Min Ji n’avait pas réalisé d’à quel point l’été était passé vite, et jusqu’au dernier moment, elle pensait qu’elle était en vacances. Mais à présent qu’elle se trouvait dans la nouvelle voiture de Jung, et qu’ils rentraient tous les deux pour Cambridge, elle devait bien reconnaître qu’elle réalisait que l’été était terminé. Et au fond, c’était un peu triste. Elle aurait voulu que les vacances se prolongent un peu plus, et surtout elle aurait largement préféré ne pas devoir reprendre les cours immédiatement, mais elle n’y pouvait rien. Elle avait fait ses valises calmement, un peu déçue de devoir repartir déjà, et la voilà qui repartait pour une nouvelle année de cours. Elle voulait que cette année ne soit ni triste ni monotone, comme elle redoutait qu’elle le soit, et elle avait pensé que, finalement, elle pourrait toujours se trouver des occupations pour se changer les idées, et puis sans oublier qu’elle avait quand même ses amis qui étaient eux aussi à Cambridge et à Harvard, et qu’elle pourrait bien évidemment revoir très souvent. Elle n’aurait certainement pas le temps de s’ennuyer, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de redouter un peu le moment où elle se retrouverait toute seule.
Les voyages humanitaires pouvaient être une expérience merveilleuse, d’après Min Ji, du moins, et c’est en partie pour ça qu’elle voulait partir, ou du moins c’était pour ça qu’elle y pensait. Mais elle ne comprenait pas vraiment la réaction que Jung venait d’avoir. Pourquoi s’énervait-il à ce point contre elle ? « Mais… Mais… », commençait-elle, mais elle n’arrivait pas vraiment à en placer une, car Jung lui faisait un grand discours pour… la faire renoncer à cette idée de partir. Un peu blessée qu’il ne veuille pas qu’elle voyage, et aussi un peu triste qu’il préfère qu’elle reste chez eux toute l’année pendant que lui, il partirait certainement aux quatre coins du monde. « Hey mais laisse-moi parler, s’il te plait Jung, ne t’énerve pas pour si peu… », dit-elle d’une toute petite voix. « Je pourrais toujours travailler mes cours, et peindre aussi ! Je ne vais pas m’inscrire pour participer à un échange scolaire en Europe. Je veux juste aider un peu et sortir de Cambridge. Je suis toujours là. Ou chez moi ou à Harvard.. Je n’ai pas le droit de bouger ? », lui demanda-t-elle, un peu hésitante, et perdue aussi. Elle ne partirait pas s’il ne voulait pas qu’elle parte, elle le savait, et elle avait toujours su qu’elle se rangerait toujours à ce que son mari lui dirait ou lui demanderait de faire, mais ça la blessait quand même un peu, de se dire que, s’il le lui demandait, elle ne pourrait pas faire ce qui lui plairait.
« Et puis… De nous deux, c’est quand même toi qui voyage le plus. Pourquoi est-ce que tu voudrais que j’ai un problème ? », lui demandait-elle sans le regarder cette fois. Elle voulait continuer et ajouter quelque chose, aussi, mais elle hésita. « Et puis, quant à mon avenir… J’ai toujours su que je le passerais dans une maison à t’attendre. C’est ce qui devait se passer. Toi, tu n’as pas eu le choix de la personne que tu épouserais, moi, je n’ai pas le choix de mener la vie que je voudrais. J’ai pas grand-chose de plus à espérer. Tu le sais tout aussi bien que moi ». Elle murmurait presque, en disant ça, et elle ne l’avait pas regardé une seule seconde, un peu triste mais surtout résignée. Elle posa le coude contre la portière de la voiture, et elle appuya légèrement son visage contre l’une de ses mains. Elle fixait le paysage, pensive, et elle réfléchissait à ce qu’elle venait de dire. C’était tellement vrai. Quand elle y pensait, elle avait bien des choses qu’elle aimerait réaliser, mais quand elle s’imaginait d’ici une dizaine années, elle se voyait habiter dans une immense et belle maison, avec beaucoup d’employer pour s’occuper des tâches ménagères, de la cuisine et du jardin, à Séoul peut-être, à préparer des dîner d’affaire pour Jung, éventuellement, mais personne pour rester avec elle. Elle s’imaginait toute seule à attendre le retour de Jung, parti pour le vernissage de l’une des nouvelles galeries qu’il aurait ouvert quelque part dans le monde, assise dans le salon ou à peindre dans le jardin. Elle ne manquerait jamais de rien, mais elle resterait toujours toute seule à ne rien faire de particulier. toute seule et sans enfants.