout de l'un d'eux alors que je lui demandais « tu veux que je nous commande un truc à manger pour ce soir ? Comme ça on se détend tranquille devant un film pour notre première soirée ici » alors que je la regardais, toujours le nez collé contre la vitre. C'est vrai que c'était presque impossible de se lasser de cette vue à couper le souffle. Moi-même, j'avais du mal encore à réaliser où nous étions... Et dire que les vacances ne faisaient que commencer.