Invité
est en ligne
Invité
J'étais pleine d'incohérences et de contrastes. C'était une autre façon pour dire "je ne suis pas parfaite". Qui l'était après tout ? Je gérais assez mal ma vie et je n'apprenais rien à personne en disant cela. Mettez ma sœur dans un lit d'hôpital et il en faudra pas moins pour me faire péter un plomb. Alors rajoutez par-dessus ça la détresse et la douleur dans le regard de mon meilleur ami, l'inquiétude dans celui de mon frère. Ma vie était une tempête et j'en étais la tornade. Dans les moments difficiles à gérer, comme l'après tremblement de terre au Chili par exemple, je me rendais à des réunions de "drogués anonymes" afin de parler de mon ancienne addiction et avoir du soutien. Cela faisait du bien d'en parler, de mettre les choses au clair dans ma tête et de me dire que je n'étais pas complètement barge, que c'était normal d'avoir peur de replonger. Parce qu'en effet, j'avais terriblement peur que mon nez se retrouve une nouvelle fois dans la poudre blanche et il me fallait prendre sur moi pour ne pas céder à la tentation. Aujourd'hui, après ma journée de cours et une visite à Feldt, je me présentais à l'une de ces réunions afin de me sentir moins seule. Je m'asseyais en silence, attendant que le monde arrive et remplisse les chaises positionnaient en cercle. Nous étions rarement nombreux, ça permettait que tout le monde prenne la parole. « Bien, nous allons pouvoir commencer... » s'exclame l'organisateur. Je laissais tomber mon téléphone portable dans mon sac à main avant de relever la tête. Le choc. Mon regard croise celui d'Alexander. Il est assis sur la chaise juste en face de la mienne, quelques mètres plus loin. Tout le monde pouvait lire mon air choqué et m'en rendant compte moi-même, je faisais de mon mieux pour changer d'expression. Tout va bien se passer. J'examine les lieux, il y a une porte qui donne sur les toilettes, je le sais puisque la première fois que j'ai mis les pieds à cette réunion, je suis tombée nez à nez avec Priape et je me suis enfui derrière cette porte. Je n'allais pas faire ça quand même ? « Excusez-moi » Je reculais ma chaise, la faisant traîner bruyamment au sol alors que je me trouvais toujours assise dessus. « Je ... » Tout le monde me regarde et mes joues devaient être plus rouges que jamais. « Le cercle est trop petit. J’étouffe. » C'est l'excuse la plus pourrie et pourtant, j'étais naïvement persuadée que tout le monde allait la gober.
(Invité)