« Qui soupire n'a pas ce qu'il désire. » Anna et Sloan.

« Y a eu une réservation. » Et mes prunelles se redressent, tandis que j'étais à moitié affalée sur le comptoir du bar, faisant tourner entre mes doigts, mon portable de façon nonchalante. Patientant tout simplement, que l'animation commence enfin. Que la soirée débute, que l'action se passe. Je me meurs d'ennui, alors à l'annonce de la réservation, un sourire s'ovalise sur mes lèvres maquillées, prévoyant en pensées, mes amusements malsains de la soirée. « C'est à dire ? » Interrogation un tantinet taciturne pour obtenir plus d'information, savoir et définir qui ce soir, je vais prendre pour des cons ? « Une soirée étudiants. » Cela en devient presque trop simple sur le moment, parce que les étudiants, ils se laissent impressionner, ils sont insouciants, à la limite de l'insolence. Ils vendent chaque jour leur assurance. Alors j'en souris de plus belle, quand je me permets finalement de me redresser pour de bon, et de déposer téléphone devant moi, de lui demander « De fraternités ? » Alors le dirigeant du club hoche le visage, comme si cela devait être déjà une évidence. C'est donc un brin vénale et amusée, que je prononce clairement intéressée. « Et si tu me le dis c'est parce que ? » Je joue les idiotes, mais la vérité et que c'est une chose qui me plait, toujours jouer. Il prend quelques verres, les range un peu mieux, sous entendant avec cela, que je ne l'avais pas bien fait avant lui, et qu'il a le mérite de savoir mieux tenir le bar que moi. Bien que cela fasse des années que je suis là. Il impose sa place, celui de chef, et ça me fait vomir, n'aimant pas l'idée qu'il pense me dominer. « Leur table, elle t'ait attitrée. » Et même si parfois cela peut m'enquiquiner, ce soir, j'ai juste envie de lui répondre « Parfait. » Comme je sais que Clay ne viendra pas, comme il trouve en son travail quelque chose de plus attrayant que moi, comme je fais totalement preuve de mauvaise foi. Je me retire en soupirant, vers les vestiaires, cherche dans mon sac, me regarde dans le miroir, et redessine d'un rouge vermeil mes lèvres, vérifie mes paupières, les paillettes, celle qui de mon réel univers différent. Avant de replacer mes cheveux, sauvage et ordonnée, et revient sur mes pas, au moment où les gamins – ou presque – font leur entrée dans le club. La musique s'effiloche contre les murs, mes tympans bourdonnent un instant, Amy va commencer son show, j'attrape un plateau. Et lorsqu'ils s'assoient, les prend d'assaut. « Et pour les messieurs ce sera ? » Ils commencent à tour de rôle, balance des whisky et des vodka. Quand je note qu'un ne m'a pas encore répondu, j'approche et lui dis, doucereuse « C'est toi qui conduit, alors tu dois rester sage ? » Taquine, parfaitement maligne.

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Une soirée étudiante entre mec. Cela aurait pu donner de bons moments en perspective sauf lorsqu'il s’agit d'un enterrement de vie de garçon pour un pote à Sloan. Et que les mecs invités sont issus de cette même confrérie de bobos débiles. Si le jeune homme avait accepté de venir, c'était uniquement parce qu'il s'entendait très bien avec le futur marié. Sans ça, il aurait volontiers décliné l’invitation en trouvant une excuse bidon. Mais ce soir, il accepta quand même de relever le défi. Car oui clairement, sa présence ici relevait du défi. Il ne pourra pas fumer de toute la soirée, il devrai faire semblant apprécier les clubs de striptease et par dessus-tout, il devra essayer de contrôler un maximum sa bipolarité. Chose de moins en moins évidente pour le beau brun qui était très instable en ce moment. Avec sa mère dans le coma, il ne fallait pas trop le chercher car il se mettait très rapidement dans des états pas possible. Sloan ne savait pas encore bien gérer ses excès de colère et tant qu'il n'admettra pas qu'il a un problème, la situation ne risque pas de s'arranger. Quoiqu'il en soit, Sloan était en retard ce soir. Il se dépêcha un tant soit peu pour terminer de se préparer. Eh oui, monsieur aime prendre soin de lui et perfectionner son apparence. Le beau brun ne laissait rien au hasard, il était déjà assez instable comme ça. N'allons pas le stresser encore plus. Bref, Rapidement, il sorti de sa chambre d'hôtel pour rejoindre les escaliers et enfin le parking sous-terrain. Le jeune homme arriva à sa voiture et démarra en trombe, direction le club. Ce n'était pas la première fois qu'il mettait les pieds dans ce genre d'endroits mais celui de Cambridge était nouveau pour lui. Pour ce genre de distraction, Sloan préférait nettement l'ambiance de Vegas et la folie des grandeurs. L'Eliot roulait vite pour essayer de rattraper son retard. A la vitesse à laquelle il roulait, il ne mit pas longtemps avant d'arriver au club. Il gara sa voiture non loin de là et fit le trajet à pied. Sur la route, il essaya de se motiver comme il le pouvait. Des phrases du genre Allez Sloan, ça va te faire du bien de te changer les idées, ou encore, Allez Sloan, tu vas pouvoir admirer des filles presque à poils, profite-en au lieu de râler, passaient dans sa tête. Bon c'est vrai que niveau torture, il y a pire que ça hein. Se délecter de pouvoir admirer de belles créature se dandinant n'était pas trop désagréable. Disons simplement qu'il n'avait pas la tête à ça. Sloan arriva devant le club, il leva les yeux au ciel en voyant toutes les voitures de luxe garées devant. Cela annonçait déjà la couleur pour la soirée à venir. Le beau brun se présenta à l'accueil et entra sans difficulté dans le club. Une charmante demoiselle l’amena jusqu'à la salle où étaient rassemblés les Eliots. L'ambiance que dégageait le club était plutôt pas mal. Sloan s'avança vers son porte qu'il prit dans ses bras. « Allez vieux, savoure bien cette soirée, c'est ta dernière. » dit-il avant d'éclater de rire et de lui faire la bise. Ah bah un événement pareil, ça se fête. Il salua les autres Eliots et prit place autour de la table. La soirée pouvait enfin commencer, il ne manquait que lui. rapidement les discutions commencèrent mais Sloan n'était pas d'humeur à faire la fête. La serveuse arriva et prit les commandes de tous les Eliots. Le jeune homme afficha un petit sourire, ohh une brune, tout à fait son style en plus. Elle lui demanda s'il comptait faire le SAM de la soirée ou s'il était puni. Sloan rigola légèrement, il ne s'attendait tellement pas à une telle remarque. Elle devait avoir du caractère, il aimait ça. Bref, il haussa les épaules et se contenta de lui répondre simplement. « Sers moi ce que tu as de plus fort. » On pouvait sentir l'ironie dans sa voix. Sloan respirait la joie de vivre et était content d'être ici, c'était flagrant. Il afficha un petit sourire à la serveuse et la regarda partir. Le spectacle avait semble-t-il déjà commencé et c'est limite si Sloan ne l'avait remarqué. Il regarda les Eliots devenir euphorique les uns après les autres. Quel spectacle navrant. Lorsque la serveuse fit de nouveau son apparition, il leva la tête vers elle. « Regarde-moi ça, on a l'impression qu'ils n'ont jamais vu de femme de leur vie. » dit-il en rigolant. L'un des gars à côté rigola aussi à sa blague. Sloan lui lança un regard noir pour qu'il se taise. Vachement aimable Mr Bushnell mais d'une certaine façon, il n'avait pas tort. Il échangea un petit sourire avec la serveuse. Cette dernière déposa les verres sur la table. Le marié attrapa rapidement son verre et se leva. Les autres Eliots se levérent en cadence. Sloan n'eut pas d'autres choix que de les suivre. Il prit son verre dans sa main avec une irrépressible envie de boire son contenu d'une traite. Le futur marié commença un petit discours, remerciant tout le monde d'être venu. Il évoqua également la confrérie et la fraternité dont il était si fier. Il demanda finalement aux Eliots de se joindre à lui pour scander la devise de leur maison. Une seconde. Sloan fronça les sourcils. Il n'était plus sur de cette phrase. Keep calm and Domus on, de souvenir ça devait ressembler à ça. D'une seule et même voix, ils dirent « Keep calm and Domus » Prit dans l'euphorie du moment, ils répétèrent une nouvelle fois « Keep calm and Domus » avant de faire claquer les verres tous ensemble. Sloan afficha un petit sourire sur son visage, cette communauté, cette fraternité, c'était plutôt attachant dans le fond. Le beau brun ne se fit pas prier pour boire un peu et se rasseoir.

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Mutine, je me contente de sourire en patientant d'avoir sa réponse. Evidemment, je me doute qu'elle sera négative, et qu'il va s'empresser de me demander à l'égal de ses compères, un verre. Mais une envie subite de l'enquiquiner m'avait prise, peut-être parce que je ne suis pas fanatique des soirées étudiants, et surtout lorsqu'il s'agit d'une vie de jeune garçon enterrée. L'amour, le mariage … Une connerie, je ne peux m'empêcher de le penser. Alors il hausse les épaules, avec nonchalance, et j'avoue que j'en mords mon sourire, par avance. « Sers moi ce que tu as de plus fort. » Mordant déguisé, j'en envoie valser mes cheveux derrière moi, au moment où je lui sers – avant le verre – un clin d'oeil afin d'approuver sa demande. Alors sous ses prunelles bleutées, je m'éloigne finalement vers mon comptoir. A mon poste, je commence, confectionne les verres, un à un, et les dépose sur le plateau qui se trouve face à moi. Lorsque j'arrive au sien, je réfléchis un instant, puisque son « plus fort » ressemblait à un « surprends moi » je me dis que si je veux relever le défit, il va me falloir quelque chose de mieux qu'une simple téquila. Donc à la suite d'une maigre réflexion de ma part, j'attrape une bouteille de rhum, de coca, avant de couper du citron au milieu de tout ça. Me disant que je vais l'amener à Cuba, ce n'est pas le plus fort, mais ça peut être chouette, n'est-ce pas ? Une fois ma tâche achevée, j'en reviens de l'autre côté, attrape la dizaine de verres et me dirige à nouveau vers la table des clients concernés. A mesure que je m'approche, je vois les jeunes gens s'agiter, de ce fait j'en lance une œillade vers ma collègue en train de commencer le premier show de leur petite soirée. Arrivant à leur hauteur, je commence, délicate – ou presque – à leur donner ce qu'ils m'ont sommé d'apporter, réprimant un étirement de mes lèvres lorsqu'au milieu du brouhaha j'entends une phrase qui n'est destinée qu'à moi. « Regarde-moi ça, on a l'impression qu'ils n'ont jamais vu de femme de leur vie. » Assez intriguée, je regarde que sa pensée n'est pas totalement faussée, il est vrai qu'ils se comportent comme des assoiffés, et j'en viens à me demander comment j'aurai pu réagir si Clay avait fait ça, la première fois qu'il est venu se perdre ici. Assurément, j'aurai ri de lui. Comme j'ai envie de le faire d'eux, mais me contente de lui tendre sa boisson. « Cuba libre, tu vas aimer. » Sure de moi au moment où je lui tends, et leur laisse le plaisir de trinquer, en faisant semblant de ne pas être dépitée. « Keep calm and Domus » Devise d'une fraternité que j'ai déjà entendu, puisque moi aussi, j'ai connu les bancs d'Harvard avant d'abandonner pour avec mon père entrer en conflit. Mais c'est une toute autre histoire, dont il n'est pas question ce soir. Alors si je veux, pour mon propre plaisir, et gonfler mon égo, non pas par besoin, obtenir de leurs innocentes parts des pourboires, je me tais, sur le fait qu'ils me font intérieurement pitié. Inclinant le visage, j'envisage de m'éclipser à nouveau, leur laisser le temps de siroter les premiers avant de leur en proposer d'autres. Pourtant, malgré cela, je m'approche à nouveau de celui qui semble un tantinet détonner au milieu de tout ça. Et me glisse sur le côté, puisqu'il s'est assis à nouveau, m'abaisse et intéressée – ou pas – lui murmure une interrogation. « Parce qu'à toi, elle ne te plaît pas ? » Ne va pas me dire que tu viens dans un club de strip tease pour te cacher les yeux, jouer les dégoûter, parce que même si tu es là pour faire plaisir, la seule raison qui pourrait t'excuser serait ta sexualité.