Invité
est en ligne
Invité
|
En attendant les beaux jours.
Hitomi & Lysandre
Le langage officiel pour moi c’est le ventre. Je ne vais pas le cacher, j’adore manger. Et ce qui est bien dans tout ça, c’est bien ça ! Je sais que je ne vais pas résister très longtemps. En fait, j’y passe au moins une fois par jour. Tout dépend de l’heure surtout. Petit-déjeuner quand j’ai le temps. Repas sur le pouce, vive les commandes via smartphone. Je prends ma commande, pas besoin de faire la queue, entre deux cours ou j’essaye toute sorte de boisson et le soir où j’explose mon ventre.
McDonald’ c’est ma grotte d’Ali-baba, le repère de Sinbad le marin etc. Mal bouffe dit-on ? Après tout dépend de l’individu. Le côté positif ici, c’est bien la nourriture. Je ne vais pas dire que je ne mangeais pas de la viande tous les jours chez moi. Mais certains produits sont vraiment vraiment beaucoup plus chers. Et puis, ça me change aussi, j’ai toujours une réserve de chose que ma tante me prépare et il arrive même que Shun passe tôt pour me donner un bento. Le soir c’est plus sur mon lieu de travail. Donc entre ma nourriture d’origine qui est très très saine et les calories à gogo, je me fais plaisir.
A l’heure qu’il est, je choisis de rentrer et regarder ce que je pourrai prendre. C’est toujours pareil, le choix est trop difficile. Je me suis promise de tout goûter et d’envoyer à Keiko une photo.
Le Mocha
Le Mocha viennois
Le Mocha saveur caramel
Le Mocha viennois saveur caramel
Le Mocha saveur chocolat blanc
Le Mocha viennois saveur chocolat blanc
L’expresso
Le ristretto
Le double expresso
Le café allongé
Le café au lait
Le cappuccino, etc etc etc
La liste est encore longue. Je me décide tout compte fait à prendre un latte macchiato saveur chocolat. On verra ce que ça donnera.
Pendant que je fais la queue, je prends mon Samsung et je tweet un petit truc. Je suis souvent sur les réseaux sociaux. J’ai été contaminée depuis pas mal d’années et il est vrai que Keiko et moi nous nous envoyons beaucoup beaucoup de mail. Notre relation à distance est presque la même que celle que j’entretenais avec Dana avant mon arrivé ici sauf qu’elle était une totale inconnue. Keiko et moi sommes amies depuis l’enfance, la très petite enfance même. Elle est à l’université pour femme d’Osaka qui est adjacente à l’université d’Osaka. Via l’oiseau blanc, elle a rencontré des étudiants suite à une annonce sur tweeter. Elle m’a parlé d’une communauté : le Sakura Day, c’est lors d’un piquenique sous nos chers arbres que la rencontre c’est fait. Tous différent les uns et les autres, pas dans les mêmes sections d’études mais ils s’entendent bien. Elle est toujours avec Yuki et elle est heureuse. Le fait qu’elle va bien me rassure énormément. Je ne sais pas quand je reviendrai au Japon. Je crois que j’ai mis la barre très haute. Mais bon, ma famille compte sur moi, je n’ai pas le droit de les décevoir parce que je me sens seule et perdue par moment. Heureusement les week-ends, je peux rentrer chez mon oncle. Je décompresse un peu car après c'est mon antre qui m'attend avec des révisions assez acharnées. La préparation du Step1 n'est pas de tout repos, sans ça sayônara Step2, sayônara le titre honorifique de Doctor of Médicine. Encore neuf ans voire plus si je prends une spécialité et si tout se passe bien.
Je commande enfin ma boisson et je prends par la même occasion un donut’s. Je crois que ce sont mes gâteaux préférés. Après, les muffins ou les brownies, c’est vraiment de temps en temps.
Je paye et je vais m’installer près d’une fenêtre, je peux voir ainsi la fourmilière qui est juste à côté d’ici. Harvard = Fourmilière, ça grouille de partout, une ville dans une ville, c’est assez surprenant qu’ici c’est un autre mode de vie, les femmes sont plus libérées et s’affichent sans complexe, c’est effrayant surtout. Je n’arrive pas encore à m’y faire. Trop de réserve chez nous, trop de discipline, on ne s’en rend compte quand on part loin du pays. Les seules qui ne se cachent pas au Japon sont ceux qui ont décidé de leur propre chef d’être ceux qu’ils sont au plus profond d’eux. Je me cherche encore. Qui suis-je en réalité ? Tel est la question. Je suis pour le moment, une provinciale d’Osaka qui fait ses études de médecine dans l’une des plus grandes universités du monde.
© Belzébuth
(Invité)