LAWRENCE H. AUSTEN ► michael fassbender.

Je suis né le 4 février 1976, à Kirkwall, petite ville située en Ecosse. Premier né de la famille Austen, je suis le fils de Gordon James Austen et Margaret Emilia Austen. De leur union naquit trois autres enfants. Mes deux sœurs, Elizabeth l'aînée et Hannah la cadette, et le dernier de la famille, mon jeune frère Peter. Aussi longtemps que je me souvienne, nous avons toujours vécu en paix. Dans le bonheur le plus complet. Par ailleurs, je me suis toujours montré extrêmement protecteur vis à vis de chacun des membres de ma famille. Cette qualité cependant, n'a pas toujours suffi à préserver notre vie si parfaite.

Diplômé de la prestigieuse université de Cambridge, j'obtiens mon diplôme de psychologie avec une spécialisation en criminologie en 1998, soit, à l'âge de 22 ans. Fort d'une expérience issue de stages en milieux jugés difficiles – avec des interviews auprès des personnes sans domicile, en milieu carcéral ou psychiatrique, je décidais pour clore en beauté ma dernière année, de me rapprocher d'un autre type de public : les populations isolées en temps de guerre. L'intitulé final de mon mémoire fut ainsi : « Du choc de la première rencontre : entre loup et agneau, le symptôme post-traumatique chez les réfugiés de guerre. » Si j'avais toujours vécu dans l'illusion plus ou moins nécessaire d'un monde bien agencé jusqu'ici, ce choc fut aussi un moteur qui allait contribuer à faire l'homme que je suis aujourd'hui. Mais revenons quelques années en arrière.

En 1994, un jour comme les autres, à peine majeur, je me découvre un amour fort, passionnel et véritable pour une amie d'enfance : Catherine Harrington, que tout le monde surnommait alors affectueusement Cat'. Plusieurs mois passent, sans que la flamme ne vacille, et contre l'avis de nos familles respectives, nous décidons de nous promettre un engagement et amour éternel...jusqu'à la mort ne nous sépare. C'est donc un an plus tard, soit en 1995 que le mariage a lieu, en Ecosse, sur la terre de nos ancêtres.

Souvenez-nous, je vous relatais mon futur en qualité d'étudiant, quelques lignes auparavant. Le voici : Ayant toujours apprécié les voyages, j'en profitais alors pour me rendre en Irak où, durant trois mois mon enquête de terrain m'offre l'occasion d'interroger un ponte qui avait été enlevé par des Talibans à Kandahar, et torturé pendant trois ans. Le dernier soir avant son retour sur le territoire écossais, je fis partie de la liste des invités, ainsi que plusieurs étudiants de mon cercle, à une réception mondaine dont l'intérêt était de fêter un traité de paix provisoire avec le groupe Al-Qaïda. Au cours de la soirée, des individus armés ont fait irruption, tirant et exécutant tout ce qui se trouvait à portée de balles. Je m'en suis sorti de justesse, mais avec horreur je vois plusieurs des miens mourir sous le feu nourri. Cette soirée fut le point de départ de ma métamorphose physique et psychologique en tant que futur agent du MI6. Je fus sauvé par Jonathan Hopkins, encore anonyme à cette époque, qui verra en moi le fils qu'il n'avait pas eu et l'homme qui deviendra plus tard son élève. C'est Jonathan qui m'aidera à intégrer le fameux nid d'espions britanniques.  


A l'aube de l'année 2000, recruté par le MI6, je deviens rapidement un agent de terrain rompu aux plus rigoureuses disciplines, appréciant le danger et la liberté quasi-illimitée que procure ma nouvelle profession. Hélas, un changement d'une telle ampleur n'est pas de tout repos, ni pour celui qui en est à l'origine, ni pour ceux qui le constatent sans pouvoir y faire obstacle. Pourtant, dans l'espoir de retrouver l'homme qu'elle a aimé et qu'elle voit changer petit à petit au gré de ses missions, Catherine envisage de fonder un foyer, espérant que de devenir père me fera comprendre mes absences à répétition et la peur d'un jour se retrouver veuve qu'involontairement, je lui procurais. A contrecoeur, je finis par accepter. Cette nuit nous apporta bientôt ce qui fut mon fardeau le plus précieux : Jane Emilia Austen. Plus d'un an passe sans que nulle ombre au tableau ne vient troubler mon bonheur de jeune parent. Malheureusement, cette vie me manquait. L'aventure, les rencontres et l'adrénaline me poussaient peu à peu à mentir et omettre les détails de mes missions afin de ne pas mettre en danger ma famille, et d'éviter d'incessantes disputes avec Catherine. Jusqu'au jour où ce fut la mission de trop.


C'était en 2009. En rendant visite à des amis proches, j'apprends le suicide de leur fille, incapable de vivre après avoir subi une violente agression. Elle effectuait à cette époque des études à l'université d'Harvard, aux Etats-Unis. Protecteur comme toujours, je promets à ses parents de retrouver le coupable et de venger le décès de leur enfant. Hélas, les preuves sont minimes et je manque de temps, devant également m'occuper des missions confiées par mes propres employeurs. L'une d'elle m'amena à quitter le pays, pendant un temps irraisonnable pour un père et un époux dévoué. Raison qui engendra une culpabilité inégalée le jour où j'appris le décès de mes amours, tuées au cours d'un simple accident de la route. Evidemment, malgré ma formation d'agent, j'éprouvais difficilement cette douleur et manqua de me faire renvoyer pour faute grave et insubordination. Obligé de prendre un congé indéterminé afin de faire soigner ma dépression, je fus longtemps suivi et sous antalgiques, avant de reprendre du service jusqu'à ces jours.


Je commençais d'abord par répondre à la promesse que j'avais faite par le passé, délaissée en raison de mon deuil. Prenant un congé le temps de résoudre mon enquête officieuse, je débarquais aux Etats-Unis en mars 2016 afin d'obtenir de nouveaux renseignements au sujet de mon affaire. Sauf que cinq ans se sont écoulés depuis, et la froideur de la piste rajoute à son mystère. Ce pourquoi, je décide de jouer un rôle qui me rendra plus avenant, grotesque même, afin de cacher mon jeu et que nul n'en vienne jamais à se méfier. Je me fais ainsi passer pour un étudiant étranger – au vu de mon accent fort prononcé – préparant son doctorat en mathématiques appliquées. Me déguisant pour l'occasion en laissant pousser une barbe de plusieurs jours, paire de lunettes, une recoloration capillaire et des vêtements rapiécés me donnant l'allure parfaite d'un hippie tout à fait inoffensif. Membre de la confrérie DUNSTER, je ne me doutais pas alors à quel point le monde pouvait être petit. En effet c'est ici, aux Etats-Unis, que je retrouvais Lily-Rose Hopkins, petite fille devenue grande, que j'avais eu l'occasion de rencontrer par le passé et qui n'avait bien entendu que des bribes de souvenir à mon sujet. En outre, je fais également la connaissance d'un jeune homme, Paris Maconaughey, que je pris rapidement sous mon aile, lui découvrant des qualités et défauts que je traînais moi-même depuis l'enfance. Habitué à participer à des combats de boxe illégaux, je protégeais plusieurs fois ses arrières, tentant de lui enseigner la maitrise de ses émotions, sans jamais me douter du lien bien plus fort qui existait au fond entre...un père et son fils. Evidemment, je fus sous le choc et réclamais aussitôt, dans le plus grand secret, un test de paternité qui s'avéra positif. Me confrontant également à sa mère, Grace, qui avait omis de me signaler ma paternité à l'époque, j'apprends peu à peu les sévices que Paris dût endurer dans son enfance en raison d'un beau-père abusif et violent. Ne sachant comment réagir, quoique furieux contre sa mère et manquant même de l'étrangler, je préfère alors prendre mes distances, afin que le jeune homme ne subisse pas la même pression et l'absence que connurent Catherine et Jane à l'époque.

Pendant cette période de doute et de regrets clairement dissimulés, Lily-Rose avec qui j'avais gardé contact se confie à moi, m'apprenant ainsi l'existence d'un ancien amour, un certain Sergueï, décédé à la suite d'une agression d'une rare violence et apparemment prémédité. Me sentant en devoir d'aider la jeune femme comme son père l'avait fait pour moi par le passé, je découvre sur la clé usb qu'elle me tend, des fichiers compromettant possiblement l'intégrité de son propre père tout en l'associant à des membres appartenant à la mafia russe. Malheureusement avant même que j'eus le temps de tout décrypter, nous fûmes découverts et la résidence dans laquelle je logeais alors, brûlée. Obligé de fuir pour protéger mes proches, je parviens à détourner le kidnapping de mon propre fils, avant de lui apprendre ma profession véritable afin que même inconsciemment, il ne se mette pas en danger une fois que je le quitterais. Toute sa famille fut placée sous protection policière, avant que de gibier, je ne devienne à mon tour chasseur. Sauvant Lily-Rose et l'une de ses amies d'une mort certaine, et les traumatisant par ailleurs en brisant la nuque de l'un de leurs agresseurs, je permets enfin à la jeune femme, dont la santé déclinait depuis plusieurs mois déjà, d'obtenir – en raison de mes nombreux contacts hauts placés – une greffe de poumons, faisant promettre à son père de garder ce détail pour lui seul, avant de reprendre la chasse. Cette dernière dura plus de trois mois, avant que je ne revienne sur le territoire américain en novembre 2016.

J'apprends alors le mariage de Paris, avec Summer, son épouse brièvement rencontrée par le passé, ainsi que mon statut de...grand-père, mettant à mal ma fierté de quarantenaire, mais plus qu'heureux de faire la connaissance de la petite Ashlynn, âgée de tout juste 18 mois. Lily-Rose quant à elle, se remettant peu à peu de son opération, m'en veut de ma disparition précipitée, notamment au regard des blessures physiques que je semble arborer. C'est au cours d'une soirée de charité que je retrouve sa mère, aperçue brièvement à l'hôpital trois mois auparavant, et que je comprends enfin l'étendue de mon affection pour la jeune femme, jusqu''un mois plus tard, en décembre 2016, nous échangions notre premier baiser. D'ordinaire peu démonstratif en termes de sentiments et souhaitant jusqu'alors éviter d'affronter une vérité pourtant bien réelle, je décide de lui faire confiance malgré mes incertitudes et mes doutes quant à un avenir commun.

En début d'année 2017, Lily-Rose et moi, obligés de se cacher pour éviter que son père ou sa mère ne découvrent le pot aux roses, apprenions au même moment l'existence de sa demi-soeur : Alysse Frank. Une jeune femme en qui je n'avais aucune confiance, la pensant mêler de près ou de loin à une affaire sur laquelle j'enquêtais depuis quelques mois déjà, au cours de laquelle deux enfants avaient perdu la vie et une femme que j'estimais était portée disparue.


Bientôt arriva le jour de la Saint-Valentin, faisant suite à un dîner organisé par mes parents, venus expréssement d'Ecosse pour rencontrer leur petit-fils après que j'eusse fait la bêtise de leur en parler. L'occasion de découvrir que les secrets sont un défaut de famille, puisque j'appris alors que l'animosité existante entre mon père et celui de Lily n'était pas dûe à leurs caractères forts à tous les deux, mais bien à une rivalité professionnelle. Mon père, psychiatre reconnu et respecté, travaillait en fait sous couverture pour Interpol, et n'avait jamais cru bon d'en parler à son fils qui exerçait pourtant la même profession. Evidemment, ma colère fut telle que j'éprouvais du mal à me maîtriser ce soir-là, et ne compris pas par ailleurs le départ soudain de Lily qui venait quant à elle d'apprendre mon lien de filiation avec Paris et Ashlynn. Ainsi donc, le jour de la Saint-Valentin, je tentais de regagner la confiance de Lily-Rose, me confiant sur les doutes qui m'assaillaient concernant Paris et la peur que j'avais de le perdre comme Jane. L'occasion également de lui faire découvrir le Mont Mansfield, et une histoire de fantôme pour couronner une soirée pluvieuse. Notre première nuit.

Notre relation, notre « couple » a tenu bon, jusqu'au mois de février 2017. J'avais auparavant offert un cadeau un peu particulier à Lily-Rose, puisqu'il s'agissait d'un voyage tout frais payés à Londres, afin d'aller voir un artiste qui exposait dans une fameuse galerie. Invité à l'accompagner, ce que j'avais alors accepté avec grand plaisir, ce n'est qu'une fois sur place, et seulement après n'avoir passé que quelques jours ensembles, que les ennuis reprirent. J'aurais dû le prévoir. Rentré au pays nous mettait plus en danger que nulle part ailleurs, puisqu'étant anglais, mon visage ne passait plus inaperçu à Londres. Le passé nous rattrapait. Des tueurs aux trousses, obligés de se cacher, fuir ou répliquer, Lily ne s'attendit pas à passer de telles « vacances », ce qui eut pour toute conséquence notre première dispute. Laquelle ne fut pas non plus tellement prise en compte, puisque je devais veiller sur nous au mépris des convenances. L'Agence, rapidement informée de mes difficultés nous apporta son aide, et je dus bientôt quitter la jeune femme afin de mener plus loin mes investigations, tandis qu'elle profiterait plus aisément à mon avis, de ses vacances sans épée de Damoclès au dessus de la tête. Au mois de mars, les disputes muées en reproches incisifs parce que je brillais toujours par mon absence contribuèrent à notre séparation. Je m'y attendais. Parce que je l'avais déjà vécu, et parce que malgré mon manque de choix, ma responsabilité était sans conteste. Nous ne nous sommes pas revus depuis lors. J'ignore toute activité de Lily. Officiellement du moins car je garde toujours un œil officieux sur la jeune femme, autant par amour que par conscience professionnelle. Ceci dit, sa réaction si prévisible avait créé le déclic que je n'espérais plus. Si par le passé, auprès de mon épouse j'avais toujours vécu pour et dans mon travail, aujourd'hui était différent. Les années passant, de retrouver grâce à Lily la flamme d'un nouvel amour, l'envie de tout recommencer et peut-être de racheter mes fautes m'avait fait réfléchir sur le présent. Je ne pouvais pas continuer ainsi. Je ne le VOULAIS plus. Alors, j'ai contacté Amoun. Une amitié indéfectible nous liait depuis que je lui avais sauvé la vie près de dix ans plus tôt. Millionnaire, celui-ci me proposait de le rejoindre à la direction de son entreprise depuis une éternité. Jusque-là, mon refus n'avait fait que renforcer ses craintes qu'un jour, je me fasse tuer au cours d'une mission. Demain, tout commence...

Ma démission acceptée, quoique difficilement néanmoins, je retrouvais alors ma liberté avec le sentiment de laisser derrière moi mes anciens démons. De son côté, Amoun m'avait donné rendez-vous pour que nous discutions enfin réellement de son grand projet. La mode n'était pas mon rayon. Quoiqu'habitué à choisir avec un goût certain mes habits, ce domaine me désintéressait. Ce pourquoi le poste qu'il me donna l'opportunité d'occuper après moults négociations au sujet de l'organisation de mon emploi du temps et du travail en lui-même, me permit de devenir, à la fin du mois d'avril 2017, le président directeur général associé de la succursale basée sur les différents territoires anglophones. Je travaille dorénavant dans le milieu de la robotique et des nouvelles technologies, tout un panel allant de la logistique à l'informatique en passant par les armes de pointe. Entreprise privée, nos contrats et clients sont extrêmement diversifiés. L'armée, l'Etat, des privés à gros budget, et parfois même des gens peu recommandables. Un point que je n'apprécie pas, mais qu'Amoun a tenu à respecter car, dit-il, les fortunés sont bons payeurs à défaut d'avoir un cœur. « Si je voulais bosser avec Mère Thérésa, je me serais fait curé, Law ' ». Soit.

Attitré désormais de ma secrétaire personnelle, un jolie brin de fille qui parlait beaucoup trop à mon goût mais tout à fait compétente, mon ami avait également tenu à me faire bénéficier d'un chauffeur personnel – ce qu'entre nous je trouvais totalement ridicule – d'un garde du corps – ce qu'heureusement j'avais réussi à lui faire oublier après un combat acharné – et d'un logement de fonction. Logement que j'acceptais avec grâce jusqu'à ce que je découvrais son défaut caché. Un logement ? Un manoir devrait-on plutôt dire. Une fois n'est pas coutume, il m'avait bien dupé. Plus de six chambres, trois étages, 4 voitures de luxe, un jardin de plusieurs hectares, quatre salles de bain, une cuisine de soixante-dix mètre carré à elle seule...je continue ? Trop, beaucoup trop d'espace et de luxe. Du marbre, un piano, des œuvres d'art originales sur les murs, des lits en baldaquins...un univers que je ne reconnaissais en rien et qui, je dois bien l'admettre, m'impressionnait autant qu'il meffrayait. Je recrutais d'ailleurs bientôt un homme de confiance afin de s'occuper du manoir en mon absence. Il se trouve que le bonhomme avait déjà servi une famille fortunée et possédait ainsi plusieurs cordes à son arc. Armand, français, un accent que je trouvais d'ailleurs charmant, représentait le summum du raffinement et de la politesse chaleureuse. Protecteur dans l'âme, il veillait à la fois sur le bon déroulement de mes journées au château, mais aussi sur la cuisine, domaine dans lequel il excellait véritablement, le ménage, le repassage, le jardin qui était son endroit favori à ce que j'ai cru comprendre, tant et tellement de qualités et de compétences qu'au fond je n'avais cru qu'un unique homme puisse les posséder.

Dois-je vous préciser qu'au vu de l'immensité de la propriété, Trafalgar, le chat de ma fille défunte a accueilli récemment deux nouveaux spécimens d'animaux tout aussi caractériels ? Beau et Berk, voilà comment je les ai nommé. Un Saint-Bernard magnifique mais quelque peu baveux qui fut offert à Armand il y a 6 mois de cela dont l'homme faillit se séparer en raison du besoin d'attention et de place d'un tel mastodonte, et un chiot danois dalmatien que j'avais recueilli après l'avoir renversé en voiture et ramené chez un vétérinaire pour faire soigner sa patte cassée il y a une semaine de cela. Me sentant responsable, - et non, cela n'avait rien à voir avec le regard de merlan-frit qu'il m'avait lancé lorsque je manquais de l'abandonner – son nom provient de sa propension phénoménale à se vautrer dans de la boue, de la terre, de la paille, du gazon, bref...à se vautrer avec un plaisir non feint. Oui, Berk lui correspond très bien.