J. AUSTEN CALDWELL ► jon kortajarena

❝ T'abandonnes?! Tu t'fou d'moi Austen? T'oses foutre une guerre nucléaire entre toi et tes potes, pour celui qui réussir à m'avoir, et maintenant que tu perds, t'abandonnes? J'te pensais pas aussi lâche Caldwell! ❞ Della, elle avait l'don d'être parfaite. D'être elle. D'assumer ce qu'elle voulait, ce qu'elle pensait, ce qu'elle était. C'était pas seulement son physique qui t'avais plus chez elle. C'était un tout. Sa façon d'parler, d'penser, de s'comporter. Ses gestes vagues, son regard mystérieux, ses airs indécis. Son sourire qui illuminait son visage et ses yeux qui pétillaient quand elle était heureuse. Ses sourcils froncés et sa mâchoire serrée lorsqu'elle était de mauvaise humeur. Della, c'était surement la seule fille qui avait su prendre ton coeur et ça depuis aussi loin que tu te souviennes. Tu avais toujours été secrètement amoureux d'elle. T'avais jamais assumé tes sentiments, parce que tu savais que Della, c'était pas son truc les relations. Et pourtant y'a trois mois d'ça, lors d'une soirée un peu trop alcoolisé, elle avait choisi de jeter son dévolu sur toi et ton meilleur ami. Et comme tu le savais depuis ce jour là, c'était une histoire qui semblait complètement foireuse. T'avais pas eu tord, et tu regrettais ces derniers mots d'acharnement contre celui qui avait été, l'un de tes potes les plus proches. ❝ Si tu veux t'taper Lucas, vas-y Della. T'es libre de faire c'que tu veux. J'me retire de cette compétition. Ca sentait la merde depuis le début, j'le savais, j'aurais pas du rentrer dans ton jeu. Ni moi, ni Lucas d'ailleurs! T'as réussi, félicitations. C'est c'que tu voulais t'façon? Nous montez l'un contre l'autre et puis, profiter de chacun de nous. Qu'on s'battent pour toi, pour que tu t'sentes aimée, désirable, attirante? ❞ C'était une vraie scène de ménage que vous étiez entrain de donner en pleins milieu des couloirs du lycée. Tu continuais ton chemin et t'entendais la voix de la belle brune qui se rapprochait encore une fois de plus vers toi. Elle n'avait surement pas compris c'que t'avais dis, t'avais été très clair ceci-dis. ❝ Il s'est rien passé, j'te le jure Austen! On est.. juste sorti boire un verre. Et tu sais que c'est toujours toi que j'ai préféré entre toi et Lucas! ❞ Elle te retenait de partir et serrant assez fort ton bras. Ses yeux fixaient les tiens sans relâche. Ses propos étaient faux, et elle s'enfonçait un peu plus à chaque parole. A ce moment, tu n'avais bizarrement plus aucun sentiment pour elle. Tout ce que t'avais toujours ressenti à son égard s'était effondré. C'était plus simple que tu l'avais imaginé, de l'oublier, de n'plus aimer. Tu lui rigolais au nez, parce que, t'avais plus aucun respect pour elle. Toi qui pourtant, respectait tellement la gente féminine. Elle s'était foutu de toi. Elle avait brisé ton fragile petit coeur de porcelaine. C'était comme si elle l'avait pris, elle l'avait cajolé un instant, puis elle l'avait jeté à terre, histoire de l'exploser en mille morceaux. ❝ Rien que de t'regarder ça m'file la gerbe Della. J'pensais pas que t'écartais les cuisses si facilement. J'pensais pas que t'étais la pire des garces, des menteuses, que j'aurais pu.. ❞ aimer? Oui, c'était bien ça le mot qui n'était pas sorti de ta bouche. Elle méritait pas d'entendre ça. Elle t'avait menti, elle avait joué, elle avait perdu. Et toi aussi. T'étais loin d'être épargné, t'étais l'premier blessé, l'premier à terre. T'avais perdu ton meilleur ami, et celle que t'avais bien trop aimé sans jamais rien tenter. Il l'avait gagné, il l'avait pas vraiment mérité. C'était un jeu idiot, un jeu bien trop dangereux. Tu dégageais sa main de ton bras d'un mouvement violent. Tes nerfs montaient d'un coup, comme très souvent. Et tu contrôlais plus rien à cet instant. Elle sursautait après le bruit du fracas de ton pieds contre l'un des casiers. ❝ Oubliez moi et faites votre vie Della. ❞


Vos coeurs saignent et vous vous cachez derrière vos grandes gueules, vos belles fiertés. Tu caches des plaies à vif, mais ça reste secret. En vérité, t'es perdu, désabusé, seul et un peu trop triste. Tu sais pas trop quoi faire, comment agir, qu'est ce que tu dois dire. T'excuser, raconter, dire la vérité? Tu savais plus trop sur quel pieds danser. T'avais fais l'con. Ca faisait un petit moment que tu jouais au con. T'avais juste récolté ce que t'avais semé. La vérité, c'était juste que vous aviez été trop stupide pour arrêter d'vous droguez. Vous aviez cédé à la poudre blanche. Le crack, l'héro, la poudre, peu importait son nom finalement. Ca l'avait juste tué. Sans que personne se doute un seul instant, que c'était prévisible. Et tout le monde savait mais personne le disait, des messes basses, des rumeurs qui cours, des non-dits. Tu t'souvenais que vous aviez fait des plans sur la comète. Partir. Rêver. Vouloir toujours plus, toujours mieux. C'était peut-être l'effet qu'elle donnait, la poudre. T'arrivais pas à savoir pourquoi, comment, c'était arrivé. Tu t'souvenais plus de cette soirée. Tu voulais pas vraiment t'souvenir, parce que tu savais que t'aurais trop de regret. T'en avais déjà bien trop. C'était ta vie contre la sienne. Sa vie contre la tienne. Et c'était toi qui était là. Qui se tenait devant sa tombe. Le silence pesant. Les gens de noir vêtus. La pluie qui tombante, pour couronner le tout. Tu t'avançais à côté de celle que tu avais autant aimé que détester, Della. Elle se tenait au plus proche de sa tombe. ❝ Ca va aller Della. ❞ C'était tout ce dont tu étais capable de murmurer. T'avais la gorge serré, t'étais dans l'incapacité à dire un mot de plus. La main de la jeune femme attrapait la tienne. Tu n'avais pas réussi à en vouloir bien longtemps à la demoiselle. Les années étaient passés. T'avais pardonné à Lucas. Et lui, il avait choisi d'vous quitter. Par la solution d'facilitée. La drogue. Tu la détestais, autant que tu l'aimais. Presque comme Della. Et c'est surement cette comparaison qui t'sauvais. Le petit sachet rempli de cocaine dans ta poche. Il t'attendait. C'était à la moindre faille, la moindre faiblesse, qu'elle remplissait tes narines et retournait ton cerveau. Tu ressentais presque les sensations rien qu'à y penser. Le point serré autour du sachet. Une grande inspiration. Et deux secondes plus tard, tu regardais le paquet tomber sur le cercueil. Tu t'promettais que plus jamais. ❝ J'suis là. J'serais toujours là Austen. ❞ Tu serrais sa main. Ca signait le traité de paix entre vous deux, des années écoulées après. Il avait fallu un mort, une perte, des larmes, la tristesse, pour que toute haine soit effacée, oubliée.


Boston, la belle. T'y avais grandi. T'y avais fait ta vie. Tu t'étais forgée ici et depuis presque toujours. Harvard. T'avais toujours rêvé d'y aller. T'avais toujours vu les étudiants et tu t'étais imaginé à leur place toute ta jeunesse. Tu t'étais donné les moyens d'réussir. Et c'était maintenant depuis tes dix huit ans que t'y étudies le sport et le droit. T'as pas vraiment d'objectif de job, tu t'laisses encore un peu porter. Tu t'dis que t'as encore le temps. Le temps de profiter. Le temps d'être encore un peu étudiant. Le temps d'être jeune et insouciant, ou presque.