LILAH ERRINGTON ► megan fox

L'incompréhension totale, cachées derrière la porte de ma chambre, contemplant ces escaliers, ma jumelle et moi pouvions entendre en bas de ceux-ci les hurlements de deux parents empli de colère. On ne comprenait pas ce qui se passait, ni pourquoi ils se criaient après, on était trop jeune à cette époque-là pour comprendre quoi que ce soit. Un regard vers mon grand-frère qui s'aventurait dans le couloir, il nous ordonne de retourner dans notre chambre, nous n'avions pas besoin d'entendre cela. Il referme la porte derrière nous, même close, je pouvais entendre ces paroles lancées de vive voix l'un à l'autre. J'ai tenté d'en discuter avec mon frère, feignant l'indifférence, ceci n'est pas un sujet de discussion pour les jeunes filles de mon âge, peut-être qu'il cherchait à nous protéger de quelque chose, j'ignorais tout et je suis restée longtemps dans l'ignorance.

Les disputes, il y en avait souvent à la maison, ce n'est que plus tard que nous savions le pourquoi du comment. Mon père avait la tête ailleurs, ses pensées étaient tournées vers une autre famille, une double vie qu'il s'était créé. Il avait du mal à accepter cette famille-ci, il n'aimait plus ma mère et avait du mal avec nos choix de décisions, n'acceptant pas de voir l'une de ses filles au bras d'une autre, c'est contraire à ses principes, ses idéaux. Le divorce fut rapidement prononcé, on est partis vivre avec notre mère et c'était mieux ainsi. Ce à quoi nous ne nous attendions pas, c'est la disparition soudaine de celle-ci, apportée par un crash d'avion, son corps n'a jamais été retrouvé, un coup dur pour notre famille. Notre père ne voulant toujours pas de nous et n'étant pas majeurs, c'est auprès d'une tante que nous trouvions refuge, elle s'est occupée de nous comme de ses propres filles. Je me suis toujours bien entendue avec mes cousins/cousines, je dois même dire que j'en suis très proche, plus certains que d'autres, mais il y a peu d'animosité entre nous. Bien sûr, comme tous les gosses, ils nous arrivaient de nous chamailler, mais la réconciliation était toujours au rendez-vous, même si nous étions différents des uns et des autres.

Je veux l'amour sans la souffrance, l'amitié sans les contraintes. Je ne sais plus d'où m'est venue cette idée, pourquoi nous nous étions lancés dans cette comédie, j'ai parfois des idées étranges. Me voilà dans ses bras, face à ses parents qui arborent ce large sourire sur leurs lèvres... s'ils savaient à quel point nous étions en train de nous jouer d'eux. Des parents, c'est chiant quand ils s'y mettent, j'avais le choix entre le voir me quitter et ne plus jamais le revoir ou bien trouver une solution afin de leur prouver qu'il ne file pas en mauvais coton, faire croire ceci en tout cas. On est ensemble, nous sommes un faux couple qui joue. Pour une raison que j'ignore, ils m'ont toujours appréciée, la jolie voisine proche de leur fils. Un de mes meilleurs amis, le plus intrépide d'entre tous, mes emmerdes, c'est à lui que je les dois, je ne peux pas me passer de lui, on ne s'ennuie pas avec. Aucun sentiment, laissant place à un simple jeu, c'est en tout cas ce que je croyais. Finalement, je ne sais pas si c'est une bonne idée que j'ai eu ou une mauvaise. Cela nous a rapprochés, tout comme éloigné. Des choses pour lesquelles je ne m'attendais pas ce sont immiscés dans cette comédie. Résultat, on se parle peu, je suis consciente que je me suis éloignée de lui, mais je n'ai rien trouvé de mieux à faire, le concernant, je me sens perdue, je préfère ignorer certaines choses que me laisser envahir par ce qui m'effraie.

Avec ma sœur, on s'est toujours dit qu'on finirait par intégrer la prestigieuse école d'Harvard. Bon nombre de la famille Errington s'y trouvent, c'est donc logique pour nous d'y entrer. Seulement, pas besoin que notre famille y soit déjà présente pour ressentir à notre tour l'envie d'intégrer l'école, depuis le collège déjà nous avions prise cette décision, quant à penser à aller chacune dans une école différente n'était même pas envisageable, soudée jusqu'au bout. L'intégration fut sans encombre, ma sœur et moi avions assez bien travaillée lors de nos années lycée pour présenter des notes exemplaires et malgré tout, l'examen d'entrée ne fut pas aussi compliqué que je l'aurais pensé. Me voilà, à Harvard depuis mes dix-huit ans à suivre mes études en psychologie et danse, une passion depuis que je suis gosse, la danse a toujours fait partie de ma vie. Harvard représente un nouveau chapitre d'une nouvelle vie que j'ai hâte de découvrir.