Toute cette histoire avait pris une proportion démesurée que nous n’avions pas su contrôler. Notre été avait été gâché à tous les trois à cause entre autre de l’infidélité de Kol, du côté séducteur de Bri et de ma grande jalousie que personne, ni moi, n’aurait pu déceler il y a de cela quelques mois. M’attacher aux garçons n’était pas mon genre mais depuis que Kol s’était immiscée dans ma vie, tout avait changé en fait je m’étais révélée. Mais voilà si j’avais su que mon amitié avec Briony serait en péril, peut être que je n’aurais pas fait les même choix qui font que je suis aujourd’hui dans une impasse et devenue une âme torturée. Briony avait déserté la chambre, laissant notre conversation pimentée en suspend. J’étais à présent seul face à toutes mes émotions, mes souffrances, mes doutes et tant d’autres. J’étais tellement tourmentée qu’il m’était maintenant difficile de savoir ce que je pensais réellement de mon amie, la détestais-je jusqu’au point de la rayer dans ma vie alors que durant de longue années elle avait été la seule qui importait pour moi. Je ne savais pas si je serais capable de faire comme si elle n’avait jamais existé. Tant de questions qui se tournaient et se retournaient dans mon cerveau sans que trouve de réelles réponses ou solutions à celle-ci.
Pendant de longues minutes j’étais resté collée contra la porte, les yeux clos à ne pas vouloir bougé, enfin je n’en avais pas vraiment la force. Tout ce dont j’avais envie, c’était de me terrer dans mon lit, me recroqueviller sous ma couette, à me lamenter une fois de plus comme je le faisais depuis des semaines. Finalement sans que je m’en rende compte, je finis par atterrir dans la salle de bain, les mains posées sur le meuble, fixant le lavabo en train de fuir, concentrée sur les gouttes d’eau qui émettait un léger et unique bruit dans la pièce. Mon rythme cardiaque s’était accordé sur cette douce symphonie. Relevant doucement la tête, je scrutais mon reflet dans le miroir, repensant aux dernières paroles de Briony : avait-elle raison sur le fait que mon amour pour Kol avait complètement changé ma manière d’être ainsi que mon comportement ? Est-ce que c’est cette Keyla que j’étais en train de regarder, celle qui était sur le point de détruire son amitié avec sa plus grande amie, la fille qu’elle considérait comme sa propre sœur, son double ? Excédée par cette peur soudaine qui m’envahissait peu à peu et par la rage, j’envoyai valser ce qui se trouvait autour de moi, balayant le meuble de tous les produits de beauté qui y étaient posés et qui en quelques millièmes de secondes se retrouvèrent exploser sur le sol de la salle de bain. Complètement paniquée et ne sachant pas comment me sortir de cette impasse, mes sentiments prirent le dessus et les larmes jaillirent sans que je m’en rende compte. L’eau salée provenant de mes yeux se mêla à quelques unes de mes mèches blondes les collant ainsi sur mon visage.
Moi qui pensais que je serais seule pendant un bon bout de temps, pouvant me noyer dans mon chagrin, voilà que j’entendais la porte de la chambre s’ouvrir à nouveau. Si c’était Victoria, je n’avais aucune crainte qu’elle me voit dans ce piteux état vu qu’elle connaissait ma situation avec Bri mais si cette visite surprise s’avérait être une autre de mes colocataires, cela serait quelque plus compliqué et plus long de leur expliquer mon accès de folie ayant fait des ravages dans la salle d’eau. Essuyant vite fait mes larmes je retournai dans la pièce principale mais toujours avec le visage rosie prouvant clairement que je venais de pleurer. Imaginer donc ma surprise en découvrant la chevelure noire qui me faisait face de nouveau, Briony avait visiblement décidé que notre petite conversation n’était pas terminée. Mon visage parlait de lui-même et mon amie restait de marbre à me scruter, attendant sûrement une réaction de ma part mais qui ne venait pas. Il était beaucoup trop dur pour moi de révéler mes pensées à cet instant précis. Briony tenait dans sa main un objet que je n’arrivais pas à identifier. Me frapperait-elle avec ? Sûrement vu que je n’y étais pas allé de main morte en la giflant. Droite comme un i, mes jambes étaient devenues de coton. Nous nous regardions dans le blanc des yeux, attendant que l’une de nous fasse le premier pas.
" Je… Je sais plus quoi dire Bri. De toute façon, je ne vois clairement pas comment on pourrait arranger la situation ou tout simplement si j’aurais un jour la force de te pardonner. " Voilà c’était dit, d’un ton plutôt calme d’ailleurs, qui changeait de tout à l’heure comme si en quelque sorte je voulait m’excuser de mon geste quelque peu démesuré qui avait eu un effet assez conséquent sur Briony. Est-ce que je mettais là un point final sur notre grande histoire d’amitié ? Cela paraissait impossible et pourtant cela en avait tout l’air.
© Chieuze