BREMO ≈ WE'RE ALL IN THIS TOGETHER.

❝ spring break 2016 ❞
we're all in this together.

Tu étais un peu triste ce matin, alors que tu regardais la date du jour se refléter dans l'écran de ton téléphone portable. Jeudi dix-sept mars, ce qui signifiait qu'il ne te restait plus qu'une dernière journée de libre avant de repartir le lendemain en avion avec tout le monde pour Boston, et que tu comptais bien l'utiliser à fond. Malgré ça, tu savais que l'ambiance générale n'était pas tellement à la fête, puisqu'il y avait eu un tremblement de terre le jour avant, qui en avait blessé plus d'un, de manière plus ou moins aggravée. Tu avais eu de la chance, tentant de sauver les autres comme tu le pouvais tout en faisant attention à toi, mais t'avais été mort de peur de ne pas recevoir de nouvelles de ton petit-ami pendant au moins cinq heures, cinq interminables heures. Tu décidais en cette matinée de faire un petit tour à la plage, histoire de souffler, histoire de décompresser un peu, tout en profitant du paysage exotique du Chili – ça allait faire tout bizarre de revenir d'un coup à Harvard, puis de repartir aussi vite pour le voyage de ta confrérie à Dubaï. T'étais dans tes tongs, Marcel Captain America un petit peu trop grand que t'avais du piquer à Graham, longeant la mer, lorsque tu voyais de loin une tête brune assise dans le sable, qui te semblait vaguement familière. Tu t'approchais un peu, toujours à distance, et tu reconnaissais le jeune homme que tu avais rencontré l'autre jour sur l'île de Pâques, Brent, que tu avais fait fuir par ton trop plein de gentillesse. T'avais tenté de le chercher en demandant son prénom à Diane-Rose, et finalement c'était le hasard qui vous réunissait. Tu te dirigeais donc vers lui, et tu venais t'asseoir à ses côtés dans le sable, sans lui demander la permission. « Salut toi. » Tu commençais – il ne pouvait pas t'en vouloir de le saluer.

© LOYALS.

❝ spring break 2016 ❞
we're all in this together.

Tu lâchais un petit rire au surnom qu'il te sortait pour répondre à tes salutations – tiens, est-ce que cela voulait dire qu'il était de bonne humeur et qu'il n'était plus totalement coincé aujourd'hui ? Tu venais peut-être pile au bon moment, tu l'espérais en tout cas, ton but n'avait jamais été de lui donner envie de fuir ta personne, que ce soit l'autre jour sur l'île de Pâques, ou durant cette matinée sur la plage. Au moins ce que l'on pouvait dire c'est qu'il ne t'avait pas oublié depuis votre rencontre, et qu'il avait même imprimé ton surnom fétiche – si ce n'était pas un réel honneur qu'il te faisait-là. « C'est bien ça, t'as pas une mémoire d'poisson rouge toi au moins. » Tu répliquais dans un petit sourire en coin – oui bon, ce n'était pas le meilleur des retours mais ça restait dans le thème de la poiscaille vous voyez ? Tu étais loin d'être hors sujet. Tu l'observais un petit peu mieux maintenant que tu te trouvais près de lui, et tu mordais doucement ta lèvre inférieure alors que ton regard se posait sur le haut de son torse, ou de ce que tu semblais deviner sous son haut, au niveau de sa clavicule droite. « Cadeau du tremblement d'terre ? » Tu demandais.

© LOYALS.

❝ spring break 2016 ❞
we're all in this together.

Tu lâchais un petit rire devant la réponse que te donnait Brent sur ton clin d'oeil référencé aux poissons – et s'il validait au moins ton petit essai d'humour dans un même thème, c'est qu'il était sûrement moins difficile que tu le pensais sur ce sujet-là. « C'est pas ma meilleure, faut croire que j'suis un peu rouillé. » Ou peut-être t'étais-tu calmé niveau blague lors du spring break, à cause du fait que tu te sentais de plus en plus en décalage avec les gens autour de toi ? Tu avais toujours été quelqu'un de tactile, quelqu'un d'ouvert qui pouvait se comporter avec des inconnus d'une manière qui pouvait rappeler celle d'un meilleur ami, doté de cette envie de mettre l'autre à l'aise comme s'il avait toujours fait parti d'un groupe, pour ne pas qu'il reste seul de son côté lors d'une fête ni se sente délaisser et solitaire et si avant il semblait que les gens t'appréciaient par rapport à ça, tu avais l'impression que ça marchait moins bien, que les gens étaient plus coincés pour accepter une amitié sans arrière-pensées, qu'ils avaient trop changés pour toi. « Finalement ? On dirait qu'tu me connais depuis dix ans. » Tu lui faisais remarquer dans un éclat de rire – la manière dont il avait dit ça, tu aurais cru que vous étiez dans le même groupe d'amis depuis des années, mais que tu étais toujours le solitaire du fond qui n'osait jamais prendre trop la parole mais qui s'était incrusté au fil du temps, et qu'aujourd'hui était la première fois où tu montrais ton vrai visage.

Tu lançais sur le tremblement de terre, parce que de toute manière, c'était le sujet le plus facile à aborder. Vous veniez tous de vivre quelque chose de terrible et traumatisant, quand vous étiez pourtant si enclin à vous amuser et à prendre du bon temps, et heureusement au final qu'il ne vous restait que quelques jours avant de rejoindre Boston à nouveau. C'était plus facile de commencer par ça, de voir si l'autre allait bien ou pas, que de chercher de suite un autre sujet qui pourrait mal retomber. Tu riais doucement quand il disait que c'était des joies. « T'as des blessures de guerre, ça va faire fantasmer les filles. » Tu renchérissais, avant de secouer ton visage. « Non, j'ai été chanceux, plus de peur que de mal heureusement. Mais j'ai encore quelques coups de fil à passer pour voir si tous mes amis vont bien. » Tu avouais, comme tous ne devaient pas être dans la meilleure des formes.

© LOYALS.

❝ spring break 2016 ❞
we're all in this together.

Tu levais tes mains en l'air en signe d'innocence, laissant échapper ton rire lorsqu'il t'indiquait le fait qu'il avait reçu le titre très convoité de champion de blagues de merde et qu'il ferait attention à toi histoire que tu ne lui voles pas, surtout depuis que cela faisait trois longues années qu'il le détenait. « Depuis trois ans ? Je crois que j'vais pas tenter d'me mesurer à toi alors, il me faudrait des années pour arriver à ton niveau. » Tu t'exclamais pour le rassurer. Tu n'allais quand même pas prendre un risque si gros pour tenter d'obtenir un tel titre, ce talent-là ne se faisait pas en un jour, et il te faudrait plusieurs années de réflexions et d'apprentissage, et de recherche de blagues afin de peut-être arriver à son niveau, lui qui se mettait à fond dans son art depuis tout ce temps. Sortir des blagues de merde réussies, c'était comme un vrai travail à temps pleins. Tu passais ensuite une main dans le sable granuleux de la plage, haussant un peu tes épaules lorsqu'il parlait de la mauvaise impression qu'il avait eu de toi – il fallait peut-être t'y faire, après tout, ton petit-ami lui non plus n'avait pas réellement eu une bonne image de toi la première fois que tu l'avais rencontré – et même celles d'après. « Ouais, j'imagine que je dois m'excuser, j'veux mettre les gens à l'aise mais ça finit en flop parfois. » Tu lui avouais dans une petite grimace, puisque ton envie de rencontrer des nouvelles têtes et d'instaurer aisément un contact ne se déroulait pas toujours comme prévu.

Vous aviez eu de la chance, que ce soit vous ou vos amis. Tu savais que certaines personnes d'Harvard avaient eu des séquelles bien plus graves, et c'était regrettable. « C'est bien alors, s'ils sont tous en vie. C'est le plus important. Mais ouais, ça a été terrible, avec le volcan aussi. » Tu t'étais taillé rapidement après avoir aidé quelques personnes, retournant au village avant que le volcan se réveille : t'avais juste pu apercevoir l'épaisse fumée qui envahissait le ciel au fur et à mesure que les secondes passaient, ayant peur qu'il fasse éruption et provoque encore plus le chaos.

© LOYALS.