Cause we are survivors (+) Jules

Every parting gives a foretaste of death, every reunion a hint of the resurrection.

Organiser une surprise à son chéri pour fêter notre septième mois de relation, tout un art qui exige une implication de malade et une bonne maitrise du mensonge. Je le sais, Nemo est très en colère contre moi puisqu’il pense que je l’ai abandonné à nouveau, nous n’avons pas réussi à fêter un seul de nos mois dignement depuis que nous nous sommes mis en couple. La preuve ? Le mois dernier nous étions dans l’avion, de retour du Springbreak et la seule chose à laquelle j’ai pensé c’est lui acheter un petit nounours histoire de ne pas arriver les mains vides. Bon… Tout bien reconsidéré, les moments qui s’en sont suivi dans les toilettes de l’avion font de cet anniversaire un moment que je n’oublierai probablement jamais. Que Dieu me pardonne pour m’être initié aux arts des câlins dans les airs. C’était génial cela dit, aucun regret, l’adrénaline du moment, la peur d’être surpris à un moment, le silence à maintenir pour ne pas se faire repérer, comment ne pas atteindre un orgasme dont on se souvient avec tous ces éléments réunis en plus de nos capacités à nous faire grimper aux rideaux déjà bien aiguisées et mémorables ? Un sourire nostalgique étire mes lèvres alors que j’attends patiemment devant le gymnase où Nemo est censé s’entrainer depuis deux bonnes heures. Qui organise un entrainement aussi long ? Ah oui, je sais, notre propre coach au Football Américain. J’ai conscience que Nemo sera fatigué mais gageons que je saurai comment lui faire retrouver le sourire et l’énergie nécessaire pour affronter la soirée à mes côtés. J’ai un plan diabolique, un repas romantique qui nous attend bien au chaud dans la voiture et que nous prendrons à la plage pour profiter du coucher de soleil. J’ai pensé à tout. Il est l’heure, un petit peu plus que l’heure mais les douches aux vestiaires auraient tendance à naturellement s’éterniser après tant d’efforts, je patiente bien sagement lorsque la porte s’ouvre pour la première fois et que de premiers nageurs sortent, ils me saluent, à force ils commencent à me connaitre puisque j’attends souvent Nemo en sortant de mon propre entrainement. Ce n’est que lorsque la porte s’ouvre à nouveau et que j’aperçois Jules que la surprise me gagne. Il fait ressurgir de mauvais souvenirs mais également une fierté, nous n’avons écouté que notre courage ce jour-là, au springbreak, et nous avons contribué à sauver une vie. « Ça pour une surprise ! »

Grahules

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Ça faisait un petit moment maintenant que tout le monde - ou presque - était revenu du springbreak et si certains n'étaient pas encore passés à autre chose, pour Jules c'était le contraire. Il faisait partie des heureux chanceux à ne pas avoir été blessés durant le tremblement de terre, si ce n'est que de simples égratignures, vraiment rien de méchant donc. Et c'était tant mieux parce que pour tout dire, le jeune homme ne se serait pas vu avec sa jambe ou son bras dans le plâtre - ou pire mais bon, ça valait mieux ne pas y penser - et devoir être à l'arrêt pendant... des mois ? Non, la natation c'était bien plus qu'un simple sport alors devoir y renoncer, même temporairement, c'était juste inenvisageable. L'eau, c'était vraiment là où il se sentait le plus à l'aise, dans sa bulle comme si personne ne pouvait venir l'en déloger, personne pour venir le déranger, perdu loin de la triste réalité qu'était la vie. Alors oui pour le coup, il reconnaissait la chance qu'il avait eu, parce que des blessés, il avait eu l'occasion d'en voir... En fait, il avait même aidé deux autres étudiants d'Harvard à rejoindre le post de secours. Donc ça aurait très bien pu être lui, dans ce foutu lit d'hôpital, mais ça n'était pas le cas. Et personne dans son entourage le plus proche non plus, du moins rien de grave alors pour le mather, tout ça était du passé. Ses entraînements, il les avait tout de suite repris à son retour à Harvard, même si l'équipe n'était pas au complet. C'était un sport en solitaire comme collectif alors Jules n'allait pas attendre que tout le monde soit remis sur pieds pour nager, aussi égoïste cela pouvait-il paraître. Et puis, de toute façon, à l'heure d'aujourd'hui, le groupe était presque reconstitué dans son entièreté, raison pour laquelle l'entraînement de cette après-midi avait duré un petit peu plus longtemps que d'habitude, histoire de faire le point sur certaines choses. Mais bon, après tant d'efforts et un tour par les vestiaires, le De Lacroix ressortait enfin du gymnase, prêt à regagner la mather house pour se reposer un peu. Pourtant, en franchissant la porte, son regard croisa celui d'un blond dont le visage ne lui était pas inconnu. En même temps, après ce qu'ils avaient vécu, difficile de ne pas se rappeler de lui ou même de l'autre étudiant, Isaac si sa mémoire était bonne... Tout aussi surpris que le jeune homme, Jules s'avança vers ce dernier, un petit sourire aux lèvres. "Tu l'as dit ! Graham c'est ça ?" Bon en fait il en était quasiment certain mais au moins, ça lui montrait qu'il ne l'avait pas oublié... Surtout qu'il avait été blessé à son tour en aidant Isaac donc ouais, il s'était passé trop de choses pour que ce soit possible de ne plus s'en souvenir. En tout cas, il semblait aller mieux, c'était déjà une bonne chose. "Alors, comment ça va depuis ?" Soit depuis les évènements. Ça pouvait paraître étrange qu'ils ne se soient pas revus après mais... tout le monde avait été occupé une fois de retour à l'université et puis, le campus était tellement grand que trouver quelqu'un s'avérait parfois être un vrai jeu de piste donc, mieux vaut tard que jamais.

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Concentré sur la surprise que je prévoyais à Nemo depuis quelques jours dans le plus grand des secrets je ne m’attendais certainement pas à croiser Jules. J’ignore ce qu’il fait là, peut-être est-il membre de l’équipe de natation comme Nemo, ce serait assez amusant et une preuve supplémentaire de cette vieille affirmation qui dit qu’on ne se rend compte des personnes qui nous entourent que lorsqu’elles entrent dans notre vie. Je suis venu un certain nombre de fois rejoindre Nemo à la fin de ses entrainements et je n’ai jamais fait attention à ses coéquipiers. Lorsqu’il sort de ce gymnase, je reste l’espace d’une seconde sur les fesses, surpris de le retrouver ici mais très rapidement heureux d’avoir une occasion d’échanger avec lui dans des circonstances plus joyeuses. Nous avons survécu à un bon tremblement de terre, contribué à sauver la vie d’Isaac qui était vraiment très mal en point, autant vous dire que ce genre de drames parviennent à vous lier comme jamais. Voir son sourire naitre sur ses lèvres me rassure, il se souvient de moi, tant mieux. Il approche et j’en profite pour lui tendre la main, prêt à lui taper un bon petit check comme si nous étions de vieux amis et à l’enlacer, c’est ma manière la plus amicale de dire bonjour figurez-vous. « C’est ça, t’es membre de l’équipe de natation, Jules ? » Autant poser la question, j’ai horreur de rester dans le suspense. Il me demande comment je vais, ce à quoi je réponds par un sourire respirant la joie de vivre. « Plutôt bien, j’ai passé un ou deux jours là-bas, à l’hôpital, les médecins craignaient une hémorragie interne mais je m’en suis finalement sorti avec quelques points de suture, rien de bien grave ! Et toi ? » Je pensais être plus bavard que cela, mais difficile de trouver un sujet de conversation quand tu ne connais finalement pas tant que cela la personne qui se trouve face à toi. « Tu as eu des nouvelles d’Isaac ? » Nous l’avons laissé plutôt mal en point, j’ai appris qu’il s’en était sorti mais je n’en sais pas plus.

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Il n'y avait pas à dire, Jules était plus que surpris de voir Graham, mais pas de manière négative s'entend. Disons qu'il se doutait que le blond était aussi un étudiant d'Harvard puisque c'était lors d'une excursion que le tremblement de terre avait eu lieu et par conséquent, que les deux garçons s'étaient rencontrés. Mais après cet événement, ils ne s'étaient pas recroisés et n'avaient pas vraiment eu le temps de faire connaissance alors oui, on peut dire qu'il ne s'y attendait pas, à le revoir et surtout ici, à la sortie des vestiaires. Parce qu'à cette heure-ci, c'était l'entraînement de natation qui se terminait et que, aux dernières nouvelles, le jeune homme n'en faisait pas partie. Sinon le mather serait au courant, c'était plus qu'évident. Et comme il venait de lui demander si Jules en faisait partie, de cette équipe, c'est qu'il n'était pas au courant de sa composition. "Ouais, depuis mon arrivée à Harvard en fait. Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?" Autant lui poser direction la question, histoire de savoir quoi et puis, de faire connaissance en quelque sorte. Surtout maintenant qu'ils pouvaient le faire dans les règles, sans risquer de se prendre un tronc d'arbre en pleine face ou de voir débouler d'on ne sait trop où un morceau de pierre géant. C'était d'ailleurs ce qui était arrivé à Graham, si ses souvenirs étaient bons et fallait avouer que c'était plutôt moche. Mais le blond paraissait en bien meilleure forme et ce qu'il dit ensuite ne fit que confirmer les apparences. "Et bah... Content de l'apprendre et de te voir en pleine forme !" C'est sûr que c'était mieux de savoir quoi, au lieu d'y repenser un jour en se demandant si ceux qui avaient vécu le même enfer se trouvaient désormais six pieds sous terre ou si cela était aussi grave que ça l'avait paru. Même si ça n'était pas le genre de Jules de ressasser ce genre de souvenir et que le séisme ne l'avait pas tant affecté que cela, ça faisait plaisir de voir Graham. "Moi ? Bah j'ai plutôt eu de la chance, juste quelques égratignures, pas de quoi passer un séjour à l'hosto." dit-il en haussant un peu les épaules, un léger sourire aux lèvres. Il était sain et sauf alors contrairement à d'autres, rien à raconter. Mais ça lui allait puisque ce n'était pas le genre de personne à se vanter d'avoir eu un rôle dans une telle situation ou de faire un tas d'histoires à ce sujet. Et puis, il n'aimait pas parler de lui alors c'était très bien comme ça. "Hum non, pas du tout..." Aucune nouvelle d'Isaac qu'il ne connaissait pas non plus d'ailleurs et qu'il n'avait pas encore croisé. Peut-être que cela viendrait avec le temps ou peut-être que non, il n'en savait rien. Mais si ça s'était mal passé pour lui, Jules supposait que les étudiants d'Harvard auraient été tenus au courant, avec une sorte de mémorial, comme ça se faisait souvent dans ces cas-là.

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Tu n’as jamais vraiment le temps de te livrer à un brin de causette quand tu te trouves en plein milieu de l’apocalypse à tout faire pour rester en vie et sauver celle de tes camarades au passage. Nous n’étions pas en plein scénario catastrophe où la nature te fait payer les problèmes écologies en faisant s’abattre sur toi tous les éléments au même moment mais nous ne sommes pas passés loin de cela. Un tremblement de terre suivi d’un petit caprice du volcan local et de la panique des chevaux censés nous permettre de visiter sans avoir à se fatiguer. Il y a de quoi très vite perdre ses repères et être blessé comme ce fut le cas d’Isaac. Isaac c’est le garçon que nous avons sauvé là-bas Jules et moi, tout ce dont je me souviens c’est de l’urgence dans laquelle nous nous sommes retrouvés face à ses blessures, à l’aide de Nevada nous sommes parvenus à l’emmener à bon port. Une bonne chose, il était déjà bien assez amoché et il aurait probablement pu y laisser sa vie s’il était resté une dizaine de minutes supplémentaires. Depuis silence radio, réaction typique de la part de survivants qui ont tout sauf envie de se réunir pour se remémorer toutes les merdes traversées et la gravité des événements. Le quotidien reprend très rapidement sa place tandis que la tragédie est reléguée au rang de souvenir, anecdote que l’on ressort de temps en temps tout au plus. Tant mieux, personne ne devrait se concentrer sur le passé, parvenir à aller de l’avant c’est le plus important. Jules est donc membre de l’équipe de natation, il doit très bien connaitre Nemo du coup, enfin je suppose. « J’attends mon petit-ami, il est dans l’équipe également… Tu dois le connaitre, c’est Nemo ! » Nemo et natation, ça ne peut que faire bon ménage. Il ne devrait plus tarder, il ignore que je suis là et je commence à envisager le fait d’annuler ma surprise pour profiter d’un moment en compagnie de Jules avec qui j’ai soudainement très envie de discuter. J’aimerais apprendre à le connaitre en dehors du bordel que c’était pendant le Springbreak, j’ai déjà beaucoup trop attendu. « Tant mieux, on a eu de la chance ! » Plus que certains. Il n’a pas eu la moindre nouvelle d’Isaac, nous sommes deux. « J’suppose qu’il va bien, on l’aurait su dans le cas contraire. » On entend toujours plus parler des morts que des survivants dans ce genre de situations. « T’as quelque chose de prévu ? On pourrait aller prendre un café… Ou une glace ! » Avec la chaleur qu’il fait ça ne ferait de mal à personne.

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Graham était donc le copain de Nemo ? Voilà qui expliquait sa présence soudaine à la sortie du gymnase. Enfin, soudaine... il n'en savait trop rien, si ça se trouve c'était dans ses habitudes d'attendre l'eliot à la fin de leur entraînement mais Jules n'y avait jamais prêté la moindre attention. Oui, il était au courant que son coéquipier avait un copain mais c'était tout. À vrai dire, ils étaient plus occupés à discuter natation et à se moquer des autres en français qu'à parler de leur vie privée. Déjà, parce que ce n'était pas le genre de Jules de parler de lui, qu'il détestait ça et puis... surtout qu'il s'en fichait pas mal, des autres. En tout cas, si Graham attendait après son petit-ami, il pouvait encore attendre longtemps puisque ce dernier ne s'était pas montré aujourd'hui. Et même s'l était l'exception à la règle, le seul bleu avec qui le mather s'entendait bien, il ne connaissait pas les raisons de son absence. "Ah oui, Nemo..." dit-il en esquissant un semblant de sourire. Un sacré, mais plutôt amusant dans son genre. "Il n'est pas venu aujourd'hui." Inutile de demander à Graham s'il savait pourquoi puisqu'il n'était pas au courant, visiblement. Sinon il ne serait pas là à patienter sagement devant les portes. Ce qui n'était pas plus mal après tout, puisque les voilà désormais en train de parler. Ah ça oui, ils en avaient eu de la chance, c'était certain. Plus que d'autres, en tout cas. Mais ce n'était pas nécessaire de le préciser, mis à part pour passer pour quelqu'un de pessimiste, ce qui n'était pas tellement faux. "Ouais je pense aussi." Pas de nouvelles, bonne nouvelle, après tout ? Alors valait mieux partir du principe qu'Isaac s'en était sorti, comme eux et les autres dans le même cas plutôt que de se morfondre sur ce qui pouvait potentiellement être arrivé de pire. Encore une fois, ce n'était pas du tout dans les habitudes de Jules d'agir de la sorte, lui qui était bien trop... je-m'en-foutiste pour ça. "Hum... ouais pourquoi pas !" Aller boire un café après un entraînement comme celui-ci, ce n'était vraiment pas de refus, bien au contraire. Puis comme ça, Graham n'avait pas attendu pour rien. "Alors, nous on nage et toi, c'est quoi ton sport ?" Bah ouais, si ce n'était pas la natation, il était bien curieux de savoir ce que faisait le garçon. Parce que bien sûr, il partait du principe que lui aussi faisait du sport, comme le plupart des étudiants mais aussi parce que la carrure ne trompait personne. Et qu'ils n'auraient sûrement pas réussi à soulever ce tronc d'arbre à deux lors du séisme, sinon.

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Je n’aurais jamais pensé être capable d’assumer une relation avec une personne du même sexe que moi comme je le fais avec Nemo quotidiennement. Jusqu’à ce que nous nous mettions en couple tous les deux je n’aurais tout simplement pas imaginé partager une histoire d’amour avec un homme. Après mes trois années de prison et ce que j’ai traversé derrière les barreaux, le viol en tête de liste, je ne pensais tout simplement pas être capable d’une telle chose. L’Eliot m’aura finalement démontré énormément de choses et aura remis en question une énorme parcelle de ma vie. Il m’a aidé à retrouver une certaine ouverture d’esprit qui me faisait cruellement défaut depuis ma sortie de prison et m’a permis de découvrir bien d’autres choses, de ne pas raccorder l’amour entre deux hommes à l’expérience négative que j’en avais à cause de taulards en chien qui n’ont rien trouvé de mieux que de se défouler sur un pauvre gamin innocent. Jules semble connaitre Nemo, c’est en tout cas ce que sa réaction me laisse présager. Sans trop vouloir m’atteler à tirer des conclusions hâtives je dirais même qu’ils s’apprécient. Jules n’aurait pas un tel sourire aux lèvres si mon petit-ami l’insupportait au plus haut point. « Il n’est pas venu ? » Je reprends, surpris. Il devait pourtant être là, il ne rate jamais ses entrainements. En temps normal quand je prépare une surprise je mène un minimum l’enquête pour m’assurer de ne pas me retrouver dans une telle situation, à attendre comme un con quelqu’un qui n’est même pas là. Tant pis, je rebondis avec rapidité en proposant à Jules de m’accompagner pour prendre un café. Autant en profiter maintenant que nous sommes tous les deux, ça m’évitera d’attendre une prochaine occasion qui tardera à se présenter. Tu m’diras, maintenant que j’sais qu’il est dans l’équipe de natation aux côtés de Nemo je pourrais tout à fait envisager de l’inviter avec sa copine ou son copain potentiel à l’appart pour se faire une soirée, ou juste une soirée entre mecs devant un match de foot. Les possibilités sont multiples. Il accepte ma proposition, je cogite rapidement sur l’adresse la plus proche et opte pour le café situé en plein milieu du campus, idéal pour l’occasion. « Génial ! » Je tourne les talons et commence à marcher aux côtés du garçon en direction du café en question. « Football Américain, j’fais un peu de natation aussi mais plus pour le plaisir de nager qu’autre chose ! » Je ne maitrises pas le crawl comme eux par exemple. « T’es sur le campus depuis longtemps ? » J’ignore tout de lui, qu’étudie-t-il ? D’où vient-il ? Tellement de questions qui se bousculent dans ma tête.

Grahules

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Non Nemo n’était pas venu à l’entraînement aujourd’hui, ce qui semblait grandement étonner Graham, contrairement au mather qui, lui, n’avait pas trouvé ça particulièrement étrange. C’était le tout premier depuis leur retour du springbreak alors, même si lui avait été épargné, ce n’était pas le cas de tout le monde. Il comprenait qu’il faille plus de temps à certains pour se remettre, que ce soit sur le plan physique ou mental. D’ailleurs, Nemo n’était pas le seul qui manquait à l’appel aujourd’hui, raison supplémentaire pour que Jules n’y ait pas prêté plus attention que ça. Mais de toute évidence, si Graham attendait là, juste devant le gymnase, ce n’était pas pour rien. De toute évidence, soit son petit-ami avait oublié de le prévenir qu’il ne venait pas aujourd’hui soit il était en train de lui préparer une surpris, ce qui ne l’étonnerait pas tellement. Les deux coéquipiers se connaissaient surtout pour ce qui était du sport mais du peu que Jules en savait sur l’eliot, ce serait tout à fait son genre de faire ça. "Non. Et c’est pas le seul d’ailleurs..." La natation avait beau être bien plus qu’un simple sport pour les membres de l’équipe, après un tel événement, ce n’était pas la chose qui comptait le plus aux yeux de tous. Parce que même ceux qui n’avaient écopé que de quelques égratignures pouvaient passer leurs journées à l’hôpital, auprès d’un ami, d’un frère, d’une sœur, d’un cousin ou que sais-je. Ouais, c’est en y réfléchissant à deux fois que Jules comprenait que cela puisse être éprouvant pour certains. « Je suppose que certains ont encore besoin de temps. » En tout cas, il n’était pas de ces personnes alors il accepta sans trop d’hésitation la proposition de Graham qui consistait à aller boire un café sur le campus. Le mather n’avait rien de mieux à faire pour le moment alors pourquoi pas ? En plus, ça lui permettrait d’embêter un peu Nemo sur le sujet, entre deux nages. Le blond jouait donc au football… Ça paraissait plutôt logique puisqu’il avait la carrure pour. Et il nageait, aussi. Jules, lui, ne s’intéressait pas vraiment aux autres sports dispensés à Harvard, si ce n’est les quelques informations qu’il pouvait entendre à droite à gauche lors des résultats d’un match par exemple mais c’était tout et ça lui suffisait amplement. "Ah ouais ? J’ai hâte de voir comment tu te débrouilles alors." lâcha-t-il, le tout accompagné d’un petit sourire en coin. Ça n’était pas un défi mais presque. Le mather ne disait jamais non pour ce qui était d’affronter les autres dans son domaine de prédilection, normal quoi. Mais bon, si Graham nageait pour le plaisir, c’est qu’il était motivé et ça, c’était un critère à ne pas mettre de côté. Avec du courage, on pouvait vite être étonné de nos capacités et les deux l’avaient constaté lors du springbreak. "Deux ans et toi ?" Réponse très brève de sa part mais le De Lacroix n’aimait pas parlait de lui alors moins il en disait, mieux il se portait.

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Nemo ne raterait un entrainement pour rien au monde, il adore l’eau et compterait limite les jours entre deux séances. Je le taquine souvent là-dessus d’ailleurs. Bon, il lui arrive de les louper, notamment lorsque je deviens vilain et le provoque de la plus machiavélique des manières, celle qui fait toujours son petit effet et le rend dingue. Je suis toujours au courant lorsqu’il loupe un entrainement, pas parce que je suis possessif et ultra-jaloux et que je refuse de ne pas connaitre son emploi du temps dans les moindres détails, plutôt parce que nous sommes tous les deux du genre à improviser des surprises au dernier moment et que se retrouver dans la situation à laquelle je me confronte, à avoir attendu comme un blaireau pour rien, ne se présente pas suffisamment pour nous couper dans nos élans romantiques. Il a peut-être changé d’avis au dernier moment, qui sait, je ne l’ai pas vu aujourd’hui et j’ai été plus ou moins occupé jusqu’à maintenant, difficile de s’envoyer des tonnes de SMS dans une telle situation. Je ne vais pas m’en plaindre, même si j’adore discuter et m’offrir l’illusion d’avoir mon Nemo à mes côtés même lorsqu’il n’est pas physiquement présent je ne boude pas l’espace dont nous avons tous les deux besoin pour nous épanouir en dehors de notre couple. Il est important de préserver une certaine indépendance pour ne pas étouffer. Jules m’apprend que d’autres membres de l’équipe ne se sont pas présentés à l’entrainement du jour, étrange non ? Le coach nous tuerait si nous ne nous présentions pas à nos entrainements en football américain, nos poissons auraient-ils davantage de liberté ? « Il y a une raison particulière ? » Je le questionne après avoir haussé les sourcils, surpris. Les conséquences du Springbreak ne me viennent même pas en tête, peut-être parce que je me suis déjà complètement remis et que j’oublie que ce n’est pas le cas pour tout le monde. Puisque nous sommes tous les deux plantés là, autant en profiter pour partager un café non ? Je suis curieux d’apprendre à connaitre Jules davantage, une tragédie comme celle qui s’est abattue sur nous rapproche mais au point de perdurer sans un minimum de temps passé en compagnie de l’autre. « J’aurais l’air ridicule à côté de toi, mais on se fera ça… Tu peux même venir un soir, après la fermeture de la piscine ! » J’ai parfois tendance à oublier que nous ne nous connaissons pas assez pour qu’il sache que je suis maitre-nageur, ce que je peux être tête en l’air parfois. Je poursuis sur ma lancée et commence à le questionner, il est sur le campus depuis deux ans, c’est noté. « Depuis un petit peu plus de deux ans également. » Nous arrivons, pas après pas, au Starbucks à l’angle, je m’arrête et adresse un regard interrogateur à mon camarade. « On s’arrête là ? »

Grahules

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Cette annonce semblait inquiéter Graham et cela pouvait se comprendre, plusieurs membres de l'équipe absents au même moment, il y avait de quoi trouver ça intriguant. Et pourtant, Jules ne s'en préoccupait pas plus que ça. Il s'agissait forcément des événements du springbreak, c'était du moins ce qu'il se disait puisqu'il ne voyait pas d'autre explication plausible. Après tout, si le mather avait bien un point commun avec ses coéquipiers, c'était cette passion pour la natation alors mis à part des problèmes tels qu'un tremblement de terre, rien ne pourrait l'empêcher de venir nager. "Le springbreak je suppose..." répondit-il en haussant les épaules, sans grande conviction, avant de reprendre : "Ils ne doivent pas encore être prêts." Et c'était sans compter sur les possibles bras ou jambes cassés qui empêchaient toute activité physique pendant plusieurs mois. Ouais, heureusement que ça ne lui était pas arrivé, à lui, parce que devoir rester immobile pendant plusieurs semaine dans une chaise roulante, ce devait être une torture. Encore plus lorsque vous étiez sportifs. Graham aussi, était chanceux, de s'être remis sur pieds de si tôt. "T'es pote avec l'homme d'entretien ou quoi ?" Bah ouais, parce que s'il lui proposait ça c'est qu'il devait bien avoir un double des clés non ? Ou alors, qu'il était partant pour entrer par effraction en crochetant la serrure. Ça pouvait être drôle tiens et puis, ce n'était pas comme si c'était pour faire quelque chose e mal... "Mais je ne dis jamais non à une séance de natation." dit-il en souriant alors qu'ils continuaient d'avancer. C'était la vérité, qu'importe le moment et le lieu, lorsqu'il s'agissait de nager, le mather répondait toujours présent. Alors, même si après la fermeture de la piscine lui paraissait un peu étrange, ce n'était pas lui qui dirait non. En fait, c'était peut-être même mieux, parce qu'au moins, ils auraient tout le bassin pour eux et pourraient donc nager à leur guise sans être dérangés par d'autres personnes. Si ça ne gênait pas certains, Jules lui, aimait bien avoir un maximum de place pour faire ses longueurs, peu importe que le bassin soit déjà assez grand. Bref, peu importe, il sortait tout juste de son entraînement alors ce n'était pas le moment de penser à ça. Graham aussi était à Harvard depuis environ deux ans, comme quoi ils étaient bien plus nombreux qu'il ne pensait à arriver en cours de cursus dans cette université. "Ouais, c'est nickel." Il jeta un coup d'oeil en direction du Starbucks devant lequel ils se trouvaient puis reporta son attention sur le blond, une fois entrés à l'intérieur. "Alors, ça fait longtemps que tu es avec Nemo ?" Simple curiosité, puis comme ils en avaient brièvement parlé tout à l'heure, autant revenir sur le sujet, ça lui évitait au moins de devoir parler de lui.

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