2006. Un château hanté, quelque part en Ecosse.Mes iris ébènes fixent les siens qu'il ballade sur les murs ayant trop vécus de la bâtisse, mes doigts sont accrochés à sa peau, sa main libre semble épouser les courbes du temps, quand je réalise que ce semblant de confiance est peut-être finalement mal placé. Que je devrai un peu plus, de lui, me méfier. Qu'il se pourrait qu'il ne soit pas le mieux afin de me protéger. De fantôme ou de quoi que ce soit d'autre. Le problème, c'est qu'au milieu de mon indépendance, je crois dur comme le fer, que personne ne le pourrait. Que je me dois, de me suffire à moi-même. Comme mon père tente de me l'apprendre à mesure que passe les années.
« Pourquoi pas ? » Paupières finalement plissées, j'ai presque envie de lui préciser, que les suppositions ne sont pas permises lorsqu'on porte mon nom.
« Penses-tu qu’être expérimenté aurait fait de moi un homme en qui on peut placer une confiance aveugle ? » Et j'apprécie malgré tout la légèreté des paroles, qui diffère si brillamment du bordel incessant des abysses de mon âme. Courant de songes qui n'ont pas lieux d'exister. Il faut savoir lâcher prise, laisser tomber. Ne pas tout analyser. Stopper la volonté de vouloir toujours contrôler. Maniaque invétérée. Une confiance aveugle, peut-être pas, mais plus élevée en tous les cas.
Mais c'est son rire, que j'apprécie, puisqu'il provoque le mien duquel s'extirpe quelques mots murmurés.
« Aveugle, n'abuse pas. » On ne se connaît que depuis peu de temps, mais il a bien deviné, que je ne suis pas de celles qui s'ouvrent vraiment au premier étranger.
« Tout au plus serais-je passé pour un garnement qui emmène ici ses conquêtes pour mieux les effrayer afin qu’elles tombent plus facilement sous son charme. » Et assurément je n'ai pas de mal à le voir sous cet angle là. Bien des filles ont du se laisser charmer, par le côté élégant qui se trouve derrière son mystère écossé. D'ailleurs il me serait simple de croire qu'il l'a déjà fait, que je ne suis ici que pour être impressionnée. Cependant il me faut plus que de simples esprits malins pour me perdre dans les bras d'un homme qu'on qualifie de trop vieux pour moi.
« car nul cavalier n’est plus courageux que lorsqu’il a impressionné la gent demoiselle, même si ça n’est qu’artifice. » Et en un sourire je me fonds, bien évidemment je suis consciente qu'il joue, qu'il fait semblant, et c'est à son image que je réponds, nous octroyant un espace temps où nous nous transformons en deux personnes en totalement inadéquation avec ce que nous sommes réellement.
« Ce n'est donc que de l’esbroufe ? » Encore un pas, pour conclure avec nonchalance
. « Alors c'est que la demoiselle, celle en détresse, n'a pas souvent de cervelle. » Ma langue claque sur mon palais, et je jubile une seconde, peut-être deux.
Et alors je le pique encore d'une réflexion au sujet de cette expérience, au sujet de son âge, de notre étrange duo. Binôme de mes vacances improvisées.
« Ah oui, crois-tu ? » C'est ce que j'ai entendu dire en tous les cas. C'est ce que cherchent les filles que parfois je traîne avec moi en soirée, que ce soit dans les mondaines ou dans celles de personnes moins friqués. Un homme plus vieux, ça attire, attise. Ça aiguise les esprits. Elles en deviennent bêtes, ridicules à souhaits. Elles sont d'un ridicule, quand elles veulent jouer les grandes et qu'elles se contentent de glousser. Je me sais différente, je me connais compliquée. Mais ce n'est pas ce qui m'empêche de le blaguer. Lawrence, ce n'est pas le genre d'homme à forcer les choses, si elles ne sont pas désirées. Bien que je réalise qu'en pensées, je m'avance sur des sentiers que nous n'avons pas vraiment empruntés.
« Je le sais. » Faux, archi faux, mais lui faire croire me plaît.
Finalement je sursaute, à la suite de mon arrogance, comme une pauvre débutante. Une gamine, une vraie enfant, qui m'insupporte mais que je suis, évidemment. Tout à côté, on avance encore un peu, et à présent c'est lui qui nous guide. Il en devient ce chevalier, précédemment décrit. Le seul souci, c'est que je ne suis pas comme les autres, je ne crois pas vraiment au prince charmant. Je sais que bien d'autres choses passent avant les sentiments, les rêves de romantismes. Moi je veux de l'aventure, de la gloire. Je veux tout un monde à mes pieds. Je veux être chef d'orchestre et maîtriser. Je veux commander, comme on se lève le matin, aussi simple, aussi mesquin. Je suis reine en devenir
. « Tu en connais l'histoire ? » Du château, de l'endroit. Sait-il seulement un peu plus renseigné que moi ?