Vas-tu succomber à la tentation ? | Arthur

Courir entre les tables, tenant dans une main, un plateau en équilibre, avec plusieurs verres vidés, et de l'autre je remets en place les chaises se trouvant sur mon passage. Je jette un regard sur le côté en entendant une personne m'appeler, alors qu'une autre attend au bar pour payer, et que plusieurs tables doivent encore être nettoyées. Un service seule un samedi soir, plus jamais. Arrivé derrière le comptoir, je repose le plateau, foutant rapidement les verres sales dans l'évier, me tournant quelques secondes vers le jeune homme qui attend pour payer, pour lui prendre son argent et lui rendre sa monnaie. Je jette un rapide coup d'oeil à la vaisselle qui s'entasse et que je dois amener au lave vaisselle à l'arrière tant pis ça attendra. Le client est roi après tout j'ai pas vraiment le droit de les faire attendre. Je sors mon téléphone portable de ma poche pour regarder combien de temps il me reste à tenir. Encore quelques heures . Je pousse un profond soupir avant de repartir à l'assaut des tables que je dois encore servir et celle que je dois nettoyer.
Assise sur un des tabourets en face du comptoir, je ferme les yeux. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis debout, combien de temps à durer le service. Je tente d'oublier la douleur à mon pied, fraîchement réparer de la blessure du Chili qui m'a coûté un mois de plâtre. Je rouvre lentement les yeux, pour regarder le bar pratiquement vide . Encore quelques clients traînant, un dernier verre à la main . J'ai encore des tables à nettoyer. Je sors de nouveau mon téléphone. Je dois fermer le bar dans 5 minutes. Je relève les yeux vers les quelques clients, poussant un soupir à l'idée de devoir les mettre dehors. Au bout de quelques secondes, je me décide à me lever et me dirige vers ces derniers, mais m’arrêtant en chemin, en entendant la porte du bar s'ouvrir, sur Arthur, un mec d'Harvard qui vient régulièrement . Je lui adresse un léger sourire . « je vais fermer... »et j'ai encore plein de boulot à faire dès que j'aurai retourner cette pancarte. . Il doit bien avoir le people Republik d'ouvert s'il veut boire un verre.

La journée avait été plutôt tranquille, un peu trop à mon goût d'ailleurs. Quelques papiers à régler et ranger, des coups de téléphone en Russie, la fin de l'année arrivait à grand pas et quelle année on venait de passer... Rien de bien glorieux. Une nouvelle page se tourne et toutes les décisions qui vont avec. J'hésitais à rentrer une nouvelle fois, partir définitivement d'Harvard et retrouver ma famille en un aller simple. Oui, j'y avais songé, mais laissé mon frère derrière moi m'étais dorénavant impossible. J'ai eu la chance de sortir indemne de ce spring break, javais l'impression d'être le seul d'ailleurs. Comme si je portais la poisse autour de moi. Cette idée m'étais vite passé, grâce à l'aide de mes amis, de nouvelles connaissances que je m'étais faites depuis mon retour.
Il fallait que je m'aère l'esprit ce soir, que je reprenne mes vieilles habitudes, histoire de savoir si je n'avais pas perdu la flamme comme on dit. J'suis pas quelqu'un de déprimé ni de déprimant, loin de moi cette idée mais, il faut se rendre à l'évidence, cet événement nous a tous chamboulés. Il était déjà tard quand je décidais envie de me bouger, ma veste en cuir sur le dos je me dirigeais machinalement vers un endroit que je connaissais mais où je n'avais pas mis les pieds depuis un moment. Raison de plus pour y aller, ne pas perdre ses bonne habitudes, c'est la clef. J'ai pas de montre, pas de portable sur moi pas du tout matérialiste, pourtant c'est pas faute d'en avoir reçu à noël. Je suis devant la porte en quelques minutes, j'ouvre sans hésiter et m'avance tranquillement vers le bar quand mon chemin est barré par une voix connue. «  je vais fermer... » Mira surgit devant moi, sans même un bonjour. Je lui souris. « Bonjour à toi aussi beauté » Je connaissais la jeune femme depuis quelques temps, ici uniquement, j'avais réussi à lui extirpé son prénom mais sans son numéro, c'est pas faute d'avoir essayer de la faire changer d'avis sur ma personne. Elle semblait hermétique à mes avances depuis le départ et ça me gênait énormément. Mon but n'étais pas d'être lourd, je venais quelques fois sans plus insister, mais la voir ici ce soir était sûrement un nouvelle chance. « Je suis sûr qu'on peut trouver un arrangement, je suis assoiffé et toi tu as besoin d'aide pour terminer ton service, je serais ton homme à tout faire si tu m'offre un verre ce soir » les quelques personnes restant dans le bar étaient sur le point de quitter le lieu, je regardais Mira, sûr de moi et d'un air nonchalant, est-ce que ça allait marcher cette fois ? Ou peut-être que j'allais devoir faire demi tour.

Entendre de nouveau la porte d'entrée s'ouvrir. Je ferme doucement les yeux, l'espace d'une seconde, espérant avoir, d'une certaine façon, rêvé . À l'instant même où je me voyais déjà retourner la pancarte, dire adieu à ses derniers clients, retrouver cet endroit calme sans plus aucun bruit ; et tout s'évapore avant même que ce ne soit devenu réalité. Je rouvre donc les yeux sur Arthur, qui ne semble pas avoir remarqué que l'heure est mal choisie pour venir boire un premier verre. Un soupir s'échappe de mes lèvres, tandis que je suis contrainte de faire demi-tour, de laisser derrière moi ses quelques clients, qui ne comprendraient pas pourquoi je les mets à la porte alors qu'un autre vient tout juste d'arriver. J'essaie d'être le plus sympa possible dans le ton de ma voix, même si j'en oublie le sourire, et certainement le ton aimable entre le premier et le deuxième mot. Mais face à son sourire j'essaie d'en esquisser un léger. Après tout, il acceptera plus volontiers si je fais la gentille flic que le méchant peut-être. Je pousse un léger soupir au petit surnom qu'il vient de me donner pour me désigner. « Recommence pas s'il te plaît »les tentatives de dragues, j'en ai eu ma dose pour la soirée également, passant par le jeune puceau de 16 ans, qui m'est sorti toutes les phrases stupide, soi-disant « romantique » qu'il a pu apprendre sur Internet, au vieux pervers de 50 ans, qui lui, ne l'a pas vraiment fait dans la dentelle . Avoir un petit ami me manque également pour ses raisons, au moins quand il venait, je n'avais pas ce souci. Je reporte mon attention sur Arthur, jetant un regard en coin aux autres clients, se demandant certainement s'ils peuvent encore commander un verre ou s'il est trop tard. « Assoiffée... à ce point ? » un léger sourire s'installe au coin de mes lèvres, tandis que je repose mon regard bleu sur lui . «  le service est fini... tu veux vraiment m'aider à nettoyer le sol et faire la vaisselle ? » j'hausse de nouveau un sourcil. Non, porter un verre ou deux à une table tout le monde est d'accord pour me filer un coup de main... .mais lorsqu'il s'agit de vérifier que personne n'a vomi dans les toilettes, et de nettoyer si c'est le cas... je suis toute seule. J'hausse doucement les épaules avant de me diriger vers les derniers clients, essayant de m'appuyer le moins possible sur mon pied, encore fragilisé malgré qu'il soit soi-disant guéri, pour leur demander, une fois de plus le plus gentiment du monde, de foutre le camp ; pour que je puisse rendre cet endroit acceptable pour demain matin. Je les regarde se diriger vers la porte, tandis que je m'appuie sur la table pour pouvoir attraper ma cheville droite dans ma main pour le masser légèrement, avant de constater qu'Arthur est toujours là. «  t''es pas encore parti …."

Je sens que la jeune femme est épuisée, n'ayant qu'une hâte c'est de rentrer chez elle le plus rapidement possible. son regard est assurée, elle a affaire avec tellement d'hommes qui doivent la harceler toute la soirée, Mira est une femme rodée. J'admire les femmes avec autant de tempérament, c'est peut-être pour ça qu'elle m'a toujours attirée. Jusque là mes essais étaient restés vains, toujours une bonne excuse ou la bonne répartie. On ne peut pas simplement la coller et l'affubler de compliments et en être satisfait, c'était bien plus compliqué que cela. J'avais tant bien que mal essayé d'analyser ce qui pourrait la faire changer d'avis à mon égard et pour le moment, rien n'avait fonctionné. Elle me voyait sûrement comme un énième pilier de bar qu'elle doit recaler à la moindre approche. Ce que j'avais encore essayé de tenter en l'appelant par ce surnom, bon ça j'y peux rien c'est le genre de petit nom qui sort tout seul et elle n'avait pas mit longtemps avant de rétorquer qu'elle n'était pas d'humeur. Je n'insiste pas, je la regarde elle avec ses gestes et regards déterminés, Mira reste étonnement calme et essayant de faire sortir les derniers clients. Elle finit par reposer ses yeux sur moi, me laissant une porte ouverte, enfin une moitié de porte... « Me dis pas que tu n'as pas de lave-vaisselle ? » je souris, qu'elle bar n'a pas de lave-vaisselle ? Si c'est pour mettre les verres dedans aucuns soucis mais récurer les chiottes très peu pour moi. Je remarque rapidement lorsqu'elle s'éloigne un peu qu'elle a du mal à poser un de ses pieds au sol, je ne mets pas longtemps pour trouver un rapport avec les tremblements au Chili. Elle aussi a été touchée, je ne peux pas m'empêcher à mon frère, la gorge nouée. On a tous été touchés de près ou de loin et ça va nous marquer jusqu'à la fin. Instinctivement, j'attrape un plateau noir et commence à le remplir des derniers verres sur les tables. J'aperçois Mira se poser un peu plus loin pour masser sa cheville, eh non je ne suis pas encore partis. « ça va aller ? » Question bateau.. Mais vu son état c'est risqué d'aggraver sa situation si elle court dans tous les sens comme ça. Je vais poser le plateau près de l'évier, j'ouvre un des réfrigérateurs pour y trouver de la glace pillé et lui rapporte dans un torchon, la blessure n'est pas neuve je suppose mais ça pourra toujours soulager légèrement « tiens »

Je n'ai aucune envie de me disputer ou de chercher les embrouilles aujourd'hui. La fatigue prend le dessus sur tout. Je ne cherche pas à négocier ou quoi que ce soit . J'aimerais seulement pouvoir fermer ce fichu endroit, rentrer chez moi, me poser quelques secondes sur mon canapé avant de me diriger vers am chambre, dans laquelle je retrouverai mon tendre lit, sur lequel je pourrai m'écrouler jusqu'au lendemain matin. Malheureusement, ce ne sera possible quand dans une heure ou deux, tout dépendra du temps que je prendrai pour tout ranger, pour tout nettoyer et remettre en ordre cet endroit, et avoir quelqu'un dans mes pattes me ralentira plus qu'autre chose. Comme en début de semaine où j'ai dû supporter l'autre barman, qui m'a remplacé le temps du Spring Break et de ma guérison. Je n'ai rien contre Arthur, sincèrement, le trouvant même beaucoup moins chiant que la plupart des clients venant uniquement ici pour me draguer, mais je n'ai pas envie de perdre encore une demi-heure voir une heure à lui servir à boire, et risquer de voir d'autres clients revenir . ou alors les clients que je tente de mettre dehors actuellement ne voudront pas partir, ne comprenant pas pourquoi lui reste, peut encore boire un verre et non eux... « Si, mais quand il est rempli, j'ai pas trop la patience d'attendre qu'il soit fini pour pouvoir laver le reste... »Le nombre de verres que l'on peut utiliser ici en une soirée est assez impressionnant, sans compter les quelques repas où l'on peut parfois proposer, qui crée un peu plus de vaisselle à nettoyer. Et tout cela me revient en fin de soirée, de quoi me faire bien plaisir. Je m'éloigne rapidement de lui, pour pouvoir, le plus gentiment possible, foutre dehors les 4 clients qui sont encore présents. D'abord protestant, ils finissent par entendre raison, sans que je n'aie réellement besoin d'élever la voix ou autres. Quand ils n'ont pas trop d'alcool dans le sang, c'est beaucoup plus facile je dois dire. Lorsque je me retourne, je constate qu'Arthur n'est toujours pas parti et qu'il me regarde masser mon pied endolori. « Oui, j'ai pris l'habitude. » j'hausse doucement les épaules, avec un petit sourire aux lèvres. Les séances de kiné font malgré tout leur effet, je souffre beaucoup moins qu'au premier jour, je réussis à marcher normalement la plupart du temps, même si, comme souvent, après un service, je ne tiens plus vraiment. Je pose de nouveau mes yeux sur lui, le voyant posant un plateau rempli de verre dans l'évier. « Hey c'pas à toi de faire ça ! »dis-je dans un cri de protestation, je ne tiens pas à profiter de lui pour faire mon boulot à ma place. J'attrape le torchon de glace qu'il me tend, un sourire de remerciement aux lèvres avant de l'appuyer doucement sur mon pied, que j'ai ôté de la chaussure.« merci... » dis-je doucement, n'aimant pas avoir l'air diminué comme en cet instant. Je laisse quelques instants le froid soulager ma blessure, avant de pousser de nouveau un soupir, relevant mon regard bleu vers lui. « Bon si tu es toujours d'accord, va pour le marché : de l'aide contre un verre... » Si je continue à ce rythme je ne récupérais jamais toutes mes capacités concernant mon pied, alors si ça peut lui faire plaisir de mettre des chaises sur des tables et de remplir un lave-vaisselle... pourquoi pas. Je suis tellement fatigué que je suis prête à négocier avec n'importe qui.

Elle a de la chance, je suis d'une assez bonne humeur ce soir, et le sentiment de vouloir sauver la veuve et l'orphelin. Non peut-être pas à ce point mais je réalisais que j'étais devenu une autre personne depuis mon retour à Harvard. Je traînais avec les même personnes, je faisais les même excès concernant l'alcool et la drogue mais mon comportement avait changé. Peut-être que l'accident de mon frère me faisait réfléchir inconsciemment. Je ne voulais plus passer pour le petit con de la famille, le plus immature de tous, celui avec qui on sort mais à qui on ne fait pas confiance. Oui, cette réputation me tenait à la gorge depuis un certain temps maintenant, et si je me posais la question peut-être était-ce le temps de changer un peu ? Prendre du grade et penser un peu aux autres. Malgré cette réputation, j'avais eu une éducation plutôt stricte mais le fait que je sois le dernier et avec une mère possessive, j'ai forcément été moins bridé que les autres. Ma passion pour les bars ne s'était quant à elle, jamais éteinte, à n'importe quelle heure, on y rencontrait des gens intéressant, comme ici. Je sentais que j'étais de trop, comment ne pas le penser ? Et au vu de son état elle ne devait pas être d'humeur à rigoler de tout et de rien. Je le comprenais. C'est un sacré métier en tout cas, avoir tant d'alcool devant sois et sans le boire, comptez pas sur moi. J'écoutais Mira me convaincre que le lave-vaisselle c'était bien trop contraignant et trop long finalement. Je voyais les choses autrement mais certes, c'était sûrement plus rapide. Je fais semblant de ne pas l'entendre après avoir mis dans l'évier les quelques verres chopés au passage. Je refais un tour rapide autour des tables pour terminer ce que j'avais commencé. Tant pis si ça ne lui plaît pas, et puis j'ai passé ma journée à glander, je ne suis pas vraiment fatigué à l'heure actuel. Une certaine motivation m'avait envahit et la voir souffrir de sa cheville accentua la chose. Je souris lorsqu'elle finit par céder et acquiescer au deal que je lui avais proposé. Un premier lâché prise qui semblait l'apaiser mais surtout une légère porte ouverte pour moi... « Peut-être même deux » j'ajoute d'un air amusé. Je continue tranquillement mon petit ménage et rangeant quelques verres et mettant le reste à laver. Je connaissais l'endroit, je me surprenais à savoir où chaque alcool se trouvait. « Tu prendras bien un verre avec moi ? Que veux-tu ?  »

Un coup de main, pourquoi pas . Je ne suis pas contre un peu d'aide après tout, je suis fatiguée, l'impression de poser mon pied sur des braises brûlante dès que ce dernier touche le sol, est bien présente. Je ne peux pas nier que je ne suis pas aussi performante que les autres jours. Mais il y a une différence entre se faire aider, et laisser les autres tout faire. Il ignore totalement ce que je dis, continuant son petit tour dans le bar en ramassant les verres, me faisant lever légèrement les yeux au ciel. De toute façon, que j'accepte ou non, il ne m'écoute pas, alors je me laisse convaincre : un verre contre un peu d'aide. Je repose le torchon rempli de glace, en douceur sur la table, avant de me redresser et de bouger mes fesses de la chaise. La pause a assez duré . Un léger soupir s'échappe de mes lèvres tandis que j'avance vers le bar, où l'évier déborde déjà , sous les verres entassés par Arthur « J'ai dit un verre , n'essaye pas de profiter de la situation... »dis-je un léger sourire aux lèvres, alors qu'il continue d'aller et venir en rapportant des verres. J'attrape la poignée du lave-vaiselle sous le comptoir, et l'ouvre. Ce dernier est déjà rempli au trois-quarts de tous les verres ayant servi au cours de la soirée. J'ai peut-être la place d'en remettre une dizaine... peut-être quinze si je n'ai pas peur de casser. «  tu vois pourquoi je suis obligée de faire tout de même la vaisselle. »lâchai-je en son intention avant de commencer à foutre les premiers verres à ma portée dans le peu d'espace qu'il restait . Je trouve ça beaucoup moins fatiguant que de faire le tour des tables pour ramasser les verres. «  A la base... je nettoie aussi les tables lorsque je ramasse les verres. » dis-je un sourire amusé aux lèvres alors que je le regarde courir un peu partout «  Mais c'est rien, je le ferai plus tard » dis-je en laissant mes épaules se hausser. Je n'en aurai pas pour très longtemps . Je le suis du regard, avant de le rejoindre à l'étage des alcool, récupérer la bouteille qu'il a dans les mains. «  ça , c'est mon boulot, alors assis !! » dis-je un sourire accroché au coin de mes lèvres, mais tout de même avec une voix autoritaire , tandis que j'attrape un verre , avant de reprendre. «  Alors , qu'est ce qui te ferais plaisir ? » et pour le fait de boire un verre avec lui, je ne préfère pas répondre, lui laissant voir par lui-même plus tard si je me sers un verre ou non...