Eion-Winn "Winnie" Brody ► jeremy young

Si sa vie devait être un objet, ce serait un donut. Non pas parce qu'Eion-Winn était gourmand, quoique. Mais tout simplement parce qu'il s'était contruit autour d'un trou béant. Le trou provoqué par la perte de ses parents. Il n'avait que peu de souvenirs de la vie qu'il avait mené avant d'arriver aux Etats-Unis. Tout lui venait par flash, et tout tournait autour de cette fameuse nuit; la nuit où tout avait basculé. Ca fait un peu théâtral comme ça, genre phrase choc dans un documentaire mais c'était simplement la réalité, celle de Winn. Il n'avait pas plus de 6 ans l'époque et il se souvenait vaguement s'être pendu à la fenêtre de sa chambre en discourant sur l'importance d'une couche pour sa tortue Myrdhin. Il se souvenait avoir déclaré à ses parents qu'un bonhomme bizarre s'amusait avec leurs voitures mais ceux-ci avaient cru à des babillages d'enfant. Pourtant il l'avait vu, il se souvenait ce visage pâle, couturé de cicatrice mais surtout ses yeux; noirs comme les ténèbres. Ils n'avaient compris qu'en abandonnant un petit Eion-Winn conciliant aux bras de la nounou et en s'engouffrant de la voiture. Et celle-ci avait explosé. Ses parents n'étaient que deux pauvres catholiques qui avaient la mauvaise idée de s'installer dans le mauvais quartier en Irlande du nord. Et lui n'était plus qu'un pauvre orphelin, et de surcroît, le seul témoin du visage du meurtrier.

Toute sa vie, il avait été protégé, surprotégé. Il avait été placé dans le système de protection des témoins. Mais ce n'était qu'un enfant, qui voudrait d'un enfant au passé aussi lourd ? C'est de l'autre côté de l'Atlantique qu'on lui avait ouvert les bras. Il avait 7 ans lors que Mitch & Duncan l'avaient adopté. Un couple gay en mal d'enfant. L'un était avocat et l'autre travaillait dans les comédies musicales. C'est à New York qu'ils ont ramené leur petit protégé et qu'ils l'ont élevé de leur mieux. Ca, Winnie n'avait pas manqué d'amour, au contraire. Il baignait dans un océan de bon sentiment, comme pour combler le trou béant du donut. Alors il s'était laissé faire, il s'était laissé aimer et chérir, il avait grandi en ne développant que de bons sentiments pour le monde qui l'entoure, comme si le mal n'existait pas, comme si les 7 premières années de sa vie n'existait pas. Mais il se souvenait bel et bien, et il éprouvait une haine féroce pour cet homme qu'on avait jamais retrouvé. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Malgré son éducation douce, malgré ses habitudes pleines de gentillesse, il ne pouvait pas effacer cette part sombre de son être mais il pouvait la cacher de son mieux. Il en avait tellement honte...

Eion a toujorus fais de son mieux pour ne pas être un enfant à problème. Il travaillait bien à l'école, il était doué dans ses activités artistiques, photos comme musique, il s'épanouissait bien, tout le monde l'aimait. Oui-oui au pays des bisounours. Puis, quand Mitch a eu décidé qu'il était temps pour lui d'oublier Broadway et les comédies musicales, tout le monde était parti s'installer à Boston. Eion-Winn avait 15 ans, il était d'une timidité maladive et d'une gentillesse à toute épreuve. Il n'eut cependant aucun mal à s'intégrer à sa nouvelle ville. Il avait toujours été d'un naturel très conciliant et cherchait toujours à faire plaisir à tout le monde. Quand le moment fut venu de choisir sa fac, il n'était pas bien inquiet. S'il n'était pas pris à Harvard comme il le souhaitait, il irait ailleurs. Mais quand la lettre de son acceptation était arrivée, il avait ressenti un soulagement tel qu'il n'avait pas pu nier qu'il s'en serait voulu d'avoir raté cette opportunité en or. Cela faisait à présent 5 ans qu'il pouvait se targuer avec fierté de faire médecine à Harvard.