MICHAEL CAVELL ► tom hiddleston

Il y a dans les yeux bleus de Mike quelque chose de son Ecosse natale – ce je ne sais quoi d’un brin mélancolique, de lointain, agité par le vent sur les falaises et émerveillé par les aurores boréales de l’hiver. Michael Cavell est né sur les îles Shetland, tout au nord de l’Ecosse, dans le petit village côtier de Walls. Son père y avait trouvé du travail comme marinier peu avant sa naissance, et sa mère se consacrait à leur foyer. Michael savait que la vie n’avait pas été facile pour eux avant de trouver refuge dans ce havre de paix coupé de tout, mais il n’en avait jamais su beaucoup plus, sinon qu’ils avaient vécu et galéré du côté de Glasgow et de Kirkwall. Mike avait fait son collège et son lycée en internat à Aberdeen, dans les Highlands, avant de recevoir son diplôme de fin d’études et de rentrer à Walls en attendant de décider quoi faire de sa vie. Gamin intelligent, débrouillard, très créatif, il travailla pendant deux ans aux côtés de son père sur les bateaux du port et consacrait son temps libre à la peinture, une forme d’expression qu’il affectionnait particulièrement. Encre de Chine et aquarelle étaient ses formes de peinture préférées, et Walls, ses habitants, et les terres désolées des Shetlands étaient ses principaux sujets d’inspiration.

A vingt ans, il décida de rejoindre le Edinburgh College of Art à Edimbourg, où il étudia la peinture et les arts plastiques pendant trois ans. C’est à cette époque-là qu’il commença à s’intéresser aux ordinateurs et à l’informatique, en grand féru de comics et de science-fiction qu’il était. Consommateur invétéré de jeux vidéo, il comprit bien vite qu’il ne pourrait jamais vivre de sa peinture malgré son talent, et décida de se réorienter en effectuant une nouvelle licence, en informatique cette-fois, dont il sortit diplômé à vingt-six ans. Il enchaîna aussitôt avec un Master, dans lequel il se spécialisa en game design : convaincu des possibilités infinies du jeu vidéo dans les années à venir, il tenait absolument à être sur le devant de la scène lorsque les progrès graphiques permettraient aux développeurs d’accomplir de véritables prouesses techniques et révolutionner l’art de jouer.

Jeune homme passionné, curieux de tout, c’est un immense imaginatif que les barrières frustrent considérablement. L’atmosphère d’Edimbourg, comparée à la liberté sans borne des Shetlands, l’a toujours étouffé, et il n’était pas rare de le voir prendre sa voiture pour partir plusieurs jours en escapade dans les Highlands, où il pouvait peindre et réfléchir en toute tranquillité, ou en emmenant des amis avec lui pour un voyage de groupe. Mike a toujours eu l’âme d’un leader, de quelqu’un qui rassemble, qui fédère autour d’une idée. C’est comme ça qu’à l’obtention de son Master à vingt-sept ans, il a convaincu un ex-camarade de classe de fonder avec lui un studio de développement de jeu vidéo, appelé Red Bicycle Games cause de leur intérêt commun pour la magie et en particulier les tours de carte. Si Mike était le développeur et le cerveau créatif, Archie était l’organisateur, le logisticien capable de penser à tout et de convaincre tout le monde, un bras droit à la hauteur de leur entreprise. Deux ans plus tard, ils recrutèrent aussi une toute jeune auteure particulièrement douée, qui devint l’auteure de tous leurs jeux et leur valu leur tout premier prix. Mike, Archie et Megan, le trio inséparable et les étoiles montantes du jeu vidéo indépendant, avaient un avenir brillant devant eux.

Pendant les deux années qui suivirent, ils travaillèrent d’arrache-pied sur leurs projets, développant plusieurs petits jeux originaux, poétiques, et intelligents qui rencontrèrent un franc succès dans la communauté des gamers avertis. Hélas, Megan sombra dans la dépression après la perte de sa mère dans un accident de voiture en état d’ébriété. Cherchant comment soulager la peine de leur amie, Mike et Archie décidèrent d’utiliser une partie de leurs revenus pour exaucer le rêve de Megan : partir aux Etats-Unis. Megan était encore jeune, elle aimait apprendre, et ils savaient qu’elle voulait reprendre ses études sans oser le leur dire – de plus elle était à moitié américaine et ils savaient qu’elle rêvait d’intégrer l’université d’Harvard. Ils l’encouragèrent à postuler, et Mike en profita pour envoyer sa candidature également, souhaitant développer ses capacités à travers la recherche et explorer les possibilités disponibles en milieu universitaire.

Ils furent tous les deux reçus avec succès, et il fut décidé de délocaliser Red Bicycle Games aux Etats-Unis. Mike commença son doctorat en informatique en 2013 au moment où Megan commença son Master, pendant qu’Archie consacrait tout son temps à leur studio. Grâce aux recherches de Mike et à leur succès aux Etats-Unis, le trio put développer son premier jeu d’envergure en deux ans, un jeu dont la beauté graphique mêlant peinture et digital a été louée à de nombreuses reprises, et dont le thème du voyage dans le temps et le gameplay ont passionné les joueurs pendant de nombreux mois. Fort du succès de Clockwork, ils ont reçu suffisamment de fonds pour développer leur prochain gros jeu, Dream Invaders, qui traitera des rêves, de la dépression et du deuil, et qui constitue à ce jour le script le plus abouti et personnel de Megan, qui y met toute son énergie. Le jeu est très attendu par les connaisseurs, et les trois amis sont plus motivés que jamais, sans compter qu’à Harvard, les opportunités sont nombreuses…