Il faisait beaucoup trop froid cette nuit, j’avais encore l’impression de sentir quelques frissons sur ma peau frêle. La chaleur du lit me réchauffait peu à peu et encore plus le corps dénudé de Sabian. Je ne calculais pas mes gestes, mais la noirceur ce soir me pesait lourd sur mes épaules. Face à moi maintenant ses traits étaient à peine perceptibles, seules des prunelles lumineuses brillaient doucement dans l’obscurité. De mon cotée mon visage restait aussi silencieux qu'à l'habitude. J’étais si fragile et si stupide. J’avais besoin de cet élan d’amour, de ce souffle pour me faire vivre juste un instant. Plusieurs fois on avait refusé de me toucher de peur de me briser, certains n’osaient même pas m’effleurer. Au-delà de mes airs angéliques se cachait une force que même ma propre conscience ne connaissait pas son existence. J’avais envie d’être faible ce soir. Était-ce l’alcool qui me poussait à agir ainsi ? Je n’en savais rien. Un léger sourire se dessinait sur mes lèvres lorsque je sentais qu’il se joignait à mon étreinte. Il aurait pu réagir de différente manière déjà que je l’avais tiré de son précieux sommeil et je le savais qu’il pouvait être impulsif par moment. Des conneries ? Mes agissements n’étaient rien de tel, c’était seulement une réaction à ce puissant besoin de vivre, il ne m’avait pas lâché depuis mon adolescence. Je voulais me débarrasser de cette enfance entre quatre murs blancs et déployer mes ailes et voler jusqu’aux confins des cieux. La situation était sans doute absurde, car j’étais en ce moment dans le lit d’une personne qui a l’habitude me protégeait de ceux qui voulait tenter la même chose. Il me ramenait sur terre une fraction de seconde en me demandant si j’étais bien consciente de l’endroit où que je me retrouvais. Un petit rire de ma part se déploya dans la pièce silencieuse avant de loger mon visage au creux de son cou.
«J’avais besoin de toi.» Relâchais-je dans un souffle plein de douceur accentué d’un accent d’une langue étrangère. Ma longue chevelure blonde chatouillait doucement son torse. Mes lèvres effleuraient légèrement la chaire ou mon visage s’était enfui, mais je ne posais pas de baisers pour autant. Il faudrait être aveugle pour ne pas reconnaître qu’il est séduisant. Je n’avais pas envie que des questions soient posées ce soir, j’avais juste envie que tu me prennes dans tes bras rien qu’une fois. Je t’en prie Sabian fait moi cette faveur. Il n’est question que de toi et moi à travers cette nuit sans chaleur et les quelques étoiles qui l’agrémentent. Ce n’était surement pas prévu, mais j’ignorais de toute façon jusqu'à où il comptait se rendre. En attendant, sa présence m’apaisait et j’avais le réconfort qui chassait mes bêtises. Non, en fait, je n’avais pas bu assez pour en prendre complètement l’esprit, en fait l’alcool n’était presque plus présent dans mon sang.
«Est-ce que tu me trouves belle Sabian ?» Je relevais ma tête de ma cachette et la déposais plutôt sur l’oreiller en attendant son propre élan. C’était peut-être ça la réponse à ma question, peut-être avais-je envie d’être belle et désiré par une personne. Je trouvais que j’avais déjà prononcé trop de paroles. Malgré ma tête qui s’était échappée, mes mains étaient restées logées dans son dos. Son épiderme semblait déjà crépiter sous mes doigts. Je ne voyais pas le protecteur ce soir , cette image était effacée pour le moment. Moi aussi je pouvais être impulsive d'une certaine façon ou perdu dans mes pensées tortueuses. Caresse ma peau tout doucement , c'est tout ce que je te demande.