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Le jogging. Celui qui fait un gros cul. Celui qui t’colle la peau parfaitement, juste suffisamment pour exhiber ce cul. Mon cul. C’bout d’tissus qui m’sert plus de pyjama que pour du sport. Trainer, entre le canapé, le lit. Prendre l’air juste pour descendre trois p’tains d’escaliers pour aller chercher le saint Graal d’la récompense aux efforts des marches. La pizza. Cette odeur de plusieurs parfums d’déo mélangé à la transpiration du dimanche à rien faire dans l’canapé. C’te fripe à mon image. Skyler-qui-fout-rien. Passer le week end devant une série. Vivre ma vie pour l’autre mec mort merdiquemet pour sauver sa gonzesse. La série qui t’embarque dans la vie qu’ta pas. Les héros sont tous canons. Les héros sont tous trop bien foutus avec une vie autant misérable que parfaite. L’parallèle à la mienne aux reflets carrément glauque qui frôle presque le roman dramatique. C’jogging qui s’enfile tout seul. L’élastique de taille qui glisse le long d’ma peau, vulgairement habillée, la flemme d’se sapper. L’air frais d’la rue, du dehors. L’printemps sur la ville, le soleil qui claque sur les vitres, à t’aveugler. Rayons qui m’arrachent une grimace, agressifs sur mes pupilles trop fragilisées par l’noir devenu habituel. Lord Hobo. Le rendez-vous dans une demi-heure. L’temps de marcher, de trainer les pieds, basket usé par ses jambes aussi lourdes par la fatigue que par l’envie inexistante de marcher. Point A à B. Qu’est ce qu’il me veut ? M’annoncer que lui aussi il va se barrer. Ils le font tous. Se tirer, prendre bagage. M’laisser en plan sans penser à moi. Égoïste. La bonne brochette des mecs rentrés dans ma vie aussi cons l’un que l’autre. J’ressers les points, agacées. Pensées mauvaises. J’arrive à tracer un sourire le long de mes lèvres en arrivant dans le bar. L’balai sur la salle pour trouver l’type. Épaules carrées, sa barbe d’quatre jours aussi négligée que mon jogging pas lavé. Je m’approche de lui. Une main qui s’pose sur son épaule, le temps de contourner la table. Rejoindre mon cul et cette chaise, en face de la sienne. Ses yeux bleus. L’océan qui te regardes. L’océan qui t’embarque. T’sais pas où regarder quand t‘oses poser prunelles sur les siennes. J’souris bêtement. Mon dos relâché sur l’arrière de la chaise. Nonchalante. On m’connait, non. J’ai trois minutes d’avance, j’attends des félicitations. L’ironie, parce que j’men fout. On s’en fout. Oké mocheté, y’a quoi de si important à m’dire pour m’faire déplacer ? Il m’fait bouger dans un lieu public, j’sais pas bien si c’est une technique pour me dissuader d’lui gueuler après sur ce qu’il compte me déballer. Il devrait savoir, monde ou pas, j’gueulerais autant. Mon regard le quitte pas d’un instant. Préférant parcourir le reste de sa carrure plutôt qu’son regard d’gâté d’la nature.mise en page par blasphemy
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