( roman ) / we own the night.

Ça tourne. C'est la seule chose à laquelle tu es capable de penser en cet instant. Tu as du mal à te rappeler comment tu es arrivée dans cette boîte de nuit. Ca avait commencé par quelques verres avec des copains. Les quelques verres te sont vite montés à la tête mais ce n'était pas la raison de ton état en cet instant. Non, tu sens que quelque chose de différent que l'alcool fait effet dans ton corps. Tu as chaud. Tu as l'impression d'étouffer dans cette boîte de nuit. Tu n'es plus vraiment consciente de ce qu'il se passe autour de toi. Tu ne sens même plus l'enfoiré qui enroule son bras autour de tes épaules et t'embrasse la tempe. Si tu avais encore un peu de conscience, tu lui dirais sans doute d'aller se faire foutre avec ses mains baladeuses. Pourtant, tu ne fais rien, au contraire, tu es totalement désinhibée, tu laisses les mains de ce type se balader sur ton corps, et quand il glisse à ton oreille qu'il peut te raccompagner, tu n'as aucune résistance. Tu le laisses t'attraper la main et te guider vers la sortie. Les gens autour ne semblent même pas remarquer que tu n'es pas dans ton état normal. Tu te demandes où sont passés les copains qui t'ont accompagnée. Tu te rends compte que tu ne veux pas vraiment suivre ce gars mais que tu n'as pas la force de te débattre. Tes muscles ne semblent plus répondre. Alors tu suis, un peu comme un zombie, celui qui te murmures des paroles mielleuses. 

C'est la fin de semaine et qui dit fin de semaine, dit soirée, obligatoirement. Puis le vendredi, tout est permis. Ouais c'est une phrase mather, et alors ? Quoi qu'il en soit, je devais retrouver Walter et Adriel au Shadow, une boite de nuit réputée en ville mais surtout chez les jeunes. Et là, tous les excès sont permis... alcools, drogues, sexe et j'en passe. Je dois dire qu'on y va pas souvent à cause des bagarres ou autre qui s'y produit et avec la police qui tourne énormément, on s'en méfie mais je sais pas pourquoi, ce soir on a décidés de ce vider la tête et de s'éclater un maximum quitte à être défoncés. Une fois arrivé, j'en profite pour acheter un peu d'extasie mais pas assez pour foutre en l'air mes neurones. J'en ai déjà pas beaucoup, faut pas abuser :D Mais assez pour passer une bonne soirée. D'ailleurs, Braxton ne devrait pas tarder, également. Je rentre et j'passe par le bar en commandant un whisky. Autant bien commencer. Je remarque, au loin, les deux têtes de singe assis à une table sur des fauteuils et ne tarde pas à les rejoindre. La soirée bat son plein et il y a une ambiance de malade. Quelques heures plus tard, avec une demie-pilule d'extasie et plusieurs whisky dans l'estomac, je décide de sortir fumer une clope. Une fois celle-ci terminée, je me tourne pour rentrer quand j'entend une voix familière. J'aperçois Jolene suivre un inconnu. Fin je suppose vu l'état dans le quel elle est... elle ne le suis surement pas de son plein gré. J'interpelle le gars et prend Jolene par les épaules en les recouvrant de ma veste. Elle tient à peine debout et se raccroche à moi tant bien que mal. Mon regard noir fusille ce connard. Son état te dérange pas ? Dis-je sur un ton menaçant. Bien sûr que non, voyons... quelle aubaine que de baiser une fille à moitié inconsciente. J'te jure. Je baisse la tête vers Jolene et la resserre contre moi. Comment tu te sens ? Demandais-je inquiet.

Tu sais bien que c'est ridicule. Que tu ne devrais pas suivre ce gars alors qu'il te dit des mots réconfortants, comme quoi il va prendre soin de toi et tout et tout. Au fond de toi, tu sais bien qu'il raconte de la merde, qu'il est en réalité un loup déguisé en agneau. Tu devrais remarquer son regard salace, ses mains un peu trop entreprenantes mais tu peines déjà à tenir debout alors c'est sans doute trop te demander. Alors que tu quittes la boîte, l'air frais te caresse le visage sans pour autant te réveiller. Tu es toujours en débardeur, tu ne penses même pas à tes affaires qui ont du rester au vestiaire. En réalité, tu ne penses plus à grand chose. Pourtant, alors que tu sens quelque chose se poser sur tes épaules, tu perçois comme une aura protectrice autour de toi. Tu entends une voix agressive poser une question à celui qui t'entraîne loin de la boîte. Tout se stoppe et tu manques de perdre pied alors tu te raccroches à la personne qui vient d'arriver. Tu lèves les yeux et un sourire pointe sur tes lèvres. Roman... souffles-tu, un sourire niais sur le visage. Il te serre un peu plus contre lui et tout soupire longuement, te sentant soudain en sécurité. Je... Je suis bizarre. sont les seuls mots que tu arrives à prononcer. Bien sûr, le gars qui te "retenait" ne semble pas prêt à lâcher l'affaire et toise Roman du regard : Et tu te prends pour qui exactement ? lance-t-il agressivement. T'es dans un drôle d'état mais tu te rends compte que cette situation sent mauvais.

Je sens le corps de Jolene trembler contre moi, j'envoie un message vite fait au gars pour les prévenir. Ouais, j'ai le pressentiment que ça va dégénérer s'il ne baisse pas les yeux, ce chien. Je lève les miens vers lui quand il me demande pour qui je me prend. Non mais je rêve. Je sers les points et je sens Jolene essayer de me retenir de ne pas lui coller mon point dans sa gueule de connard. Ouais, même à l'Ouest, elle sait encore de quoi je suis capable. Je suis le mec qui va te balancer son poing dans la gueule, sale bâtard. Mon ton est, cependant, resté calme même si je bouillonne de l'intérieur. Il marque un pas en arrière, signe qu'il a peut-être compris. Il a surtout vu Jolene essayer, tant bien que mal, de me retenir, et Adriel et Walter adossés au mur. Ce pendant, je me rapproche de lui d'un pas menaçant. A ta place, je ferais pas aller ma grande gueule et je te conseille de te barrer vite fait avant que je ne change d'avis en fracassant ta tronche contre le bitume. Mon ton est plus agressif et ce dernier prend la sage décision de tourner les talons. Je me tourne face à Jolene qui a bien du mal à me regarder dans les yeux. Je te ramène où, Jolene ? Clefs de voiture à la main, je suis prêt à la conduire où elle voudra. J'ai toujours été là pour elle même quand elle avait ses problèmes de poids, j'ai jamais décliné ma présence. Et ça ne changera jamais, elle restera toujours ma petite protégée, ma princesse. Je la regarde et essaie de comprendre ses mimiques faciale et je reconnais cette air, elle va être malade. Bah heureusement que je ne l'ai pas encore emmenée dans ma voiture. Je la conduit dans un coin tranquille derrière la boite de nuit en prenant soin de lui tenir les cheveux.

Tes idées sont terriblement embrouillées. Tu regardes cette scène comme si tu étais au dessus de ton corps, comme si tu planais à des années lumières. Pourtant, tu vois les poings de Roman se serrer, tu sais que son sang ne fait qu'un tour lorsque le type l'agresse. D'un geste protecteur, ta main s'accroche dans son tee-shirt, comme pour l'empêcher de faire le con. Pourtant, tu sais que ce n'est pas toi qui l'arrêtera. Roman est sanguin, impulsif et c'est pour ça que tu l'aimes, c'est pour ça que tu le trouves fascinant. Roman, c'est celui qu'on appelle généralement le connard de première, celui que les gens détestent avec une facilité alarmante. Avec toi, il s'est toujours montré présent, protecteur. Tu ne peux que trouver ça admirable. Même là, alors que tu es dans un état misérable, il est à tes côtés, prêt à se battre pour défendre tes arrières. Pauvre petite fille innocente... Ta mère ne t'a-t-elle jamais dit de garder to verre près de toi en boîte de nuit ? Tu t'en veux presque d'être tombée dans le panneau, toi si méfiante d'habitude. De la scène que tu perçois, tu comprends que le type préfère dégager plutôt que de s'embrouiller avec un Roman au ton de voix déterminé. Tu es certaine que s'il l'avait fallu, il lui aurait refait le portrait juste pour te défendre. Et ça te rend encore plus coupable de ta crédulité. Toujours accrochée à lui, tu tentes de répondre à sa question : A... A l'ap... Tu t'arrêtes pourtant tout d'un coup, te sentant clairement pas dans ton assiette. Voilà que t'allait dégobiller. C'est ta soirée, pauvre Jolene. Il t'entraîne dans un coin tranquille et te tient les cheveux tandis que tes hauts le coeur deviennent réels. Dieu le bénisse d'avoir lu dans tes pensées et de ne pas t'avoir laissé vomir devant la boîte de nuit. Tu te redresses maladroitement et soudain, tes yeux deviennent tout larmoyants comme si tu réalises enfin ce qui aurait pu t'arriver si Roman n'avait pas été là. Quelques larmes roulent sur tes joues et tu sens vraiment idiote. Tu les chasses rapidement du revers de la main. Depuis toujours, tu détestes te montrer faible, même devant tes plus proches amis. Je suis ridicule. dis-tu pourtant, plus pour toi-même, évitant soigneusement le regard de ton ami.

Ridicule d'être humaine ? Je lui donne un peu d'eau pour qu'elle se rince la bouche et recrache aussi tôt. Cela arrive à tout le monde de déconner. Moi le premier et du coup je suis très mal placé pour juger, surtout pas elle. Je la relève tout doucement et la colle contre mes côtes, son bras autour de mes épaules. A vrai dire, ses pieds ne touchent presque plus le sol vu sa hauteur par rapport à la mienne Ö Mais au moins, elle ne tombera pas. Arrête de pleurer. T'es plus une petite fille, Jolenne. Je suis peut-être un peu dur envers elle mais je lui ai appris à être forte et à ne pas se rabaisser devant les autres. Je l’amène jusque ma voiture et l'installe sur la banquette arrière avec un seau à ses côtés, sait-on jamais Ö Cette nuit, je la laisse pas toute seule et dormira chez moi. Je me pose derrière mon volant et je souffle un long moment. Je me rend compte qu'elle a risqué gros, cette fois-ci. Mais elle est en trop mauvais état pour que je lui fasse la moindre reproche.

Ses paroles te réconfortent un instant. Effectivement, tu n'es rien de plus qu'humaine en cet instant. Pourtant, tu sens encore une larme rouler sur ta joue et tu te sens encore plus idiote. Tu sais que Roman a toujours fait en sorte que tu restes forte, même lorsque d'horribles personnes se moquaient de toi et t'insultaient, te rabaissaient jusqu'à plus bas que terre. Il a toujours vu les pleurs comme une faiblesse alors tu t'en veux un peu de te laisser aller de la sorte face à lui. Il te soulève un peu, tu sens que tes pieds quittent le sol tant tu es petite face à lui. Un sourire amusé naît péniblement sur ton visage tant tu te sens faible. Je ne suis plus une petite fille. répètes-tu machinalement comme pour t'en convaincre. Pourtant, en cet instant, tu aurais bien voulu avoir les bras de tes parents pour te réconforter. Heureusement, tu n'es pas seule et la présence de Roman est vraiment rassurante. Il t'installe à l'arrière de sa voiture et prend le volant. Tandis qu'il commence à conduire, tu dis d'une petite voix : Ne nous mets pas dans le fossé, Roman. Tu sais bien qu'il a trop bu pour conduire. Avec la chance que tu as ce soir, il ne manque plus que les flics. Tu te redresses un peu en constatant que tu te sens un peu mieux. Encore prise de vertiges mais ton esprit se fait moins embrouillé. Alors, tu murmures simplement, cherchant le regard de ton ami dans le rétroviseur central : Merci d'être là.

Je la regarde couchée le long de ma banquette arrière quand je commence à rouler. Bon, c'est vrai, j'ai bu et j'ai pas le droit de rouler, normalement. Mais bon, je suis pas bourré donc ça va... si on croise pas de flics, certes. J'entends sa respiration se calmer, signe qu'elle se calme et qu'elle commence à s'endormir, c'est cool les études en médecine, j'vous assure. Je souris face à son inquiétude de nous retrouver dans le fossé mais je ne réponds pas pour autant, concentré sur la route. J'ai toujours été là pour elle, même quand elle avait des formes rondes et qu'elle se faisait insultée par les autres et je ne saurais même pas vous expliquer comment c'est arrivé... comment ça se fait que je l'ai prise sous mon aile et que je lui ai appris à être forte et a cracher au visage de ces médisants. Moi-même je suis un connard, j'ai jamais vraiment eu la palme du mec au cœur en or, parfois sur la main, certes mais pas en or. J'crois que c'est le destin ou un truc comme ça qui l'a mise sur mon chemin. Je l'ai clairement relevée, je me suis énervé contre elle plusieurs fois ne supportant pas la voir pleurer pour des cons qui s'amusaient à lui faire du mal, je l'ai moi-même fait pleurer étant dur voir très dur envers elle mais quand je la regarde aujourd'hui, je suis fière d'elle, fière de ce qu'elle est devenue. Elle est devenue magnifique et elle ne se laisse plus faire. Alors non, elle n'a pas à s'excuser d'être humaine et de faire des erreurs. Avec tout ce qu'elle a vécue, elle a le droit de lâcher prise. Tu n'as pas à me remercier, tu le sais pertinemment. Je lève mon regard au rétro qui accroche le sien. Comment te sens-tu ? On est bientôt arrivés.

Tu te dois de le remercier. Tu n'arrives pas à faire autrement. Tu sais qu'il a été là pour toi ce soir comme il a été là pour toi à chaque fois que tu en avais besoin. Tu as parfaitement conscience qu'il est un ami précieux, le genre que tu n'aurais jamais pensé avoir. Etre amie avec Roman n'est pas de tout repos. Il n'est pas du genre à te laisser t’apitoyer sur ton sort. Au contraire, il va plutôt te mettre un coup de pied aux fesses pour te pousser à te redresser et à ne pas te laisser aller. Grâce à lui, tu as beaucoup progressé dans la vie et sans lui, tu ne serais pas là où tu en es aujourd'hui. Alors, il peut te répéter mille fois que tu n'as pas à le remercier, tu continueras à le faire inlassablement, parce que tu as besoin de le lui dire. Tu te demandes comment un type comme lui a pu s'attacher à toi à l'époque. Roman, il a tout du connard sans coeur qui détruit beaucoup de choses sans même s'en rendre compte. Il aurait pu être comme les autres idiots qui t'insultaient à longueur de journée et te traînait plus bas que terre. Mais non, Roman vaut tellement mieux que ça. Parfois, tu te demandes comment il peut être ami avec des personnes comme Adriel. Ce Rhodes, il te débecte et il est tout ce que tu détestes dans ce bas monde. Il t'a fait souffrir, à l'époque, mais bien entendu, par respect pour son amitié avec Roman, tu t'es gardé de le dire à ton ami. Tu sais pertinemment qu'un jour, tu ne seras plus capable de garder ça pour toi. Mieux. dis-tu simplement quand il te demande comment tu te sens. Tu as repris quelques couleurs et même si tu te sens encore très faible, tes idées redeviennent plus claires. En tout cas, je t'ai gâché ta soirée. dis-tu avec un sourire en coin. Il va te dire que non mais tu sais très bien que oui. Même si tu as beaucoup changé mentalement et physiquement, tu as encore beaucoup de mal à accepter qu'on t'aide aussi facilement et gentiment. Tu te sens toujours obligé de t'excuser de déranger.