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La journée s'annonçait parfaitement, remarqua la jeune fille tout en scrutant le ciel sans l'ombre d'un nuage. Le temps au beau fixe, Ève-Skye devait rejoindre sa meilleure amie au café, celle-ci devait lui présenter son mari qui se prénommait Jung selon ses souvenirs. N'était-ce pas étrange d'avoir une alliance au doigt si jeune ? Pour sa part, il lui aurait été impossible de se présenter en longue robe blanche dessinée par Jean Paul Gautier et prononcer le mot fatal : oui. Malgré son idéalisme et son adoration pour les histoires à l'eau de rose qui terminent toutes avec plein de petits enfants, elle ne pourrait jamais se résoudre à se lier ainsi avec quelqu'un, même s'il s'agirait de son âme sœur. Chassant ses idées de son esprit d'un mouvement du chef, la demoiselle continuait de s'apprêter correctement, rituel qui survenait chaque jour depuis son adolescence. D'ailleurs, ô grand jamais elle ne pourrait se permettre de sortir sans son rouge à lèvre sans lequel elle se sentait nue, ou encore ses vêtements de créateurs.
Dès qu'elle se sentit fin prête, elle osa un coup d'œil sur son reflet qu'elle jugea de tout à fait respectable : une longue robe bohème, une mince besace fluo ainsi qu'un panama chiné lors de son dernier séjour à Paris, ainsi qu'une paire de slippers signées Charlotte Olympia aux pieds. Un sourire conquérant étirait ses lèvres d'un rose éclatant tandis qu'elle penchait la tête sur le côté, s'inspectant sous tous les angles. Pour les personnes qu'elle aimait par dessus tout, Ève prenait garde à chacun des détails de son physique, étant d'une bêtise récurante il se devait qu'elle fasse bonne figure afin de ne pas faire honte à ses proches. De plus, ce rendez-vous n'était pas une simple virée entre copines, puisqu'il comprenait le mari de Minnie.
Suite à un dernier regard à l'horloge murale, Kennedy verrouilla sa porte avec une excitation qui l'habitant chaque fois qu'elle voyait du monde, exécrant se retrouver confinée seule bien trop longtemps. Malgré son avance, elle ne pouvait flâner et accéléra le pas, cherchant des yeux le point de rencontre qui tenait lieu en un café. La foule l'empêchait de se mouvoir à son aise, si bien qu'elle jouait des coudes afin de s'en dépêtrer, s'attirant de temps à autre quelques remarques à base de colère et d'étonnement. Par chance, elle y parvint enfin sans repérer pour autant ses amis... L'avaient-ils oubliée ? S'étaient-ils dit que ce n'était pas bien grave de lui poser un lapin ? Un mince pincement au cœur survenait tandis qu'elle s'asseyait à une table, guettant les voitures, dévisageant les clients.
Alors qu'elle pensait s'être fait abandonnée lachement, la voix merveilleuse de son amie lui parvenait aux oreilles, courant presque vers elle. D'un bond, la rouquine s'était levé afin d'accueillir Min dans ses bras, s'en voulant d'avoir oser songer qu'elle aurait pu la laisser choir. Son mari ne tarda à arriver, qu'elle lui présenta aussitôt. Ève profita de l'instant pour murmurer quelque chose à l'oreille de son interlocutrice. « Faut que je t'annonce un truc à la fin » puis se présenta comme si de rien était au jeune homme d'une grande élégance.
« Je suis Ève, Minnie m'a beaucoup parlé de toi ! »
La jeune fille trépignait rien qu'à la perspective de faire part de cette nouvelle à Minnie, à qui elle pouvait tout confier sans la moindre méfiance. Que c'était agréable de posséder de telles amies, à qui l'on pouvait déballer ses peines de cœurs comme ses joies incontrôlables, et dans ce cas présent il s'agissait de la dernière proposition. Qu'est-ce que cela la ravissait ! Comme à chaque fois qu'elle tombait amoureuse pour tout avouer, même si celui-ci était d'une perfection à rude épreuve. Alors que son interlocutrice souhaitait un minuscule indice, Ève lui lança un regard mystérieux avant de se concentrer sur Jung. Tien, celui-ci possédait le patronyme du grand psychanalyste en prénom... Quelle détail cocasse ! Songea la jeune fille tandis que ce dernier s'installait, vite imitées par sa femme. Presque aussitôt s'asseyait Ève à la vu du serveur, impatient de prendre nos commande : c'était justifié dans la mesure où le café grouillait de monde assoiffé. Sa meilleure amie se contenta d'un chocolat - par cette chaleur ?.
« Un ice-tea avec des glaçons, s'il vous plait »
Que Miss Kennedy adulait cette boisson ! Pour son côté désaltérant tout en restant délicieux... Si l'on omet les dernière gouttes qui sont insipides en raison des glaçons fondus. Ève faisait pianoter ses doigts sur la table fraichement débarrassée des consommations de leurs prédécesseurs, tant le silence était palpable. Fort heureusement, Minnie s'empressa de le briser par une seconde présentation , celle fois-ci beaucoup plus approfondie. Héritier d'un musée au Seoul ? Possédant tout aussi plusieurs galeries d'arts ? Impressionnant ne put s'empêcher de conclure la jeune fille à l'entente de ceci. Bientôt vint son tour, et elle dû s'avouer gênée de n'être définie que par la profession de ses parents, même s'il fallait avouer qu'elle n'avait de métier à elle ou autre. Sentant que c'était à son tour de parler, la jeune fille se lança sans vraiment savoir ce que l'on attendait d'elle.
« Minnie a dit un peu près tout... Sauf que je n'apprends pas le français, je le perfectionne, c'est la seule chose avec la danse où je suis douée. Sinon bah... J'fais un peu de mannequinat, mais juste de temps en temps. C'est pas un but en soi que de défiler, et puis je suis loin d'être assez parfaite pour le faire. Sinon, c'est pas bien passionnant, mais j'adore écouter les Kills, The Babyshambles, des trucs dans le genre... »
❝ Un apres-midi avec les gens qu'on aime ❞
Qu'elle appréciait la gentillesse de Minnie ! Peu de personne la rassurait sur ce sujet, même Shiloh n'hésitait aucunement à lui faire remarqué son idiotie - toutefois vantait sa beauté par ailleurs - dès que celle-ci survenait. Au fil du temps, Ève s'était habituée à ce genre de remarque, et ne les relevait pas tentant au mieux de ne pas faire transparaitre ses pincements au cœur. Son amitié avec elle lui était d'une importance insondable, et pour rien au monde elle ne souhaiterait que cela cesse. D'ailleurs, aucune chose, ni évènement, n'étaient en mesure de briser leur relation ; étant proche depuis leur petite enfance.
Cependant, la belle dû s'avouer choquée lorsque son amie se dévalorisait sur son art : Min était tout simplement fabuleuse ! Ses dessins avaient tout autant de vie que la réalité, et elle aurait donné tout ce qu'elle possédait pour avoir un tel don. Ses capacités artistiques se limitaient à la danse, pour son grand malheur : elle aurait préféré être douée dans toutes les matières. Cette dernière pensa avec amertume que sa meilleure amie vivait des instants parfaits, avec un mari génial, une physique superbe et un cerveau qui fonctionne correctement... Bien trop songeuse pour écouter parfaitement son interlocuteur lui faisant part de plus amples détails sur lui, Skye n'en percevait que la fin portant sur ses goûts musicaux. Supertramp ? Une pure merveille, notamment «Breakfast in America»
Cette chanson l'innondait de souvenir : sa première fois... Autant dire que ceci restait gravé au plus profond de sa mémoire, et elle se jurait de ne jamais oublier l'idyllique garçon avec qui ce fut arrivé. Un mince sourire sur les lèvres, la jeune fille fixait la table, comme s'il s'agissait de l'homme en question. Toutefois, il lui fallut sortir de sa rêverie pour se concentrer sur Minnie qui lui murmurait quelque chose à propos du chien de son mari. Comment ces adorables bestioles pouvaient-elles être un danger un public ? L'étudiante à toujours adoré les canidés, même si ceux-ci se montraient bien moins aimables et lui mordaient très souvent le postérieur.
« Mais c'est trop mignon les ienchs ! J'en avais un avant, un Jack Russel, mais mon père l'a perdu lors d'une ballade après qu'il ait cassé son vase favori... C'est triste que Vivi se soit enfuie... »
Sa candeur et sa naïveté l'empêchait de se rendre compte que son tant aimé père l'avait simplement laissé dans un chenil, ne pouvant supporter plus longtemps la terreur à quatre pattes. Dès qu'elle eut terminé sa phrase des plus puérile, le serveur fit son entrée, le plateau chargé de consommations et des leurs. Celui-ci ne manqua aucunement un regard vers le décolleté de la rousse avant de lui poser sa boisson avec un sourire intéressé. Flattée par cette attention, Ève lui adressa un regard aimable avant de porter le verre à ses lèvres. Le jeune homme posa la note sur la table, non sans oublier de préciser quelque chose.
« Pour la jolie rousse, l'ice-tea est offert, donc cela vous fera juste 4 dollars 90. »