blablabla j'ai pas d'idée de titre (jasper)

Aujourd’hui, je sortais enfin de l’hôpital. Cela devrait faire en tout trois semaines que je me trouvais ici, et j’étais vraiment heureuse d’enfin pouvoir en sortir. Je n’ai jamais aimé les hôpitaux. Cette odeur acre du désinfectant, cette atmosphère trop parfaite, je ne les supportais pas. Je suffoquais dans cet endroit, et pourtant, je n’avais pas le choix que de rester. J’avais eu bien trop de séquelles pour que je puisse simplement partir. Marcher avait été difficile au début, et il avait été important qu’outre mon amnésie, il n’y avait pas d’autres séquelles neurologiques. Visiblement, il n’y en avait pas eu d’autres. Je restais perdue dans ce monde. Je me souvenais quasiment de rien du Spring Break, comme si le dernier mois de ma vie avait disparu, envolé. J’essayais de positiver, je pourrais enfin être chez moi, tenir mes enfants dans mes bras, dormir dans mon propre lit. Je finissais justement de faire ma valise quand quelqu’un toquait à ma porte. Alaska était-elle déjà là? « Entrez ! »

Franchement ? Jasper en a marre des hôpitaux. Des catastrophes qui touchent ses proches, Harvard en général. Marre de s'inquiéter pour autrui, marre de l'odeur dégueulasse de ces murs, marre de dire « je viens voir une amie », marre de se rappeler de tout ça, dès qu'il passe la porte de l'établissement. Feldt avait été une des victimes du Spring Break, et l'homme avait été la voir quelques fois, quand son état était pire, puis moins inquiétant, puis sur la bonne voie. Puis.. une valise se dessinait dans le champ de vision masculin, entraînant un fin sourire. Un « Entrez ! » avait raisonné juste après qu'il ai toqué à la porte, et il s'exécutait dans la seconde. « C'est moiii ! » Et le son rejoint l'image. « Ca y est tu rentres ? » Fort en déduction cet ancien étudiant, n'est-ce pas ? « Tu crois que t'as le temps de manger de la glace ? » Lève le sac qui pendait au bout de ses doigts, un sourire amusé aux coins des lèvres. Le soulagement se lisait sur ses traits, heureux de voir qu'elle était bien plus en forme.

Je trouvais toujours qu’on gardait ls gens trop longtemps à l’hôpital, qu’y rester des semaines et des semaines ne servaient à rien, et ne pourraient surtout pas me faire revenir la mémoire plus rapidement. Je me doutais que c’était pour mon bien, qu’il me fallait un temps de convalescence, mais rester à l’hôpital ne me donnait que des frissons. Je détestais cette endroit. Je ne l’ai pas aimé aujourd’hui, ni dans le passé. Puis, j’avais cette idée que de garder quelqu’un longtemps à l’hôpital n’était que pour remplir les poches de l’hôpital avec beaucoup d’argents vu le prix des frais que j’allais devoir payer. Bye bye des vacances aphrodisiaques pour l’été. J’irais surement participer au Summer Camp. C’était dans longtemps, j’avais encore le temps d’y réfléchir. J’avais d’autres chats à fouetter aujourd’hui étant donné que je sortais enfin de l’hôpital, et que c’était donc une raison de célébrer. La porte de ma chambre s’ouvrit alors, pour laisser place à Jasper. Un grand sourire s’affichait sur mon visage. « Oui, oui, et encore oui! » J’étais contente de le voir, qu’il soit venu pour ma sortie. Alaska allait venir aussi un peu plus tard. « Tu m’as apporté de la glace?! Merci, merci, merci ! J’avais l’impression de mourir de faim ici. Je suis sûre que j’ai perdu kilo, il faut que je les regagne, et la glace c’est parfait. T’as pris quoi comme saveur? » Demandais-je toute excitée à l’idée de manger de la glace. Peut-être que je ne me souvenais même plus du goût que ça avait.

Venir à l'hopital pour te voir le quitter, d'accord, je veux bien. Là, j'dis pas, le sentiment n'est plus si lourd qu'il l'est d'habitude quand je viens dans ce lieu aseptisé. D'ailleurs, un sourire inhabituel dans ces murs orne mon visage réjouit. T'es plus belle quand t'es guérie. « Oui, oui, et encore oui! » Allez, expose tes dents blanches, et va la prendre dans tes bras. En faisant attention d'être délicat, évidemment. « J'ai cru que t'allais devoir changer ton adresse pour mettre celle de l’hôpital ! » Tellement c'était long, ce séjour. Mais eux ils s'en foutent après tout, ce n'est qu'un lit prit, un nom sur un dossier. La relâchant, après lui avoir plaqué un baiser sur la joue, ses billes vont sur le sachet des délices. « Tu m’as apporté de la glace?! Merci, merci, merci ! J’avais l’impression de mourir de faim ici. Je suis sûre que j’ai perdu kilo, il faut que je les regagne, et la glace c’est parfait. T’as pris quoi comme saveur? » Ses lèvres se font rieuses, et l'homme s'assoit sur le lit de l'ancienne patiente, se débarassant de ses chaussures pour se mettre en tailleur, le sachet sur ses jambes. Ouais, il se met à l'aise. Mais avec Feldt, on fait pas dans les manières. « J'accepte la mission de te faire prendre du poids. Je sais pas faire l'inverse de toute façon. » Qu'il raille, assez conscient de son art de la mal-bouffe. Heureusement qu'il fait du sport. « Alooooors, j'aaaai.. » Il avait prit des pots dans une glacerie réputée. Fouillant dans le sachet, il énumère : « Une glace au caramel beurre salé... une auuuux cookies, y en a une aux fruits rouges aussi, et une au chocolat avec des morceaux dedans. Ah, et une aux spéculoos aussi. » Ouais, y en avait largement assez. Mais l'indécis n'avait pas réussi à se décider. « Choisit ! Et me dit pas qu'il y en a aucune qui te plaît. » Enfin si, elle peut, mais il avait enlevé ses chaussures maintenant, ça serait dommage de le faire ressortir.

Les trois dernières années, j’avais la sensation que je passais plus de temps à l’hôpital qu’autre chose. Peut-être que ce n’était qu’une sensation, étant donné que j’y étais souvent pour des longues périodes. Il y avait l’accident après bal, où j’avais failli perdre mes enfants. Puis après ma rupture avec Wyatt, suivi de mon accouchement, l’épidémie, ma paralysie, quand Andy m’avait tabassé, et puis maintenant. Cela en faisait beaucoup. Je devrais prendre une carte d’abonnement pour l’hôpital. Qui sait j’aurais peut-être des réductions? J’essayais de faire du mieux que je pouvais pour rester positive. Rien n’allait vraiment ma vie. J’avais perdu une grande partie de ma mémoire des derniers mois. Mon coeur avait flanché, et a présent, j’étais insécure sur mon future. Ne laissant rien paraitre, je souris en voyant Jasper traverser la porte de ma chambre d’hôpital une dernière fois. « M’en parle pas! » Un vrai calvaire cette histoire, que s’était étirée bien trop longtemps. « Bien, je ne t’aurai pas vraiment laissé le choix de toute façon. » Je refermais ma valise, enfin terminée, la déposant par terre au pied du lit avant de rejoindre Jasper sur celui-ci. Une dernière fois. C’était tout de même étrange de se dire que ma vie ici prenait une fin. La fin d’un ancien chapitre, et le départ d’un nouveau. Les médecins et infirmières m’avaient dit de ne pas m’inquiéter pour mon amnésie, et de simplement prendre la vie comme elle était. Facile à dire quand on avait cette constante sensation qu’on nous cachait quelque chose. Je n’avais pas revu Hardin depuis ce fameux jour. Comme quoi, on nous traitait différemment une fois malade. « Je prends caramel beurre salé ! » M’exclamais-je. Rien que l’idée de manger de la glace me faisait saliver. J’allais être au paradis.

J'ai une putain de bonne étoile au dessus de mon crâne precieux. Mais vous savez, je suis plutôt sur qu'on se force à me garder intacte pour mieux m'abimer d'autres façons. J'ai vu Leandra y a deux trois jours en venant voir Feldt, dans un couloir, et la mémoire lui fait aussi défaut. Je vous jure que je prends sans problème vos maux. Pour vous en décharger déjà, et pour m'apaiser l'esprit. Des paroles d'épargné, évidemment. Parce que Jasper, je doute que tu veuilles oublier les bons moments. Ces coups de gomme qu'on fout sur la mémoire, ca choisit pas, ça fait pas le tri entre ce qui nous arrange ou pas. Ca efface, sans scrupule. Alors je fais ce que je peux, je ramène de la glace, c'est simple de la glace, tu choisis ce qui te fait envie. J'en ai pris plein, pour que t'ai le choix, que t'ai pas à hésiter trop longtemps. " J'aurai finis par te kidnapper, si ça durait trop longtemps. " Qu'il lui avait glissé juste avant, avec un air du type qui plaisante, mais où tu sens bien qu'il en aurait été capable. Je suis un con peut-être, un égoïste petit con égocentrique, mais je fais ce que je peux pour mes proches. Et je considère que tu en fais parti, particulièrement depuis quelques mois. En lui tendant la glace demandée et une petite spatule servant de cuillère, et après avoir plongé la sienne dans le pot de glace spéculos, il se pince les lèvres. Hésitant, un instant. "Ca va revenir ? Ta mémoire va revenir ?" Je sais qu'on fait que de te demander ça. Je le sais, j'en suis désolé. "Tu te rappelles que t'es venue me voir à New-York ?" Ses billes bleutés la sonde. "Et de tes cours ?" C'est tout Jasper. Le mec pense à lui, puis aux cours. "Je t'aiderai à rattraper, si t'as besoin." J'me sens tellement inutile, quand t'es là dans cet hôpital. Je fais ce que je peux pour servir, même si ça peut paraître risible.

J’étais bien contente que Jasper vienne me voir pour ma sortie de l’hôpital. J’avais besoin de quelqu’un avec moi, autre que ma soeur. Alaska avait tellement fait pour moi les trois dernières semaines que j’aimerai qu’elle prenne du temps pour elle maintenant. J’allais bien, je savais marcher, respirer, manger, prendre ma douche, m’habiller. Je n’avais pas besoin que quelqu’un s’occupe de moi tous les jours, et il était aussi important que ma soeur ne se retrouve pas toujours coller avec moi. C’est pour cela qu’en sortant, je devrais essayer de reprendre ma vie, avec les jumeaux, les cours, mes amis. Avoir une vie des plus normales les médecins avaient dit. C’est toujours drôle ce qu’ils disent quand ils ne sont pas dans nos chaussures, comme si savoir la théorie voulait dit qu’on savait ce que la personne ressentait. Rigolant, j’ouvris la boite de glace qu’il me tendait. « C’est pas vraiment un kidnapping si je suis consentante ! » Ce n’était vraiment pas trop tôt pour que je sorte. A l’hôpital, je me sentais encore plus malade que je ne l’étais vraiment. J’enfonçais ma cuillère dans le pot de glace, espérant la réchauffer un peu pour pouvoir la manger plus facilement. « Je sais pas. » Dis-je doucement. Pour ma mémoire, il n’y avait pas de solution miracle, pas de médicaments, pas de petites machines qui pourraient m’aider, même pas l’hypnose. Souriant à sa question, j’hochais la tête. « Oui, je m’en souviens. C’est tout depuis janvier que je me souviens pas. » Ce qui posait un problème car apparemment il y avait des trucs qui s’étaient passés durant cette période. « Je veux bien, parce que j’ai reçu ma date pour ma défense de thèse et bah je me souviens pas de grand chose. Ça va revenir, je pense, j’espère. Sinon, j’aurais un petit problème. » Quand même horrible quand on a passé deux ans sur un aussi gros projet et que quelque jours après l’avoir rendu, on ne s’en souvenait pas.