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Midi sonnait à ma grande horloge. Son tintement me devint agaçant, si bien que j'envisageai de m'en débarasser illico-presto. Mes maux de tête ne cessaient tandis que je m'affalai sur le canapé, une coupe de champagne à la main. Malgré mon apitoiement, je conservais un certain goût de la luxure qui me poussait à ouvrir mes meilleures bouteilles. Ses petites bulles me chatouillaient la gorge : que c'était agréable. Pas au point de me rendre ma joie de vivre qui m'habitait il y a quelques jours encore. Dire que j'aurais adoré pouvoir la serrer encore dans mes bras, sentir son parfum et sa peau contre la mienne... Je n'ai eu le droit qu'à une nuit qui tournait en boucle dans mon esprit désormais, et je rêverai de pouvoir la revivre. Songea-je tout en passant une main dans mes cheveux, et finissant les dernières gouttes. Ma lassitude était telle que je n'avais même plus le courage de la remplir dans la cuisine, ni d'amorcer quoi que ce soit. Pas même une descente dans les plaisirs sombres que me procurait l'héroïne ? Je fouillai avec une force nouvelle dans ma poche de jean, trop désireux de m'abandonner à ces merveilleuses sensations.
J'observai d'un regard pétillant le sachet de fine poudre blanchâtre : j'étais devenu aussi minable que mes clients de jadis, dépendant à une substance qu'on évalue à quatre-vingt euros le gramme. De plus, la douleur après l'envolée était atroce, si bien qu'il m'arrivait de vouloir me taper le crâne contre la parquet pour la faire cesser. Mes mains tremblaient tout en l'ouvrant légèrement, et je restai quelques minutes à contempler ma médecine. En avais-je vraiment envie ? Cette question me taraudait. N'était-ce pas une manière d'oublier ma solitude, et le vide important qui se trouvait devant moi ? Je le reposai sur la table basse et me dirigeai vers la salle de bain. J'avais définitivement besoin d'un peu de fraîcheur, je me convainquais tout en faisant couler l'eau du robinet. J'y trempais mon visage, me procurant un bien fou. Mon front brulait mes doigts tandis que j'auscultais ma peau tout en regardant mon reflet. De disgracieuses poches entouraient mes yeux, j'étais blafard. Une femme peut détruire en homme tout en faisant le bonheur d'un autre.
Alors que je pensai à attraper des habits convenable, une sonnerie retentit. Moi qui pensait avoir débranché mon portable dans l'espoir d'être détaché du monde! Je ne me préoccupais aucunement et enfilais un débardeur en lin pastel, dont la couleur donnait l'illusion d'une humeur plus que respectable. Je défis mon pantalon pour un en soie marine, qui était en réalité mon pyjama. Sa douceur était réconfortante et je ne le revêtais que lors des moments de blues. Le téléphone continuait de s'égosiller, et je n'en tenais nullement rigueur. La seule chose qui m'importait en ce bas monde tenait lieu en l'immondice qu'était la drogue. Mes pieds nus sur le parquet me conduisirent jusqu'à mon sofa de tout à l'heure, à la farine des plus suspecte. Sans guère plus attendre : je m'en saisi tout en m'asseyant. Il serait bien trop long de le condition en seringue, j'avais perdu mon briquet hier dans le métro. Je créais une mince ligne sur un livre de Tolstoi, et roulais un billet d'une somme auquel je ne prêtais pas attention. Je me penchais légèrement en avant, lorsque j'entendais des pas devant ma porte, et bientôt quelques coups sur celle-ci. J'y collais ma narine dans la seconde et inspirait la première partie, et je l'aurais achevé si ma meilleure amie ne se trouvait pas sur le seuil de ma porte : j'avais oublié de la verrouiller.
thekillingmoon
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