PHÈDRE DE CONDÉ-MIKAELSON ► elsa hosk

STUDENTS.
Pour être honnête, il y aurait bien eu une maison qui aurait pu l'intéresser. Elle en avait entendu parler bien avant d'intégrer Harvard et pensait déjà tenter de le faire dès sa première année. Il s'agissait de la Eliot House. Phèdre vient d'une famille aisée, surtout du coté de sa mère qui détient l'un des empires de l'art moderne français ainsi que plusieurs hippodromes du territoire. La jeune blonde a toujours été élevé dans un univers qui en dépasse beaucoup. Si elle n'est pas forcément élitiste envers la classe moyenne, elle ne peut nier qu'elle aime ce confort et qu'il serait stupide de le rejeter. Malgré tout, lorsqu'elle est arrivée à Cambridge, tout ce qu'elle a pu voir de cette maison n'a été que déception, en majorité. Une bande d'héritiers affamé en recherche constant de sécurité sociale en marchant sur les autres par simple soucis d'égo et de complexe de supériorité. C'est quelque chose qu'elle méprise au plus haut point et qu'elle trouve simplement d'une puérilité déconcertante. Avoir besoin de se battre de façon déloyale et à armes inégales pour obtenir ce que l'on veut est tout sauf un signe de richesse ou de puissance. C'est simplement de la lâcheté. Phèdre a un sens des valeurs peut-être trop prononcé pour cette maison qui semble bien trop individualistes pour elle. Elle parle bien sur de quelques uns, sachant qu'un ne fait tout mais par dessus tout ça est venu s'ajouter cette guerre sans fin avec les Mathers qu'elle trouve ridicule. Si elle était prête à ne pas juger la Eliot House pour son récurent manque de dignité, se rabaisser à jouer à la guerre de la sorte majoritairement pour suivre un dogme qui perdure depuis des années, trop peu pour elle. Surtout lorsqu'on voit que certains membres ne sont aujourd'hui pas loin de partager plus de points communs avec les verts que de raison. Les divergences devraient être individuelles, non collectives. Elle a donc décidé de rester Student, en attendant de voir l'évolution de cette maison qu'elle avait tant admirée par le passé.

Once upon a time

❝ It takes a very long
time to become young. ❞
CHILDHOOD.

« Phèdre, enfin ! Je t’ai cherché partout, le diner va être froid, tu as cinq minutes. » La voix autoritaire de sa mère résonnait presque encore dans le long couloir de box alors que la petite fille assise contre le mur n’avait toujours pas relevé la tête de son cahier. C’était toujours comme ça avec elle, la fillette était habitué et ne s’en formalisait plus. Maniant le crayon avec une habileté déjà hors norme pour son âge, elle entendait bien finir son croquis avant de dénier obéir à l’ordre précédemment donné. Quand il en venait à sa mère, Phèdre détestait ce mot : obéir. Qu’on ne s’y méprenne pas, elle avait une notion très fine du respect de l’autorité et des adultes et elle la possèderait toujours. Mais dans la bouche d’Agathe de Condé, tout sonnait comme du mépris. Et c’était quelque chose qui avait toujours particulièrement agacé sa fille et son esprit aiguisé. Si elle ne s’en rendait pas compte, elle avait grandi trop vite, bercée dans cet univers de froideur et d’exigence, toujours plus importantes, perdue dans les méandres compliquées de son propre esprit, traversant les jours comme un flocon obéissant. Mais ses pensées étaient toujours bien loin de la pression maternelle qu’elle avait apprit -du moins en partie- à ignorer. C’est ce qu’elle essayait de se dire alors que son esprit juvénile glissait un dernier regard à son dessin et à la petite forme endormie qui lui avait servi de modèle en face d’elle. Le poulain né de la nuit semblait encore exténué, posé contre le flanc rassurant de sa mère. Phèdre sourit doucement avant de les laisser tranquille et de quitter les écuries. Le domaine de Chantilly était sa maison, celle qui l’avait vu naître et celle de laquelle elle était censée hériter plus tard. Tout ceci appartenait bien sur à sa mère, propriétaire du château transformé en musée d’art moderne, ainsi que de l’hippodrome associés et bien d’autres dans le reste du pays. Au contraire de sa femme, son père, entrepreneur norvégien, était d'une douceur et d'une bienveillance bien plus évidente envers sa fille unique, lui racontant souvent des légendes du pays où il venait, histoires qui avaient toujours passionné sa fille, au grand désarroi de sa mère. Parfois, elle se demandait bien ce qu'il pouvait faire ensemble. Pourtant, ils s'aimaient. Surement. Pour le peu de notion qu'elle avait de tout ça à son âge.

❝ i guess that's all forever is...
just one long trail of nows. ❞
ADOLESCENCE.

Elle n'avait pas envie de croiser son regard qu'elle savait braqué sur elle avec véhémence. Elle ne savait pas quoi penser de cette réaction. hèdre ne voulait pas prendre le risque de voir ses craintes se réaliser. Elle avait entendu tant de choses à son sujet, tant de choses qu’elle ignorait mais qui avait semer en elle la graine de trop, celle qui avait déclencher une réaction d’auto-défense qu’elle ne contrôlait pas. « Sérieusement ? Tu n’as vraiment rien d’autre à dire ? » Elle s’était faite avoir, ne l’avait pas vu venir. Et avant qu’elle ne s’en rende compte, elle était déjà enivrer de lui plus que de raison, plus qu’elle ne l’avait jamais été, plus qu’elle ne devrait jamais l’être. Et maintenant les gens parlaient. Et si elle n’aurait pas du les croire, le mal était fait et ne servait que de fausse raison pour justifier sa peur de l’abandon. Cela devait prendre fin. « Je ne crois pas devoir me justifier. » Elle l’entendit rire amèrement, et elle ne put s’empêcher de détourner son regard de ce qu’elle faisait pour le poser sur lui, regrettant son geste au moment-même ou elle le faisait alors que les souvenirs liés au corps qui l’accompagnait l’envahissaient, saccadés et désordonnés. « Si tu crois me convaincre de quoi que ce soit, tu te trompes Phèdre. T’es qu’une putain de lâche, et rien d’autre. Toi qui crache continuellement sur tous ces fuyards que tu hais, tu t’alignes pourtant à leur niveau et moins encore. Merde, tu ne comprends pas qu’il faut que tu arrêtes de rejeter le monde entier ? » Si elle n’avait pas dit un mot, elle se contenta d’avaler sa salive sans perdre sa contenance. « Je crois que tu devrais partir. » L’adolescent la regarda un instant avant de tourner le dos et de partir dans un claquement de porte qui aurait presque pu la faire sursauter si elle n’avait pas ressenti qu’un immense vide embrumé par le va-et-vient incessant de son esprit dans les méandres de sa vie passé. Phèdre avait seize ans et une migraine croissante à lui faire exploser la tête. Alors qu’elle venait se lover en position foetale sur son lit, elle se dit que parfois, elle préfèrerait que ce soit le cas.

❝ if people were rain i was
drizzle and she was hurricane. ❞
PRESENT.

Le repas fut tendu et silencieux entre la mère et la fille. Phèdre allait avoir 18 ans et prenait l’avion pour Harvard le lendemain. C’était un marché qu’elle avait passé avec elle à la fin de l’année dernière, alors que son père et elle se séparaient et qu’il repartait pour la Norvège. Elle avait très mal vécu cette déchirure et l’absence nouvelle de son père, même si elle pouvait et allait le voir presque tous les week-end. Il était son pilier ici, le cadre qui l’empêchait parfois de se laisser envahir par toutes ses émotions et détails qui l’assaillaient. Maintenant qu’il n’était plus là, elle se sentait plus seule que jamais avec cette mère qu’elle admirait autant qu’elle la détestait. Leur relation n’en avait jamais été différente, aussi compliqué soit-il pour elles de se comprendre mutuellement et du faire un pas vers l’autre. Alors elles passaient leur temps à faire des compromis qui n’en étaient pas vraiment. Des menaces à peine masquée, du chantage, des marchés comme on en fait avec des étrangers. Le dernier en date concernait le départ prochain de Phèdre. C’était la raison pour laquelle elle avait accepté de rester à Chantilly avec sa mère. Elle qui voulait la voir intégrer une autre faculté tout aussi fameuse, la blonde lui avait dit Harvard ou rien. Parce qu’elle voulait s’éloigner et parce qu’elle avait souvent rêvé d’aller étudier aux Etats-Unis. Si elle n’en montrait rien, sa mère était perturbée de voir s’en aller son unique enfant, la seule qui avait aujourd’hui une place dans ce coeur qu’elle avait fermé il y a si longtemps. Elle aurait voulu lui dire de ne pas faire les mêmes erreurs qu’elle. Elle aurait voulu lui dire de ne pas se fermer aux autres comme elle l’avait fait, peut en importaient les raison. Mais elle avait oublié comment faire il y avait de ça des années, quoi que cela n’ait aucune importance. Phèdre la comprenait mieux que quiconque, elle qui était sa meilleure amie comme sa pire ennemi. Mais les chiens ne font pas des chats et elle se voyait jour après jour se noyer dans sa peur d’autrui et de l’emprise qu’ils étaient capable d’avoir sur elle si elle les laissait franchir cette barrière qu’elle ne baissait que trop rarement.

(Invité)