MICHEST (+) And yes, I’ll admit, I am jealous.

Onze heure et trente deux minutes.

Je ne veux pas aller dormir, pas si tôt. Je veux encore profiter de la journée qui n'est pas terminée. J'arrive à la Mather House pour faire la fête un peu plus longtemps et surtout pour oublier mon arbre généalogique s'agrandissant un peu trop à mon goût. J'enfile les verres remplis de différents alcool. Mon gosier est plus qu'anesthésié. Mon corps n'est plus qu'un pantin désarticulé. J'ai dû me pendre à des dizaines de cous différents au cours de ce début de soirée. Je n'ai pas touché aux joints qui circulent, j'ai bien trop peur des tours qu'ils pourraient jouer à mon esprit déjà perturbé. Je termine un solo de guitare imaginaire quand la poche de mon jean usé vibre. Je sursaute et attrape mon téléphone pour voir apparaître une nouvelle notification de Michael. Il vient de poster une photo avec une nana. J'écarte mon portable et l'approche de nouveau de mes yeux pour m'assurer que je ne rêve pas. Qui est cette bécasse pour se tenir aussi près de mon meilleur ami ? Prise d'une crise de colère ingérable, je descend de mon perchoir avec la volonté absolue de détruire la Lowell House. Je traverse les diverses parcelles de pelouse et finis par entrer dans la confrérie. C'est plutôt paisible, il y a quelques illuminés à droite et à gauche, pas de quoi prendre peur. Je fonce vers l'escalier et grimpe les marches deux à deux. Une fois dans le corridor, je trottine mains dans les poches de mon perfecto en cuir puis je me poste devant la porte de Michael. Je respire un bon coup, remet quelques mèches derrière mes oreilles puis j'entre sans toquer. Michael est derrière son ordinateur, casques sur les oreilles. J'ôte ses écouteurs d'un autre monde et me met à le fixer méchamment. " Ne fais pas cette tête d'ahuri, tu sais très bien pourquoi je suis là " lançais-je en croisant les bras sur ma poitrine pour instaurer une certaine distance.

© belzébuth

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Assis à son bureau dans sa chambre au premier étage de la Lowell House, Michael entra les dernières lignes de code de son programme et enregistra enfin le fruit de son dur labeur. Satisfait de lui-même, il se laissa aller contre le dossier de sa chaise en s’étirant, un sourire triomphant suspendu au coin des lèvres. Quatre heures qu’il travaillait sur ces lignes de code sans prendre même cinq minutes de pause. Il avait une raison légitime de se sentir fier, songeait-il. Fermant la fenêtre du programme, il décida de s’accorder un moment de détente bien mérité, et en jetant un œil à sa montre qui indiquait onze heures et demi passées, hésita brièvement entre rester dans sa chambre ou sortir au pub, probablement en embarquant un camarade Lowell au passage. Après une minute à peser les deux options, il opta pour la tranquillité, mit son casque sur ses oreilles, et lança un nouvel épisode de Breaking Bad. Alors que Walter White et Jesse Pinkman semblait à nouveau plonger la tête la première dans les ennuis, son téléphone vibra sur son bureau. Débloquant son écran, il constata qu’il s’agissait d’un sms de Katie, une doctorante en histoire qu’il avait rencontrée la veille à une soirée. Un léger sourire vint ourler le coin de sa bouche alors qu’il déchiffrait ses quelques mots, accompagnant une photo qu’elle avait prise d’eux à la fête. Chouette fille, cette Katie. Intelligente, drôle, et ravissante pour ne rien gâcher. Mike décida de lui répondre avec un compliment, puis posta la photo sur sa page Facebook presque sans y penser. Puis il retourna à son épisode.

Jusqu’à ce qu’une force invisible lui retire son casque de façon fort impolie. Surpris, Mike se retourna aussitôt sur son fauteuil, pour se retrouver nez à nez avec une Everest visiblement mécontente. Et sentant fortement l’alcool. Mike haussa un sourcil perplexe et leva ses mains en signe d’incompréhension.

« Si tu veux dire que je sais très bien pourquoi tu débarques dans ma chambre comme une furie et m’arrache à ma série, non, je n’en ai aucune idée, navré de te décevoir. » répondit-il en faisant pivoter son fauteuil pour lui faire face correctement, croisant à son tour les bras sur son torse pour l’imiter. « Alors, qu’est-ce que j’ai encore fait ? Même si je soupçonne ta colère d’être en partie due à l’alcool, je suis toujours ouvert au dialogue, évidemment. » ajouta-t-il avec un sourire en coin soulignant la moquerie qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’incorporer à son propos.

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Wow wow wow. Il se paie ma tronche là ? Je dérange monsieur, ah bon ? N'était-il pas en train de ressasser ses moments avec cette pimbêche avant que je n'arrive ? Ma tête tambourine, elle va exploser. Je suis absolument capable de réfléchir avec ou sans alcool. Qu'est-ce que c'est que cette réflexion à deux francs six sous sur mon taux d'alcoolémie ? Je passe ma main sur mon front douloureux. Si je pouvais ôter ce mal de crâne ça m'arrangerait. J'ai les oreilles qui sifflent en plus de ça. La faute aux enceintes. Je suis restée trop longtemps à côté de montagnes de décibels. J'attrape mon portable encore fourré dans la poche de mon pantalon puis je pianote mon code et je cherche la mystérieuse photo à l'origine de mon courroux. Une fois affichée à l'écran, je m'avance vers Michael encore assis dans son fauteuil. Je me penche à son niveau et lui colle mon mobile devant les yeux. Je ne dis rien, préférant qu'il s'explique avant. Pourtant, il ne semble pas décidé à cracher le morceau. Très bien, Everest va lui faire sortir les vers du nez. " C'est elle ta meilleure amie maintenant, c'est ça ? " je le dévisage de mes yeux bleus entourés de noir dans un élan de rébellion. Puis je fais demi tour et démarre une recherche sans but dans la chambre de mon ami, ou ex-ami s'il ne se décide pas à me rassurer. Y a beaucoup de bibelots issus des jeux vidéos, j'attrape une statuette mise sur un piédestal et la tend en direction du jeune homme. " Pour la peine, je vais kidnapper ton super héros ! " puis je sors par la porte encore ouverte en courant comme une gamine. Je dévale les escaliers de la Lowell House et finis par me planquer dans la penderie de l'entrée. Ça sent le patchouli là-dedans. Je gigote entre les blousons, la guitare et une toile. Le parfum mélangé à la marijuana finissent par me monter trop loin dans les narines, j'éternue. " Et merde ! Tais-toi Evy " mumurais-je en pouffant de rire.

© belzébuth

Elle était furieuse. Mike ne connaissait que trop bien ces yeux bleus qui lançaient des éclairs et cette expression qui signifiait si clairement qu’elle allait lui arracher les yeux avec les dents s’il cherchait trop à la faire sortir de ses gonds. Un but qu’il avait visiblement déjà atteint sans le vouloir, bien malgré lui. Enfin, Evy consentit à lui donner un semblant d’explication, dégainant son téléphone portable comme Clint Eastwood dégainait son colt dans Le Bon, la Brute et le Truand, et lui mit sous le nez la photo qu’il avait postée quelques instants plus tôt de lui et Katie. Incrédule, il la regarda faire les cent pas dans sa chambre.

« Quoi ? C’est ça le problème ? Tu es jalouse ? » demanda-t-il, partagé entre l’agacement et l’envie de rire. Mais elle ne lui laissa pas le temps de décider : avant même qu’il n’ait le temps de réagir, elle s’empara d’une figurine quelconque sur son étagère et la prit en otage, avant de prendre la fuite. Mike resta muet de stupeur une demi-seconde, avant de rouler des yeux et de bondir de son fauteuil pour s’élancer à sa poursuite. Si elle cherchait la guerre, elle allait l’avoir.
Manque de chance pour Evy, Michael avait un bon rythme de course et surtout connaissait l’endroit comme sa poche. Il n’eut pas de mal à entendre le bruit de ses pas disparaître au coin d’un corridor en bas des escaliers et s’y engouffra à son tour, avant de la perdre de vue. Seules des portes fermées lui faisaient face. Elle n’avait pas pu aller bien loin. Son instinct se confirma lorsqu’un éternuement provenant de la penderie attira son attention. Un sourire en coin, il ouvrit en grand la porte de la penderie, révélant une Evy échevelée, planquée entre une guitare et des manteaux sentant fort le parfum et la marijuana. Triomphant, Mike laissa son corps s’appuyer dans l’encadrement de la porte alors que son bras faisait barrage au cas où elle chercherait encore à s’échapper.

« Evy, Evy, Evy. Des fois je me demande ce que je devrais faire de toi. » soupira-t-il en secouant la tête, tel un grand frère désespérant face aux bêtises de sa cadette. « Peut-être qu’effectivement je devrais demander à Katie si elle veut devenir ma nouvelle meilleure amie. Même si ce n’est pas exactement ce que j’avais prévu avec elle, peut-être qu’elle sera moins jalouse et possessive que ma petite furie blonde. » ajouta-t-il sans pouvoir encore une fois s’empêcher de la chercher et tendit la main et lui ébouriffa les cheveux, au risque de se faire griffer ou mordre.

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J'éternue, et merde, je peux pas être une fille discrète pour une fois. J'hallucine ou bien la statuette vient de me causer ? Elle me dit de me taire et de ne pas faire de bruit. Je lui répond lorsque Michael ouvre la porte du placard. Il m'a trouvé, il est trop fort. J'éclate de rire, je n'ai jamais eu de grand frère ou de grande soeur, ça me donne la sensation d'être dominée et prise en flagrant délit. Lorsqu'il mentionne le nom de sa soit disant Katie et qui énonce le fait de me remplacer, je saute sur lui en grommelant. " T'es méchant ! Tu m'aimes plus ! " je cogne à plat sur ses pectoraux et finis par étaler ma joue contre sa poitrine, épuisée par la soirée que je viens de vivre. Le corps à ses limites. " Mickey tu me proeueu promets que je resterais ta mei meilleure amie... ? " demandais-je en le regard en contre plongée. Je dois avoir une sale tête mais je m'en fiche. Je me fiche de l'apparence que je renvoie parce que normalement Mickey il s'en fout que je sois barbouillée. Mais Katie a l'air en tout point meilleure que moi. Je boude tout à coup, j'ai le blase. C'est sûrement le contre coup de l'alcool ça. " Je vais replacer ton jouet tu viens ? " dis-je en me détachant du jeune homme et en me dirigeant vers l'escalier. Je grimpe au ralenti et entre de nouveau dans la chambre de mon ami. Elle me paraît plus grande et différente, je ne sais plus où je l'ai trouvé. J'attend que Michael revienne et lui tend. " Je sais plus où je l'ai prise désolée " dis-je comme une fillette. Après m'être débarrassée de la statuette, je m'écroule sur le lit et attrape un coussin que je serre contre ma poitrine. " J'ai trop bu... " lâchais-je en fixant le plafond.

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