SKYLER CARTWRIGHT ► Alysha Nett

La haine transcrit sur son regard bleuté. Son regard délicieux devenu miséreux. L’homme, ce type aux coups violents. Aux mains salies par ces actes marqués par la lâcheté inavouée. Tu l’aimais. Des marques, des coups, des bleus le long de ton corps, da ta peau. Traces violettes, bleues, mauves. Rien de joli à regarder, si ce n’est de l’œil d’une tumblr girl so grunge dark gothique. Ta peau recouverte de séquelles. Preuve de son passage. Ses yeux diamants, aussi purs que puissants. Tu n’arrivais pas à lui résister, William. Tu n’arrivais pas, à lui dire non. La fuite n’était pas en option. Rester. T’étais obligée, par amour, par devoirs. Tu voulais l’aider. Ha. Aider William comme on souhaiterait sortir quelqu’un d’la débauche. Celle pouilleuse. Celle qui tue, à petite dose. L’aider, parce que tu le voulais, comme avant. Tu l’aimais, aussi fort que tu le pouvais. Aussi fort que ses poings pouvaient cogner contre toi. Le visage ensanglanté, ce soir-là. Tu as fui. Parties, envolée. Évaporée dans la nature. Tu as fui celui que tu aimais depuis des années. Des traces, sur ton corps, souvenirs de son passage. Souvenir de sa place, dans ta vie. Grande place. S’attacher péniblement à ces êtres néfastes. S’attacher aux mauvaises choses. Ce doit être un mode de vie. Une manière de penser. Quelque chose transcrit dans tes gênes. Ton ADN. Ta mère, lâché qu’elle est doit l’avoir elle aussi. L’atome aimanté à la connerie. Sentiment de devoir dépasser les limites de trainer avec le craignos. Abandonnée. Par sa mère. Rien, d’elle, tu ne sais rien. Mitigée entre l’envie de découvrir les traits de tes origines, bloquée par cette haine d’abandon. L’incompréhension. Accoucher sous x, laissant sa fille, trace de vie, portant ses sens. Vulgairement laissée à sa propre mère qui n’a fait que refuser de laisser sa descendance à quelque d’autre. Laisser sa petite fille porter le nom d’inconnus. Laissée pour morte par ces personnes qui t’ont causés du tord. Traces physiques. Traces morales. Les coups sur ton amour. L’incompréhension sur ta colère. Sky sur ses horizons. Traverser à nuage. Périple de cette enfance, adolescence. Doucement commencée, bercée par l’parfum iodé d’une Californie. Quelques années, orteils brulés par le sable fin, soleil visiteur de cet état d’adoption. Douzaines d’années, parties, envolées. Boston. Ta grand-mère, unique mère, seul personnage à hauteur d’importance dans ton tri sélectif des sentiments. Figure maternelle rattrapée par la maladie. Rattrapée par la nature qui n’a d’autre, décidé de la rendre à l’état de légume. Mémoire lâche, l’alzheimer trop envahissant. Dangereux. L’enfant, voyageuse à dos de nuage. Foyer d’accueil. Foyer aux sonates gentiment ternes. Longues années passées, ce foyer. Repaires en mal-être. Repaires à la fuite. Sentiment d’abandon, retrouvé. Ces années folles. Harvard gracieusement offert par les économies de la grand-mère. Harvard accessible à tes rêves, espoirs. Rentrée à l’âge de dix-neuf ans. La première fois, timide. Tourmentée à se libérer de cette coquille rigide. La musique, élément secret de ta vie, mis en avant par tes études, par cette passion. La gêne, la honte. Tu n’avais jamais parlé, chanté, joué musique devant quelqu’un d’autre que ta propre ombre, reflet de toi même dans le miroir. Décoincée, soulagée. Harvard, t’ouvres ses nouvelles portes, ses nouvelles ambitions.