VEÏA D. ALVISIO ► Nastya Kusakina

Il y avait des fleurs partout dans le jardin de ma tante Frida, des tonnes de pétales aux mille couleurs, des instants naturels à vous enivrer de doux parfums. Cela peut vous ensorceler , comme vous désenchanter. C'était le paradis des abeilles et des merveilles. Papa lui il trouvait cela complètement stupide. Une simple forêt amazonienne et l'enfer pour ceux qui sont allergiques au pollen. J'étais aussi stupide que ma tante en fait ,car je restais là les contempler dans leur douceur sur l'herbe. J'étais aussi fragile ,aussi innocente ,une simple brise et le dernier chapitre a été marqué. Papa il n'avait pas de temps pour moi et maman non plus d'ailleurs. Ils s'enfermaient dans leurs grands bureaux ou aussi appeler une prison pour les aveugles aux beautés de la vie et pour les âmes sans repos. Non les pauvres ils ne dormaient jamais , ils se laissaient retomber que quand leurs cernes étaient trop lourds à porter. Alors, moi je passais mon temps à contempler les collections d'oeuvres d'arts de ma chère tante et ses jolis jardins. Elle était beaucoup plus belle que maman de toute manière. Un visage beaucoup plus ressemblant aux miens et des cheveux dorés comme le blé. Maman , elle , elle était la simple noirceur jusqu'au bout des doigts , une froideur inégalée. Papa lui il riait de temps en temps ,  beaucoup plus que maman qui avait peur que ses traits se déforment avec les éclats cristallins. Tu ne m'aimais pas alors je ne t'aimais pas non plus. Lorenzo lui il était aussi froid que toi , aussi froid que de la glace , beaucoup trop froid pour ma flamme intérieure. Tu n'aurais jamais aimé qu'on touche à une seule de mes ailes par contre . Les mots durs et froids cachaient une âme délicate , trop douce pour être perçu , trop fragile pour la laisser s'infiltrer. Je  te suivais pas à pas , dans chacun de tes chemins peur de me perdre. J'attendais que tu les traces , que tu les longes puis je partais dans ta direction.


Je les regardais avec de grands yeux la bouche à moitié ouverte. Figée dans le temps je ne comprenais rien , puis il y avait cette voix trop rude pour mes oreilles qui est apparu. «Mais bordel tu es dingue.» Je regardais la dame en ouvrant les lèvres , mais aucun mot ne sortait , je devais sans doute être muette en fait. Puis , démunie de tout geste je ne faisais qu'un simple non de ma tête. Non , madame soyez gentille cette fois. Oui c'est le troisième vase cette semaine , je le sais , mais ne me faites pas de mal.  Tout ce que je me souviens c'est d'un long couloir et un bureau beaucoup trop petit. «Oui bonjour , monsieur Alvisio il va falloir parler de quelque chose à propos de votre fille.» Ils avaient dû annuler quelque rendez-vous dans des râles jamais interrompus. C'était trop dur même pour leur simple fille de lui accorder quelque poussière dans le temps . Une petite fille qui ne demandait que simplement un peu d'attention tout simplement , rien de plus. Tu brisais les objets pour qu'il te remarque enfin. Un trouble de comportement et pas plus. En attendant sur une chaise je les voyais de l'autre cotée de la vitre hocher la tête simplement.  «Tu n'es pas folle d'accord ?» Je regardais mon frère qui me tenait la main sans un sourire. Mes parents en avaient marre de toutes ces plaisanteries. Ils en sont venus à une simple solution :l'enfermement dans une cage , entre quatre murs trop blancs pour mes pauvres prunelles à la recherche de couleurs. Je me souviens de ses chignons parfaits et son rouge à lèvres immaculé. Je me souviens de ses mains froides , mais de son coeur bouillant d’amour. Elle m'avait regardé  , replacé ma tresse dorée , puis m'avait fait un long sourire. «Je suis Polly , je suis anglaise et c'est moi qui vais te faire  l'école à la maison.» C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que les accents anglais étaient trop durs pour les langues latines. Pendant ces années je ne connus que l'apparence d'une chambre , ma cour arrière , le pavé parfait des pierres menant à l'entrée de la maison , le parfum trop sucré de Polly et ses sourires trop forcés. Je me rappelle quand je me positionnais à ma fenêtre et je les regardais ces passants heureux à marcher librement sans se faire enfermer parce qu'on avait été stupide. Je me rappelle les mille ampoules qui ont disparu dans mes yeux ,  dans l'ombre du temps. Plus rien pas même une étincelle.



«Allez Veïa on joue pas à Raiponce ! De toute façon tu n'as pas les cheveux assez longs.» Il me regardait en bas avec ses bras croisés. C'était une routine , un échappement quand j'étouffais trop. J'étais figée à cette fenêtre avec la peur de fuir ma tanière. Lui il était parti dans un endroit merveilleux , dans un endroit trop abîmé pour mes parents , pas assez bien pour leur regard bourgeois,
alors, il venait ces soirs pour me libérer le temps de quelques heures. Je descendais enfin contre les branches. «Où on va cette fois ?» Son regard me faisait signe de me taire trop de mots avaient déjà été placés. C'est dans un parc que l'on c'était retrouvé. Ils y avaient ces ombres dansantes au sang trop clair par les gouttes alcoolisées. Ils cherchaient une façon de monter au ciel tout en restant sur terre. Oui ,car au fond on veut tous aller au paradis , mais personne ne veut mourir.  Des vêtements trop longs sur le corps ne laissaient point voir une partie de ma chaire.J'ai étouffé mes poumons au rythme d'une cigarette aux lèvres et  je me suis perdue dans ses bras. C'est sous ces étoiles-là que je suis devenue cette machine du diable , le temps d'une nuit , d'une seule lune incomplète. J'ai touché l'extase du bout des doigts. Il y a cet instant où il s'est infiltré avec Lorenzo dans ma chambre et que je l'avais menacé de l'enfermer dans mon placard. Il passait ses mains dans ma chevelure dorée et il embrassait mon crâne. Oh grand jamais il se laissait tenter par mes lèvres. Une fois cela était arrivé , une fois de trop sous cette nuit étoilée . Je l'aimais trop profond dans mon coeur , trop d'un amour aveugle. C'était trop cliché pour moi alors je partais les rejoindre. Ces femmes qui ne bougeaient jamais , elles gisaient comme de pauvres clochardes . Je les laissais me complimenter et moi je restais dans ce silence profond. Elles étaient perdues les pauvres et moi je les admirais. Elles étaient stupides , trop défoncées et le visage écorché c'est ce qu'il disait , mais moi je voulais être elles , je voulais qu'il me prenne dans ses bras comme il le faisait avec elles. Je voulais sombrer dans l'extase rien qu'une fois comme le premier instant. Trop fragile à ses yeux il préférait me bercer pendant de longues heures. Tu es belle , oui tu es magnifique , mais ce serait un crime de dévorer ton corps si épuré , si propre et immaculé. J'étais cette poupée de collection qu'on ne touche jamais. Puis, je me suis laissé tomber à tes cotées en espérant encore quelque chose de trop merveilleux , moi qui croyais qu'on pouvait s'aimer



J'avais l'âme défoncée et le coeur trop lourd pour avancer. Ce jour-là tous les lampadaires de ma rue se sont éteints au même rythme que mon coeur.«Allez vient on rentre.» J'avais hoché la tête , car c'est la seule chose que je savais faire. Mon frère voulait réparer mes ailes brisées par ce prince sans couronne. J'avais pleuré , mais tout était déjà séché . Il avait décidé que c'était terminé que maintenant le conte de fée devait commencer. Mon roman achevé , il fallait laisser de coter ce récit dramatique et mettre un peu de poussières féeriques. Il avait attendu que je sommeille . Dans mes rêves j'avais imaginé que j'étais celle qu'il l'aimerait. Une femme trop adepte de luxure et qui ne demande qu'un peu d'amour. Mon histoire n'est pas tragique , on n'a pas envie de pleurer après avoir lu la dernière page , elle est pénible et inutile. Les premiers mots de ma nouvelle histoire ont été écrits un matin aux aurores.

Les murs sont plus jolis ici. Non je ne commence pas d'un simple salut , car tu sais que c'est inutile comme je ne signerai , car tu sais que c'est moi. C'est quand la date que je suis partie ? Je ne me souviens plus. Si tu savais à quel point je ne peux tolérer d'entendre tout cet anglais chaque jour. Ils n'ont pas encore compris que les phrases étaient beaucoup plus jolies dans notre langue maternelle , je pourrais leur écrire de si jolis poèmes. Toi que fais-tu ? Vas-tu encore t'évader sous les étoiles ? Et maman et papa ils sont encore pris dans leurs pensées bourgeoises ? La réputation de la famille était bien trop importante pour penser à leur jeune fille. Je ne me suis jamais pourtant sentie aussi bien , mais il reste que Harvard n’est pas tes bras . J'espère que tu as encore une pensée pour moi , pour ma part j'en ai tous les jours et je les couche sur papier. N'oublie pas que je t'aime grand frère.