Kathleen Buchanan ► Brittany Robertson

Si je vous dis Amish, qu'est ce que cela vous évoque ? Peut être moins de liberté, du marginalisme, vivre reclus en pleine campagne, aller à l'école entre nous, entendre parler de religion à longueur de journée, ne rien pouvoir faire comme une jeune de son âge. Et bien je dois avouer que c'est à peu près cela. Bien sur il y a des points positifs comme le fait qu'on est tous liés et l'entraide est très présent entre les membres de la communauté mais en dehors de cela, on est régis par un chef et ce grand manitou n'est autre que mon père, celui qui m'a élevé, il se prend pour Dieu si bien que cela m'a toujours fait rire car est ce que Dieu avait plusieurs femmes ? Je ne le pense pas. Mais revenons en à mon histoire.

Je ne suis pas née au sein même de la communauté Amish -à vrai dire j'ignore même où je suis née-, je sais juste que je suis arrivée tout bébé au sein de cette communauté toute particulière nichée au fin fond de l'Ohio, dans la petite ville de Columbus que je n'ai pu visiter qu'une fois bannie de la communauté ou quand on a eu 16 ans pour aller faire la fête -fête qui a plutôt mal tournée pour moi sans en arriver au viol fort heureusement-. J'ai donc grandi au sein d'un peuple éloigné de toutes communications possibles, de toutes les populations. D'ailleurs, aucun portable n'est autorisé là où on vit, l'école se fait par une personne de chez nous, on va prier quasiment quotidiennement, bref une vie de marginale m'attendait sans le savoir et pour cela je devrais remercier ma vraie mère qui m'a laissé ici. Pourtant contrairement à tout cela, je n'ai jamais manqué d'amour et je ne suis si certaine que ma véritable mère m'aurait offerte plus d'amour que ce que j'ai pu recevoir en 18 années avec mes parents Amish. Alors au final elle m'a sauvée de la galère dans laquelle elle a pu m'avoir mais je n'ai jamais cherché à la retrouver, je n'en ressens pas le besoin pour le moment. Un an après mon arrivée, ma maman Amish est tombée enceinte de jumeaux, créant ainsi la surprise auprès de tout le monde, je n'avais qu'un an quand je suis donc devenue une grande soeur mais je les ai aimé dès que je les ai vu. J'avais gagné un petit frère et une petite soeur et cela remplissait de joie, j'aidais comme je pouvais au fur et à mesure que je grandissais ma maman à gérer la maison et les deux petits. Parce que mon père était toujours très occupé vu qu'il est influent chez nous. Une vie paisible dans un univers coupé du monde, un vrai petit cocon me direz vous, on peut dire cela comme ça et pourtant étant d'un naturel assez curieux et malgré le fait que j'aimais me réfugier dans les livres quand l'ennui me faisait sentir, je n'avais jamais d'amis avec qui parler de mes livres, en dehors de mon frère et de ma soeur et des autres enfants Amish. Mais n'étant pas née comme eux au sein des Amish, j'étais souvent considérée comme une étrangère et Dieu sait à quel point les enfants peuvent être horribles entre eux.

A l'âge de 16 ans, on a pu sortir un soir en ville -autant dire qu'on en a profité voire un peu trop d'ailleurs- mais ce n'est pas tous les jours qu'on peut aller à une fête située pas loin de la communauté après tout. Seulement voilà une chose plutôt horrible m'est arrivée ce soir là, je me suis faite agressée par deux hommes, du moins ils voulaient profiter de moi mais je me suis débattue et alors qu'ils allaient me violer, un jeune homme est venue à ma rescousse, il m'a en quelque sorte sauvée de leurs sales pattes de violeurs. Je n'en ai jamais parlé mais après cela, j'ai poursuivi la soirée et me suis rapprochée des filles. Pourquoi ? Je n'en sais rien, peut être parce que je trouve les garçons immatures de se comporter uniquement en pensant à ce qu'ils ont entre les jambes et non avec leurs cerveaux, ce qui n'est pas le cas avec une fille. C'est donc à partir de là que j'ai commencé à comprendre que j'étais attirée par les filles sauf que je ne pouvais pas le montrer une fois de retour dans la communauté alors je me suis renfermée un peu sur moi jusqu'à ce jour de novembre où lors de mes 18 ans, mon père est venu m'annoncer que j'étais promise à un vieillard -autant dire que je n'étais pas franchement ravie et que je ne l'aimais pas du tout aussi- et étant majeure aux yeux de la loi du monde réel, j'ai pu m'exprimer et faire comprendre à mon père ma façon de penser sur ce mariage que je n'ai pas choisi, d'autant plus que je préfère les femmes aux hommes depuis ce fameux soir de mes 16 ans. Il a donc décidé de me bannir de la communauté ce jour là pour avoir désobéi en refusant un mariage que n'importe qui dans la communauté ne peut refuser.

Me voici donc à 18 printemps libre de mes mouvements, sauf qu'autant de liberté fait peur quand on a été habituée à rester auprès de sa mère, son frère et sa soeur ainsi que les autres membres de la communauté. Je me suis demandé ce que j'allais faire, rester un peu dans l'Ohio ou quitter cette région qui allait me rappeler la bêtise que j'ai pu faire en provoquant mon père et en lui révélant mon homosexualité. La décision que je pris vint arriver très vite comme une évidence, je devais partir de zéro mais ailleurs que dans l'Ohio. J'ai donc fait du stop jusque Boston -une ville inconnue à mes yeux, tout comme le simple fait de faire du stop ou de prendre un bus-. Me voici donc dans une nouvelle ville, inconnue pour moi où tout est nouveau pour moi. En effet, la moindre petite chose technologique me fait sursauter dès que cela se met à sonner, je dois survivre durant une bonne année parce qu'à 19 ans et un jour où je travaillais pour ma survie, je fus interpellée par un homme plus âgé qui pourrait avoir l'âge de mon père d'ailleurs, il est venu à ma rencontre pour s'intéresser à moi en tant que personne car il avait remarqué que je vivais dans la rue, il voulait m'aider mais ça veut dire quoi aider les gens hein ? J'ignorais comment réagir face à cela mais je sais que je voulais sortir de cet enfer alors je l'ai suivi chez lui, il m'a un peu prise sous son aile comme si j'étais sa propre fille et aussi étrange que cela puisse paraitre mais je me suis étonnée à me confier à lui. Il m'a aussi parlé de l'importance de faire des études et a réussi à me convaincre qu'avec une demande de bourse, je pourrais entrer en littérature et histoire mais surtout qu'il ne me lâcherait pas de sitôt. J'avais bien quelques économies mis de côté depuis mon arrivée avec l'accumulation des petits boulots mais même si aller sur un campus avec pleins de personnes me faisait peur, je me suis laissée tenter parce que les livres sont ma vie et l'histoire aussi -c'est mon côté curieux qui parle-.

Me voici donc à l'âge de 20 ans en première année de littérature et d'histoire, j'allais devoir apprendre à arriver à l'heure en cours, à faire mes devoirs -même si ceci je connais vu qu'on en avait aussi à l'école de la communauté-. Bien sur tous les soirs, depuis que je vivais chez ce mécène et même avant, toutes mes pensées allaient vers ceux que j'ai laissé là bas dans l'Ohio, je ne regrette pas mais j'espère juste qu'ils vont bien. Ma vie a pris un tournant à partir de ce moment parce que les études, y'a pas à dire mais cela change une personne et cela la rend encore plus curieuse aussi, comme si on m'avait donné soif d'apprendre un peu plus. Pourtant je sais aussi m'amuser mais avec modération et raisonnablement. Aujourd'hui à 25 ans, je peux dire que j'aime ma vie actuelle, je suis aujourd'hui en 5e année, j'aime mes matières et je me débrouille plutôt bien en dehors de quelques retards car j'ai vite tendance à me mettre à rêvasser quand il faut pas et ce qui amène à un retard en cours pour panne de réveil. J'ignore encore que mon frère et ma soeur vont arriver à Boston pour me retrouver mais pour le moment je continue de découvrir le monde, de nouvelles têtes, de nouvelles choses, de nouvelles expériences. Comment va se passer la suite de ma vie ? Les retrouvailles avec mon frère et ma soeur ?

Depuis peu, j'ai découvert que celui que je considérais comme une frère depuis maintenant un peu plus de 5 années déjà m'avait littéralement menti sur mes origines puisqu'il connait mes parents biologiques, Aaron Miller. En effet, un soir où j'étais chez lui comme souvent à jouer aux jeux vidéos avec lui, je me suis perdue -comme toujours avec moi- et au lieu de me rendre dans la salle de bain, je me retrouve dans son bureau et j'y trouve une lettre laissée là sur le plan du bureau. Je tente d'obtenir des explications de sa part mais il ne m'en donne aucune -ou je ne lui en laisse pas le temps- puisque je pars précipitamment, me sentant trahie par une personne qui compte pour moi et que je voyais jusque là comme un grand frère. Au départ j'ai cru qu'il était mon père mais en y réfléchissant un peu plus près et en l'évitant aussi depuis des semaines, j'ai compris que ce ne pouvait pas être plausible dans le sens où il m'aurait eu très jeune vu mon âge. Alors peu avant le bal, j'ai décidé de prendre mon courage à deux mains pour aller demander des explications à Aaron sur cette fameuse lettre et il prit le temps de m'expliquer en détail l'histoire de mes vrais parents. Oui parce que c'est pas lui mon père mais son grand frère qui m'a eu à 15 ans. Ma mère et mon père étaient trop jeunes pour élever un enfant alors c'est un peu malgré eux qu'après ma naissance, ma mère a décidée de m'abandonner chez les Amish car elle savait que c'était une communauté pleine d'amour et que j'y serais bien élevée, elle ne s'était pas trompée en tout cas, même si j'aurais préféré vivre avec mes vrais parents comme n'importe quelle enfant. Me voilà donc avec une nouvelle famille à apprendre à connaitre encore plus mais comme je connais déjà Aaron il va me falloir rencontrer les autres membres de la famille, sauf que ce dernier m'a dit que ses frères et soeurs lui en voulaient pour l'accident d'une de ses soeurs -une de mes tantes en somme- car il était au volant. Mais je ne compte pas désespérer à apprendre à faire partie de cette famille, ma vraie famille. Après tout, je suis une Miller maintenant, même si je n'oublierais jamais les Amish qui ont été ma famille durant toutes ces années mais une page se tourne sur ce chapitre de ma vie. La suite s'écrit ensemble ...