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Qui ne tente rien n'a rien.
Le printemps avait enfin fait son apparition à Harvard. Les sublimes parcs bordant la prestigieuse Université se paraient peu à peu d’une magnifique couverture verdoyante et florissante. Les arbres fruitiers offraient leurs premiers bourgeons tandis que des fleurs jaillissaient timidement du sol. Tout incitait à la détente et à la réflexion. Cependant, personne ne semblait partager cette vision des choses et tous les élèves s’agitaient frénétiquement sans même prendre le temps de s’arrêter afin de profiter de ce temps magnifique qui s’offrait à eux afin de signer la fin de l’hiver. Les examens de fin d’année étaient vraisemblablement dans tous les esprits, pour le meilleur comme pour le pire…
Décidant de se démarquer un peu de ses collègues et de cette nuée d’élèves incapables d’apprécier le calme et les bienfaits de l’arrivée du printemps, Carlisle avait choisi de s’installer dans un parc du Old Harvard, inspirant paisiblement l’air frais à l’ombre d’un grand saule. Cet instant de quiétude lui rappelait avec joie ses instants passés dans l’immense jardin de la propriété familiale. Durant ces années à la saveur si particulière, il s’était découvert une passion pour l’observation et l’analyse de tout ce qui croisait sa route.
Seul le tic tac du temps égrenant les secondes perturbait le doux chant des oiseaux. Par moments, des personnes traversaient son champ de vision mais leur présence était éphémère et insignifiante dans ce moment privilégié de symbiose avec la nature et de paix spirituelle. Une douce lumière baignait les lieux d’une lueur presque surnaturelle et pourtant, une présence se dégageait sans que le jeune professeur puisse en distinguer la source.
Cette étrange sensation d’être observé se fît de plus en plus forte et malgré ses tentatives afin de l’ignorer, Carlisle dû se résoudre à en chercher l’origine. Quelques mètres derrière lui, le jeune professeur aperçût une jeune femme se redressant avant de tourner les talons en direction du bâtiment principal. S’attardant un peu plus attentivement sur la silhouette fantomatique qui sortait de son sanctuaire, quelque chose sembla tomber du sac de la demoiselle.
Après quelques instants passés à peser le pour et le contre, il lui sembla évident qu’il ne pourrait plus replonger dans sa torpeur comme il avait pu le faire auparavant. Inspirant profondément avant de se redresser, il se mît ensuite à marcher en direction de la jeune femme, saisissant le carnet de notes au passage tout en posant ses yeux sur ce dernier. Quel ne fût pas son étonnement lorsqu’il constata qu’il était rempli de pages de notes sur diverses personnes : professeurs, élèves, personnel, citoyens. Les détails relevés étaient intéressants et démontraient sans le moindre doute un très bon sens de l’observation. Les déductions laissaient encore un peu à désirer mais tout ceci était prometteur.
Amusé par la situation, le jeune professeur ayant battit sa vie sur l’analyse comportementale et le recueil d’observations accéléra son pas jusqu’à rattraper silencieusement la demoiselle, posant une main sur son épaule.
« Excusez-moi, je crois que ceci vous appartient. »
Dit-il en affichant un grand sourire dissimulant sa curiosité envers son interlocutrice et cette manie de noter tout ce qu’elle voyait. Peut-être pourraient-ils discuter et permettre à Carlisle de satisfaire son éternel besoin de compréhension.
« Sans le vouloir, mes yeux se sont posés sur quelques feuilles de votre carnet. Vous avez du talent et un excellent sens de l’observation. »
Affirma-t-il, choisissant d’opter directement pour la franchise quitte à prendre le risque de recevoir une réponse glaciale à propos de son manque de tact et de respect pour l’intimité des autres. Qui ne tente rien n’a rien ?
Carlisle & Veïa
(Invité)