On peut courir mais on ne peut fuir (feat. Maxym)

Le voyage au Chili touche bientôt à sa fin. Ses vacances ont été très reposantes. Surtout pour un Mather qui a décidé de reprendre les bonnes vieilles habitudes. Ricardo, qui avait décidé de retomber dans ses travers. Mais pas durant ces deux semaines. Non, à part quelques soirées, j'avais été plutôt sage. Cela ne me ressemble pas, je vous l'accorde. Mais cette année, j'avais décidé de profiter du voyage autrement. Je sors de ma chambre d'hôtel de bon matin. Je ne me suis pas couché aux aurores hier soir, alors j'ne profite pour faire un footing ce matin. Le sport, il faut que je m'y remette à fond. C'est bien beau de fumer des joints, mais faut faire travailler le cardio à côté. J'enfile donc mon plus beau bas de jogging, un débardeur, puis me voilà parti. Je décide tout de même de passer par le restaurant de l'hôtel, histoire de prendre un pain au chocolat et un verre de jus d'orange au passage. Partir le ventre vide, y'a rien de mieux pour risquer de s'évanouir.

J'me pose à une table, je compte pas rester bien longtemps de toute façon. Une dizaine de minutes, pas plus. Je me connais, si je reste le cul planté dans un fauteuil trop longtemps, je vais vouloir y rester. Puis y'a pas à dire, on est quand même calé ici. Je vois une, deux puis trois gorgées, jette un coup d’œil à mon téléphone alors que je sais qu'il n'y a rien d'intéressant dedans. C'est fou ce qu'on peut rapidement se faire chier quand on est posé seul en fait. Je met mon écouteur dans mon oreille et me laisse bercer par un petit mix qui aurait fait plaisir à mes voisins de pallier si je l'avais mis à fond en me réveillant. Puis finalement, quelqu'un décide de me retirer de mon havre de paix. "J'ai jamais compris comment tu pouvais faire du sport le ventre plein". Je lève les yeux, me lève pour faire face à Maxym. Je vais pas rester vautrer comme un con quand même. "En tant que sportive, tu devrais quand même savoir que si t'avale rien, t'es beaucoup moins performante". Bon, faut pas non plus s'enfiler trois pizzas avant de courir hein.

Encore quelques jours à profiter de la chaleur du Chili, puis on allait tous rentrer chez nous tranquillement. Le retour à la réalité qui pique comme après chaque Spring Break et chaque Summer Camp. Ah, je comprenais vraiment comment les non-étudiants ou les étudiants non-américains pouvaient nous jalouser pour ça. C'est vrai que les études sont les meilleures années de notre vie. D'ailleurs, je risque bien de rester là plus d'années que prévu moi, vu mes moyennes. Mais bon, je suis pas contre. Et en plus de ça, je suis même pas à l'abri de changer de cursus à la rentrée. Merci mes talents de footballeurs qui me permettent de rester ici pour moins cher quand même.. Mais ce corps, il faut l'entretenir. Et avec toutes les fêtes auxquelles je participe, pauvre Mather que je suis, c'est difficile de garder un équilibre. "Je suis toujours performante". J'arque un sourcil. Toujours aussi sûre d'elle, tiens. "Puis.. désolée, je suis pas sûre que tu sois de bon conseil. Tu m'as l'air d'avoir abandonné la partie du physique". Je ris légèrement, mon regard se posant sur mon ventre. "La bière a prit le pas sur les abdos". Enfin je dis ça, mais j'ai encore le temps avant qu'on ne voit plus une trace de ces derniers.

C'est pas vraiment naturel entre nous, on sent que c'est un peu forcé des deux côtés. Parce que c'est évident qu'on peut pas faire comme si l'autre n'existait plus. Ce qui se passe dans sa vie m'intéresse toujours. Même si je n'ai plus la place du petit copain, j'aurais toujours un regard différent sur ce qui peut lui arriver. C'est comme ça, quand on a aimé une personne. Enfin, je crois. J'suis une brêle dans ce domaine de toute façon. Alors on se questionne, on jauge un peu l'autre. Voir si les remarques peuvent passer, les petites vannes aussi, ou si même après une demi-année, c'est toujours trop tôt. "C'est ça d'être un mather, un vrai." J'hoche la tête avec un léger sourire. C'est vrai que j'étais redevenu un Mather en force. Enfin, je n'avais jamais quitté cette partie de moi, mais disons qu'elle ressortait bien plus maintenant. Vous savez, l'alcool, la drogue, les filles.. On se reconstruit comme on peut, et les vieilles habitudes reviennent comme si on ne les avait jamais perdu, ou presque. Parce que y'a toujours une petite voix dans ta tête qui te dit que tu fais de la merde. "C'est pour ça que les filles préfèrent les Winthrops." J'arque un sourcil. "Alors ça, c'est faux." J'parle en connaissance de cause. J'avais pas autant de succès quand j'étais rouge. On voit plus les rouges comme des players. "Je vois que tu as des restes de bleue en toi en tout cas.." Ça s'oublie pas comme ça, hein.