« Et ils se marièrent et eurent plein d'emmerdes. »

« Et ils se marièrent et eurent plein d'emmerdes. »

Vous savez quand on dit que ce qui arrive à Vegas ne sort pas de Vegas ? Bah je comprends de plus en plus le type qui a inventé ce proverbe. C’était sûrement un medium ou un truc du genre. Pourquoi ? Parce qu’avec la merde que j’étais en train de vivre, je suis même pas sûr de pouvoir sortir de Vegas sans que ça se sache. Et Sharon qui était j’sais pas où. Si j’lui mets la main dessus à celle-là. Tout ça, c’est de sa faute. Depuis le début, tout est entièrement de SA faute. Tout a commencé il y a quatre jours, quand on rentrait du Spring Break. Les gars ont décidé de faire une virée à Vegas pour commémorer la fin des vacances comme il se doit. Je savais que j’aurai dû refuser mais j’y étais jamais allé, à Vegas, alors j’ai dit oui. C’que j’peux être con parfois, moi !

« C’est quoi ? » L’une des ravissantes hôtesses du casino le plus cher dans lequel nous sommes descendus –oui, même pauvre j’ai des amis qui ont un portefeuille bien garni et des parents bien placés dans la société- m’apporte un verre, rempli d’un liquide bleu et orange, une ombrelle rose à paillettes et une espèce de légume vert à l’intérieur. Heureusement que j’ai commencé du lait ! C’est quoi cette mixture informe ! « Allez, bois, commence pas à faire ta tête de cochon, tu vas voir c’est troooppp bon !! Et en plus, ça déchire grave ! » J’aurai dû me méfier à cette dernière phrase. Sauf que j’étais Russe et que j’avais toujours du mal avec les subtilités de la langue américaine. Pour moi, ça déchire grave, ça voulait rien dire. Juste un gros mal de crâne le lendemain à cause du bruit, des lumières, des jeux et des filles qui nous affolent à chaque coin de table. J’aurai dû me douter que ces imbéciles qui se prétendaient des amis avaient foutu une saloperie dans mon verre. Au moins, ils avaient respecté mon souhait de pas boire d’alcool. Sauf que la gélule au fond du verre, je l’ai pas remarqué assez tôt. Et c’est seulement plus tard, que j’ai constaté les effets indésirables de cette saleté.

Deux heures plus tard

« C’est…c’est bizarre ton truc là…c’était b-bon mais j’sais pas…ça me rend la tête à l-l’env…l’envers ! » rigolai-je comme un idiot en serrant fort les épaules de mon ami qui me raccompagnait aux toilettes. « Tiens cette…cette fille là-bas par exemple…ça fait ça fait….ça f….trois fois que j’la vois. Elle est belle heinnnnn ? Hein qu’elle est belle ? Ohhhh mais c’est Sha…Sha….hey Sharrronnnnn !!! C’est Sharon, c’est ma copp…copine…. !!! Qu’est-ce que tu fais là ? Toi aussi t’as été invitée ? * burp* Ouahh dis donc t’es vachement sexy heinnn !! » Voilà, vous savez tout. Un russe drogué, ça donne ce pitoyable spectacle. Une chemise blanche entrouverte et mal rentrée dans son pantalon, un rire idiot toutes les cinq minutes, l’envie de tripoter tout ce qui porte un jupon, et une tignasse donnant l’impression qu’un astéroïde vient d’exploser. D’ailleurs, mon bras libre avait déjà attrapé la taille de la jeune femme tandis que mes yeux peinaient à savoir si elle avait ou non une jumelle avec elle. « Hey les gars, j’vous présente Shasha…non attends c’pas ça…Sharronneuuh…elle est à moi, on …vous…pas touche HEIN !! »

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Où est passée Sharon ? Bonne question ! Surement sur le chemin du retour pour Boston en compagnie de ses copines la tête dans un seau à vomir presque ses intestins. Revenons à quelques jours plutôt où ses amies l'ont convaincu de les accompagner à Vegas afin de claquer leurs frics et clore en beauté, ce Spring Break. Ce dernier a été de tout évidence, un petit échec face au tremblement de terre et au volcan en éruption. Du coup, fallait rattraper tout ça autour d'un bon shoot, d'une bonne virée dans différents casinos et de beaux garçons à se taper pendant le séjour. Ce soir, était principalement notre dernier soir à Vegas et j'avais tellement insisté pour que Charline m'accompagne à ce road trip, que je n'avais pas réussi à la convaincre, parce qu'elle ne se voyait pas aller dans cette luxieuse ville de débauche avec une jambe dans un plâtre. Heureusement qu'il y avait snapchat pour lui envoyer à toute heure pleins de photos de ce que j'étais en train en faire. Tiens, même que là, dans ce nouveau casino ce soir, la tête dans les vapes, les pupilles dilatés, je venais de lui faire une pause grimace. Okey, c'était moche, mais osef, car je n'étais plus maîtresse de mon corps de toute façon. L'alcool évidemment. Après une bonne descente de verres, je tenais difficilement sur mes talons à aiguilles. Ceci dit, je fus interrompu par une voix que je pourrais reconnaître entre mille maintenant. Une voix qui m'obligea à cligner trois fois des yeux pour m'empêcher de penser que j'étais devenue folle alliée. Oh que si, je voyais Sachka partout maintenant. Même à Vegas, alors qu'il devait probablement être à Boston en train de chercher dans son répertoire, le numéro d'une nana qui pourrait satisfaire ses besoins d'homme ce soir. Je ne comprenais qu'un traite mot de ce que bégayait le russe. Il parlait trop vite, non, trop fort pour mes tympans que je bouchais à l'aide de mes mains. « Non t'es pas làààààà ! Arrête de me suivre partout... maudite hallucination !. » Oui, la demoiselle croyait maintenant voir son bel étalon partout. Dure dure d'être saoule. Je croyais voir le reflet de mes envies, de mes pensées les plus intimes, je voulais le croire présent, mais je ne pouvais pas ignorer mon état. Tout est de la faute de l'alcool. Retirant mes mains de mes oreilles, le son de sa voix résonna de nouveau et cette fois-ci, je décidais de m'abandonner à ma propre folie. On se lâche Sharon, si tu dois passer la soirée avec le fantôme de Sachka, qu'il en soit ainsi. Tirée par la taille, mon regard vaguait entre mon amant et ses copains. « Ça vous dirait une partouze les garssssssssss ?. » Est-ce qu'il y a pire qu'une Sharon totalement saoule et pétée jusqu'à la moelle épinière ? Nonnnnnn. Me libérant de l'emprise de Sachka tandis que ce dernier venait de menacer ses amis, je fronçais les sourcils en éclatant de rire. « Sachkaaaaaa !... Mais arrête de dire n'impooooorte quoi !. Moi pas à toi, capiche !. Je le serais que lorsque tu m'épouseras point !. » Criais-je en levant les mains en l'air et en tournant sur moi-même. Et Bam ! Première catastrophe de la soirée, l'un de mes talons venait de se casser. Du coup, je perdis l'équilibre, mais me rattrapais aussitôt sur le torse du jeune russe. « Pauvre petit talonnnnn, si haut et si brillant. Mais tu vas me porter n'est-ce pas ?. Comme une princesse, allez dit ouiiiiiiiiiiiiiiiii !. » Pour accompagner mes dires, je tirais une petite moue de chat potté avant de retirer mes talons et de rester pieds nus. Mes bras autour de son cou, mes lèvres à quelques centimètres des siennes, mais toujours avec ce sourire espiègle, plus fillette que femme ce soir. Plus saoule que jamais surtout.

« Et ils se marièrent et eurent plein d'emmerdes. »

Au départ, ça devait être pathétique de voir un russian boy courir dans la salle pour rattraper sa russian girl préférée, qui elle s’enfuyait parce qu’elle le prenait pour une hallucination. UN vrai miracle que les vigiles du casino ne nous avaient pas encore foutu à la porte. Encore que, on faisait de mal à personne, et nos amis nous couraient aussi après pour éviter qu’on ne fasse trop de conneries. Et il n’empêche que j’ai fini par la rattraper la russian girl. Ou plutôt, qu’elle s’était arrêtée d’un coup et que je lui ai sauté dessus pour éviter qu’elle ne s’envole à nouveau. « Non. Non non NOOOONNNN !! Le pre…le premier qui la toutouche…je lui…je lui…tchouuupffoouutccchhaa !! » Là, j’étais en train de mimer un ninja bourré en train de faire une prise de karaté à l’un de ses potes. Potes qui me regardaient tous les trois avec un air mi blasé, mi inquiet. « T’es sûr qu’il est pas en train de faire une réaction au médoc ? » murmura l’un d’eux dans l’oreille de l’autre. « Non, p’tin c’était la dose minimale en plus ! » répondit-il avec colère. Comme quoi, il se sentait quand même un minimum responsable de ce qui était en train de m’arriver. « C’est p’têt une crise d’épilepsie ? » ajouta le troisième en haussant les épaules avant de rire haut et fort. Au moins, je n’étais pas le seul à être à moitié défoncé, ça fait plaisir. « Euhhh, tu nous feras quoi déjà ? Pas compris. » reprit le brun en faisant mine de s’approcher de Sharon pour la tirer hors de portée de mes gestes bien trop rapides malgré mon état pour ne pas être dangereux si quelqu’un se prenait un coup. « Je te…j’te… » Pause. La tête contre le mur de derrière, mes yeux venaient de se fermer d’un coup. Je venais de perdre connaissance ou bien ? « AH-AHHHH !!! Alors…alors on va s’marier comme ça personne à part mo-moiii te toucheras plus duuuuu toutt, walaa !! » Le plan le plus stupide de toute ma vie. Mes bras entourant sans comprendre comment le corps à moitié électrique à moitié inerte de ma future femme de Vegas, je regarde son talon cassé en mimant un air véritablement triste comme si le pauvre était réellement…mort. « Ouii pauvvreee pettiit. Je suis pas pas un prin…ce. C’est pas comme le frère de…Fifi. » Fifi étant Orphée, ma sœur de cœur qui avait un frère avec un nom à coucher dehors. Un nom de prince et une attitude toute aussi agaçante à mes yeux. Malgré tout, mes bras la décollent bientôt du sol et un sourire flotte aussitôt sur mes lèvres. « T’as vu hein ? Tu vois comme je suis fooorrrt ? ON CHERCHE UN PREETTRREEE, ON VAAA S’MMAARR-MARRIIIERR !! Toi, t’es prêtre ? » demandai-je au premier venu en traversant la salle. Aucune chance que l’homme me parle. C’était une statue en plastique. « Tu-tu f’rais bien d’répondre rapidement sinon je… » Excédé par notre manège, un couple nous montre souvent un autre couple habillé en Elvis Presley qui distribue des prospectus sur la droite, juste devant une sorte de chapiteau rose bonbon avec une immense croix sur le devant. « Hum, je crois que ces personnes sont habilitées à vous marier. » dit l’homme en nous les montrant du doigt. « Merc-ci Batman. Allez venezzz !! Pas de …de mariage sans tém…témoins ! » parvins-je à articuler en allant à la rencontre des doubles d’Elvis. On voit vraiment de tout à Vegas !

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Cette soirée ne se déroulait pas comme prévu, je veux dire, je n'imaginais pas du tout être suivie par une hallucination alors que tout ce que je souhaitais, c'était profiter et ne penser à rien d'autre. Évidemment, il a fallu que Sachka me tombe dessus et que je ne sois plus apte à faire la différence entre le bien et mal de cette soirée. D'ailleurs, elles sont passées où mes copines ?. Surement qu'elles devraient être dans une chambre luxurieuse avec un beau jeune homme en train de jouer au scrabble sur un air de Justin Bieber, en gros, tirer un dernier petit coup avant de reprendre la route. Quant à moi, je me retrouvais face à mon bel étalon aussi torché que moi. Un rire m'échappait de nouveau en le voyant faire une prise de karaté, putain, c'était tout sauf une prise ça. « Tu ne ferais même pas peur à une moucheeeeeeeeee. Cette prise est débileeeeeeeuh. » Moi, je ferais mieux de me taire parce que je venais de casser mon talon et autant dire que, j'étais mal placé pour me moquer parce que je ne tenais même plus sur mes jambes. Contre toute attente, Sachka ferma les yeux, les rouvrant quelques secondes plutard avec la plus stupide des idées de toute une vie. Se marier. Okey, j'aurais franchement tiré une tronche si je n'avais pas été saoule, mais là, mon sourire s'agrandissait, rayonnait, il y a des instants où la vie vous fait un cadeau, et la seule chose raisonnable à faire, c'est de l'accepter. « Ouiiiiiiiii je le veux !. » Banane va ! Ce n'est pas maintenant que tu dois dire cette phrase Sharon !. Irrécupérable. Quoi qu'il en soit, je fus immédiatement portée par mon futur mari qui essayait encore et malgré son état, de se venter. Inchangeable ce mec, je vous jure. « Mais ouiiiiii t'es aussi fort que Hulk ! Même que tu le surpasses de loiiiin !. » Je n'aurais pas dû parler trop vite, puisque monsieur venait de cogner ma tête contre un mur, fin ce n'était rien de grave en somme. « Mais aïeuhhhhhhhh !. » Je massais l'arrière de ma tête suivi par les potes de Sachka à qui j'adressais un large sourire. Oh non non, la mariée ne draguait pas les potes de son futur mari pendant que celui-ci se battait presque avec une statuette, loin de làààààààààààà. Ils furent d'ailleurs guidés par un couple qui montrait le chemin vers le début des grosses emmerdes. Des doubles d’Elvis qui mariaient des couples dans nos genres, aussi stupidement que notre état actuel. Même qu'un couple venait de terminer de s'unir et comme je n'avais pas de robe et lui de costume, je plaquais index et pouce entre mes lèvres et sifflais carrément ces jeunes mariés. « Heyyyyyy ! Tous mes meilleurs vœux blablabla, mais auriez-vous la gentillesse de faire un échange de vêtements avec nous ? S'il vous plaiiiiiiiit ! On...va s'marierrrrrrr. Putain... on va s'marier !. » Criais-je par-dessus l'épaule de Sachka alors que le couple accepta et que la mariée s'approcha pour me libérer des bras du russe afin de me tirer vers une pièce histoire d'échanger nos vêtements. Ce fut le même sort pour le russe. Quelques minutes plutard, je sors de la pièce vêtue d'une magnifique robe blanche et d'une couronne de fleurs -mal placée- sur la tête. Pour une mariée qui devait avancer avec classe et élégance, j'avais l'air d'un Manchot en robe de marié, mais je gardais néanmoins mon sourire. Aller, ce n'est pas le moment de marcher sur ta robe Sha !. Sharon et Sachka, Sachka et Sharon. L'un ne va pas sans l'autre, ils sont complémentaires et tellement opposés tels le feu et la glace. Elle est le feu, volcanique, imprévisible, violente. Il est la glace, froid, cassant, distant, grincheux. Ils s'adorent et se détestent, il la désire et voudrait la faire souffrir en même temps. Elle le désire et pourtant, il l’horripile par moment. Et ce soir, Dieu sait qu'ils vont s'unir pour le meilleur et le pire. Mais surtout le pire.

« Et ils se marièrent et eurent plein d'emmerdes. »

Tu parles d’amitiés ! Si c’était vraiment des amis, ils m’auraient empêché de faire la connerie que je m’apprêtais à faire, en embarquant Sharon dans mon délire par la même occasion. Au lieu de ça, ils ont vaguement tenté quelque chose, mais parait que je les aurais menacé de fracasser leur crâne contre un mur s’ils s’approchaient de trop près de MA future femme. Pfff, c’est pas ça qui aurait dû les arrêter, si ça avait été de vrais… Bon ok, j’arrête. Avouons-le, j’aurais effectivement pu leur faire très mal s’ils n’avaient pas écouté. Et puis, je suppose que s’ils n’avaient tant bougé que ça, c’était parce qu’il était aussi facile à Vegas de se marier que de divorcer ? Ils ont dû se dire que demain, tout serait rentré dans l’ordre. Sauf que le lendemain, tout n’est PAS rentré dans l’ordre. ‘fin bon, revenons au moment présent. Lorsque je m’apprête à épouser une fille que je ne connais qu’au fond d’un bon lit et avec qui je ne partage que l’amour du sexe et des emmerdes. Enfin a priori, vu qu’on se connait pas, si ça se trouve…

« Oui, moi aussi je le je le veux ! » Oui moi on sait déjà. Dans mon délire je songeais sûrement à toutes les parties de sexe endiablées que j’allais pouvoir passer avec Sharon une fois qu’elle aurait la bague au doigt. Quand on est complètement à côté de la plaque, on ne voit que le bon côté des choses et on laisse le reste pour les réalistes. « oups, désoléé ma faute ! » Qu’est-ce que cette saleté de mur foutait là lui aussi ? Suis sûr qu’il l’a fait exprès ! Enfin bon, nous voilà sous la chapelle, devant le fou rire de l’un de mes amis, le désespoir du second, et l’hésitation du troisième. « C’est qui lui…comment il est ri-ridi-cule son costume ! » Qui ne connait pas le légendaire Elvis me direz-vous ? Un Russe qui n’a pas reçu une bonne éducation culturelle et apprend actuellement la culture américaine…c’est lent, très lent. Heureusement, personne ne m’a entendu, auquel cas, j’aurai été limogé pour mon ignorance. « Oui toi tu mets la robe et moi le…le…p’tin c’est un costard ça ? Nannn Shasha j’aime pas les costardss moi !!! Peux pas rester habillé nor- normalement te plaiiiittt ? » suppliai-je en la reposant au sol. Au moins une habitude que j’avais gardée même sous état mental déficient : les vêtements. Malheureusement, je n’ai pas eu le choix. Dix minutes suffisent à ce que je ressorte d’une espèce de mini-pièce dans laquelle les gens s’habillent et se déshabillent à la vitesse de l’éclair. J’avais l’air un peu gauche dans mon costume avec mes cheveux encore plus en pétard que d’habitude, ma chemise rentrée mais déboutonnée aux manches et au col et ma cravate à moitié desserrée. Lorsque mes yeux se posent sur Sharon, malgré ses pas aussi maladroits que les miens, je la trouve radieuse en robe de mariée, et me jette aussi dans ses bras –un peu trop brutalement peut-être – pour la serrer contre mon torse. « A moii ! » Et aussitôt relâchée, plaçant ma main dans la sienne, nos doigts entrelacés, je la conduis jusqu’à l’autel, où siège le couple d’Elvis Presley. « Vous êtes prêts ? » Je hoche vigoureusement la tête, tentant par moments d’arracher les pétales de fleurs sur la couronne de ma future compagne, un sourire niais sur les lèvres. A côté de nous, mes amis donnent nos noms et prénoms aux « prêtres » non sans que deux d’entre eux ne versent une fausse larme émue devant ce spectacle. « STTOOOPPPP !!! » criai-je tout à coup en faisant sursauter tout le monde. « Où est la caméra ? Je v…j’veux que mon mari-age soit filmééé ! » Soulagement dans l’assemblée. « Rassurez-vous, il y a une caméra placée là-haut qui filmera tout ce que vous voudrez et vous pourrez avoir l’enregistrement dès demain matin. » m’expliqua Elvis Presley femme en me montrant du doigt la fameuse caméra cachée. « Ah d’accord. C’est bon alors. On peut commencer…allez allez-y… » Tada tadam…tada…tadam… « Mes chers amis, nous sommes rassemblés ce soir pour célébrer l’union de deux jeunes personnes. Un homme et une femme dont il est évident à nos yeux que l’amour les a réunis pour une seule et même vie. Un amour inconditionnel qui se révèle devant nous, et ce, jusqu’à ce que la mort les sépare. Monsieur Sachka Gretchko, acceptez-vous de prendre pour légitime épouse mademoiselle Francescov Sharon ici présente ? De l’aimer et de la chérir dans la joie et la pauvreté ? L’honorer et la garder en renonçant à tout autre femme et de promettre de tout faire pour vivre cette relation d’amour le plus longtemps possible ? » « Ouiii oui j’le veux ! P’tin elle était longue vot phrase ! » m’exclamai-je en riant à moitié. « A toi maintenant ! » Mais biensûr. « J’y viens monsieur Gretchko, j’y viens. Mademoiselle Francescov… »

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Riant à la réflexion de mon futur mari, je trouvais que ce Elvis avait une jolie coupe de cheveux cela dit. Néanmoins, de mon index gauche, je pressais les lèvres décharnées de mon compagnon, l’observant de mes grands yeux vert en faisant une moue badine. « C'est la règle, je... Tu dois mettre un costume Sachkakaaaaa. » Oulalalalala, je commençais à avoir la tête qui tourne vaguement, fort heureusement, je fus tirée à part et une fois en robe blanche, je rejoignis le marié qui ne se pria pas pour me sauter dans les bras. J'avais failli perdre de nouveau l'équilibre, mais nous nous rattrapions au bon moment. Il glissa ses doigts entre les miennes que je serrais avec tendresse en me guidant difficilement vers les doubles d'Elvis. Toute excitée comme une puce, alors que monsieur jouait à retirer tantôt les pétales de ma couronne et que le prêtre faisait son speech, je donnais une vilaine tape sur l'avant-main de mon futur mari. « Naaaaah mais tu vas laisser ma couronne oui ! T'vois pas que j'ai l'air d'une reine avec ?. » Mon sourire s'élargissait jusqu'à la naissance de mes oreilles, tandis que le prêtre s'adressait à Sachka. Ce dernier stoppa quelques secondes pour réclamer une caméra, mais madame Elvis surenchéri aussitôt pour le rassurer. « Ahhhhh mais merdeeeee, moi qui voulait avoir une vidéo dans mon tel... Tiens, je ne sais même plus où il est... » Petit portable était en sécurité avec l'une de mes copines. Bref, osef de ton portable Sharon. Revenons à nos moutons. Le prêtre commença donc son fameux speech et Sachka répondit aussi rapidement que Barry Allen aka Flash, genre le mec ultra pressé d'épouser la femme de sa vie quoi. Et lorsque ce fut à mon tour, à peine il commença que je surenchéris. « Ouiiiiiiiii je veux, je veux, je veux, je veuuuux !. » Elvis se mit à rire, ignorant ma réponse et continuant son discours. « Acceptez-vous de prendre pour légitime époux monsieur Sachka Alekseievi Gretchko ici présent ? De l’aimer et de le chérir dans la joie et la pauvreté ? L’honorer et le garder en renonçant à tout autre homme et de promettre... » ... « Vous êtes sourd ou quoiiiii ? J'ai dit que je le voulais, alors vous passez à l'étape suivante monsieur Elvis fake ou sinon je vous arrache les cordes vocales ! » Dis-je en fusillant du regard le prêtre et en souriant comme si de rien n'était ensuite. Oh god, là, elle faisait peur la mariée et donc le prêtre n'insista pas et obéissait en prime. Il demanda à sa femme de nous donner les bagues offertes par la maison que nous nous empressions de passer au doigt de l'un et de l'autre. « Et donc, par les pouvoirs qui me sont conférés, et en la présence de tous les témoins ici présents, je vous déclare mari et femme ! Vous pouvez maintenant embrasser la mariée. » Je sautais rapidement au cou de mon mari pour sceller nos lèvres dans un fougueux baiser. C'est toi la mariée Sharon, pas Sachka, c'était à lui de t'embrasser pauvre cruche !. Mais quelle différence ça faisait à présent ?. Pendant que je jouais avec les lèvres de MON MARI ouaich, mes copines retrouvaient enfin mes traces, d'ailleurs, elles avaient toutes la mâchoire pendantes face au spectacle qu'elles assistaient. « Bon sang Sha ! On s'absente quelques heures et ça suffit pour que tu fasses n'importe quoi !. On doit se casser dans une heure alors commence à faire tes adieux à ton charmant... Mari !. » Pour elles qui ne connaissaient pas Sachka et qui devaient croire qu'il vivait ici, elles pensaient qu'une fois hors de cette ville, tout rentrera dans l'ordre, qu'elles n'auront pas besoin de se prendre la tête avec ce mariage, cette bêtise qui s'oubliera assez vite. Sauf que non, Sachka et Sharon se connaissaient bien et cette histoire n'était pas prête de s'oublier aussi vite. Quittant les lèvres de Gretchko, je tirais à nouveau une moue. « Je n'ai même pas de bouquets à lancer !... Ahhhhhhh mais attendez !. » Je soulève une jambe pour retirer le talon de la fameuse mariée précédente remember et le lançais avec un sourire espiègle. Ce dernier atterrissait pile sur le crâne de l'un des potes à Sachka. Moi, j'éclatais de rire en applaudissant pour le futur marié... ou pas. Normol, Sharon, on lui dit de lancer un bouquet de fleurs, c'est un talon à aiguille qu'elle lance. Voyez le degré de son mental lorsqu'elle est totalement saoule. C'est juste catastrophique.

« Et ils se marièrent et eurent plein d'emmerdes. »

« Si si…une reine… » répétai-je en fermant les paupières par trois fois. De temps en temps, un éclair de lucidité m’envahit, aussitôt rattrapé par une fulgurante connerie qui me faisait pouffer de rire comme un imbécile. Maintenant que c’était à son tour de répondre, je gonflais fièrement le torse devant une telle déclaration d’amour. Une reine avait accepté ma demande en mariage. Ca voulait dire que j’étais un roi. C’était suffisant pour faire mon bonheur. J’étais devenu puissant et j’allais gouverner des sujets. La classe. « Oui elle a dit qu’elle vou-lait alors grouille, passe à aut’chose maintenant ! » grognai-je à mon tour en montrant les crocs. C’est que ce prêtre, il commence à être bizarre ! M’énerve à la faire répéter alors que moi il m’a demandé qu’une fois ! A moins que ce soit le contraire ? Je sais plus, mes pensées sont de plus en plus confuses. On est où là déjà ? Qu’importe, un poids plume vient tout à coup de me sauter dans les bras. La fameuse mariée à la couronne à moitié fanée qui m’embrasse à me faire perdre haleine. Mes bras l’entourent à mon tour, à l’en écraser la taille, et je lui rends son baiser avec encore plus de passion si c’était encore possible. « On est dans la merde. » n’entendis-je pas à deux pas de là. « Sachka va nous tuer demain matin. » reprit une autre voix à laquelle je n’avais pas non plus fait attention, dans la folie du moment présent. « C’est qui ça ? Arrêtez, partez, c’est MA fem- femme à mo-moi ! On est marié maintenant ! Pas pas touche ! Elle partira pas…a-avec vous ! » Premier avertissement alors que je relâchais l’étreinte de ma compagne et attrapais soudainement la perruque de Elvis mâle pour en faire une sorte d’épée. Hors de question que ma femme parte, non seulement parce que maintenant, on était unis par les liens du mariage, mais SURTOUT, on avait pas encore eu notre nuit de noces. Et c’est supperrr important la nuit de noces ! Finalement, le bouquet est lancé, et c’est l’un de mes potes qui le rattrape. « Félicitationtions, t’s’ras l’prochain bro’ ! » m’exclamai-je tandis qu’Elvis m’arrachait sa perruque des mains, rouge de honte, face au rire tonitruant de sa femme, et que je fronçais aussitôt les sourcils devant l’air ahuri de mon ami. « C’é…c’était quoi comme fleurs dans ton bouq-quet ? » Sûrement un cactus vu les dégâts sur sa joue qui avait viré au rouge en un dixième de secondes.

« Bon, ça suffit les conneries maintenant. C’est bon, vous avez eu ce que vous voulez, mazeltov, vous êtes mariés. Maintenant Sachka, tu descends de là et tu rentres dans la chambre avec nous. Et vous, vous ramenez Sharon et on trouvera une solution plus tard ! » soupira le brun, visiblement le plus intelligent de la bande ce soir. « Pas pas question ! Elle est à moi ! Et tou-toutes les nuits si j’veux ! » le menaçai-je en balançant les poings à qui oserait me forcer. Finalement, l’un des coups visa l’un d’eux, qui eut le bon sens de s’éloigner de quelques centimètres, me faisant trébucher sur le tapis de sol, me prendre le mur d’en face, et de m’étaler de tout mon long sur le plancher. Pathétique. « Bon bah ça fait un problème de moins maintenant. » Les deux autres eux, étaient hésitants. « Oui mais s’il se réveille et qu’il ne la voit pas à ses côtés ? Ca risque d’être notre fête, non ? » s’inquiéta l’un d’eux. « T’inquiète, d’ici là j’espère qu’il aura eu le temps de retrouver toute sa tête. Et quand ce sera fait, on se prendra des billets pour l’Arctique. Il nous trouvera jamais là-bas. » ironisa t-il en plaçant l’un de mes bras autour de ses épaules, tandis que le troisième larron faisait de même avec les siennes. « Attends ! Merde, elles ont dit qu’elles devaient partir dans une heure !! » hurla le blond en jugeant l’information capitale pour leur survie à tous. « Oui, ça va j’suis pas sourd, j’ai entendu ce qu’elles ont dit. Hé les filles ! Surtout gardez vos portables allumés ok ? Passez-nous votre numéro, on se tient au courant pour la suite. A savoir quand ces deux-là seront en état de placer deux mots cohérents, on les emmène direct chez un avocat ou un notaire pour faire annuler ce faux mariage et c’est bon ! » Comme si c’était l’évidence même et un simple caillou à retirer de sa chaussure.


Le lendemain matin – aux alentours de 8h00

« P’tin de *** ma tête ! » soufflai-je en passant une main sur mon front pour tâter l’endroit où…hein, mais c’est quoi cette bosse là ? Et comment je suis arrivé dans ce lit moi ? Et pourquoi je suis torse nu ? Souffrant légèrement de courbatures et surtout de maux de tête, je me lève pour me dégager des draps et m’asseoir, la tête entre mes mains, sur le lit. Pas un bruit dans la chambre, personne à côté de moi, j’en déduis que soit la fille avec laquelle j’ai couché –si j’avais effectivement couché avec une fille hier soir- était déjà partie, soit qu’elle était juste sortie. Tentant une première fois de me lever, je retombe mollement les fesses sur les draps, comme si un poids considérable pesait sur mes épaules. Un goût amer dans la gorge m’oblige alors à me rendre dans la salle de bain pour faire un brin de toilettes. Rien de tel que de l’eau chaude pour vous remettre d’aplomb. Dix minutes plus tard, frais comme un gardon, je suis en train d’enfiler une chemise trouvée par hasard dans l’une de mes valises –si on peut appeler mon sac à dos une valise – lorsque des souvenirs remontent brutalement à la surface de ma soirée d’hier. La boisson, les jeux de hasard, ma presque bagarre avec une statue, la rencontre de Sharon, le mar… « ДЕРЬМО ! » jurai-je dans ma langue natale avant de m’élancer dans le couloir, vêtu de mon seul pantalon, pieds nus, et chemise grande ouverte, jusqu’à la chambre voisine. C’était l’avantage de prendre des suites à 5000$. Tout le monde peut dormir au même endroit sans que le bruit des uns dérange les autres vu l’immensité de la suite. « DITES-MOI QUE J’AI REVE HIER SOIR ! DITES-MOI QUE VOUS TOUS BANDE D’ABRUTIS DECEREBRES VOUS M’AVEZ PAS LAISSE ME MARIER AVEC SHARON SANS RIEN FAIRE ?? » hurlai-je dans toute la suite, rouge de colère, malgré la migraine qui résonnait dans mon crâne à chaque fois que je criais.