KYLAGE • " L'alcool fait bien des dégâts "

Tu venais de quitter le terrain de paintball pour retrouver Kyla. Tu voulais avoir une discussion avec elle, tu sais que tu t'étais confié à elle un soir alors que vous étiez vraiment dans un état lamentable l'une comme l'autre, tu voulais savoir de quoi elle se souvenait et, ce que tu avais bien pu lui raconter ou plutôt jusqu'où.. Tu ne l'avais plus revu depuis ou quelques fois mais jamais toute seule alors tu voulais laisser passer cette chance de lui parler aujourd'hui, t'étais pas vraiment au top de ta forme, de mauvaise humeur, ce trop-plein d'embrouille tout à l'heure t'as donné mal à la tête. C'est peut-être pas les bonnes circonstances pour une discussion mais t'en as rien à battre, tu voulais savoir, tu pouvais pas t'permettre de mettre au courant tout Harvard de ce que t'as pu faire subir à ton père. Tu la vois au loin, marcher pieds nus, sa paire de talons à la main. Tu actives un peu plus le pas pour arriver à sa hauteur, tu lui tapotes l'épaule un peu essoufflée. - Kyla, attend ! Elle se retourne vers toi, un regard plein d'interrogation. Ta lèvre inférieure avait doublé de volume, elle était sanglante et rougeâtre. Tu devais vraiment ressembler à rien avec de la peinture bleue plein la gueule. - On peut parler ?.. Tu la dévisages en reprenant ton souffle.

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Tout a été super vite au paintball des Eliot contre les Mather. J'étais entrain de discuter avec les filles, les verts ont perdu, Ronan s'est excité, bim bam boom, la fin du monde était déclarée en moins de temps qu'il en faut pour dire ouf ! En tout cas, ça m'a bien soulé de voir tout le monde s'exciter pour pas grand chose et je n'ai pas mis longtemps à décamper, pour dire ce que je pensais bien fort et voilà. Je cherche à rattraper Nemo mais il est tellement énervé qu'il file avant que je le rattrape. Je m'appuie contre le premier mur qui me passe sous la main et enlève mes talons. Je sais marcher avec, pas de soucis, mais le sol est clairement pas droit et ça, ça fait pas du bien à ma cheville fragilisée. Je glisse mon index et mon majeur dans les escarpins et pars avec, pieds nus, comme la paysanne que je pouvais être de temps à autre. Si je venais à avoir de la boue sur ma robe ou la fermeture ouverte, ça m'étonnerait même pas. Je sens une main sur mon épaule et sursaute. Je me tourne et fronce les sourcils. C'est qui celle là ? Ah oui, celle qui s'est pris un coup. Bon, vu de face, c'est plus moche que ce que j'en ai vu d'en haut. " Euh ouai, si tu veux mais... On se connait ? " Ses traits, son visage me dit quelque chose mais quoi, je peux pas trop dire... " On a couché ensemble ? " Non parce que depuis peu, à part pour m'envoyer en l'air avec des filles, j'en accoste pas beaucoup... Les nanas, trop de problème, vraiment trop de problèmes !

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Tu savais pas trop comment t'allais pouvoir entamer la conversation, t'allais sûrement y aller en mode freestyle yolo. Tu voulais juste savoir jusqu'où remontait sa mémoire, si elle était en aussi bon état que la tienne même si clairement t'espérais le contraire au fond d'toi. C'était juste une personne de trop au courant de tout ton bordel de passé. Elle se retourne rapidement vers toi, un air incompréhensif sur le visage, visiblement ta gueule ne lui disait rien. Tu la regardes quelques secondes, ce qu'elle te demande par la suite confirmé bien ce que tu pensais.. Elle ne se rappelle plus de toi. T'es là, tu réfléchis à deux mille pour savoir quoi répondre, si t'allais trouver un prétexte à la con pour t'en sortir et éviter tout un tas d'explications qui me ferait mal à la tête ou jouer franc jeu avec elle. - Tu t'souviens pas ?.. Ouais, bien évidemment t'avait opté pour la franchise, c'était pas vraiment dans tes habitudes mais tu t'étais prise d'affection pour cette brune qui ne te reconnaissais même plus en fait. Tu regardes autour de toi, ça te rassuré sur la suite des choses qu'elle ne se souvienne pas de cette fameuse soirée. Tu savais que clairement rien ne t'obligé à tout lui raconter mais t'aimerais pas qu'on joue avec ta non modération d'alcool et qu'on fasse comme si de rien était devant ta figure. Tu reportes brusquement ton regard sur elle, inconsciemment tu la mâtes de haut en bas. Coucher ensemble ? WTF ?! Nan pas qu'elle était pas belle, loin de là même mais jusque là tu penses n'avoir jamais couché avec personne.. Fin sauf siiii.. Nan, nan impossible. - Euh, nan nan pas du tout, ça n'a rien à voir de ça ! Tu vois un banc un peu plus loin, tu savais pas combien d'temps allé durer cette discussion alors autant aller vous posez. - Vient on va s'asseoir, j'ai des choses à t'dire ! Tu emboîtes le pas, t'avance en direction du petit banc en bois juste en face de vous. - Nan je ne suis pas une de tes admiratrices qui voudraient te déclarer sa flamme non plus, t'en fais pas ! Tu lui lance en lui lançant un petit regard par dessus ton épaule. Autant installer un autre climat que la tension pour parler. Tu t'installes, une jambe de chaque côté du banc pour lui faire face. - Alors par où commencer.. Tu jouais avec tes doigts anxieusement, c'était une putain de situation délicate, j'allais clairement lui rejeter ses souffrances en pleine tronche. - On passé une soirée ensemble y'a pas si longtemps.. Apparemment tu t'en souviens pas mais moi si, très bien même. Tu marques une pause, reprenant ta respiration avant de poursuivre. - Et on a beaucoup parlé ce soir-là, tu m'as dit beaucoup d'choses et je t'ai aussi dit beaucoup d'chose sur moi, ma vie d'avant.. Des choses que j'dis pas habituellement.. Tu plantais ton regard dans le sien. Consciente que tu tournais autour du pot depuis t'aleur.

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Je secoue la tête de droite à gauche quand elle me demande si je ne me souviens pas. Me souvenir de quoi ?! Je ne sais pas du tout qui est cette jeune femme mais si elle veut parler alors, je vais l'écouter. Je ne suis pas comme ça moi, du genre à refuser une conversation ou quoi que ce soit. Surtout qu'on a l'air d'avoir partagé un truc intense vu la façon dont elle se comporte, dont elle parle. Forcément, je pense à une partie de jambe en l'air et ça me brise le coeur d'avance si c'est ça et que je ne m'en souviens pas... Mais visiblement, c'est pas ça non plus. Là, pour le coup, je suis plutôt démunie face à elle et j'aurais bien voulu qu'elle m'appelle Delilah et Méine. Ça aurait pu être cool quand même, au moins tout aurait été normal - pour ne pas dire logique - que je ne comprenne rien de ce qu'elle me dit. " Ok je te suis... " Dis-je en fronçant les yeux quelques secondes. Elle a des choses à me dire ? Si j'étais un mec, j'aurais eu peur qu'elle m'annonce être enceinte. Je la suis, lui emboite le pas et pose mes chaussures sur le banc, derrière moi alors que je me tourne vers elle une fois assise. " T'es pas une admiratrice pourtant t'écartes rapidement les cuisses dis moi " Lançais-je en riant légèrement. Elle a l'air de me connaître donc on a déjà du parler et j'espère donc que mon franc parler ne va pas la faire fuir ou je ne sais pas quoi. Elle commence à parler et je la regarde. On dirait un petit chiot pris dans des sables mouvants et ça me met rapidement mal à l'aise. J'ai l'impression qu'elle ramène sa valise pleine de soucis et je comprends pas trop. Surtout qu'elle reste super vague. " Je suis une pipelette donc jusque là ça ne m'étonne pas mais je peux savoir de quoi on a parlé ? " Peut être qu'avec un peu plus de précision je la remettrais plus facilement. Non parce que je ne parle de mon séjour en Europe à personne et ma vie d'avant n'est pas intéressante ni digne de toutes ces pincettes qu'elle utilise... Je comprends pas trop. " Tu devrais peut être quelque chose sur ton visage si tu veux pas ressembler à un monstre demain, ce serait dommage quand même " Oui parce qu'elle est super jolie quand même.

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Elle te suit sans trop t'poser de questions. C'était déjà un bon début, m'bon t'façon quand faut y aller faut y aller, c'était un sujet super joyeux, loin de là même, son histoire t'as beaucoup touché et tu voulais quand même prendre des pincettes pour lui en parler, surtout que l'moindre faux pas pourrait la braquer ou la faire penser que tu la juges alors que loin de là.. T'étais pas comme ça toi, pas du tout même, tu connais ça, tu connais tout c'bordel. Tu t'assois d'une manière un peu subjective, elle ne rate d'ailleurs pas l'occasion de te charrier là-dessus, tu baisses le regard instinctivement avant de rigoler en relevant le regard sur elle. - Faut croire que j'suis pas difficile et c'dur de résister à ce visage ! Tu prends une allure séductrice, ironie bien sûr, t'as pas encore été dans une posture où t'était attiré par une fille, tu sais pas si ça t'arrivera un jour d'ailleurs, déjà pour être attiré par un homme t'as attendu vingt-trois ans alors une meuf.. M'enfin bref c'était pas le moment de partir sur cette voie-là. Elle avait l'air pressé de savoir, d'écouter ce que t'avais à dire, toi un peu moins, tu voulais prendre ton temps m'bon au final à quoi ça servait hein ?! A part perdre du temps pour débiter des futilités plutôt que d'aller droit au but.. - Ouais on a été deux à être des pipelettes pour le coup.. Tu souris à peine pour finalement te décider à tout lui dire. - Tout d'abord j'voulais que tu saches que j'te juges pas et jugerais jamais d'ailleurs.. Tu m'as parlé de.. L'Europe.. De ce qu'il s'est passé là-bas, de ce que t'as pu endurer, de tout ce que t'as pu ressentir tout le long, j'vais pas entrer dans les détails, j'pense bien que t'en pas besoin d'ça. Tu n'osais pas vraiment la regarder dans les yeux pendant ton récit puis finalement tu plantes ton regard dans le sien. Tu souffles en levant les yeux au ciel. - J'voulais te le dire et être honnête avec toi, mais t'es pas la seule à avoir parlé ce soir-là.. Moi aussi.. Sauf que tu t'en souviens pu. Tu rassembles tes jambes vers ta poitrine, tu sens une boule au ventre s'former, ressasser ton passé te fait toujours aussi mal. - J'ai pas vécu dans le luxe et l'amour parental dont j'avais besoin, j'demandais que ça mais apparemment mon père trouvait plus de plaisir à taper sur ma mère plutôt que d'me donner de l'attention ou de l'affection. Tu sens les larmes te monter aux yeux mais tu fais en sorte de les retenir, crispant ta mâchoire. T'avais mal à la gorge, ça devenait de plus en plus dur de parler. - Jusqu'au jour où il la tellement tabassé qu'elle en est mort, j'étais obligé de faire justice moi-même.. J'ai.. J'ai pas trouvé d'autre solution. T'était devenue froide, avide d'empathie soudainement. Ton regard était noir. La remarque de Kyla te fait à peine sourire, tu passes ta main sur ta blessure en haussant les épaules. - C'est pas comme si ça changerait quelque chose.. J'suis pas la meuf qui prend vraiment soin d'elle..

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Je ne suis pas une méchante et je suis loin d'être docile, on va pas se voiler la face. Je la suis sans rechigner parce que je suis curieuse, curieuse de savoir ce qu'elle va bien pouvoir me dire parce qu'elle a l'air de me connaître mais de mon côté, c'est le néant. Je la tacle gentiment - comme je sais si bien le faire - et ris à sa remarque. " Crème de jour de chez Chanel, ça fait des miracles " Je ris légèrement avant de me calmer et de me reconcentrer sur la jeune femme. Elle prend un drôle de regard, on a l'impression qu'elle a le monde sur les épaules et ça me tord légèrement le ventre. Ventre qui finit par faire le grand huit quand elle parle de l'Europe et que je lui ai tout raconté. Oh. Mon. Dieu. Sérieusement ?! Putain Kyla mais qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu balances ça à une inconnue ? Je me crispe légèrement et la regarde droit dans les yeux. Je peux plus éviter son regard ou je ne sais pas quoi, je suis hypnotisée par son doux visage mais aussi par sa bouche et ce qu'elle va me dire. Je ne parle plus, je suis bloquée. À qui ai-je parlé de mes péripéties en Europe ? Oh bordel... Je ne m'en souviens plus. Oui, elle a raison. Je secoue légèrement la tête de droite à gauche et j'attends la suite. si j'avais plus de force, je l'aurais secoué pour qu'elle accélère son récit. Mais ça sert vraiment à rien de la pousser à bout. Elle finira par tout balancer, ce qu'elle fait et je grimace légèrement quand elle me raconte tout. Je ne m'en souviens absolument pas et je me sens mal de ne pas m'en souvenir pour tout dire. " J'suis désolée, je savais pas... Enfin plus " Soufflais-je en faisant une légère grimace. Merde, j'ai dis que c'était pas grave ce qu'il lui était arrivé y a quelques minutes et au final, je me rends compte que les coups, elle ne les a peut être pas reçu mais elle les a subi et je me sens mal à l'aise. " Je suis vraiment désolée... Ça n'a été que quatre mois de ma vie et je ne m'en remettrais jamais alors toute une enfance... " Soufflais-je, réellement désolée. C'est malsain tout ça et je ne comprenais pas comment on pouvait faire ça à sa femme et laisser sa fille voir. Ça me dépasse. Et j'ai du lui dire l'autre fois qu'on a parlé je pense aussi. " Ouai mais évite de devenir moche comme un rugbyman quand même " Grimaçais-je avant de rire légèrement. " T'as bien fais pour ton père tu sais... J'ai jamais rien pu faire et c'est pas l'envie qui m'a manqué... " J'aurais tellement envie d'en planter un un jour. Mais non, j'avais fini par les laisser faire.

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Tu lui souris légèrement quand elle te donne des conseils "beauté" concernant ton visage défiguré. Tu sais d'avance que tu ne les écouteras pas, déjà t'as pas les moyens pour t'payer quoi que ce soit de chez channel et tu prends vraiment pas du tout l'temps de prendre soin de toi. Voilà pourquoi souvent t'as un état pitoyable, ouais pitoyable c'était le mot. Plus tu parlais et plus tu sentais son visage se décomposer, tu sentais que tu venais de franchir un pas à l'intérieur de son intimité, de ses jours sombres les plus enfouis et tu t'en voulais d'avoir à lui faire subir ça entre autres mais, t'avait pas trop l'choix.. Fin si en fait tu l'avais mais tu voulais pas l'garder pour toi. Elle s'excuse. Tu lui dis non de la tête avec un air compatissant. Désolé pour quoi ? On a tous déjà vécu une putain de cuite où les paroles fusent trop vite, où on s'dévoile beaucoup trop rapidement et au final on s'en mord les doigts, c'est les effets néfastes et beaucoup moins drôle de l'alcool et la drogue. - T'as pas à être désolé.. C'est moi qui l'suit pour ce que t'as pu vivre. Ouais. Un véritable enfer, comment pouvait-on faire vivre ça à une femme ? Encore pire à sa femme ? Tu imaginais tout ces enfoirés abusés d'elle, son connard d'ex la traiter comme une sous merde et tes poings se serrer. Tu ne supportais plus rien en rapport avec le non respect d'une femme, t'étais traumatisé par tout ça. Finalement elle en vient à comparer nos deux putains de passé. Les deux étaient incomparable en fait, elle comme toi vous avez vécu des choses très difficile et aucun n'est pire que l'autre, aucun mérite le pardon ni même la possibilité qu'on puisse dire de ces actes que "ce n'est pas si grave" .. Parce que si, si ça l'était. - Tes quatre mois comme tu dis ça t'as détruit, t'as eu à vivre des choses horribles.. J'peux même pas imaginer en fait, personne ne peut comprendre ton mal être que tu caches au fond d'toi. J'peux en avoir une infime idée mais pas l'imaginer.. Tu tournes la tête de gauche à droite rapidement pour montrer ton désaccord face à cette barbarie, parce que c'était ça, de la barbarie. - Faut t'dire que t'as eu la victoire face à ce connard, t'es là, sur ce banc à m'parler aujourd'hui ! Ma mère n'a pas eu cette chance, elle a perdu face à mon père. Ouais et, lui il avait perdu face à toi, bizarrement, de façon malsaine ça t'apportais satisfaction. Tu lui souris, en faisant mine d'observer ton corps en relevant tes bras, tes jambes. - Rugbyman ? Avec mes 1m50 risque pas j'crois ! Tu lâches un petit rire avant de reprendre ton sérieux. Ce qu'elle te disait te faisait un bien fou, ça te rassuré en quelque sorte. Toi qui penses chaque jour que t'es une personne horrible avec un coeur mort depuis longtemps, elle te donne envie de te redonner espoir, de te redonner une chance et arrêter de penser sans cesse que tu n'es pas quelqu'un de bien.. - Bien fait j'sais pas.. Avec le temps j'me dis que j'aurais pu emprunter un autre chemin, d'autres moyens mais c'est l'seul que j'ai trouvé sur le moment. Tu hausses les épaules. Ca t'faisait bizarre de pouvoir en parler aisément avec quelqu'un, c'était la première fois depuis.

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Je ne m'attendais vraiment pas à ça. Et, pour tout dire, j'aurais préféré qu'elle me dise qu'on s'était envoyée en l'air comme deux connasses à l'arrière d'une voiture plutôt que... ça. J'essaye de tout enfouir en moi, de tout oublier mais rien n'y fait, je pourrais jamais oublier, je pourrais jamais faire avec. Parce que c'est impossible de faire avec. On peut pas accepter ce genre de chose, la violence, la haine, la rage... Je me sens pitoyable, vraiment. J'aurais préféré qu'elle ne se souvienne de rien ou alors, encore mieux, qu'on n'en parle pas ce soir là. Parce que je sais que j'ai du tout balancer parce que lorsque je commence à parler, il est impossible de m'arrêter. Mon dieu qu'elle a du me penser faible de toujours retourner vers Dimitri même avec les coups, les insultes, les viols à répétition. Au final, j'ai fais avec. Et je me suis barrée. Mais il m'a suivi jusqu'ici, il est revenu pour lui et pour moi. Il peut dire ce qu'il veut, je sais pertinemment que Dimitri n'est pas là par pur hasard non plus... Et quand je vois que j'en ai parlé à une 'inconnue' après un peu trop de verre, je me dis que j'en ai peut être parlé à plus de monde que je ne le crois et que j'ai mis ma propre sécurité en jeu. Putain... Clay et Declan vont me tuer, me découper en morceau et me donner à bouffer à leur chien, s'ils en ont un. " Je te conseille pas de l'imaginer de toute façon, c'est pas très agréable " J'esquisse un léger sourire. Allez savoir comment et pourquoi, mais j'arrive à en rire un peu maintenant. Peut être parce que je me sens en sécurité, parce que je sais que Dimitri est là mais que je sais aussi - voire surtout - qu'il ne veut pas me faire de mal. Et moi, je le crois. Je le crois parce que je l'ai aimé et je pense qu'une infime partie de moi l'aime encore. Je suis restée, c'est pas pour rien. Je l'écoute et grimace. " Oui, c'est ce que je me dis mais... Il est aux États-Unis maintenant, il est au Chili et peut être que j'aurais le même destin que ta mère et de tas d'autres femmes comme nous " Je souffle légèrement. Putain mais fermes ta gueule Kyla. Doucement, je me moque de son visage, de cette lèvre qui va enfler et devenir vraiment dégueulasse. Je la compare à un rugbyman et ça a l'air de la faire délirer. C'est l'important, j'veux pas qu'on déprime à cause de notre passé mouvementé aux yeux de tout le monde. Les gens parlent beaucoup, beaucoup trop et je veux vraiment pas que mon petit secret soit exposé aux yeux de tous. Je ne pense pas non plus que c'est sa volonté mais bon. Je pose ma main sur la sienne et lui souris. " Non Sage, t'as bien fait. Il pourra plus jamais faire de mal à personne comme ça. Je vais pas dire que je comprends ta mère d'être restée avec lui, d'avoir subie toutes ces années quoi que... On a pas vécu la même chose mais tu vois, j'ai jamais pu le laisser et partir parce que je l'aimais mais aussi parce que je savais que si c'était pas moi, ce serait une autre et que moi, j'étais bien plus forte que n'importe qui, que je pouvais l'encaisser, que je pouvais protéger des tas de gens en prenant sur moi... Et quand je suis partie, je me suis sentie libérée. Puis j'ai posé les pieds aux États-Unis et je me suis dis "putain, merde, il va se retrouver une copine et l'enfer que j'ai connu, elle va le connaître" Y a des jours où j'aurai rêvé lui coller une balle entre les deux yeux tu vois... " Pour que tout ça s'arrête pour moi mais aussi pour les autres après moi parce qu'il y en aura, c'est sur.

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Et voilà, que vous étiez là, sur votre banc, deux âmes en peine se remémorant les "bons souvenirs" du passé et, à jeun en plus de ça.. Tu t'étonnes toi-même à avoir cette facilité à en parler comme ça, c'était bien la première fois que tu arrivais à te livrer à quelqu'un, à lui laisser entrevoir ta peine et ta douleur, ta lâcheté aussi parce que clairement t'as fui, t'as préféré prendre la fuite face à tes actes plutôt que de les assumer. T'aurais dû payer pour ce que t'as fait. N'empêche de pouvoir en parler à kyla te faisait du bien, ça te dénouer l'estomac et c'est comme si t'avait un énorme poids en moins sur les épaules, comme si t'avait besoin que quelqu'un te rassure en te disant que ce que tu as fait, ce n'est rien même si tu sais pertinemment que c'est l'contraire, t'avait ce besoin de l'entendre de la bouche d'une tierce personne. Elle me dit d'éviter d'imaginer, me lançant un sourire, ce sourire tu le connais tellement bien, c'est celui qui cache tes insomnies le soir, c'est celui que tu affiches pour donner bonne figure, pour montrer à quel point tu étais forte et que t'arrives à porter ce lourd fardeau toute seule, comme une grande. Mais au fond tu sais ce que kyla doit vivre à l'heure actuelle, tu sais que son esprit est tourmenté, tu sais que son sommeil à pris la fuite depuis un moment, et tout un tas de répercussion par la faute d'un seul homme qui l'a brisée en millions de morceaux. Tu lui rends son sourire, tu voulais lui dire de ne pas s'forcer en ta présence, que vous êtes dans l'même bateau et, qu'elle n'est pas obligée d'agir comme elle le faisait avec tout l'monde. - C'est.. Morbide. Tu grimaces légèrement en regardant Kyla. D'un seul coup ton visage se décompose, un air ahuri face à son annonce, elle avait l'air d'pas vraiment paniqué sur le fait que Dimitri soit de retour.. Contrairement à toi, tu t'passes tout un tas d'scénarios dans ta tête. - QUOI ?! Il avait la figure d'revenir, d'se pointer devant la femme qu'il a martyrisée pendant quelques mois. Tu comprenais pas du tout là. - Mais.. Mais comment ça s'fait qu'il est ici ? Il a cherché à te joindre ?! Tu comptes faire quoi là ? Tu lui posais des tonnes de questions, t'était légèrement sous le choc, bouleversé, en fait c'comme si tu te mettais à sa place, ta plus grosse hantise serait que ton père te retrouve même si tu sais pertinemment qu'il est au fond d'une tombe. Elle pose sa main sur la tienne, ton regard se baisse sur cet élan affectueux dont tu n'es pas habitué. Tu relèves ensuite rapidement les yeux vers elle, tu serres sa main un peu plus fort face à son récit. Tu hoches la tête, tu comprenais totalement sa façon de penser sur l'moment, beaucoup diront qu'elle le mérite parce qu'elle n'a pas cherché à partir mais, c'était une femme courageuse qui a préféré endosser toutes les responsabilités, subir les coups plutôt qu'une autre inconnue les subissent.. Combien l'auraient fait au fond ? Combien ? Très peu. - Tu sais t'as eu beaucoup d'courage.. Puis au final t'es là, tu continues tes études, tu continues ta vie en faisait comme si tout allait bien même si j'suis certaine qu'au fond t'es dévasté, tu t'bats chaque jours pour survivre parce que malgré que t'as finis par t'barrer il t'as totalement détruite de l'intérieur.. Beaucoup se seraient suicidés, d'autre auraient fini à l'asile, ou tout simplement morte sous les coups pour les plus démunies mais toi.. T'es là, et même si il est de retour j'veux que tu m'fasse la promesse d'ne plus jamais t'approcher de lui, de près ou de loin.. Il est néfaste pour toi et, si un jour tu veux assouvir ton envie, j'pourrais toujours t'aider j'ai déjà ma petit expérience pour tout ce qui est meurtre et dissimulation de preuves ! Tu lui lances un petit sourire en coin avec un clin d’œil.

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Je sais d'avance que ma réponse ne va pas lui plaire mais qu'est-ce que j'y peux sérieusement ? Je suis toujours attachée à Dimitri, presque amoureuse de lui malgré tout ce qu'il m'a fait traverser pendant ces derniers mois. Il a une emprise sur moi, une force que je n'arrive pas à expliquer. Partir a été la solution de choix et au final, il est là et je retombe dans ses bras, je suis vexée qu'il ne s'intéresse pas plus à moi. Le complexe Carmichael dans toute son excellence. Je soupire légèrement et la regarde droit dans les yeux. " Je fais rien. Je le laisse faire sa vie tant qu'il n'interfère pas dans la mienne " C'est ça le deal. Enfin, j'ai rien demandé à personne moi. Dimitri a décidé tout seul comme un grand qu'il resterait loin de moi parce que je le fais souffrir. C'est quand même la blague du siècle, il faut dire ce qui est. " Je l'ai embrassé quand je l'ai revu tu sais. Je suis pas fière de moi mais t'imagines même pas à quel point je l'ai aimé et le revoir, pouf, j'étais à nouveau cette jeune fille " Cette Clara Duvauchelle que j'avais aimé autant que j'avais détesté. Putain, c'est une blague tout ça. Elle va me baffer la petite Lewis, elle est féroce quoi ! Surtout que je viens de lui dire que je suis restée pour que les gens ne souffrent pas, pour que d'autres ne vivent pas ce que j'ai vécu. Et c'est pas ce que je suis entrain de faire là ? Me l'approprier pour tenter de le contrôler, de le manipuler ? Pitoyable. Je soupire légèrement en l'écoutant. Je sais qu'elle a raison mais c'est plus fort que moi. " Je vais me tenir loin de lui oui... J'ai plus besoin de lui dans ma vie mais tu vois, je me dis que si je l'ai dans mon champ de vision, je verrai quand il tentera de s'attaquer à une nouvelle femme. Je m'en voudrais à vie s'il venait à faire du mal à quelqu'un d'autre " Et c'est compréhensible non ? Je lui souris légèrement. " Il est bien trop sexy pour mourir si tu veux mon avis " Je ris légèrement mais pas tant que ça en fait. " Il peut changer, j'veux lui laisser le bénéfice du doute " Soufflais-je. " Complètement conne hein ouai ? " Lançais-je en lui adressant une petite moue triste. J'suis complète conne, c'est pas nouveau.

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