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Celle qui se maudit d'être venue
Hitomi & Jake
Le vent : il est si frais. Je respire ! J’ai moins chaud et je vais un peu mieux. Il ne faudrait pas non plus que je tombe en hypothermie. Je suis assise sur les marches du théâtre, j’ai enlevé mes chaussures et je suis presqu’à l’aise.
Je bois une gorgée d’eau, ça me fait du bien aussi. J’essaye de contrôler ses petites nausées qui commencent singulièrement à m’enquiquiner. Vomir sur les marches, ça serait quand même gênant. Puis je prends mon portable et regarde la dernière photo envoyé par Keiko.
O Hanami appelait aussi fêtes des cerisiers est de retour comme chaque année.
Je me souviens des piqueniques sous les sakuras autorisées. Les préparatifs y allaient avec joie. Bâche bleue pour couvrir le sol, quelques coussins ou couverture pour avoir moins mal, des sacs en plastiques qui nous servaient de sac poubelles, la vaisselle souvent jetable, des vêtements chauds au cas où, des mouchoirs, un décapsuleur car papa prenait toujours sa bière, une glacière pour y mettre nos bouteilles, des snacks en tout genre. Maman nous préparait aussi des bento, et nous rappelait en mémoire de ne pas oublier nos parapluies et enfin les portables ou appareil photos. Ce sont des moments simples et conviviaux. C’était notre pèlerinage du printemps. Nous y allions de bonne heure, papa vérifiait toujours si le parc avait des autorisations surtout concernant l’alcool. Quand à maman, elle repérait le point stratégique à toute bonne journée : les toilettes. Que de réjouissance en famille ou entre amis. Ce temps me parait si loin maintenant.
C’est ma deuxième année sans et je dois dire que l’alcool m’y aidant, je me sens vraiment nostalgique.
L’âme en peine, je baisse ma tête reniflant à moitié mon nez.
- Maman, papa, Tanaka, Keiko, Yuki, vous me manquez, vous savez ?
Je relève ma tête aussi sec, habituellement réservée, je me parle à moi-même en japonais. Je reprends une gorgée d’eau, la tête me tourne, j’ai dû me relever trop vite. Il y a encore du monde qui arrive, il n’est pas si tard que ça mais pour moi, ça fait des heures. Je perds la notion du temps. Mon ventre me fait mal, je sens que je ne vais pas me retenir longtemps. En cavalcade, je descends les marches, j’essaye de trouver un endroit où personne ne se trouve ou qu’on ne me voit pas. Ça monte, ça monte et ça sort !!! Tout s’en va : eau, champagne, petit-four, thé oolong et l’onigiri que j’ai mangé quelques heures plus tôt. Je reste un moment comme ça, je ne me suis pas tachée, c’était juste. Mais je cherche mon sac, il est restée sur les marches avec mes chaussures et mes bouteilles d’eau.
Au petit trot, j’accours vers mes affaires. Je prends un mouchoir, je m’essuie un peu. Puis je prends un deuxième que je mouille cette fois ci. J’ai des frissons sur tout le corps. Je bois une gorgée d’eau. Ça va un peu mieux. Puis je prends mon spray mentholé, une haleine comme ça, c’est l’horreur. Ce rituel finis, je mets mes mouchoirs dans mon sac car pas de poubelle à l’horizon, je me décide enfin à mettre mes chaussures et enfin mon petit châle.
- C’est décidé, je rentre ! J’aurai du allait travailler au lieu de faire semblant d’être une étudiante normale, en fait non, je suis normale et pas eux !
J’étais un peu énervée sur ma stupidité de vouloir voir. Bah j’ai vu. Quand je pense que je voulais être généreuse, donne la main et on te prendra le bras. Bah pas de donations. J’ai vraiment essayé de me mettre à leur place, puis les dépliants m’ont fait réfléchir. Dans la mauvaise direction surtout. Je devrai mettre un talisman sur ma boîte aux lettres et conjurer le mauvais sort. Au diable les confréries…
© Belzébuth
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