THÉA MILKOVICH ► Alycia Debnam-Carey

T'as pas eu une enfance malheureuse, ça c'est le moins qu'on puisse dire. T'as toujours eu des étoiles dans les yeux, des rêves pleins la tête. Parfois des cauchemars évidemment, mais y avait toujours Lana pour te rassurer et chouiner sous la couette. T'étais née la première d'ailleurs, et t'en as toujours été fière et t'adorais narguer ta charmante "petite" jumelle à chaque fois qu'elle venait t'embêter. T'avais beau piquer les feutres à paillettes de ta soeur et lui tirer les cheveux pour dessiner sur le mur une licorne chevauchant un arc-en-ciel géant, si t'allais au coin tu savais pertinemment qu'elle viendrait en courant pour te tirer de là avec sa petite main, et vous iriez vous cacher dans l'un de vos jardins secrets. Vous avez grandi comme des petites filles normales, avec peut-être un grain de folie en plus. Vous étiez fusionelles, toujours fourrées ensemble. Des vrais petits démons dans des corps d'anges. La seule chose en revanche que vous ne partagiez pas, était ton inébranlable passion pour la danse. La danse est tout pour toi et depuis tes quatre ans. Ton papa t'avait enfilé un tutu à toi et à ta soeur parce qu'il trouvait vraiment trop craquant et contrairement à ta charmante jumelle tu ne t'étais pas roulée par terre parce que tu ne voulais absolument pas le garder, jusqu'à sortir cul nu. T'avais enfilé ce tutu et tu te plaisais plutôt bien avec comme s'il était tout simplement fait pour toi depuis le départ. Pour commencer, t'avais essayé la danse classique, puis ton papa avait la lubie de te faire des beaux chignons ou même filmer le spectacle de fin d'année en criant dans toute la salle " C'EST MA PETITE FILLE !!" Alors, tu t'étais dit que ce serait bien d'aussi lui faire plaisir et donc t'avais essayé pour voir comment cela se passait, si tu pouvais y découvrir un certain plaisir et donc vint à partir de là ton incontrôlable passion pour la danse, devenu même en partie ta raison de vivre même si tu ne le savais pas encore à l'époque. Aussi ,vous aviez un chat qui s'appelait Mr Pantoufle, d'ailleurs Mr Pantoufle aurait dû s'appeler Madame Pantoufle parce qu'au cours d'une nuit vous aviez découvert que c'était une femelle, et qu'en plus Mr Pantoufle allait avoir des bébés. Mr Pantoufle était un bon chat, un gros minou même , vous l'aimiez comme un membre de la famille à part entière et vous aviez eu vraiment très peur cette nuit là. Mais bon, Mr Pantoufle avait fait trois petits chatons tellement mignons que vous ne pouviez pas lui en vouloir ! Et puis la pauvre quand même , toutes ces années passées à se tromper sur son sexe ne devait absolument pas lui plaire. Heureusement y avait eu votre papa ce soir-là pour vous rassurer. Votre papa était toujours là, toujours foufou et souriant, à soigner les gros bobos comme les grands. Il était comme une figure de héros pour vous et tu ne passais pas une seule soirée à t'ennuyer en compagnie de Lana et lui. Vous vous inventiez des histoires, partiez à l'aventure en explorant toujours plus chaque petite parcelle de la maison comme si elle prenait vie chaque nuit, et se découvrait sous un nouveau jour chaque matin. Tu vivais tes rêves à cette époque, quand t'y repense. Tout semblait beau, parsemé de toutes les couleurs comme une peinture à l'aquarelle. Ton père était toujours là pour vous, toi et tes soeurs êtiez comblées. Ta mère quant à elle, passait son temps à créer des objets plus loufoques les uns que les autres. Parfois, elle avait des sortes "d'illuminations" et ne finissait même pas le semblant de phrase qu'elle avait entamée, se précipitant dans son bureau tout en proclamant à chaque fois que " Ca y est , elle avait l'idée du siècle qui allait tout révolutionner." Bien sûr il n'en était rien, mais toi et tes soeurs ça vous faisait plutôt rire tous ces bidules qui encombraient la maison, mais qui donnaient un certain charme, un lieu où l'on pouvait trouver toutes sortes de trésors secrets.  
" ON DEMENAGE A NEW YORK ? VRAIMENT?" Tu avais 7 ans quand tu appris la nouvelle , tu n'arrivais pas à y croire, c'était quand même un rêve de pouvoir vivre dans la ville de la grosse pomme. Tu savais d'autant plus que tu pourrais en profiter pour apprendre encore des nouvelles choses par rapport à la danse par exemple. Vous sautiez partout avec tes sœurs, évidemment cela t'attristait tout de même un peu de quitter cet endroit si familier, cette odeur de fromage, tous ces bidules qui débordent de tous les recoins. Votre première chasse au trésor, ces dessins sur les murs et ces étoiles phosphorescentes accrochées au plafond lorsqu'il faisait trop moche pour que Papa vous emmenne les observer dehors. Lana et Daya étaient excitées comme des puces, elles criaient dans toute la maison comme quoi y aurait une balançoire dans un immense jardin et qu'elles voulaient même une piscine gonflable avec des bouées en forme de donuts. Toi tu regardais un peu les murs qui t'entouraient, t'avais un peu du mal à laisser tout cela. T'étais du genre a ne pas forcemment aimer le changement et à regarder un peu derrière toi. Mais t'étais prête à faire n'importe pour apprendre tout sur la danse, pour être la meilleure parmi les plus grands de New York parce que c'était ta personnalité. T'aimais prendre les devants, être la meilleure et tu voulais tout diriger, tout contrôler ainsi, plus tu grandissais, plus cet aspect de ta personnalité grandissait et ne désirait que de se dévoiler aux yeux des autres. Rien ne t'arrêterait dans ta passion et ta volonté d'être la meilleure était inébranlable depuis que tu avais commencé à danser.

" La' c'est normal si papa ressemblait à une espèce de sosie de Madonna tout droit sorti d'une boîte gay  ?" C'était arrivé tellement vite à vrai dire vous n'aviez strictement rien vu venir. Le sujet était même devenu un peu tabou. Lana avait simplement ouvert la porte et on avait pu découvrir une nouvelle personne et c'est le moins qu'on pouvait dire. Papa avec une perruque , des talons, et une "jolie" robe enfin, la jolie robe de ta maman qui criait sur ton père et le tabassant de coups de tongs comme si cela allait lui causer la même souffrance qu'il lui infligeait actuellement. A ce moment là vous n'aviez tout simplement rien ,dis. Pas un seul mot ne s'était dérobé de vos bouches ébahies. Au début vous étiez tout simplement dans le doute. Après tout c'était mardi gras, papa avait le droit de se déguiser en femme non? Mais pourquoi Maman nous avait-elle regardé avec une telle détresse ? Et pourquoi un silence aussi assourdissant avait-il si soudainement remplacé toute l'excitation cumulée dans la journée. Depuis ce jour, vous n'en avez plus jamais reparlé devant votre mère, et vous n'abordez quasiment jamais le sujet entre vous non plus d'ailleurs, même en conseil des trois soeurs. Depuis ce jour, l'ambiance à la maison changea du tout au tout. Maman passa son temps affalée sur le canapé et a regarder la chaîne du téléa-achat. Tu trouvais ça tellement injuste, après tout toi tu n'avais rien voulu de tout cela ? Pourquoi papa était-il obligé de vous laisser avec maman dans un tel état? Lana elle essayait d'agir comme si rien ne se passait, toi en revanche tu restais à la maison pour t'occuper de maman et de chez toi. Puis tu devais surtout garder un oeil sur Daya. Tu savais qu'elle devait souffrir de ne plus voir Papa et de subir cette putain de chaîne de télé-achat qui tournait en boucle comme un châtiment divin. Tu te veillais à ce qu'elle ne fasse pas de bêtises qui puissent vous mettre encore plus dans l'embarras financièrement de ce que vous ne l'étiez déjà. A côté de ça tu continuais à danser et tes efforts commençaient à payer leurs fruits. Ton nom commençait peu à peu à passer de bouches en bouches dans le milieu t'offrant une certaine renommée dont tu étais particulièrement fière. Les années passèrent et rien ne changea vraiment, ce même jingle pourri du télé-achat qui résonnait dans la maison, cette odeur de crème glacée qui émanait de la chambre de Lana. Rien ne changeait à part ton talent pour la danse sûrement qui s'était plus développé au court des années après tout c'était ton échappatoire, ton défouloir lorsque tu ne pouvais pas frapper tes charmantes soeurs ou même casser la télé de toutes tes forces en criant une bonne fois pour toutes à ta mère à quel point elle devait se bouger le cul. Bien sûr tu réussis à obtenir une bourse pour Harvard danse, celui qui te faisait tant rêver depuis toute petite. Lana quant à elle était accepetée à Yales. Pour tout avouer, ce fut un véritable choc pour toi lorsque tu appris qu'elle voulait partir pour Yales. Après tout, t'avais jamais envisagé ta vie sans elle,vous étiez fusionnelles. Elle était ton âme-soeur, ta Cristina Yang, ton Scott McCall.

" Mais oui je te jure que tu seras la première au courant le jour où je verrai un pénis Lana. Bon je dois te laisser je vais rentrer  en cours. Ouii je sais Nick Jonas a sorti sa nouvelle chanson pas la peine de me le gueuler dans les oreilles. Bon allez tu me saoules bisous, tu me manques. " Elle te manquait c'était sur et certain. Cela faisait un moment que tu n'étais pas revenue à la maison. Un an ? Deux ans peut-être? Tu voyais Daya bien évidemment quand tu le pouvais mais c'était rare et jamais à la maison. Quant à Lana cela devait faire deux ans. Au début c'était atroce, comme coupée de ta moitié t'avais-t du mal à avancer. Puis au final y avait la danse qui t'occupait l'esprit et tu t'y étais faite à cette nouvelle vie. Tu te faisais des amis et t'apprenais petit à petit à lâcher prise, un peu trop même. T'as jamais été amoureuse et même à Harvard t'avais pas réussi à pécho, triste vie mais c'était ainsi, tu savais pas trop ce que c'était vraiment mais bien sûr ça ne t'empêchait pas de séduire des hommes et être séduite par de beaux mâles. T'avais appris récemment d'ailleurs que Lana et Daya étaitDaya était en contact de nouveau avec Caitlyn Jenner votre père. Toi il n'en était rien. Peut-être avais-tu gardé en toi une certaine amertume qui t'empêchait de bien vouloir franchir le pas ou même répondre à ses sms. De toute façon tu n'avais plus besoin de personne, tu étais devenue indépendante et encore plus sûre de toi qu'auparavant.
" Tu sais comme musique d'enterrement on a qu'à mettre le jingle du télé-achat, ça me semble une bonne idée non? " On te traita de conne pour cette blague. Okay c'était pas drôle du tout, Maman était morte, mais vous vous étiez assez préparées pour ça et cela faisait un petit moment qu'elle ne vivait plus de toute façon. Depuis ce mardi gras sûrement. Entre temps Lana avait crée un espèce de Téléthon De Lana et avait débarqué à Harvard. Evidemment vous vous étiez rapprochées géographiquement parlant vu qu'elle se trouvait toujours dans le même campus que toi, en revanche vous ne vous voyiez pas tant que ça. Tu faisais ta vie et elle faisait la sienne et c'était ainsi. Et puis tu n'avais pas besoin d'elle pour être la meilleure danseuse de tout Harvard, ce qui était ta glorieuse et certainement ta brillante destinée.