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you are made of steel (lily)

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like a flower made of iron
BLAKE & LILY-ROSE

Blake jouait avec son crayon depuis tout à l'heure. Il regardait tour à tour la porte, puis ses notes de cours, totalement distrait. La raison de ce manque totale d'inattention était la jeune femme qui venait le rejoindre ici. Il ne l'avait jamais vu ni parlé de vive voix, mais cela n'empêchait pas qu'il était réellement proche d'elle, bien plus que toutes les autres personnes qui l'entouraient. Elle le comprenait mieux que quiconque, lui qui se sentait souvent incompris de la majorité des gens. D'ailleurs, sa main était douloureuse de la bataille de la veille. Encore une fois, on avait failli le mettre à la porte du bar dans lequel il travaillait... Un client lui avait sorti une connerie parce que son service ne lui était pas satisfaisant et Blake avait réagit de la seule manière qu'il connaissait.... en utilisant ses poings. Loin d'être quelqu'un de sensible, il l'était pourtant dans ses lettres avec Lily-Rose. Avec elle, il était la meilleure facette de lui-même, peut-être même mieux qu'avec Solenn, jadis. Il espérait que leur rencontre se passerait bien. Il espérait également que leur relation reste pareil. D'ailleurs, en parlant d'elle, la jeune femme entra finalement dans le Star Bucks où ils s'étaient donnés rendez-vous. Il se leva, souriant, mais il remarqua que quelque chose clochait. Derrière elle, il y avait une bombonne d'oxygène. Il resta donc muet l'espace de quelques instants, pensant se tromper de personne. Après tout, il ne l'avait jamais vu en vrai.
 
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« You are made of steel. »
       blake & lily
       
       


       
La dernière lettre qu’elle avait reçu de Blake datait d’il y a un moment maintenant. Il lui disait être à Harvard, cette même faculté où elle avait débarqué il y a quelques semaines à peine. Était-ce le hasard qui faisait bien les choses en les réunissant ainsi au même endroit, alors même que jusque-là, ils habitaient à des milliers de kilomètres l’un de l’autre ? Allez savoir. Quoiqu’il en soit, sa gorge l’avait immédiatement oppressée à l’idée de le rencontrer. La vérité, c’est que pour la première fois depuis très longtemps, Lily avait peur. Peur parce que si elle avait été d’une franchise absolue à son égard sur bien des sujets, elle avait juste omis de lui parler de sa maladie. Avait-elle joué avec lui en ne lui en parlant pas ? Elle estimait que non, la dimension écrite lui ayant accordé ce privilège de se sentir pour une fois libérée d’un fardeau qui l’accablait depuis des années. Et puis, elle avait aussi peur qu’il la prenne en pitié, et que son attitude envers elle change à cette idée pour une empathie qu’elle ne supporterait pas. Consciente que son mensonge (ou plutôt son omission d’information) allait éclater au grand jour, Lily prit malgré tout son courage à deux mains pour se rendre au Starbuck où ils s’étaient donné rendez-vous. Pour une fois elle avait fait un effort vestimentaire et capillaire, tentant tant bien que mal de dompter sa tignasse rousse dans des boucles à peu près disciplinées. La main serrant très fort le manche de son charriot à cause du stress, elle ressentait un mélange d’appréhension et d’excitation à l’idée de le voir pour la première fois. C’était un peu comme voir quelqu’un que vous connaissiez depuis toujours. Une sensation étrange, pleine d’allégresse et d’incongruité. Quoiqu’il en soit, balayant la salle du regard, elle finit par voir un jeune homme se lever, et aller dans sa direction. Au début hésitante, hochant la tête sur le côté, elle fit abstraction de son air observateur pour esquisser un sourire. « Blake ? » demanda-t-elle avant d’arborer un sourire adorable de toutes ses dents, réellement heureuse de le voir. Elle avait hésité à l’enlacer, comme une vieille amie aurait pu le faire, mais s’était ravisée, refroidie par l’idée qu’ils ne s’étaient jamais vraiment côtoyé physiquement auparavant, et que ça aurait pu le déranger. Pour l’instant elle n’estimait pas nécessaire d’aborder le sujet bouteille d’oxygène et autres accessoires peu courant. Comme ça, d’emblée, ce serait mal venu. « Ça me fait plaisir de te voir ! C’est quand même fou qu’on se retrouve ici tous les deux. On s’assied ? » Dit-elle avant d’aller s’installer à une petite table, posant ses coudes sur la table. « Alors, comment tu vas ? »



       
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Non, c'était bien elle. La jeune femme s'était approchée de lui et s'était adressée à Blake par son prénom. Un immense sourire s'affichait sur les lèvres de Lily, alors le jeune homme ne put pas se fâcher pour le moment. Il oublia pendant quelques instants le fait qu'elle lui ait probablement menti... par omission. Mais ça restait tout de même un mensonge. Il n'en revenait pas. Il était nerveux de la rencontrer, mais surtout très heureux, mais à présent, il ne savait pas trop ce qu'il ressentait vraiment vis à vis de tout cela. C'était trop tôt pour juger, mais Blake était comme ça, il sautait rapidement aux conclusions. Il s'agissait là d'un de ses vilains défauts. Il la salua tout de même, lui qui n'était pas trop démonstratif. Mais ça allait sûrement venir. Il fallait juste sauter le malaise de la barrière internet pour commencer et aussi éclaircir certains points. Mais chaque chose en son temps. Il venait à peine de faire sa rencontre dans la vraie vie. Après tout, Lily avait sûrement une bonne explication, n'est-ce pas? « Ça me fait plaisir de te voir ! C’est quand même fou qu’on se retrouve ici tous les deux. On s’assied ? » Dit-elle avant d’aller s’installer à une petite table, posant ses coudes dessus. Il en fit de même sans rien dire une nouvelle fois. « Alors, comment tu vas ? » demanda-t-elle. « Je vais... bien. Et toi? » demanda-t-il. Il ne faisait pas référence à sa bonbonne d'oxygène, loin de là. En fait, il la voyait simplement parce qu'elle n'avait pas eu le courage de lui en parler. « Ça me fait bizarre de te voir en vrai après toutes ces années.... J'avoue que c'est un peu fou en effet! Mais je suis heureux que ça se fasse enfin! T'es plus petite que ce que je m'étais imaginé! » dit-il en souriant finalement. Pour une fois, il allait laisser le bénéfice du doute, même s'il se sentait trahi par cette histoire. « Tu veux quelque chose? » lui demanda-t-il. Lui s'était déjà pris un café mais elle, n'avait rien entre les mains pour l'instant.
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Elle avait noté son regard perplexe. Lily n’était pas stupide, elle savait bien qu’il lui faudrait cracher le morceau à un moment donné … Ou bien attendre qu’il mette les pieds dans le plat. Elle le regardait avec un mélange de curiosité et de réserve. C’était comme se retrouver face à un vieil ami que l’on n’avait pas vu depuis trente-ans, et que l’on peinait à reconnaître. Elle se rappelait son style d’écriture, la façon dont il s’exprimait derrière des caractères typographiques. Mais aujourd’hui c’était différent. Il était là, de chair, d’os, et de réactions physiques. C’était moins facile à appréhender et à anticiper. Par exemple, il n’était pas si « réservé » à l’écrit, lui dévoilant la plupart du temps ses états d’âmes, ses tristesses, parfois même ses craintes sans aucune gêne apparente. La dimension écrite avait cet avantage de permettre de se cacher derrière une façade, invisible, indestructible aussi. Aujourd’hui ils étaient là, mis à nus, devant coopérer avec l’idée que leur relation ne se passerait peut-être pas si naturellement en réalité que dans la dimension épistolaire.  « Je vais bien, merci. » dit-elle en esquissant un sourire en demi-lune, commandant en même temps un thé vert, histoire de joindre l’utile à l’agréable. « Comment ça plus petite ? » s’indigna-t-elle avec humour en se mettant à rire. C’est vrai qu’elle n’était pas bien grande. Une vraie crevette. 50 kg toute mouillée. Il y avait plus costaud comme gabarit. « Tu sais que la bonne hauteur, c’est quand les pieds touchent le sol ? » dit-elle avec un air volontairement énigmatique en haussant un sourcil. « Toi je t’imaginais plus … Moins … Coiffé. » dit-elle en faisant référence avec un humour mutin à sa coupe quasi impeccable. Comment faisait-il pour les faire tenir ainsi ? Revenons à nos moutons, il s’agissait à présent d’aborder un sujet plus houleux, histoire de crever l’abcès tout de suite, et espérer qu’il ne lui en voudrait pas trop d’avoir omis le détail « maladie ». « Je sais que je ne suis pas tout à fait ce à quoi tu t’attendais. Si je t’ai pas parlé de ma maladie, c’est parce que j’avais peur que … Que tu me voies différemment. La plupart des gens ont tendance à m’observer avec pitié, voire empathie … J’aurais eu du mal à le supporter venant de toi. Je suis désolée. » s’excusa-t-elle platement en abaissant un peu le regard, poussant un profond soupire.



     
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Blake ne savait pas trop comment réagir. Elle le rendait perplexe. Et il se demandait simplement pourquoi Lily ne lui avait rien dit. Probablement allait-elle se demander pourquoi il la regardait de manière aussi intense? Dans d'autres circonstances, penserait-elle peut-être que ce n'était que parce que c'était la première fois qu'ils se voyaient, mais probablement qu'elle penserait qu'il la regardait de cette manière à cause de sa bonbonne d'oxygène? Blake secoua la tête. Il réfléchissait beaucoup trop en ce moment. Il allait se taper une migraine. « Comment ça plus petite ? » s’indigna-t-elle avec humour en se mettant à rire. Il eut un petit sourire, mais il ne répliqua pas. Les blagues, ça avait au moins l'avantage de détendre l'atmosphère. Et il en avait besoin. Son autre réplique le rendit un peu plus perplexe par contre. « Je ne suis pas certain de comprendre.... » dit-il, pensif. Il était intelligent certes, mais là, il était largué. « Moins coiffé? T'aimes pas mes cheveux? » demanda-t-il, avec un petit sourire en coin. Les gens aimaient ou n'aimaient pas. Il n'y avait pas de milieu apparemment. Ses cheveux, il les aimait, mais parfois, ils étaient juste agaçants.  Comme la situation. Il ne savait pas comment prendre le tout.  Et Lily dut le sentir parce qu'elle s'exprima sur le sujet sans détour cette fois.  Et elle baissa par la suite le regard. « hey, ne baisse jamais le regard.... pas avec moi... Je ne m'attendais pas à ça parce que je pensais que tu me disais tout. C'est tout de même quelque chose d'important. Je ne t'aurais pas vu différemment, comme je ne te vois pas différemment en ce moment-même. Je suis juste déçu que tu ne m'aies rien dit... Parce que je t'ai tout dit.... » lâcha-t-il. Il avait du mal à lui en vouloir parce que ces appréhensions étaient quelque chose de compréhensibles. Les gens étaient peu ouverts et elle avait probablement tendance à croire que les gens ne voyaient pas sa maladie. Il était d'ailleurs déçu également qu'elle croit qu'il était comme tout le monde... comme tous les autres. « Je pensais que tu me voyais différemment toi aussi.... pas comme tous ces gens.... Je me suis trompé.... » dit-il. Il était blessé et ça, il ne pouvait pas le lui cacher. Pas à elle. Avec tous les autres, il pouvait taire ce qu'il ressentait, mais pas avec Lily, parce que c'était la base de leur relation. Blake s'était visiblement trompé.  
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