i'm sorry • ALANCE

Ça ne s'était pas très bien terminé la dernière fois avec Maxence. J'étais allée le rejoindre dans son lit. Je l'avouais, cela me manquait de ne pas dormir avec lui alors que j'en avais pris l'habitude à la Mather House. Je détestais dormir seule, même dans un lit une place et dans une chambre où se trouvent cinq autres personnes. C'était peut-être ridicule, mais avec tout ce qui m'était arrivée ces derniers temps, j'avais peur qu'en étant seule, je fasse une bêtise et que ma santé soit mise à rude épreuve. Alors voilà, je m'étais faufilée dans le sac de couchage du jeune homme pour finalement me prendre la tête avec lui et repartir tout aussi vite que j'étais venue. Depuis, c'était silence radio et ce aussi bien de son côté que du mien. Il était hors de question que je me prenne la tête pour quelqu'un et c'est aussi pour cela que j'avais décidé de me promener seule aujourd'hui. J'arrivais auprès d'une petite crique et immédiatement, j'eus envie de m'y baigner. C'était ma maladie en réalité. Dès que je voyais un peu d'eau, j'y allais, il fallait que j'essaie. J'enlevais mes chaussures et mes vêtements pour me retrouver en bikini. J'étais prête à me glisser dans l'eau jusqu'à ce que je retrouve des vêtements d'homme juste à côté des miens. Mince. Je regardais dans l'eau pour finalement y voir Maxence. Et merde. Je me baissais pour reprendre mes affaires, mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, je glissais et me retrouvais à l'eau ne pouvant m'empêcher de laisser échapper un cri de surprise.

Ma dernière altercation avec Alaska me chagrine fortement. Une présence me manque. Que ce soit de journée comme de nuit. Surtout la nuit. J'ai pris l'habitude de dormir avec elle depuis mon arrivée à l'université. Plus précisément, dans sa chambre de notre confrérie. Je m'étais imposé dans son univers, sa bulle. Je ne pensais pas m'attacher à elle, aussi vite. En sachant, que je ne m'attache sans aux gens. De peur de les perdre. J'ai eu mon quota dans la vie. Je n'ai pas envie que ça recommence. Je ne lui ai pas donné de mes nouvelles ni même pris des siennes. De son côté, elle avait eu le même état d'esprit que moi. Je ne veux pas me prendre la tête une nouvelle fois, c'est aussi pour cette raison que j'ai décidée de rejoindre une petite crique non loin de mon lieu de résidence pour ce voyage au Chili. J'ai plongé dans l'eau pour me ressourcer et profiter de l'endroit. Jusqu'à présent j'étais tout seul et j'en profitais. Or soudainement, une personne tombe dans l'eau et quand elle remonte à la surface je vois que c'est Alaska. D'un côté je suis anxieux parce qu'il faut que je lui présente mes excuses. De l'autre ravi de la voir devant moi. Je me racle la gorge comme pour prendre mon courage à deux mains. « Je tenais à m'excuser pour la nuit dernière. J'ai été un triple idiot envers toi. » Lui dis-je en faisant du surplace dans l'eau.

Je tombe à l'eau comme une vraie merde. Oubliez le charme et tout le reste, j'étais juste un hippopotame qui venait de se torde la cheville. Je remontais à la surface, plaquant mes cheveux en arrière et passant une main sur mon visage pour enlever le surplus d'eau. Un raclement de gorge se fit entendre et je me tournais aussitôt pour voir Maxence à mes côtés. Et voilà qu'il se mit à parler. Bla bla bla. Il s'excusait de son comportement, d'accord, mais qu'il ne s'attende pas à ce que je fasse de même. Hors de question. Je me tenais au rocher à côté de moi, bougeant ma cheville dans l'eau et regardant le jeune homme avec mon air boudeur. « Qu'est-ce qu'on s'en branle de ta phrase toute préparée... Je viens de tomber crétin ! » m'exclamais-je avec hargne, les sourcils froncés. De toute façon, je ne voyais pas pourquoi il se forçait à s'excuser pour l'autre fois. Nous n'étions rien. Je n'étais rien. Alors à quoi bon s'acharner ? Ce n'était pas la première engueulade et probablement pas la dernière. ET PUTAIN, J'AI MAL À MA CHEVILLE.

Je m'excuse auprès d'elle. Je mets ma fierté de côté, j'en fais abstraction. Pour elle. Alors que je ne fais jamais d'excuse à personne. S'il faut que je reste en froid pendant plusieurs mois ça ne me pose aucun problème. Ce qui n'est pas le cas avec Alaska. Je prends le temps de trouver mes mots puisque je ne suis pas un habitué à tout ceci. Elle me répond quoi ? Que mes excuses elle s'en branle. Elle me dit cela avec une hargne que je n'avais pas encore vu. Je ne comprends pas sa réaction ni même son comportement. Certes, elle est tombée. Pourtant, je m'excuse ouvertement envers elle de la nuit dernière. À croire qu'elle s'en contre fiche de moi en vrai. Je ne suis qu'une simple marionnette qui lui permet de ne pas dormir seule la nuit. Voilà tout. Ma fierté en prend un sacré coup. Je ne sais pas quoi lui répondre sur l'instant. « Ça t'apprendra à vouloir m'éviter ... » Si elle croit que je ne l'ai pas vu vouloir repartir aussitôt dès qu'elle a vu que c'était ma petite personne qui se trouvait dans l'eau. Elle peut se mettre un doigt dans l'oeil. J'ai beau être légèrement énervé je prends le temps d'attraper Alaska pour la ramener sur le bord de la crique. Elle s'installe le temps que je sors de l'eau. Je m'agenouille à ses pieds pour tâter sa cheville. « Si j'appuie ici, tu as mal ? » Elle a beau me faire sortir de mes gongs. Je m'inquiète pour elle. Elle n'est pas qu'une simple connaissance, ni même une colocataire.

Je regarde sa tête se décomposer alors que je viens de le rembarrer dans la seconde qui a suivi ses excuses. J'ai une pointe de remords quand je croise son regard. Je sais que je viens de lui faire du mal, je viens de l'atteindre dans son égo. Et vous voyez, j'ai aussi une pointe de satisfaction. Pourquoi ? Parce qu'après tout ce que j'ai vécu ces derniers temps. Après avoir montré à tout le monde que j'étais la meuf la plus sensible du monde... Je me rendais compte que je pouvais encore faire du mal à un homme. Cela voulait dire que mon ex-petit ami ne m'avait pas totalement brisé, qu'il ne m'avait pas totalement rendu guimauve. Mais j'ai tout de même cette pointe de culpabilité qui persiste, de toute façon, il est trop tard pour revenir en arrière. Me montrer méchante avec Maxence est bon pour nous deux ; il faut mettre un maximum de distance. « Tu peux parler ... » lui répondis-je plus calmement. Ma hargne s'était évaporée finalement, mais non, je ne pouvais définitivement pas me montrer gentille avec lui. Je suis surprise et silencieuse quand Maxence m'attrape pour m'emmener et m'aider à m'asseoir sur le rebord. Il fait quoi là ? J'aimerais le savoir, mais je suis incapable de lui poser la question. Puis il vint se mettre en face de moi rapidement, observant ma cheville et me demandant si j'avais mal quand il touchait à certains endroits. Je ne veux pas qu'il touche ma cheville. Je ne veux pas qu'il me touche. C'est pour cela que j'attrape aussitôt ses mains pour les repousser. « Non, non, non ... Tu ne dois pas faire ça ... Normalement, tu dois mal prendre ce que je viens de te dire. Tu n'as pas entendu ? Je me fiche de tes excuses et en effet, je t'évite. Je n'ai pas envie de te voir Maxence. Tu ne dois pas être bienveillant avec moi, tu ne dois pas rester, tu dois être furieux! » insistais-je en le regardant avec mes grands yeux bleus et mon air inquiet.

Je prends un coup sur mon égo quand j'entends qu'elle s'en fout de mes excuses. Elle arrive à me blesser sans que je le veuille. J'ai beau pas lui faire comprendre qu'elle m'a blessée. Elle le comprend tout de même avec le petit sourire qu'elle me lance. Ce sourire aurait pu me mettre hors de moi. Étant donné que je n'aime pas qu'on se fout de ma gueule. Je m'inquiète pour la cheville d'Alaska. Malgré tout, je lui dis que ça lui apprendra à vouloir m'éviter. Je ne suis pas mieux, je dois avouer. Depuis notre altercation, je l'évite au maximum. On est fautif tous les deux ! Il y en a pas un pour récupérer l'autre. J'emmène Alaska sur le bord d'un rocher pour vérifier si elle ne s'est pas fait une entorse de la cheville. Je viens à toucher certain endroit en lui quémandant si elle a mal. Sauf, qu'elle retire aussitôt mes mains de sa cheville. Elle met des distances entre nous. Je ne comprends pas sur le moment. C'est peut-être une bonne idée pour que je m'éloigne. Pour que j'évite de m'attacher encore plus. « Je ne suis pas sourd ! Très bien, va te faire foutre Alaska ... oublie-moi. » Lui dis-je méchamment. Elle veut que je sois furieux et, bien c'est gagné. Je me relève du rocher pour me tenir debout et j'essaye de grimper jusqu'en haut de la falaise pour rejoindre mes affaires. Je remets mes chaussures et mon t-shirt même si j'étais encore mouillé. « Ne remets plus un pied dans ma chambre à la MH ni même dans mon sac de couchage pour le reste du spring break. » Je veux que tout soit claire entre nous. Elle voulait que je prenne mes distances. Parfait. Je les prends, sans remords. Avec du recul, c'est peut-être la meilleure solution pour nous deux. De mettre une distance. De nous éloigner de tout ça.

Me voilà assise sur le rebord avec Maxence à mes petits soins pour voir ma cheville. Je crois que je ne suis pas prête pour tout ça. Ma vie avait été un cauchemar ces derniers temps et malheureusement, je restais abîmée par tout ça. Je ne pensais plus à mon ex-petit ami, il ne me manquait pas. Je n'avais aucun problème de ce côté. J'avais juste du mal à me sentir à l'aise avec les hommes. Je ne savais pas comment l'expliquer. Je sentais que les frontières vers l'attachement n'étaient plus très loin. À force de passer mes nuits avec le jeune homme - et pas seulement ... Vivre à deux, trois à quatre jours par semaine, dans vingt m², ça créait forcément des liens - je sentais que quelque chose se passait. Quelque chose qui fait du mal. Il ne fallait pas que Maxence soit trop gentil. Il fallait que nous prenions des distances lui et moi, il n'y avait pas le choix. On ne pouvait pas continuer comme ça et c'est pour cela que je ne me montrais pas très tendre. Il n'insista guère et se leva en colère. C'est plutôt blessant, mais je ne peux rien dire, je l'ai voulu. Je reste silencieuse en le regardant attraper ses affaires. Il se tournait une seconde fois pour me dire que je n'étais plus la bienvenue dans ma chambre à la Mather et dans son sac de couchage. Je pinçais mes lèvres en le regardant partir avant de lâcher un juron pour évacuer mon énervement.

FIN DU RP, LE PLUS COURT DE L'HISTOIRE