Hitomi Kano ► Inoue Moe

**Date de naissance** 26/12/1996

Student

Entre les souvenirs du lycée et les conseils avisés de mon oncle, j'ai décidé de ne pas en faire partir. Pourquoi ? Déjà que mes parents et mon petit frère sont inquiets que je sois à l'autre bout de chez nous, alors s'ils apprenaient ce que je sais maintenant, ils seront capables de faire des tas de sacrifices et emprunter de l'argent chez les yakuzas pour un retour définitif. Certes une confrérie m'a bien plut quand j'ai reçu tous les documents, c'était la Quincy si mes souvenirs sont bons. Enfin bref, la famille c'est la famille. Nous avons des valeurs, des coutumes et beaucoup de respect. Les articles de presses que mon oncle m'a envoyés et la confirmation par le net ont fait le reste.
Et puis entre mon job étudiant et mes études, je n'ai vraiment pas le temps de me consacrer à une communauté.

Once upon a time

L'enfance :

Je ne peux pas dire que mon enfance fut désagréable. Elle fut normale, ma mère m’élevait, mon père travaillait en tant que chef cuisinier dans un restaurant traditionnel. Puis mon frère est arrivé. Ce ne fut pas facile au départ, heureusement que j’avais ma meilleure amie Keiko. Elle m’a montré le plaisir d’avoir un petit frère. J’aidais donc beaucoup ma mère et quand mon père ouvrit son propre restaurant, mon rôle d’ainé prit un autre tournant. Il devint plein temps. C’est bien connu, nous sommes très autonomes dès le plus jeune âge. C’est une façon de vivre surtout. Tanaka n’était pas toujours drôle, il m’en faisait voir de toute les couleurs pendant les cinq premières années de sa vie. Le petit garçon, l’héritier du nom familiale, enfant capricieux avec ma mère et moi, bagarreur avec les autres enfants aux jardins d’enfants et pleurnichard quand on l’embêtait trop et je devais évidemment régler les problèmes.

Mon emploi du temps se résumait à m’occuper de lui dès le jardin d’enfant, l’école pour moi et en revenant le soir, le faire manger, lui faire prendre sa douche et le coucher. Mes parents revenaient à des heures où nous dormions tout le deux.

Il m’arrivait que Keiko venait dormir à la maison et par chance, je passais quelques nuits chez elle. Je dois dire que je décompressais. Je m’aperçus que c’était plus ou moins pareille chez elle sauf que c’était une famille plus grande que la mienne. C’était le genre de famille ou les grands parents vivaient avec eux. J’aimais bien cette atmosphère chaleureuse et conviviale.

Dans mon école, je pensais un peu plus à moi. Pas de petit frère dans les jambes. Keiko et moi étions toujours ensemble. C’était des belles années, je ne les ai pas vu passer.
Le collège :

L’entrée au collège marqua le début des complications. Keiko et moi étions toujours dans la même classe. On s’est rarement séparé depuis notre enfance. Jusqu’au jour où un typhon assez violent a fait des gros dégâts dans notre ville. Nous avions eu beaucoup de chance néanmoins les victimes se comptaient par dizaine. Quant aux infrastructures, n’en parlons pas. Le restaurant de mon père fut totalement inondé et les dégâts étaient très important. Il fut déclaré « insalubre » par les assurances. A contre cœur, il rechercha un autre endroit et c’est à partir de ce moment-là que nous déménagions. Changement de collège et d’école élémentaire pour Tanaka.

Le typhon m’avait marqué à tout jamais. Je me souviens de mon premier jour dans le nouveau restaurant. Après être revenu de mon nouveau collège, j’ai fait mes premiers pas dans la cuisine.
Au début, je ne faisais que la vaisselle pendant que ma mère prenait les commandes et servait les clients. Mon père avait gardé ses salariés. Son ancien restaurant marchait bien. Les indemnités ne sont pas arrivées tout de suite et tout le monde mettais les bouchés double afin que l’on s’en sorte. Le jour où s’est arrivée, ma mère a pu souffler en plus.

Le fait que nous vivions désormais au-dessus, ma mère passait un peu plus de temps. Je continuais d’aider mon petit frère pour ses devoirs ou lors des repas. Petit à petit, lui aussi commençais à être autonome. A côté, comme, j’étais au collège, corvée oblige par rotation, je rentrais par moment un peu plus tard. Je n’excellais pas dans toute les matières. J’étais une élève normale qui se débattait surtout avec l’anglais et des matières comme la science ou les maths.

Dès que je le pouvais, j’allais chez mon amie d’enfance. On essayait souvent de s’entraider. On se complétait surtout. Au fil des années, elle devenait plus une sœur et une confidente.
Le choix des lycées ne fut pas facile. En concertation, nous avions pris toute les deux les mêmes. Les révisions ont été un enfer pour l’examen de passage. Néanmoins, nous y sommes arrivées. Pendant ces quelques mois, mes parents m’ont laissé un peu tranquille concernant le restaurant.
Le lycée :

C’est ici que tout changea pour moi. Etre adolescente était rêveries et insouciances. La question principale était aussi l’orientation professionnelle. Tout le monde en parlait, parfois ma tête devenait vide. Je ne savais vraiment pas à ce moment, ce que je voulais faire. Je voulais aller à l’université comme tout le monde. Souvent Keiko et moi, nous en parlions et on faisait beaucoup de projet.
Le lycée fut aussi pour nous de découvrir les rapports avec les garçons. Faut pas se cacher la face n’ont plus. Et justement, dans notre classe, il y avait Yuki. Dès que je l’ai vu, je n’ai rien compris. Mais je me souviens des bouffées de chaleurs, de mon cœur qui battait la chamade à chaque fois qu’il passait devant moi ou qu’il me parlait. Il était notre délégué, notre figure d’autorité devant les professeurs, celui qui annonçait les projets pour la classe ou bien pour le lycée.

J’ai connu aussi les premiers clans, les populaires, les intellos, les sportifs, les bagarreurs, les otakus, les petites miss qui passaient des heures à se maquiller dans les toilettes, bref, je ne me sentais vraiment pas concerner. Je m’entendais plus ou moins avec tout le monde. J’évitais le plus possible les problèmes. On n’en parlait pas, mais le harcèlement faisait des dégâts. Le suicide d’une camarade de classe m’avait traumatisé aussi. Pendant longtemps sa table est restée est vide.
C’est aussi à cette époque, que l’état de santé de mon grand-père se dégrada. J’allais souvent le voir à l’hôpital. J’y restais souvent jusqu’à la fin des visites. Je voyais donc comment les soignants et les médecins s’occupaient des malades. Je crois que c’est là que ma vocation est née.

Il est décédé, lors de ma deuxième année, mon oncle Jun est venu des Etats-Unis avec sa femme et son fils. Retrouvaille triste entre les deux frères. Shun lui était à l’université et parlait un anglais parfait. Il me parla beaucoup du système d’éducation et nous comparions nos univers respectifs. J’admirais mon cousin par le fait de son intelligence et la chance de vivre dans un si grand pays qui faisait rêver plus d’un. Le rêve américain en bref.

Je n’ai pas vu le rapprochement de Keiko et de Yuki à ce moment. Je l’ai appris, après le départ de mon oncle. Je me souviens très bien que ma vision des choses concernant l’amour a changé. Au revoir souffle-couper, au revoir les papillons, au revoir la vie est belle. Je mettais un mot : souffrance.

J’étais bien trop timide, réservée, candide. Je souriais toujours mais mon cœur était vraiment en peine. Je me réfugiai alors dans mes cours, je faisais du volontariat dans l’hôpital de ma ville. Je faisais souvent la lecture aux Seniors et je dois dire que ça me faisait du bien. Je me rendis compte aussi de la solitude de certains patients. J’ai repris mon projet et je passais souvent du temps à la bibliothèque.

Je pensais alors à l’université, normalement celle d’Osaka était déjà toute tracée, jusqu’au jour où Shun me parla d’Harvard. Je me renseignais à ce moment et rien que par ses infrastructures, j’en ai eu le coup de foudre. Il me restait moins d’un an et demi et le cursus n’étais vraiment pas pareil. Il y avait un grand décalage. Ma présence devint alors très complexe. Je devais assurer les matières principales et l’anglais.

A l’annonce de mon choix, mon père était totalement contre, ma mère s’est écroulée de tristesse, j’ai dû alors appuyer sur mon oncle qui les rassura. Je pris des cours supplémentaires et via le net, mon cousin me donner des cours d’oral. C’était un calvaire, car entre Izuminaso et Lexington, il y avait un sacré décalage horaire.

Quand j’appris, à Keiko mon projet de départ, j’ai pu enfin tout lui avouer dans un calme totalement absolu. J’avais fait mon deuil et je la voyais épanouie. Je ne demandais que son bonheur.
Quand, j’ai appris mon acceptation et la demande de bourse validée, j’ai su que j’avais fait le bon choix. Mes heures de volontariat ont beaucoup joué sur la balance, ainsi que le fait que mon oncle vivait à 25mn de Cambridge.

Evidemment, je sais que beaucoup de choses se sont passées dans l’université c’est dernières années. D’un naturel optimiste, je me dis qu’un établissement comme celui-ci doit lui aussi avoir ces moments de désagréments. Le vent changera de cap. Je partais confiante.

La veille de mon départ, mon père ferma le restaurant et il fit une petite fête. Keiko et Yuki était présents. Mon cercle était restreint mais les personnes qui m’ont vu grandir étaient présents. C’est ce qui importait le plus.
L’université :

Me voici en deuxième année de médecine, je ne sais pas comment, j’ai fait pour réussir ma première année. Surtout avec tout ce qu’il s’est passée l’année dernière. Revue médicale oblige, je continue à m’améliorer niveau anglais. Je voyage entre Lexington et Cambridge, parfois. Tout est incroyable et dangereux. Mon oncle me surprotège, tout comme Shun. C’est parfois éreintant.

Niveau relation, c’est assez ambigu. Il faut dire que je vis dans un monde de fous et entourés de fous. J’ai eu de la chance pour le moment. Entre mes études, mon job étudiant et la famille, j’aspire par moment à connaître d’autres personnes. Je ne regrette pas le fait de n’être dans aucune confréries. Je me demande ce que cette année va encore me réserver. Le nouveau doyen à mis un pavé dans la marre. Les confréries doivent s’autofinancer sous peine de fermeture. Pour l’instant, pas de paranoïa, pas de panique. Je suis de nouveau seule dans ma petite chambre d'étudiant. Je respire un peu plus, encore six mois et j'allais craquer. Je vais continuer à prier Bouddha...